Pendant plus de cinq décennies, les relations hispano-marocaines ont souffert d¹un grand déficit de dialogue et de compréhension entre les deux pays. Plusieurs facteurs interviennent d¹une manière déterminante dans la définition de la nature des relations qui existent entre les deux riverains de la Méditerranée. Parmi ces facteurs, on trouve les différents contentieux qui les mettent aux prises depuis plus d¹un demi-siècle, héritage d¹un passé colonial douloureux. La question de Sebta et Melillia, celles de la pêche et de l¹émigration, sans oublier la question du Sahara marocain font partie des sujets qui accaparent l¹attention des responsables marocains et espagnols, et sont souvent à l¹origine de toutes les frictions et crises cycliques qui éclatent entre les deux pays. La persistance de ces contentieux fait partie des obstacles majeurs qui empêchent toute réelle convergence des intérêts entre le Maroc et l¹Espagne et tout véritable rapprochement entre leurs sociétés civiles.
Malgré les avancées qui ont été réalisées dans le domaine des échanges économiques, l¹agenda politique des relations hispano-marocaines continue d¹être conditionné par la forte incidence des questions précitées, sans oublier la question de la délimitation des frontières maritimes dans l¹espace maritime qui existe entre les deux pays dans la Méditerranée et dans l¹Océan atlantique.
À la suite du retour du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Rodriguez Zapatero au pouvoir en mars 2004, nombre d¹observateurs des deux rives de la Méditerranée soulignèrent la ferme volonté du nouvel exécutif espagnol de rétablir les ponts de communication et de compréhension avec son voisin marocain, et de mettre fin à la tension qui avait marqué les relations entre les deux pays pendant la majeure partie du second mandat de son prédécesseur José Maria Aznar. Certes, on a assisté à une amélioration des relations entre le Maroc et l¹Espagne et un plus grand rapprochement entre leurs décideurs respectifs. Ce rapprochement s¹est traduit surtout par le raffermissement des échanges commerciaux, des liens institutionnels entre les deux voisins, ainsi que par le renforcement de la coopération dans des domaines d¹intérêt commun, comme la lutte contre l¹émigration clandestine et la lutte contre le terrorisme.
Mais une fois encore, les derniers événements (la visite du Roi Juan Carlos à Sebta et Melillia) démontrent que la persistance des différends classiques et le peu de détermination dont font montre les deux pays pour dépasser leurs divergences, et trouver des solutions équitables et respectueuses des intérêts stratégiques de chaque partie, font planer beaucoup d¹incertitude sur le futur des relations entre les deux pays.
On pourrait être tenté de dire que les relations entre le Maroc et l¹Espagne auraient été plus stables si les deux pays étaient parvenus à trouver des solutions équitables aux contentieux qui les mettent aux prises. Cela dit, dans quelle mesure une telle éventualité aurait été envisageable? Peut-on vraiment penser que la résolution des contentieux précités déboucherait immanquablement sur une amélioration durable des relations entre le Maroc et l¹Espagne, ou existe-il d¹autres facteurs, d¹ordre culturel, idéologique ou historique, qui déterminent que les rapports entre les deux pays soient marqués par la méfiance, l¹irritabilité et le manque d¹incompréhension ? Si tel est le cas, quelle attitude devrait-on adopter pour éliminer les obstacles qui se dressent devant l¹installation d¹un climat de détente entre Marocains et Espagnols, et faire en sorte que la promotion du rapprochement et de la compréhension mutuelle soit la caractéristique la plus saillante des relations hispano-marocaines ?
L¹identité espagnole versus Islam !?
Plus que par les contentieux classiques qui opposent le Maroc et l¹Espagne, les relations entre ces deux voisins sont conditionnées par l¹image et la représentation que chaque pays se forgea de l¹autre durant les treize siècles de leur histoire commune, notamment du côté espagnol. Il faut remonter jusqu¹à la fin de la présence musulmane dans la péninsule ibérique pour tenter de connaître les raisons profondes qui font que la relation entre Marocains et Espagnols est marquée par une méfiance, qui empêche le rapprochement entre les deux voisins et le dépassement de tous les traumatismes de l¹histoire récente et lointaine. Cette analyse des raisons historiques nous permet de montrer comment les Espagnols se forgèrent une image négative et dévalorisante des musulmans, en général, et des Marocains en particulier.
Comme l¹ont montré plusieurs auteurs espagnols et étrangers, dès le lendemain de la chute de Grenade, l¹identité et la mémoire collective espagnoles se fondèrent autour du rejet de tout ce qui avait de loin ou de près une relation avec les musulmans. Les stratèges et les responsables espagnols de l¹époque étaient guidés et aveuglés par une ferme volonté de mener un processus de «purification et de décontamination» de leur identité historique, de se démarquer de leur passé arabo-musulman et de faire disparaître de l¹espace géographique de leur pays tout ce qui avait une relation avec la civilisation arabo-musulmane.
Si dans un premier temps ce sentiment de rejet et d¹intolérance se focalisa sur les derniers représentants des musulmans dans l¹Espagne chrétienne, en l¹occurrence les Morisques, il se reporta vite sur les Marocains de manière générale. En raison de leur proximité géographique, ces derniers furent appelés depuis ce moment-là à jouer le rôle de repoussoir des Espagnols et de représentants de tous ce qu¹ils détestaient. Bien plus, ils vont subir de plein fouet les attaques dénigrantes et les propagandes de diffamation des théologiens, des chroniqueurs et des voyageurs espagnols.
Ces fondateurs de la nouvelle identité espagnole se lancèrent, corps et âme, dans un processus de dénigrement à l¹encontre des Marocains, avec pour seul objectif de montrer la supériorité des Espagnols par rapport à eux. Dans cette campagne de propagande, aucun aspect de religion et de la vie sociale et politique des Marocains ne fut négligé par ces pères fondateurs de l¹identité espagnole pour nier tout apport des musulmans à la splendeur de l¹histoire de l¹Espagne, et montrer finalement qu¹une «horde de sauvages», guidés par une religion «immorale et fausse» ne peut en aucun cas influer positivement sur le devenir historique de leur pays.
Tous les moyens étaient bons pour trouver une explication à cette supériorité supposée des Espagnols. Ce sentiment de rejet et de supériorité allait de pair avec la peur des Marocains, résultat des attaques et du harcèlement auxquels les habitants des côtes espagnoles étaient exposés de la part des corsaires marocains.
Les dégâts que provoquaient ces attaques et la sauvagerie avec laquelle les pirates traitaient leurs victimes furent traumatisants pour l¹inconscient collectif espagnol et lui laissèrent de mauvais souvenirs des Marocains, qui devinrent depuis, une source de peur et d¹épouvante pour les Espagnols. Ces attaques répétitives des corsaires marocains donnaient du fil à retordre aux responsables du jeune Etat espagnol, et pesaient sur la sécurité des villes côtières espagnoles proche du territoire marocain.
C¹est pour mettre fin à ces attaques et se prémunir contre un éventuel retour des musulmans sur la péninsule ibérique, que les pères fondateurs de l¹identité espagnoles se lancèrent dans une campagne de propagande destinée à convaincre toutes les composantes de la société espagnole que leur pays devait intervenir au Maroc pour empêcher leur ennemi séculaire de mettre en danger son intégrité territoriale, sa stabilité religieuse, politique et économique.
La double instrumentalisation
de la «cruauté des Marocains»
C¹est cette intervention espagnole au Maroc qui sera, d¹ailleurs dans les siècles postérieurs, à l¹origine de toutes les confrontations belliqueuses entre Marocains et Espagnols et n¹arrangera en rien l¹image de ceux-là en Espagne. En effet, ce sentiment de rejet et de peur à l¹égard des Marocains s¹enracina encore plus dans la mémoire collective espagnole au fur et à mesure que les Espagnols se trouvaient confrontés militairement à leurs voisins du sud. Ainsi, si dans un premier temps, suite à la Guerre de Tétouan de 1859, l¹image qui avait cours sur les Marocains insistait plutôt sur leur caractère «primitif», à partir du début du XXe siècle et au fur et à mesure que les Espagnols commençaient à s¹enliser au Maroc, le Marocain «primitif» fait place au Marocain «sanguinaire et sauvage».
Il y a lieu de signaler, à cet égard, que pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, les responsables espagnols ne ménagèrent aucun effort pour consolider et enraciner dans la mémoire collective espagnole l¹image du Marocain «traître, sauvage, lâche et sanguinaire». Cette image terriblement négative des Marocains était une arme à double tranchant entre les mains des responsables de tous bords, qu¹il s¹agisse des partisans de l¹intervention militaire au Maroc ou de leurs opposants.
Pour les partisans de l¹intervention, représentés par des militaires qui tentaient par tous les moyens de donner une certaine légitimité à leurs actions militaires au Maroc, il fallait exagérer et mettre l¹accent sur le caractère sanguinaire supposé des Marocains, en vue de réveiller le sentiment patriotique de l¹opinion publique espagnole et de mobiliser de plus en plus de jeunes recrues. Pour les opposants à cette intervention, au premier rang desquels les syndicalistes et le socialistes, insister sur les mêmes allégations et faire ressortir le caractère sauvage supposé des Marocains, était le meilleur moyen susceptible d¹alerter les jeunes espagnols et de les mettre en garde contre les risques qu¹ils encourraient s¹ils s¹aventuraient à faire la guerre au Maroc. Le but de cette stratégie étant de les convaincre de montrer leur plus grande opposition à l¹intervention militaire de leur pays dans le territoire marocain.
C¹est cette instrumentalisation délibérée de la cruauté des Marocains qui enracina à tout jamais dans la mémoire collective des Espagnols la peur de leurs voisins du Sud. Cette peur se consolida encore plus dans l¹imaginaire collectif espagnol à la suite du déclenchement de la guerre du Rif en 1921 et la bataille d¹Anoual de juillet de la même année, pendant laquelle près de 14.000 soldats espagnols trouvèrent la mort. Le traumatisme que provoqua cette guerre chez l¹opinion publique espagnole, installa encore une fois de plus cette dernière dans la certitude que les soldats de son pays étaient confrontés à une «horde de sauvages et de sanguinaires primitifs».
C¹est ce qui fut montré, d¹ailleurs, par tous les moyens de communication de l¹époque, lesquels avaient pour seul objectif de dénoncer la sauvagerie des Marocains et pousser les Espagnols à prendre leur revanche. C¹est aussi cette conscience qu¹avaient les militaires espagnols destinés au Maroc de la peur que provoquaient les Marocains chez les Espagnols, qui les poussa plus d¹une décennie plus tard à s¹en servir comme une arme psychologique pour terroriser leurs concitoyens et atteindre le pouvoir illégitimement.
Cette participation massive des Marocains dans la Guerre Civile eut un impact terriblement négatif sur l¹image des Marocains. Ces derniers se virent accusés injustement d¹être les principaux tortionnaires de la population espagnole. Bien plus, dans la plupart des écrits qui apparurent à la suite de cette guerre fratricide espagnole, la tendance générale était de faire ressortir le mal et le traumatisme que provoqua la participation des Marocains chez l¹opinion publique espagnole et de minimiser le rôle qu¹ont joué les Italiens et les Allemands pour faire pencher la guerre en faveur des franquistes. Dans le même temps, on passe sous silence le fait que ces Marocains, tant dénigrés et tant diabolisés furent les premières victimes de l¹occupation mal assumée par l¹Espagne du Maroc et qu¹ils payèrent de leur vie pour une poignée de militaires sans scrupules, dont l¹objectif principal était d¹atteindre le pouvoir à n¹importe quel prix.
À partir de ce moment-là, toutes les composantes de la société espagnole avaient un tel ressentiment à l¹égard des Marocains que toute tentative destinée à réhabiliter leur image était inexorablement vouée à l¹échec. Ceci explique pourquoi la politique de bienveillance de circonstance adoptée par Franco à l¹égard de ses «protégés» marocains, à la suite de la Guerre Civile, ne déboucha nullement sur la réhabilitation de leur image.
Cette éventualité était d¹autant moins envisageable que dans la mémoire collective du peuple espagnol, façonnée déjà par des siècles de confrontation et de rivalité avec les Marocains, restaient encore vifs les mauvais souvenirs de la Guerre de Melillia de 1893, la Guerre de Jandab Eddib, la Guerre du Rif, et l¹émotion qu¹elles avaient créée au sein d¹une population qui découvrait brusquement que ses soldats avaient affaire à une «horde de primitifs» qui s¹acharnaient impitoyablement sur leurs ennemis. Ainsi, malgré tous les efforts déployés par le régime franquiste durant les premières années de son règne pour redorer le blason des Marocains et les faire apparaître comme des amis des Espagnols, il était difficile de faire disparaître du jour au lendemain de l¹imaginaire collectif espagnol leur image terriblement répugnante. Comme l¹a fait remarquer le Professeur Eloy Martin Corrales, même si la censure aboutit à une diminution relative des revues satiriques et des images caricaturales sur les Marocains, les bandes dessinées, qui échappaient relativement à ces contraintes se chargèrent de raviver les vieux clichés que l¹on avait en Espagne sur ces derniers : «En dépit de tous les changements qu¹a connus l¹image des Marocains dans le camp des vainqueurs de la Guerre Civile, il évident qu¹ils ne pouvaient pas contrecarrer efficacement les stéréotypes et les clichés qui avaient cours sur les musulmans et nord-africains depuis le début de la Reconquête. Il n¹est donc pas surprenant que, ici et là, surgissent des opinions et des illustrations dans lesquelles les Marocains furent dépeints de la même manière négative que depuis toujours. D¹une certaine manière, c¹était irrémédiable.»
L¹image sombre de l¹Islam
dans les manuels scolaires espagnols
Vu cet état des choses, il n¹est pas surprenant que les Marocains soient, à l¹heure actuelle, le collectif qui inspire le moins de sympathie à la grande majorité des Espagnols, surtout quand on sait que les manuels scolaires espagnols continuent toujours à raviver la mauvaise image des musulmans en Espagne.
Il est regrettable, à ce propos, de voir comment la religion musulmane, son prophète, ses adeptes et son histoire politique et sociale sont présentés d¹une manière très outrageante et insultante. Comme il ressort du travail collectif réalisé sur l¹image des musulmans dans les manuels scolaires espagnols, El Islam en las aulas, les concepteurs de ces manuels scolaires sont guidés par la volonté de se démarquer de leur passé arabo-musulman et de ne pas l¹accepter comme un élément faisant intégralement partie de leur histoire et de leur patrimoine culturel. Loin d¹avoir tout souci d¹objectivité, les auteurs de ces livres scolaires cherchent surtout à réactualiser les mêmes contrevérités véhiculées depuis la fin de la présence musulmane en Espagne par des auteurs anti-musulmans tels que Diego de Haedo, Luis del Mármol Carvajal, Jaime Bleda et j¹en passe.
Le festival des préjugés et des contrevérités présentés par leurs auteurs concerne tous les aspects de la religion musulmane et de l¹histoire politique et sociale de ses adeptes. Tout est fait par les concepteurs de ces livres scolaires pour perpétuer l¹image négative des musulmans, en l¹occurrence les Marocains, et les présenter toujours comme étant les ennemis jurés de l¹Espagne.
En conséquence, l¹effet négatif sur la perception de l¹islam et des musulmans par des générations futures d¹Espagnols ne peut être plus grand car, dès leur jeune âge, ces derniers commencent à grandir avec des idées fausses sur cette religion. C¹est cette représentation biaisée de l¹islam qui fait naître entre ces derniers une phobie de tout ce qui est musulman, les poussant à percevoir les adeptes de cette religion depuis une perspective toujours négative.
En tant que citoyen marocain désireux de voir les relations de son pays avec l¹Espagne connaître un saut qualitatif et une amélioration notable, susceptible de dépasser tous les traumatismes de l¹histoire, je ne peux que regretter que nos voisins espagnols continuent, en général, à regarder les Marocains avec condescendance, rejet et mépris. C¹est d¹ailleurs ce sentiment de condescendance qui caractérise les Espagnols dans leur vision du Maroc, qui continue d¹empêcher jusqu¹à nos jours tout rapprochement entre les deux pays voisins.
Cette vision que les Espagnols se construirent sur les Marocains depuis plus de cinq siècles constitue, en effet, le premier obstacle qui empêche les deux pays de trouver un terrain d¹entente dans les différends qui les opposent jusqu¹à présent et de faire converger leurs intérêts stratégiques.
Ceci est d¹autant plus vrai que même s¹il existe un secteur non négligeable de l¹opinion publique, des intellectuels, des entrepreneurs et des hommes politiques espagnols qui plaident pour un véritable rapprochement de leur pays avec le Maroc, il existe encore une catégorie majoritaire, qui ne conçoit ces relations qu¹à travers le prisme de l¹affrontement et l¹antagonisme, et pour laquelle le Maroc est un ennemi des intérêts et de la sécurité de l¹Espagne.
Ceci étant dit, depuis plus de deux décennies, on entend ça et là les responsables politiques espagnols déclarer que leur pays voudrait construire des relations exemplaires avec le Maroc.
Le dernier exemple en date est la déclaration du chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, dans laquelle il exprimait son souhait de voir l¹ambassadeur du Maroc regagner son poste à Madrid, en réitérant la volonté de son pays d¹établir les meilleures relations possibles avec le Maroc.
Comment peut-on imaginer la construction d¹une relation marquée par le rapprochement et le respect mutuel entre les deux riverains de la Méditerranée, alors que l¹image des Marocains en Espagne, résultat des manipulations et des instrumentalisations historiques, continue d¹être des plus négatives et que la majorité des Espagnols continue d¹entretenir le même sentiment de rejet et de ressentiment à l¹égard de leurs voisins ? Comment peut-on croire en la sincérité de telles déclarations, alors que l¹instrumentalisation de l¹image des Marocains installés en Espagne et des contentieux qui opposent les deux pays, notamment pendant les périodes électorales, font partie des moyens dont se servent les responsables espagnols, par médias interposés, pour atteindre des objectifs électoralistes ?
Comment peut-on construire un partenariat d¹égal à égal avec l¹Espagne, alors qu¹une large frange des faiseurs d¹opinion espagnols ne se résout toujours pas à se débarrasser de son regard méprisant et condescendant sur le Maroc et que la critique virulente des institutions et des symboles suprêmes de l¹identité marocaine continue d¹être de mise dans nombre de médias espagnols ?
Les responsables espagnols devraient se rendre à l¹évidence que l¹amélioration des relations politiques, diplomatiques et économiques de leur pays avec le Maroc ne peut pas être dissociée de la réhabilitation de l¹image des Marocains en Espagne et de l¹adoption, par les Espagnols, d¹un nouveau regard, marqué par le respect et la considération, sur leurs voisins marocains. Et tant que les dirigeants et les responsables médiatiques espagnols n¹auront pas pris conscience de ce paramètre, il serait illusoire de croire qu¹on puisse parvenir un jour à construire des ponts solides de dialogue et de compréhension entre le Maroc et l¹Espagne ou à immuniser leurs relations contre toute éventuelle crise ou friction conjoncturelle.
Par Samir BENNIS
chercheur marocain, spécialiste de la géopolitique du pétrole et des relations hispano-marocaines.
Source;al bayane
Malgré les avancées qui ont été réalisées dans le domaine des échanges économiques, l¹agenda politique des relations hispano-marocaines continue d¹être conditionné par la forte incidence des questions précitées, sans oublier la question de la délimitation des frontières maritimes dans l¹espace maritime qui existe entre les deux pays dans la Méditerranée et dans l¹Océan atlantique.
À la suite du retour du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) de Rodriguez Zapatero au pouvoir en mars 2004, nombre d¹observateurs des deux rives de la Méditerranée soulignèrent la ferme volonté du nouvel exécutif espagnol de rétablir les ponts de communication et de compréhension avec son voisin marocain, et de mettre fin à la tension qui avait marqué les relations entre les deux pays pendant la majeure partie du second mandat de son prédécesseur José Maria Aznar. Certes, on a assisté à une amélioration des relations entre le Maroc et l¹Espagne et un plus grand rapprochement entre leurs décideurs respectifs. Ce rapprochement s¹est traduit surtout par le raffermissement des échanges commerciaux, des liens institutionnels entre les deux voisins, ainsi que par le renforcement de la coopération dans des domaines d¹intérêt commun, comme la lutte contre l¹émigration clandestine et la lutte contre le terrorisme.
Mais une fois encore, les derniers événements (la visite du Roi Juan Carlos à Sebta et Melillia) démontrent que la persistance des différends classiques et le peu de détermination dont font montre les deux pays pour dépasser leurs divergences, et trouver des solutions équitables et respectueuses des intérêts stratégiques de chaque partie, font planer beaucoup d¹incertitude sur le futur des relations entre les deux pays.
On pourrait être tenté de dire que les relations entre le Maroc et l¹Espagne auraient été plus stables si les deux pays étaient parvenus à trouver des solutions équitables aux contentieux qui les mettent aux prises. Cela dit, dans quelle mesure une telle éventualité aurait été envisageable? Peut-on vraiment penser que la résolution des contentieux précités déboucherait immanquablement sur une amélioration durable des relations entre le Maroc et l¹Espagne, ou existe-il d¹autres facteurs, d¹ordre culturel, idéologique ou historique, qui déterminent que les rapports entre les deux pays soient marqués par la méfiance, l¹irritabilité et le manque d¹incompréhension ? Si tel est le cas, quelle attitude devrait-on adopter pour éliminer les obstacles qui se dressent devant l¹installation d¹un climat de détente entre Marocains et Espagnols, et faire en sorte que la promotion du rapprochement et de la compréhension mutuelle soit la caractéristique la plus saillante des relations hispano-marocaines ?
L¹identité espagnole versus Islam !?
Plus que par les contentieux classiques qui opposent le Maroc et l¹Espagne, les relations entre ces deux voisins sont conditionnées par l¹image et la représentation que chaque pays se forgea de l¹autre durant les treize siècles de leur histoire commune, notamment du côté espagnol. Il faut remonter jusqu¹à la fin de la présence musulmane dans la péninsule ibérique pour tenter de connaître les raisons profondes qui font que la relation entre Marocains et Espagnols est marquée par une méfiance, qui empêche le rapprochement entre les deux voisins et le dépassement de tous les traumatismes de l¹histoire récente et lointaine. Cette analyse des raisons historiques nous permet de montrer comment les Espagnols se forgèrent une image négative et dévalorisante des musulmans, en général, et des Marocains en particulier.
Comme l¹ont montré plusieurs auteurs espagnols et étrangers, dès le lendemain de la chute de Grenade, l¹identité et la mémoire collective espagnoles se fondèrent autour du rejet de tout ce qui avait de loin ou de près une relation avec les musulmans. Les stratèges et les responsables espagnols de l¹époque étaient guidés et aveuglés par une ferme volonté de mener un processus de «purification et de décontamination» de leur identité historique, de se démarquer de leur passé arabo-musulman et de faire disparaître de l¹espace géographique de leur pays tout ce qui avait une relation avec la civilisation arabo-musulmane.
Si dans un premier temps ce sentiment de rejet et d¹intolérance se focalisa sur les derniers représentants des musulmans dans l¹Espagne chrétienne, en l¹occurrence les Morisques, il se reporta vite sur les Marocains de manière générale. En raison de leur proximité géographique, ces derniers furent appelés depuis ce moment-là à jouer le rôle de repoussoir des Espagnols et de représentants de tous ce qu¹ils détestaient. Bien plus, ils vont subir de plein fouet les attaques dénigrantes et les propagandes de diffamation des théologiens, des chroniqueurs et des voyageurs espagnols.
Ces fondateurs de la nouvelle identité espagnole se lancèrent, corps et âme, dans un processus de dénigrement à l¹encontre des Marocains, avec pour seul objectif de montrer la supériorité des Espagnols par rapport à eux. Dans cette campagne de propagande, aucun aspect de religion et de la vie sociale et politique des Marocains ne fut négligé par ces pères fondateurs de l¹identité espagnole pour nier tout apport des musulmans à la splendeur de l¹histoire de l¹Espagne, et montrer finalement qu¹une «horde de sauvages», guidés par une religion «immorale et fausse» ne peut en aucun cas influer positivement sur le devenir historique de leur pays.
Tous les moyens étaient bons pour trouver une explication à cette supériorité supposée des Espagnols. Ce sentiment de rejet et de supériorité allait de pair avec la peur des Marocains, résultat des attaques et du harcèlement auxquels les habitants des côtes espagnoles étaient exposés de la part des corsaires marocains.
Les dégâts que provoquaient ces attaques et la sauvagerie avec laquelle les pirates traitaient leurs victimes furent traumatisants pour l¹inconscient collectif espagnol et lui laissèrent de mauvais souvenirs des Marocains, qui devinrent depuis, une source de peur et d¹épouvante pour les Espagnols. Ces attaques répétitives des corsaires marocains donnaient du fil à retordre aux responsables du jeune Etat espagnol, et pesaient sur la sécurité des villes côtières espagnoles proche du territoire marocain.
C¹est pour mettre fin à ces attaques et se prémunir contre un éventuel retour des musulmans sur la péninsule ibérique, que les pères fondateurs de l¹identité espagnoles se lancèrent dans une campagne de propagande destinée à convaincre toutes les composantes de la société espagnole que leur pays devait intervenir au Maroc pour empêcher leur ennemi séculaire de mettre en danger son intégrité territoriale, sa stabilité religieuse, politique et économique.
La double instrumentalisation
de la «cruauté des Marocains»
C¹est cette intervention espagnole au Maroc qui sera, d¹ailleurs dans les siècles postérieurs, à l¹origine de toutes les confrontations belliqueuses entre Marocains et Espagnols et n¹arrangera en rien l¹image de ceux-là en Espagne. En effet, ce sentiment de rejet et de peur à l¹égard des Marocains s¹enracina encore plus dans la mémoire collective espagnole au fur et à mesure que les Espagnols se trouvaient confrontés militairement à leurs voisins du sud. Ainsi, si dans un premier temps, suite à la Guerre de Tétouan de 1859, l¹image qui avait cours sur les Marocains insistait plutôt sur leur caractère «primitif», à partir du début du XXe siècle et au fur et à mesure que les Espagnols commençaient à s¹enliser au Maroc, le Marocain «primitif» fait place au Marocain «sanguinaire et sauvage».
Il y a lieu de signaler, à cet égard, que pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, les responsables espagnols ne ménagèrent aucun effort pour consolider et enraciner dans la mémoire collective espagnole l¹image du Marocain «traître, sauvage, lâche et sanguinaire». Cette image terriblement négative des Marocains était une arme à double tranchant entre les mains des responsables de tous bords, qu¹il s¹agisse des partisans de l¹intervention militaire au Maroc ou de leurs opposants.
Pour les partisans de l¹intervention, représentés par des militaires qui tentaient par tous les moyens de donner une certaine légitimité à leurs actions militaires au Maroc, il fallait exagérer et mettre l¹accent sur le caractère sanguinaire supposé des Marocains, en vue de réveiller le sentiment patriotique de l¹opinion publique espagnole et de mobiliser de plus en plus de jeunes recrues. Pour les opposants à cette intervention, au premier rang desquels les syndicalistes et le socialistes, insister sur les mêmes allégations et faire ressortir le caractère sauvage supposé des Marocains, était le meilleur moyen susceptible d¹alerter les jeunes espagnols et de les mettre en garde contre les risques qu¹ils encourraient s¹ils s¹aventuraient à faire la guerre au Maroc. Le but de cette stratégie étant de les convaincre de montrer leur plus grande opposition à l¹intervention militaire de leur pays dans le territoire marocain.
C¹est cette instrumentalisation délibérée de la cruauté des Marocains qui enracina à tout jamais dans la mémoire collective des Espagnols la peur de leurs voisins du Sud. Cette peur se consolida encore plus dans l¹imaginaire collectif espagnol à la suite du déclenchement de la guerre du Rif en 1921 et la bataille d¹Anoual de juillet de la même année, pendant laquelle près de 14.000 soldats espagnols trouvèrent la mort. Le traumatisme que provoqua cette guerre chez l¹opinion publique espagnole, installa encore une fois de plus cette dernière dans la certitude que les soldats de son pays étaient confrontés à une «horde de sauvages et de sanguinaires primitifs».
C¹est ce qui fut montré, d¹ailleurs, par tous les moyens de communication de l¹époque, lesquels avaient pour seul objectif de dénoncer la sauvagerie des Marocains et pousser les Espagnols à prendre leur revanche. C¹est aussi cette conscience qu¹avaient les militaires espagnols destinés au Maroc de la peur que provoquaient les Marocains chez les Espagnols, qui les poussa plus d¹une décennie plus tard à s¹en servir comme une arme psychologique pour terroriser leurs concitoyens et atteindre le pouvoir illégitimement.
Cette participation massive des Marocains dans la Guerre Civile eut un impact terriblement négatif sur l¹image des Marocains. Ces derniers se virent accusés injustement d¹être les principaux tortionnaires de la population espagnole. Bien plus, dans la plupart des écrits qui apparurent à la suite de cette guerre fratricide espagnole, la tendance générale était de faire ressortir le mal et le traumatisme que provoqua la participation des Marocains chez l¹opinion publique espagnole et de minimiser le rôle qu¹ont joué les Italiens et les Allemands pour faire pencher la guerre en faveur des franquistes. Dans le même temps, on passe sous silence le fait que ces Marocains, tant dénigrés et tant diabolisés furent les premières victimes de l¹occupation mal assumée par l¹Espagne du Maroc et qu¹ils payèrent de leur vie pour une poignée de militaires sans scrupules, dont l¹objectif principal était d¹atteindre le pouvoir à n¹importe quel prix.
À partir de ce moment-là, toutes les composantes de la société espagnole avaient un tel ressentiment à l¹égard des Marocains que toute tentative destinée à réhabiliter leur image était inexorablement vouée à l¹échec. Ceci explique pourquoi la politique de bienveillance de circonstance adoptée par Franco à l¹égard de ses «protégés» marocains, à la suite de la Guerre Civile, ne déboucha nullement sur la réhabilitation de leur image.
Cette éventualité était d¹autant moins envisageable que dans la mémoire collective du peuple espagnol, façonnée déjà par des siècles de confrontation et de rivalité avec les Marocains, restaient encore vifs les mauvais souvenirs de la Guerre de Melillia de 1893, la Guerre de Jandab Eddib, la Guerre du Rif, et l¹émotion qu¹elles avaient créée au sein d¹une population qui découvrait brusquement que ses soldats avaient affaire à une «horde de primitifs» qui s¹acharnaient impitoyablement sur leurs ennemis. Ainsi, malgré tous les efforts déployés par le régime franquiste durant les premières années de son règne pour redorer le blason des Marocains et les faire apparaître comme des amis des Espagnols, il était difficile de faire disparaître du jour au lendemain de l¹imaginaire collectif espagnol leur image terriblement répugnante. Comme l¹a fait remarquer le Professeur Eloy Martin Corrales, même si la censure aboutit à une diminution relative des revues satiriques et des images caricaturales sur les Marocains, les bandes dessinées, qui échappaient relativement à ces contraintes se chargèrent de raviver les vieux clichés que l¹on avait en Espagne sur ces derniers : «En dépit de tous les changements qu¹a connus l¹image des Marocains dans le camp des vainqueurs de la Guerre Civile, il évident qu¹ils ne pouvaient pas contrecarrer efficacement les stéréotypes et les clichés qui avaient cours sur les musulmans et nord-africains depuis le début de la Reconquête. Il n¹est donc pas surprenant que, ici et là, surgissent des opinions et des illustrations dans lesquelles les Marocains furent dépeints de la même manière négative que depuis toujours. D¹une certaine manière, c¹était irrémédiable.»
L¹image sombre de l¹Islam
dans les manuels scolaires espagnols
Vu cet état des choses, il n¹est pas surprenant que les Marocains soient, à l¹heure actuelle, le collectif qui inspire le moins de sympathie à la grande majorité des Espagnols, surtout quand on sait que les manuels scolaires espagnols continuent toujours à raviver la mauvaise image des musulmans en Espagne.
Il est regrettable, à ce propos, de voir comment la religion musulmane, son prophète, ses adeptes et son histoire politique et sociale sont présentés d¹une manière très outrageante et insultante. Comme il ressort du travail collectif réalisé sur l¹image des musulmans dans les manuels scolaires espagnols, El Islam en las aulas, les concepteurs de ces manuels scolaires sont guidés par la volonté de se démarquer de leur passé arabo-musulman et de ne pas l¹accepter comme un élément faisant intégralement partie de leur histoire et de leur patrimoine culturel. Loin d¹avoir tout souci d¹objectivité, les auteurs de ces livres scolaires cherchent surtout à réactualiser les mêmes contrevérités véhiculées depuis la fin de la présence musulmane en Espagne par des auteurs anti-musulmans tels que Diego de Haedo, Luis del Mármol Carvajal, Jaime Bleda et j¹en passe.
Le festival des préjugés et des contrevérités présentés par leurs auteurs concerne tous les aspects de la religion musulmane et de l¹histoire politique et sociale de ses adeptes. Tout est fait par les concepteurs de ces livres scolaires pour perpétuer l¹image négative des musulmans, en l¹occurrence les Marocains, et les présenter toujours comme étant les ennemis jurés de l¹Espagne.
En conséquence, l¹effet négatif sur la perception de l¹islam et des musulmans par des générations futures d¹Espagnols ne peut être plus grand car, dès leur jeune âge, ces derniers commencent à grandir avec des idées fausses sur cette religion. C¹est cette représentation biaisée de l¹islam qui fait naître entre ces derniers une phobie de tout ce qui est musulman, les poussant à percevoir les adeptes de cette religion depuis une perspective toujours négative.
En tant que citoyen marocain désireux de voir les relations de son pays avec l¹Espagne connaître un saut qualitatif et une amélioration notable, susceptible de dépasser tous les traumatismes de l¹histoire, je ne peux que regretter que nos voisins espagnols continuent, en général, à regarder les Marocains avec condescendance, rejet et mépris. C¹est d¹ailleurs ce sentiment de condescendance qui caractérise les Espagnols dans leur vision du Maroc, qui continue d¹empêcher jusqu¹à nos jours tout rapprochement entre les deux pays voisins.
Cette vision que les Espagnols se construirent sur les Marocains depuis plus de cinq siècles constitue, en effet, le premier obstacle qui empêche les deux pays de trouver un terrain d¹entente dans les différends qui les opposent jusqu¹à présent et de faire converger leurs intérêts stratégiques.
Ceci est d¹autant plus vrai que même s¹il existe un secteur non négligeable de l¹opinion publique, des intellectuels, des entrepreneurs et des hommes politiques espagnols qui plaident pour un véritable rapprochement de leur pays avec le Maroc, il existe encore une catégorie majoritaire, qui ne conçoit ces relations qu¹à travers le prisme de l¹affrontement et l¹antagonisme, et pour laquelle le Maroc est un ennemi des intérêts et de la sécurité de l¹Espagne.
Ceci étant dit, depuis plus de deux décennies, on entend ça et là les responsables politiques espagnols déclarer que leur pays voudrait construire des relations exemplaires avec le Maroc.
Le dernier exemple en date est la déclaration du chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, dans laquelle il exprimait son souhait de voir l¹ambassadeur du Maroc regagner son poste à Madrid, en réitérant la volonté de son pays d¹établir les meilleures relations possibles avec le Maroc.
Comment peut-on imaginer la construction d¹une relation marquée par le rapprochement et le respect mutuel entre les deux riverains de la Méditerranée, alors que l¹image des Marocains en Espagne, résultat des manipulations et des instrumentalisations historiques, continue d¹être des plus négatives et que la majorité des Espagnols continue d¹entretenir le même sentiment de rejet et de ressentiment à l¹égard de leurs voisins ? Comment peut-on croire en la sincérité de telles déclarations, alors que l¹instrumentalisation de l¹image des Marocains installés en Espagne et des contentieux qui opposent les deux pays, notamment pendant les périodes électorales, font partie des moyens dont se servent les responsables espagnols, par médias interposés, pour atteindre des objectifs électoralistes ?
Comment peut-on construire un partenariat d¹égal à égal avec l¹Espagne, alors qu¹une large frange des faiseurs d¹opinion espagnols ne se résout toujours pas à se débarrasser de son regard méprisant et condescendant sur le Maroc et que la critique virulente des institutions et des symboles suprêmes de l¹identité marocaine continue d¹être de mise dans nombre de médias espagnols ?
Les responsables espagnols devraient se rendre à l¹évidence que l¹amélioration des relations politiques, diplomatiques et économiques de leur pays avec le Maroc ne peut pas être dissociée de la réhabilitation de l¹image des Marocains en Espagne et de l¹adoption, par les Espagnols, d¹un nouveau regard, marqué par le respect et la considération, sur leurs voisins marocains. Et tant que les dirigeants et les responsables médiatiques espagnols n¹auront pas pris conscience de ce paramètre, il serait illusoire de croire qu¹on puisse parvenir un jour à construire des ponts solides de dialogue et de compréhension entre le Maroc et l¹Espagne ou à immuniser leurs relations contre toute éventuelle crise ou friction conjoncturelle.
Par Samir BENNIS
chercheur marocain, spécialiste de la géopolitique du pétrole et des relations hispano-marocaines.
Source;al bayane