Abdelkrim, l'Emir et le Sultan

agoram

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Abdelkrim, l'Emir et le Sultan
El Khattabi pensait que le temps jouait en sa faveur et ne voulait brader son prestige à la faveur de chimères politiciennes trop compliquées à son goût.
Mongtemps, le sujet des relations entre Mohammed V et Ben Abdelkrim faisait partie des tabous collectifs les mieux conservés ; on ne voulait, par pudeur, piétiner les vestiges d'une certaine conception de symbiose nationale qu'on voulait idyllique. Or, s'empêcher d'en parler revenait tout bonnement à avouer que ces relations étaient tout, sauf idylliques.
En effet, les deux hommes se respectaient, mais ne s'aimaient guère. Et pour cause, Mohammed V, en parfait monarque musulman, ne pouvait tolérer la présence dans son royaume d'un rival de la taille de l'émir, un zaïm qui, aux yeux de ses concitoyens, ne manquait ni d'aura spirituelle ni de crédibilité politique. Dans une même zaouia, il n'y a de place que pour un et un seul cheikh, la baraka est un capital indivisible. Pour sa part, El Khattabi pensait que le temps jouait en sa faveur et ne voulait brader son prestige à la faveur de chimères politiciennes trop compliquées à son goût. Il n'avait que mépris et dédain pour les acteurs politiques, se revendiquant du mouvement national. Ne s'est-il pas abstenu -usant de moult astuces- de les recevoir chez lui, convaincu qu'ils ne cherchaient qu'à puiser, sans coup férir auprès de sa personne une bénédiction destinée à être marchandée à de viles contreparties.


Rencontre avec Mohammed V
Mohammed V et Ben Abdelkrim ne se sont rencontrés qu'une seule fois (13 janvier 1960), au Caire, la capitale panarabe d'un rais peu enclin à respecter les choix stratégiques de ses confrères au sein de la Ligue arabe. La rencontre s'était faite à la bonne franquette, sans protocole contraignant (pas de baise-main) : une concession énorme de la part du Sultan qui, on le sait, tenait pour affront un tel manquement. L'imaginaire populaire a gardé de cette rencontre historique une photo devenue depuis icône : souriants, assis côte à côte sur le même fauteuil (même niveau), habillés tout deux à la traditionnelle ; de la part du zaïm, le port de la rozza et de la djellaba rifaines relève du symbolisme le plus poignant. Que se sont-ils dit ? On ne le saura peut-être jamais. Néanmoins, quelques indices nous permettent d'affirmer que, mis à part les amabilités et les expressions de politesse d'usage entre hommes de bonnes familles, le sultan ne voulait laisser passer l'occasion sans témoigner de sa reconnaissance et exprimer son souhait de voir son interlocuteur rejoindre le pays. Pour sa part, El Khattabi avait soumis à son roi (il le nommait Sa Majesté Roi du Maroc) un memorandum où sont exposées quelques suggestions qu'il considérait -à tort ou à raison- indispensables à l'accomplissement de l'indépendance totale du Royaume (son modèle était l'Egypte nassérienne).
Les deux hommes se sont quittés sur une note d'optimisme, et s'étaient rendus compte que, s'ils pouvaient prétendre à une entente mutuelle -difficile certes-, il ne leur était nullement possible de cohabiter dans un même pays. De toute évidence, Ben Abdelkrim se sentait défait -et ce, depuis qu'il avait reçu en bonne et dûe forme l'allégeance des tribus rifaines et qu'il s'était fait une filiation chérifienne en tant que descendant du Khalife Omar ben Khattab, illustre compagnon du Prophète et un des piliers de l'Etat de Médine- des obligations de la bai'a alaouite, du coup, il se comportait en leader libre de toute retenue politicienne. Les articles qu'il devait publier par la suite témoignent de cette conviction.


L'épopée anoual
En outre, l'historiographie marocaine contemporaine, qu'elle soit écrite par des historiographes nationalistes ou par des historiens appartenant à l'université marocaine, n'a voulu retenir d'Abdelkrim que l'homme d'Anoual, celui qui était à l'origine de « L'épopée d'or et de sang ». Anoual, rappelons-le, fait partie des mythes fondateurs de la nation marocaine, elle témoigne d'un ultime sursaut de fierté face à une armada « catholique » qui n'avait de telle que le nom. Des divers récits, une impression se dégage : la mission de l'émir s'était achevée à la minute même de sa reddition, son exil au Caire n'est que détail.
En ce qui concerne les relations entre Hassan II et Ben Abdelkrim, quelques indices permettent d'affirmer que les deux hommes, au mieux, s'ignoraient. Le rappel d'un épisode du parcours politique du prince Moulay El Hassan est indispensable pour comprendre les soubassements de ce sentiment et qui, par la suite, se manifestera lors des évènements du Rif en 1958.
En effet, lors d'un voyage officiel en Egypte effectué au lendemain de l'indépendance en compagnie d'Ahmed Balafrej et Reda Guédira respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Défense, l'héritier du trône alaouite n'a pas pu rencontrer l'Emir (on ne sait pour quelle raison), néanmoins, il a pu mesurer l'étendue de la menace que représentait pour lui -et non pour son père- la présence d'Abdelkrim dans un pays en pleine effervescence révolutionnaire. Et puis, le souvenir de l'Emir était encore vivace dans le Rif, une région qui traînait derrière elle une longue tradition de siba et qui, tout en cultivant de l'affection pour Mohammed V, tenait El Khattabi pour son véritable chef et n'en demeurait pas moins hostile au Makhzen et à tout ce qui s'y rapportait. Dans « Le défi », Hassan II s'était contenté d'évoquer les relations affectueuses qu'il entretenait avec la famille Khattabi, et ne souffla mot de l'Emir lui-même.


Influences d'exil
Une grande question s'impose : est-il possible de comprendre l'histoire récente du Maroc sans faire un détour par le Caire et ce faisant, détecter les lieux et les formes de l'action de l'Emir destinée à influer la politique marocaine (un hebdomadaire marocain publia il y'a quelques semaines une lettre de l'Emir dans laquelle il faisait étalage de sa parfaite connaissance des évènements et même des lieux de torture les plus secrets. De toute évidence, l'Emir devait cette connaissance aux services secrets égyptiens) ? De même est-il inopportun de comprendre l'évolution du nationalisme marocain sans évoquer l'apport de Ben Abdelkrim avant et après Anoual, il serait tout aussi vain de saisir l'essence de quelques repères -aussi minimes soient-ils- qui, à bien des égards jalonnent la marche du Maroc indépendant vers une véritable entente entre la monarchie marocaine et le Mouvement national.



Par Mohammed Hatimi, Historien
lejournal-hebdo.com
 
agoram a écrit :
il s'était fait une filiation chérifienne en tant que descendant du Khalife Omar ben Khattab, illustre compagnon du Prophète et un des piliers de l'Etat de Médine- des obligations de la bai'a alaouite

Quelle connerie il fallait dire pour justifier son pouvoir chez les Muz.
 
Je me suis toujours pose la question :pourquoi Abdelkrim a ete au service des Espagnols a Mellilia et recevait d eux un salaire mesuel............et que son frere avait fait des etudes en Espagne et parlait et ecrivait l espagnol................?
Son soulevement contre les espagnols etait-il une vengence personnelle dans laquelle il a entraine derriere lui toutes les tribus du Rif?
Ces questions ont elles des reponses? ..............Ou tout simplement nous prenons l heros du Rif et nous ne lui demandons aucun compte des motifs qui lui ont permis au debut de sa vie de sympathiser avec l ennemi espagnol?
L histoire de la genealogie au Maghreb est bien connue:quiconque se veut une origine arabe peut l avoir il suffit de payer un genealogiste...........qui a le don de donner ascendance arabe y comprise celle d Omar Ben Alkhattab............

[ Edité par Adrar-n-illouz le 8/4/2005 22:27 ]
 
Decidement ce ne sont que les descendants arabes, les IGRAMNES qui font du tapage au MAROC :"abdelkrim, yassin, oufkir....
je me demande pourquoi ,il a choisi l'éxile en EGYPTE? ne serait-il pas un ba3tiste lui aussi, ?

pourquoi a-t-il interdit aux rifins la coiffure bérbére" aryalouch"
 
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