Amazighité et diversité culturelle
Les socialistes déclinent leur vision
L’USFP qui poursuit son dialogue avec les différents acteurs de la société en marge de son septième Congrès, s’est penché lors de son sixième forum sur la question amazighe et la gestion de la diversité culturelle Maroc. Un thème qu’il aborde sous une nouvelle approche, celle qui dépasse la vision traditionnelle de la réhabilitation de l’amazigh, pour le replacer dans une perspective dynamique orientée vers le futur, comme le souligne la plateforme élaborée à ce sujet par l’USFP. En ce sens que l’amazigh ne doit plus être perçu comme “une affaire corporatiste, ethnique ou un problème qui a besoin d’être résolu ou traité, mais en tant que partie indissociable de la richesse civilisationnelle et culturelle qui nécessite d’être gérée de manière à permettre au pays d’en profiter”.
En lançant le débat sur cette importante question, l’USFP souhaite non seulement rappeler les positions incontestables prises concernant l’amazigh, langue et culture, mais trouver des formules audacieuses qui seront à même de gérer le pluralisme culturel, et ce, dans la perspective que notre tissu linguistique diversifié devienne un point de force dans l’édification de notre identité et notre culture. Dans ce cadre, le 1er Secrétaire de l’USFP, M. Mohamed Elyazghi, a souligné que la création de l’Institut Royal pour la culture amazighe constitue un grand pas dans le processus de réhabilitation de l’amazigh, et que le gouvernement de M.Abderrahmane Youssoufi a joué un rôle éminent dans la promotion de la langue amazighe, rappelant au passage que c’est à l’USFP que revient l’intégration pour la première fois de l’amazigh dans le système d’enseignement.
Cet engagement en faveur de l’amazigh, l’USFP compte le poursuivre et le renforcer. En effet, dans le rapport idéologique qui sera discuté et très probablement entériné lors du septième Congrès, le parti revendique que l’amazigh soit reconnu comme langue nationale.
Intervenant lors de cette conférence, Mme Khadija Mouhcine, universitaire, a souligné à ce sujet, que par cette initiative, “l’USFP rejoint d’autres sensibilités qui revendiquent la constitutionnalisation de la langue amazighe”. C’est un signal fort qui favorisera la réconciliation des Marocains avec la langue amazighe. “Une réconciliation qui est déjà amorcée”, a-t-elle dit.
En organisant cette conférence, l’USFP a souhaité donner la parole à toutes les personnes qui ont une relation de loin ou de près avec la question de l’amazighité. C’est le cas de M.Brahim Akhiyat qui est un militant de longue date du mouvement amazigh marocain. Dans son intervention, M.Akhiat est d’abord revenu sur les causes de la crise que connaît la gestion du pluralisme culturel. Des causes qu’il a résumées dans le référentiel politique et culturel officiel adopté ces dernières années, qui est basé sur une idéologie “purement politique salafiste”, du genre “l’arabité et l’islam”. Un référentiel qui a engendré la marginalisation de la culture amazighe, que ce soit dans l’enseignement ou encore dans les domaines de l’information, a-t-il dit. Il a ainsi appelé au changement de ce référentiel par une approche nationale démocratique orientée vers le futur et à la consitutionnalisation de l’amazigh, unique solution pour lui d’éviter de s’enliser dans des calculs politiques stériles.
Abondant dans le même sens, M.Ouazzi qui a appelé à la dualité linguistique, a invité l’USFP à faire son autocritique afin d’expliquer son silence durant ces dernières années.
Outre les membres du mouvement amazigh, la parole a été donnée aux penseurs et chercheurs universitaires. C’est le cas de M.Abelkebir Khatibi qui a fait beaucoup de recherches sur ce thème. Il a ainsi posé le problème du passage de l’oralité à l’écriture. Il a souligné dans ce cadre que “l’alphabet est un code de transcription de signes qu’il ne faut pas sacraliser”. Ajoutant qu’il y a des théoriciens qui ont peur que la langue amazighe soit diluée dans l’alphabet arabe ou latin. Il conclut en affrirmant “qu’on peut relever le niveau culturel du Maroc par la coexistence inventive, inventer dans la littérature, dans l’art et la question du signe”.
Enfin, le penseur Akkar a eu son mot à dire dans ce débat. Après avoir dressé un topo sur la position des différentes langues et dialectes utilisés au Maroc, il a souligné qu’il est anormal qu’il y ait encore des Marocains qui s’estiment marginalisés à cause de leur langue ou leur dialecte. Il a tenu à préciser en outre que “l’IRCAM n’est pas un don, c’est le fruit d’une longue lutte. Il est tenu aujourd’hui d’assumer pleinement son rôle de gestionnaire de la question amazighe, en assurant son pleine intégration et en réussissant son passage de l’oral à l’écrit”. Il a conlu son intervention en posant un certain nombre d’interrogations qui méritent débat, dont la justesse du choix du “tiphinagh” pour la transcription de l’amazigh.
Amina SALHI
liberation.press.ma
[ Edité par agoram le 2/6/2005 18:09 ]
Les socialistes déclinent leur vision
L’USFP qui poursuit son dialogue avec les différents acteurs de la société en marge de son septième Congrès, s’est penché lors de son sixième forum sur la question amazighe et la gestion de la diversité culturelle Maroc. Un thème qu’il aborde sous une nouvelle approche, celle qui dépasse la vision traditionnelle de la réhabilitation de l’amazigh, pour le replacer dans une perspective dynamique orientée vers le futur, comme le souligne la plateforme élaborée à ce sujet par l’USFP. En ce sens que l’amazigh ne doit plus être perçu comme “une affaire corporatiste, ethnique ou un problème qui a besoin d’être résolu ou traité, mais en tant que partie indissociable de la richesse civilisationnelle et culturelle qui nécessite d’être gérée de manière à permettre au pays d’en profiter”.
En lançant le débat sur cette importante question, l’USFP souhaite non seulement rappeler les positions incontestables prises concernant l’amazigh, langue et culture, mais trouver des formules audacieuses qui seront à même de gérer le pluralisme culturel, et ce, dans la perspective que notre tissu linguistique diversifié devienne un point de force dans l’édification de notre identité et notre culture. Dans ce cadre, le 1er Secrétaire de l’USFP, M. Mohamed Elyazghi, a souligné que la création de l’Institut Royal pour la culture amazighe constitue un grand pas dans le processus de réhabilitation de l’amazigh, et que le gouvernement de M.Abderrahmane Youssoufi a joué un rôle éminent dans la promotion de la langue amazighe, rappelant au passage que c’est à l’USFP que revient l’intégration pour la première fois de l’amazigh dans le système d’enseignement.
Cet engagement en faveur de l’amazigh, l’USFP compte le poursuivre et le renforcer. En effet, dans le rapport idéologique qui sera discuté et très probablement entériné lors du septième Congrès, le parti revendique que l’amazigh soit reconnu comme langue nationale.
Intervenant lors de cette conférence, Mme Khadija Mouhcine, universitaire, a souligné à ce sujet, que par cette initiative, “l’USFP rejoint d’autres sensibilités qui revendiquent la constitutionnalisation de la langue amazighe”. C’est un signal fort qui favorisera la réconciliation des Marocains avec la langue amazighe. “Une réconciliation qui est déjà amorcée”, a-t-elle dit.
En organisant cette conférence, l’USFP a souhaité donner la parole à toutes les personnes qui ont une relation de loin ou de près avec la question de l’amazighité. C’est le cas de M.Brahim Akhiyat qui est un militant de longue date du mouvement amazigh marocain. Dans son intervention, M.Akhiat est d’abord revenu sur les causes de la crise que connaît la gestion du pluralisme culturel. Des causes qu’il a résumées dans le référentiel politique et culturel officiel adopté ces dernières années, qui est basé sur une idéologie “purement politique salafiste”, du genre “l’arabité et l’islam”. Un référentiel qui a engendré la marginalisation de la culture amazighe, que ce soit dans l’enseignement ou encore dans les domaines de l’information, a-t-il dit. Il a ainsi appelé au changement de ce référentiel par une approche nationale démocratique orientée vers le futur et à la consitutionnalisation de l’amazigh, unique solution pour lui d’éviter de s’enliser dans des calculs politiques stériles.
Abondant dans le même sens, M.Ouazzi qui a appelé à la dualité linguistique, a invité l’USFP à faire son autocritique afin d’expliquer son silence durant ces dernières années.
Outre les membres du mouvement amazigh, la parole a été donnée aux penseurs et chercheurs universitaires. C’est le cas de M.Abelkebir Khatibi qui a fait beaucoup de recherches sur ce thème. Il a ainsi posé le problème du passage de l’oralité à l’écriture. Il a souligné dans ce cadre que “l’alphabet est un code de transcription de signes qu’il ne faut pas sacraliser”. Ajoutant qu’il y a des théoriciens qui ont peur que la langue amazighe soit diluée dans l’alphabet arabe ou latin. Il conclut en affrirmant “qu’on peut relever le niveau culturel du Maroc par la coexistence inventive, inventer dans la littérature, dans l’art et la question du signe”.
Enfin, le penseur Akkar a eu son mot à dire dans ce débat. Après avoir dressé un topo sur la position des différentes langues et dialectes utilisés au Maroc, il a souligné qu’il est anormal qu’il y ait encore des Marocains qui s’estiment marginalisés à cause de leur langue ou leur dialecte. Il a tenu à préciser en outre que “l’IRCAM n’est pas un don, c’est le fruit d’une longue lutte. Il est tenu aujourd’hui d’assumer pleinement son rôle de gestionnaire de la question amazighe, en assurant son pleine intégration et en réussissant son passage de l’oral à l’écrit”. Il a conlu son intervention en posant un certain nombre d’interrogations qui méritent débat, dont la justesse du choix du “tiphinagh” pour la transcription de l’amazigh.
Amina SALHI
liberation.press.ma
[ Edité par agoram le 2/6/2005 18:09 ]