anhtropologie et amazighité

agoram

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Entretien avec l'anthropologue Mohamed Alahyane : Plaidoyer en faveur des études anthrologiques


L'anthropologie peut contribuer à dissiper l'opacité qui continue d'envelopper l'histoire du Maroc. Telle est la thèse défendue par Mohamed Alahyane.

D'abord, pourriez-vous nous faire un bref aperçu des études anthropologiques au niveau national, particulièrement dans le domaine amazighe ?

Cette question mérite beaucoup plus q'un aperçu, puisque le problème soulevé est complexe. Il y a lieu tout d'abord de dépasser les visions et jugements des périodes coloniales et post - coloniales (nationaliste et négationniste de notre histoire) et d'avoir un regard de l'intérieur des différentes communautés marocaines.

On se rendra compte, de cette façon, et au delà du pluriluiguisme et de la dichotomie plaines – montagnes, de notre spécificité en tant que marocains. Les travaux ayant opté pour ce choix sont rares et se limitent aux efforts de quelques individus (Hamoudi- Amahan – Rachik…)

Quant à l'enseignement de l'anthropologie, il est inexistant au niveau institutionnel dans le sens que les départements de philosophie n'ont pas de section autonome d'anthropologie.

Ceci dit, il y a, tout de même, quelques rares enseignants qui donnent des cours dans les disciplines qu'on rassemble sous le générique : sociologie rurale.
Le statut de l'anthropologie n'est donc pas réjouissant et les études anthropologiques dans le domaine amazighe le sont encore moins.

L'IRCAM vient d'éditer votre ouvrage « Etudes anthropologiques en anti-atlas occidental : Lakhsas ». Sur quoi porte exactement cette recherche?

Cette recherche porte essentiellement sur les structures de la parenté. Une attention particulière est accordée aux données économiques et politiques qui dictent la stratégie matrimoniale de cette communauté. Certains faits historiques sont pris en considération et un intérêt particulier est donné aux mutations socioculturelles survenues en anti-atlas occidental.

Peut-on parler d'une spécificité des Lakhsas ? A quel niveau ?

Il m'est difficile de parler d'une spécificité des Lakhsas. Cela demanderait beaucoup d'études comparatives avec des communautés similaires des régions limitrophes. Mais je peux déjà dire que les affirmations faites par d'éminents anthropologues – Bourdieu, Tillion, Jamous etc…- classant le mariage nord-africain dans la catégorie du mariage dit « arabe » ou « endogame », c'est-à-dire le mariage avec la cousine parallèle patrilinéaire, ne sont pas fondées.
J'ai la certitude que d'autres communautés amazighes pratiquent le mariage exogame.

La notion de « Leff» reste controversée et est appréhendée différemment par les anthropologues. Pouvez-vous en dessiner les contours ?

La notion de «Leff» n'est pas controversée. Elle est par contre prisonnière de la théorie de la segmentarité qui voit dans le « leff » une structure statique, figée, constante.

Le « leff », tel qu'il en est question dans mon livre, est une structure politique qui obéit aux conjonctures et aux vicissitudes de l'histoire. Une tribu ou une fraction de tribu contracte une alliance – y compris avec l'ennemi d'hier – pour défendre ses intérêts. Pour ce faire, chaque tribu a son espace vital plus au moins grand.

Les tribus de pasteurs, de commerçants caravaniers ou d'agriculteurs sédentaires n'ont pas toutes besoin d'un même espace vital. Des convergences d'intérêts dictés par la nécessité de complémentarité entraînent, souvent, des alliances qui peuvent paraître à un observateur extérieur comme étant des alliances contre nature.

Comment appréciez-vous l'organisation des Lakhsas dans le cadre des regroupements amazighes (tribus, confédérations…) ?

La structure tribale Lakhsas ne diffère pas des autres structures des regroupements politiques amazighes. Depuis les Almoravides jusqu'à l'avènement du Protectorat, il y a eu alternance entre une structure makhzénienne avec un caïd à la tête de la tribu une jmaâa, «Inflass», élue par la tribu.

Quel est le poids des facteurs socioculturels dans le changement qui a affecté Lakhsas ?

Je préfère parler des mutations socioculturelles qui ont affecté Lakhsas en profondeur dans le sens ou ces mutations sont importantes, irréversibles et ont agi dans le temps et dans l'espace.
Parmi ces facteurs, nous retrouvons
1- L'administration centrale avec ses structures: école, dispensaire, poste, administrations locales… ;
2- L'émigration en Europe et l'exode rural ou émigration interne ;
3- Les moyens de communication allant de la route aux moyens audiovisuels.

Que peuvent apporter les recherches anthropologiques pour la connaissance de notre société et de notre histoire ?

Les recherches anthropologiques peuvent jouer un rôle déterminant dans la connaissance de notre culture, et par là, de notre identité, non seulement en tant qu'amazighes, mais aussi en tant que marocain.

Peu de gens savent qu'au niveau de la culture populaire marocaine, il n'y a pratiquement pas de différence entre un amazighophone et un darijophone si j'ose employer ce terme.
Concernant notre histoire, je pense que l'anthropologie peut contribuer à dissiper l'opacité qui continue d'envelopper l'histoire du Maroc.

Quels sont les obstacles auxquels est confrontée la recherche anthropologique nationale ?

Je pense que les obstacles sont essentiellement institutionnels. Il fut un temps ou l'anthropologie était considérée comme fille légitime du colonialisme et qui cherchait à diviser le peuple. J'ai peur qu'aujourd'hui encore, que la même idée persiste, avec un petit changement cependant : la crainte serait notre séparation du monde arabe.



Propos recueillis par M. Moukhlis

lematin.ma
 
Mais on en est déjà séparé, y a qu'à voir le sommet de Charm El Cheikh ou le couple USA-GB s'invite lui meme pour dire aux autres suivistes ce qu'ils doivent dire et faire !

Ah laisse tomber...ils m'énervent !
 
Amassin a écrit :
Mais on en est déjà séparé, y a qu'à voir le sommet de Charm El Cheikh ou le couple USA-GB s'invite lui meme pour dire aux autres suivistes ce qu'ils doivent dire et faire !

Ah laisse tomber...ils m'énervent !

La science et l'ideologie ne font pas bon menage;toute les sciences ,anthropologie,genetique,histoire,geographie montrent bien que le maroc n'a rien à voir avec cette orient chemerique et pourtant pour de viles consedeartions ideologique on insiste pour arracher ce peuple à ces racines amazighs,pour le propulser dans un espace-temps qui n'est pas le sien:notre peuple est victime d'un holdup identitaire,c'est une violence psychologique,une atteinte à l'integrtité morale de notre pays.
 
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