Je vous ai posé la question parce que j'ai le même avis que vous.
Je l'avais mis en titre sur bladi.net avec le texte ci-dessous.
Mais naturellement la critique de l'arabisation n'est pas permise sur certains sites marocains.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, car même si le texte est resté, je trouve moi que le titre pouvait très bien y correspondre.
Voici le texte :
Apprentissage : l'apport d'une alphabétisation efficiente à la qualité du développement durable des amazighophones
09/04/2004 | 14h53
Au début de ce nouveau millénaire, notre pays présente encore des difficultés économiques et sociales qui creusent d'avantage le fossé entre les différentes couches de la societé. Cette situation est due en quelque sorte aux différents plans quinquennaux, initiés depuis l'indépendance, qui n'avaient pas suffisamment investi dans l'éducation en général et l'alphabétisation en particulier ce qui s'est répercuté d'une manière fâcheuse sur le processus du développement.
En effet, l'expérience des différents programmes de développement macroéconomiques et d'ajustements structurels ont suffisamment démontré, lors de leur mise en œuvre, que le développement du pays est une affaire d'abord d'hommes, de femmes, de savoir et de savoir-faire plutôt que de richesse, d'investissement énorme ou d'aide allouée par les pays riches.
D'ailleurs, les études menées par des experts en matière de développement et par le PNUD ont mis l'accent sur la corrélation qui existe entre le degré de formation de la population, la capacité de gérer efficacement la rareté et le développement qui ne pourrait avoir lieu que par une éducation appropriée et par l'éradication de l'analphabétisme.
Néanmoins, en attendant la réalisation de cet objectif réalisable, il est pratiquement urgent d'accentuer les efforts pour réduire le pourcentage des analphabètes et ce, par la conception des programmes régionaux adaptés aux différentes spécificités, par la mobilisation de personnes ressources, par un monitoring et par une grande ouverture sur la société civile qui pourrait contribuer au succès de ce projet.
A cet effet, il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs commises lors des différentes campagnes d'alphabétisation initiées par l'état depuis l'indépendance et qui n'ont jamais considéré la langue amazighe comme un élément fondamental dans la promotion et l'amélioration de la qualité de vie des citoyens amazighophones. La langue arabe était la langue d'alphabétisation, ce qui a généré un cuisant échec de «ces campagnes d'alphabétisation».
Les amazighophones continuent, hélas, à subir, résignés, les aléas du "sous développement et de la mauvaise alphabétisation "et de la politique linguistique discriminatoire sachant à ce propos que "la résignation est l'ennemie du progrès". Face à la mise à l'écart de cette constante linguistique d'une importance capitale, à savoir l'alphabétisation en amazighe, des associations et des ONG qui s'organisent dans des quartiers, dans des villages et dans des contrées parfois très enclavées, lancent des opérations d'alphabétisation en amazighe pour améliorer dans la proximité les conditions du développement durable.
Comment favoriser, alors l'accès aux savoirs et au savoir-faire indispensables à ces citoyens qui se débattent au quotidien dans l'ignorance, dans la pauvreté et dans la précarité ? Comment offrir l'opportunité à ces citoyens de changer leur statut en les impliquant dans la résolution des problèmes situationnels inhérents à leur vie quotidienne, dans la création de la richesse et dans l'éducation au développement durable ? Pour répondre immédiatement à ces besoins fondamentaux liés à la gestion des ressources familiales, à l'éducation des enfants, à la santé, à l'hygiène, à l'environnement et même au mode de vie...
cette dimension du développement durable est non seulement légitime, mais prioritaire à l'heure de la mondialisation et du développement exponentiel du savoir et du savoir -faire où l'analphabète n'a plus de place. Les programmes d'alphabétisation doivent être flexibles, conçus sur la base d'un contrat didactico-andragogique avec chaque apprenant qui doit être considéré comme un partenaire essentiel dans la construction de sa personnalité... sinon cette tentative risque de ne plus lui apporter les éléments de réponse à ses besoins.
L'alphabétisation dans la langue amazighe ne doit pas se cantonner à la simple transmission des connaissances élémentaires aux différents bénéficiaires, elle doit permettre de capitaliser, de mettre en valeur et d'utiliser leurs propres connaissances à la création de leur développement. L'alphabétisation en amazighe devrait s'appuyer sur un ensemble complexe de performances, de savoir-faire et de savoir devenir identifiés à partir d'une analyse des besoins. Une fois ces indicateurs connus, il devient alors aisé de les investir en vue de contribuer à la promotion et à l'émancipation harmonieuse au sein de l'environnement socio -culturel et économique.
Cette harmonie ne peut aboutir sans le recours à des moyens didactiques inspirés notamment de la tradition orale. Bien investie, celle-ci devrait se baser sur des facteurs culturels liés à la musique, aux arts, à la chasse et à la pêcheˇ qui, tout en étant distincts de l'alphabétisation, y sont étroitement liés et contribuent à la promotion de la personnalité qui reste un facteur indissociable de l'estime de soi.
En matière d'alphabétisation, les besoins et les intérêts exprimés varient d'une région à une autre. Aussi faut-il éviter de soumettre les bénéficiaires de ces programmes aux mêmes apprentissages et au même rythme de croisière, ce qui pourrait freiner leur élan et les conduire à la démotivation voire à l'abandon. Se limiter uniquement à l'enseignement - apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul, et faire abstraction des exigences du développement technologique (NTI) serait une autre manière d'exclure les amazighophones d'une alphabétisation indispensable à une meilleure intégration de plein pied dans la société moderne.
Le citoyen amazighe, pour être compétitif et capable de maîtriser les paramètres de son développement durable et celui de sa région, est tenu d'appréhender le monde dans ces multiples dimensions et de continuer d'apprendre tout au long de sa vie pour s'adapter continuellement aux innovations. Il est appelé à élargir ses horizons culturelles en vue d' entretenir son développement , de le bâtir dans le respect du patrimoine environnemental et de l' intégrer dans l'ensemble de ses actions quotidiennes. La préoccupation du maintien et de la sauvegarde de la vitalité et de la diversité du fonds inhérent à l'ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques reste une condition fondamentale.
L'exploitation rationnelle des différentes ressources par le respect du reboisement, par l'aménagement, par la sauvegarde des habitats essentiels des différentes espèces et par le respect de la végétation serait le meilleur moyen qui assurerait la qualité de vie. Le développement durable ne pourrait être conçu sans le respect de l'équité sociale qui permet à la population d'avoir accès à des revenues décents, à l'éducation de base et surtout celle des fillettes en milieu rural, aux soins médicaux les plus élémentaires et au respect de leur citoyenneté dans ces multiples facettes.
L'équité sociale devrait aussi assurer aux femmes leur prise en main via, entre autres, des activités productrices de richesse par des micros crédits et par des projets personnels qui garantissent un revenu indispensable à une qualité de vie. L'équité sociale passe désormais par le respect du code de la famille et notamment par celui des droits fondamentaux de la femme qui sont souvent violés sous de faux prétextes. L'alphabétisation est une opportunité pour se régénérer et se débarrasser de l'ignorance, de la pauvreté, des maladies et du poids des traditions néfastes...
A l'issue d'une alphabétisation efficiente en amazighe, les alphabétisés (e) seraient en mesure d'analyser des situations complexes, de définir des stratégies, d'établir des plans d'action à moyen et à long terme et de choisir les solutions les plus pertinentes en vue d'agir à bon escient sur les différents indicateurs de la qualité de vie en améliorant le courant de leurs destinées.
Driss Almou
LeMatin.ma