Article : La patrie d'abord (Hassan Aourid)

Tafart

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LA PATRIE D'ABORD
Par Hassan Aourid,

J'avais fait mienne la maxime de Montesquieu que voici : «Être vrai partout, même pour sa patrie. Tout citoyen est obligé de mourir pour sa patrie, personne n'est obligé de mentir pour elle».

On ne doit jamais «<la mentir», et toujours la défendre, bec et ongles, car c'est elle qui nous permet de vivre, et nous procure, en tant que nation et individus, la sève par laquelle nous tenons.

On a beau se bercer des grandes idées universelles, de l'Homme, valeur cardinale, des grands rêves qui transcendent les clivages nationaux, et autres romantismes, la patrie prime, et doit primer.
Ce n'est pas au nom du communisme que Staline mobilisait ses troupes contre les Nazis qui encerclaient Saint Pétersbourg, mais de Pouchkine. Gramsci a beau être communiste, mais c'est en Italien qu'il pense. Il puise de Machiavel, et lit d'abord la réalité de l'Italie post-Grande Guerre, à partir de laquelle il forge les instruments idéels pour comprendre son monde et le changer.

Et la patrie doit primer, dans ce contexte volatile et tendu que nous vivons. L'intellectuel est par vocation critique du pouvoir, mais force est de reconnaître que dans le contexte qui prévaut, la vérité se trouve du côté du pouvoir. Et un pouvoir doit d'abord sauver le cadre dans lequel tout se déploie, la patrie. Les choix opérés par le pouvoir, il y a un an, répondent à cet impératif. On peut peut-être contester le style, mais pas l'idée.

Défendre la marocanité du Sahara, c'est défendre la marocanité du Maroc. Tous les choix qui s'insèrent dans ce cadre sont légitimes, voire stratégiques. Je ne réserverai pas tant d'intérêt à des voix discordantes pour qui le Maroc serait le continuum d'idéologies venues d'ailleurs et la caisse de résonnance de joutes lointaines. Elles seraient en droit d'exprimer des sensibilités, somme toute acceptables, dans un cadre pluriel.

Mais ces voix se veulent l'expression de «la vérité», ou ce qu'elles considèrent comme telle, quitte à se mettre en porte-à-faux par rapport à la patrie et ses intérêts stratégiques. Ces voix ont-elles changé les positions de ceux qui ont œuvré depuis un demi-siècle à dépecer le Maroc, et à l'affaiblir? On aurait été en obligation de les écouter si elles avaient infléchi, un tant soit peu, les positions des ennemis de notre intégrité territoriale, voire si elles les avaient poussé à ouvrir les frontières, quand cela était possible, pour donner corps au «Maghreb des peuples». Qui a droit à s'ériger en tuteur de la souveraineté du Maroc, ou à l'hypothéquer ?

On ne peut contester leur entrain à défendre les droits de l'homme à Hay Jarrah, ou ailleurs, s'ils font montre du même entrain à défendre les conditions de vie des gens de Tagleft, ou des paysans de Ouled Slimane dans l'oasis de Figuig.

Les a t-on vus courir à l'aide des gens des montagnes, ou s'indigner de l'expulsion des paysans de Ouled Slimane de leurs propriétés ? En 1984, j'avais assisté à une conférence donnée par l'historien Laroui à l'invitation de l'association des inspecteurs des Finances, au lendemain du retrait du Maroc de l'OUA, où le grand lettré avait appelé à tenir ferme, quant à l'intégrité territoriale, et avait rappelé que toute concession politique sur les fondamentaux se paye cher, sur le plan historique.

Nous sommes d'accord sur l'essentiel, c'-à-d l'intégrité du pays. En élargissant le spectre de ses alliances, le Maroc ne fait que conforter ses intérêts stratégiques,voire se défendre dans son existence et essence. Le reste est de la littérature. De la mauvaise littérature.
 
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