Personnage haut en couleurs et imprégné de traditions, il sillonnera les ruelles casablancaises
Son bâton de pèlerin à la main, Baba Âchour part à la conquête de Casablanca. Loin de lui l'idée de voler la vedette à un certain Père Noël. Il convoite plutôt d'asseoir un personnage marocain qui répondrait le mieux aux traditions bien de chez nous. D'autant plus qu'il prendra du service début février, donc aucune crainte pour le vieux barbu vêtu de rouge.
Mieux encore, l'objectif de ses géniteurs, l'Association
«Liqa'ate» - Cont'Act -, est surtout de contribuer à la sauvegarde et à la pérennisation d'une partie du patrimoine national, de ses coutumes, anecdotes et mythes.
«Nos enfants aujourd'hui n'ont plus aucun référentiel par rapport à leur culture. Demandez à nos adolescents et aux moins jeunes des informations à propos de halloween, de la galette des rois ou encore des fêtes de Noël.
Soyez certains qu'ils ne tariront pas de commentaires à propos de fêtes religieuses qui ne nous concernent en rien. Posez la même question à propos de nos coutumes et habitudes et, cette fois-ci, vous serez sûr de poser une colle, tout bêtement ! », explique Rhozali Thaythay, présidente de Cont'Act pour l'éducation et les cultures.
L'idée est de ressusciter ce personnage et, pour ne pas provoquer de choc ou de rebut de la part de la cible à la quelle il est destiné, il a été question de le présenter dans un emballage moderne. De la sorte, il sera accepté par les jeunes générations, saturées de programmes télévisés de cultures loin d'être les nôtres.
Ainsi, Baba Âchour aura pour mission de réconcilier les Marocains, enfants principalement, avec leur patrimoine et leurs traditions ancestrales. Aussi fera-t-il office de médiateur entre les mécènes et les enfants issus des couches défavorisées de la société.
A partir du 3 février et durant une vingtaine de jours, le bonhomme enchaînera visite sur visite, entre orphelinats, maisons d'arrêt et hôpitaux, distribuant cadeaux et fruits secs. Dans le pavillon réservé aux dames au sein d'un centre carcéral, il effectuera une visite avec, dans les bras «souak», khôl et henné.
Parallèlement, Baba Âchour sillonnera les ruelles de la ville, sa grande sacoche remplie de friandises. Et, pour rester dans un concept de réconciliation avec les coutumes ancestrales, le « Berrah » (crieur) sera également de retour pour assurer le volet communication, comme cela se faisait jadis. Quelques jours précédant sa visite dans tel ou tel quartier, le crieur se chargera d'annoncer celle-ci aux riverains.
L'ensemble de ces actions s'inscrit dans le cadre du Festival Âchoura, dont le lancement sera marqué par une parade, menée par Baba Âchour et à laquelle participeront près d'un millier d'artistes, répartis entre troupes folkloriques, enfants costumés, acrobates, magiciens, etc.
Point d'orgue du festival, cette parade prendra le départ au niveau de la Place Errachidi, samedi prochain à 16h, et serpentera les grandes artères jusqu'à la Place des Nations unies.
Le lendemain, et pour rester dans le concept du patrimoine traditionnel, le théâtre Mohammed VI abritera une représentation intitulée «Jnane Salha». Danses, chants et animations diverses signées par des clowns et des magiciens, en plus de Baba Âchour, seront au rendez-vous des petits. La femme ne sera pas en reste, puisque la fête de Âchoura lui est aussi dédiée.
En ce sens, le festival sera ponctué par la consécration de «Soultanat Âchoura», concept qui pourrait devenir «La journée nationale de la femme».
Pour ce faire, lors d'une soirée artistique organisée le 17 février pour rendre hommage à la femme, des cornes de gazelle seront distribuées aux convives. Un seul gâteau renfermera, cependant, une surprise : un Louis d'or qui accordera le titre de Soultanat Âchoura à la plus chanceuse de ces dames. Ce titre l'investira, en revanche, d'une mission à caractère social, comme de prendre en charge les études supérieures d'un jeune défavorisé ou tout autre action de son choix.
Par ailleurs, la première édition du Festival Âchoura s'était déroulée à Rabat et avait profité à quelque 30.000 orphelins. Le choix porté cette année sur Casablanca est justifié par sa position de poumon du Maroc, caractérisée par une diversité culturelle et sociale à même d'accorder une réussite certaine à l'événement. Ultérieurement, comme l'ambitionnent les organisateurs, Baba Âchour et l'ensemble des traditions qu'il porte dans sa musette devront être instaurées dans tout le royaume.
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Des costumes et des contes
«Dessine-moi Baba Âchour» est le thème d'un concours qui a permis la conception du costume que portera dorénavant le vieux monsieur. La compétition avait mis en lice les étudiants de l'école de stylisme «Collège LaSalle», l'objectif étant de changer le costume avec lequel est apparu Baba Âchour l'an dernier, et qui consistait en un burnous et un tarbouche. L'autre objectif de ce concours est de mettre en avant la vision des jeunes par rapport à la façon dont sera vêtu le Père Noël version marocaine.
Plusieurs coups de ciseaux plus tard, la créativité des jeunes donnera naissance à une multitude de costumes, dont seuls trois seront retenus. Le premier prix est finalement revenu à celui mettant en avant deux couleurs principales : le bleu et l'orange.
Le bleu symbolisant l'eau, zem-zem et l'oued, pour la fertilité et la continuité. La couleur orange, quant à elle, fait référence à la tradition de la «Chaâlla», ces brasiers allumés par les jeunes lors de Âchoura. Un autre concours a mis en compétition les élèves de 11 délégations casablancaises de l'enseignement et 11 écoles privées. Intitulé «Raconte-moi Baba Âchour», ce concours a permis la création de contes relatifs au personnage mythique.
Abdelhakim Hamdane | LE MATIN
Son bâton de pèlerin à la main, Baba Âchour part à la conquête de Casablanca. Loin de lui l'idée de voler la vedette à un certain Père Noël. Il convoite plutôt d'asseoir un personnage marocain qui répondrait le mieux aux traditions bien de chez nous. D'autant plus qu'il prendra du service début février, donc aucune crainte pour le vieux barbu vêtu de rouge.
Mieux encore, l'objectif de ses géniteurs, l'Association
«Liqa'ate» - Cont'Act -, est surtout de contribuer à la sauvegarde et à la pérennisation d'une partie du patrimoine national, de ses coutumes, anecdotes et mythes.
«Nos enfants aujourd'hui n'ont plus aucun référentiel par rapport à leur culture. Demandez à nos adolescents et aux moins jeunes des informations à propos de halloween, de la galette des rois ou encore des fêtes de Noël.
Soyez certains qu'ils ne tariront pas de commentaires à propos de fêtes religieuses qui ne nous concernent en rien. Posez la même question à propos de nos coutumes et habitudes et, cette fois-ci, vous serez sûr de poser une colle, tout bêtement ! », explique Rhozali Thaythay, présidente de Cont'Act pour l'éducation et les cultures.
L'idée est de ressusciter ce personnage et, pour ne pas provoquer de choc ou de rebut de la part de la cible à la quelle il est destiné, il a été question de le présenter dans un emballage moderne. De la sorte, il sera accepté par les jeunes générations, saturées de programmes télévisés de cultures loin d'être les nôtres.
Ainsi, Baba Âchour aura pour mission de réconcilier les Marocains, enfants principalement, avec leur patrimoine et leurs traditions ancestrales. Aussi fera-t-il office de médiateur entre les mécènes et les enfants issus des couches défavorisées de la société.
A partir du 3 février et durant une vingtaine de jours, le bonhomme enchaînera visite sur visite, entre orphelinats, maisons d'arrêt et hôpitaux, distribuant cadeaux et fruits secs. Dans le pavillon réservé aux dames au sein d'un centre carcéral, il effectuera une visite avec, dans les bras «souak», khôl et henné.
Parallèlement, Baba Âchour sillonnera les ruelles de la ville, sa grande sacoche remplie de friandises. Et, pour rester dans un concept de réconciliation avec les coutumes ancestrales, le « Berrah » (crieur) sera également de retour pour assurer le volet communication, comme cela se faisait jadis. Quelques jours précédant sa visite dans tel ou tel quartier, le crieur se chargera d'annoncer celle-ci aux riverains.
L'ensemble de ces actions s'inscrit dans le cadre du Festival Âchoura, dont le lancement sera marqué par une parade, menée par Baba Âchour et à laquelle participeront près d'un millier d'artistes, répartis entre troupes folkloriques, enfants costumés, acrobates, magiciens, etc.
Point d'orgue du festival, cette parade prendra le départ au niveau de la Place Errachidi, samedi prochain à 16h, et serpentera les grandes artères jusqu'à la Place des Nations unies.
Le lendemain, et pour rester dans le concept du patrimoine traditionnel, le théâtre Mohammed VI abritera une représentation intitulée «Jnane Salha». Danses, chants et animations diverses signées par des clowns et des magiciens, en plus de Baba Âchour, seront au rendez-vous des petits. La femme ne sera pas en reste, puisque la fête de Âchoura lui est aussi dédiée.
En ce sens, le festival sera ponctué par la consécration de «Soultanat Âchoura», concept qui pourrait devenir «La journée nationale de la femme».
Pour ce faire, lors d'une soirée artistique organisée le 17 février pour rendre hommage à la femme, des cornes de gazelle seront distribuées aux convives. Un seul gâteau renfermera, cependant, une surprise : un Louis d'or qui accordera le titre de Soultanat Âchoura à la plus chanceuse de ces dames. Ce titre l'investira, en revanche, d'une mission à caractère social, comme de prendre en charge les études supérieures d'un jeune défavorisé ou tout autre action de son choix.
Par ailleurs, la première édition du Festival Âchoura s'était déroulée à Rabat et avait profité à quelque 30.000 orphelins. Le choix porté cette année sur Casablanca est justifié par sa position de poumon du Maroc, caractérisée par une diversité culturelle et sociale à même d'accorder une réussite certaine à l'événement. Ultérieurement, comme l'ambitionnent les organisateurs, Baba Âchour et l'ensemble des traditions qu'il porte dans sa musette devront être instaurées dans tout le royaume.
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Des costumes et des contes
«Dessine-moi Baba Âchour» est le thème d'un concours qui a permis la conception du costume que portera dorénavant le vieux monsieur. La compétition avait mis en lice les étudiants de l'école de stylisme «Collège LaSalle», l'objectif étant de changer le costume avec lequel est apparu Baba Âchour l'an dernier, et qui consistait en un burnous et un tarbouche. L'autre objectif de ce concours est de mettre en avant la vision des jeunes par rapport à la façon dont sera vêtu le Père Noël version marocaine.
Plusieurs coups de ciseaux plus tard, la créativité des jeunes donnera naissance à une multitude de costumes, dont seuls trois seront retenus. Le premier prix est finalement revenu à celui mettant en avant deux couleurs principales : le bleu et l'orange.
Le bleu symbolisant l'eau, zem-zem et l'oued, pour la fertilité et la continuité. La couleur orange, quant à elle, fait référence à la tradition de la «Chaâlla», ces brasiers allumés par les jeunes lors de Âchoura. Un autre concours a mis en compétition les élèves de 11 délégations casablancaises de l'enseignement et 11 écoles privées. Intitulé «Raconte-moi Baba Âchour», ce concours a permis la création de contes relatifs au personnage mythique.
Abdelhakim Hamdane | LE MATIN