Belaîd AkkaF

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Entretien avec Belaîd Akkaf, professeur de musique et chercheur musicologique :« Chaque Festival a ses critères et ses atouts »

03.07.2004 | 19h09

Connu pour ses recherches musicologiques liées au patrimoine musical marocain, le professeur Belaîd Akkaf vient de lancer un groupe de musiciens issus du Conservatoire National de Musique et de danse, avec lesquels il ne cesse de tourner dans des Festivals au Maroc et à l'étranger. Parmi les atouts de ce groupe exceptionnel, nommé “ Les Frères Akkaf ”, sa spécialisation dans tous les instruments traditionnels marocains.
Son passage au Festival Jazz aux Oudayas a été très remarqué. Nous allons en parler tout de suite dans cette interview.


Vous venez, dernièrement, de passer avec votre groupe au Festival Jazz aux Oudayas. Quelles sont vos impressions sur ce passage ?

Pour notre groupe “ Les Frères Akkaf ”, c'est la troisième fois que nous nous produisons dans ce Festival qui a atteint cette année sa 9ème édition.

Notre passage s'est traduit par une nouvelle composition à moi qui constitue la concrétisation d'un mariage entre tradition et modernité. J'ai choisi cette forme de musique qui assure la synthèse raffinée entre l'art du jazz et les différentes variétés musicale du Maroc.

Quant à la réussite de notre fusion avec le groupe hollandais Ernst Reijseger Trio, celle-ci est due essentiellement aux nombreuses répétitions qu'on a réalisées ensemble et à la première prestation de Salé qui a constitué une sorte d'expérience sur scène. On ne peut pas réussir une fusion sans faire des répétitions préliminaires et se connaître d'avance, même sur le plan personnalité.
C'est pour cela que notre fusion était l'une des meilleures de cette édition et j'en suis très content.

Que pensez-vous de ce Festival sur le plan organisation et apport musical ?

C'est vrai que le Festival Jazz aux Oudayas est un bon festival qui lui manque seulement quelques détails quant au côté professionnel des choses. Par exemple, il y a des groupes qui viennent seulement pour faire leur prestation et repartent sur le champ pour un autre festival.

Moi je trouve que ceci n'est pas du tout constructif pour les musiciens, car ceux-ci doivent normalement se rencontrer tous les jours du Festival pour échanger leurs idées sur leur art et peuvent même arriver à des collaborations futures pour la réalisation de spectacles ou de CD.

Ceci est aussi valable pour la presse, dont le Festival ne s'occupe pas pour faire des rencontres avec les artistes. Un point très important pour un festival qui se veut être médiatisé.

Quant à l'apport musical du festival, il faut dire que dans chaque édition nous retrouvons de grands artistes et d'autres qui sont moyens, cela dépend, en premier lieu, du choix des deux directeurs artistiques, celui de la partie européenne et l'autre de la partie marocaine.

Quel est votre constat par rapport à la participation marocaine ?

Elle est encore faible quant au temps minime qu'on concède aux musiciens marocains pour leur prestation, par rapport à celui octroyé aux artistes européens. Il y a aussi le fait qu'on ne donne pas de l'importance aux fusions qui, normalement, doivent se faire après plusieurs répétitions entre les deux groupes et non en répétant une petite demi-heure avant le spectacle.

Car une fusion n'est pas une improvisation, mais une collaboration artistique qui doit être parfaite, car cela touche le prestige de l'artiste.

Vous êtes programmé pour l'ouverture du Festival d'Agadir “ Timitar ” (Signes). Qu'est-ce que vous avez préparé pour cette nouvelle prestation ?

Chaque festival a ses critères et son genre musical. Par exemple pour le Festival Jazz aux Oudayas, nous avons fait moi et mon groupe trois mois de répétitions pour faire une musique plus ouverte aux autres civilisations et plus proche du jazz.

Quant au festival d'Agadir, nous allons présenter un autre genre musical qui est celui de la musique amazighe, car le Festival lui même a pris pour thème “ les artistes amazighs accueillent les musiques du monde”.
Donc, notre prestation sera purement amazighe, mais d'une manière plus valorisée et plus moderne.

Par exemple, pour notre participation au Festival du Désert (Mali), j'avais préparé un autre programme qui allait avec ce type de festival et les groupes présents dans cette grande manifestation. Chaque festival a ses critères et ses atouts.

On ne peut pas avoir un seul programme musical et le donner là où nous allons. Il faut toujours se préparer pour chaque prestation pour mieux la réussir.
 
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