«TÉMOIGNAGES et chuchotements, Histoire de Casablanca des origines à 1952», c’est le thème d’un ouvrage qui vient de paraître en librairie. Ce livre a été réalisé par Robert Chastel, médecin passionné d’histoire.
Il présente une compilation de témoignages, de récits et de photographies sur l’histoire de la métropole. Les photographies proviennent de la collection personnelle de l’auteur et de documents parus dans les revues et journaux de l’époque.
A travers une trame, l’écrivain raconte la saga d’une histoire pleine de rebondissements, qui ne finit pas de nous surprendre. Ce travail de mémoire remonte de l’antique cité d’Anfa, jusqu’à l’indépendance. «D’Anfa saccagée en 1468 par une invasion portugaise, mise à feu et à sang par une escadre française en 1907, bombardée par l’escadre américaine en 1942… que d’événements firent d’une médiocre rade foraine dont on ne prédisait aucun avenir, la capitale économique du Maroc et un des plus grands ports de l’Afrique», écrit Robert Chastel en introduction.
Le travail de collecte des données a nécessité pas moins de dix ans. L’écrivain a effectué beaucoup de recherches à la bibliothèque générale du Royaume. Ensuite, le travail de sélection des témoignages, de réécriture et de mise en page a duré trois autres années.
Si l’auteur s’est penché sur Casablanca, c’est surtout parce que le Maroc moderne est passionnant et que cette grande métropole en est le laboratoire. Et d’ajouter «Casablanca m’a passionné parce qu’elle possède une histoire déjantée, jamais monotone. Elle est un peu comme le champagne, pétillante. Si on la secoue, elle mousse de partout. Elle est le phare du Maroc».
Dans son ouvrage, l’auteur décrit, témoignages à l’appui, le «vieux Maroc». Il rappelle que Casablanca ou Dar Beida a été fondée en 1770 par Sidi Mohamed Ben Abdallah, sur les ruines de la vieille cité d’Anfa, elle-même envahie et saccagée par les Portugais trois siècles auparavant, en 1468.
Moulay El Yazid, fils de Sidi Mohamed Ben Abdallah va laisser la ville dépérir, jusqu’en 1840, date à laquelle Moulay Abdarrahmane la fait renaître au commerce, ayant besoin d’exporter des céréales et de la laine à l’étranger. Robert Chastel nous apprend qu’en 1840, Dar Beida ne comptait que 700 habitants. L’auteur raconte ensuite les «journées sanglantes de Casablanca» qui débutèrent le 30 juillet 1907 et aboutirent au bombardement de la ville par l’escadre française, occasionnant 1.500 morts, provoquant aussi l’incendie de la ville et le débarquement des troupes d’invasion.
Il décrit ensuite la résistance marocaine, la déliquescence du Maghzen et l’entrée du Maroc dans l’ère moderne à partir de 1912. A partir de là, Casablanca connaîtra une croissance exponentielle, qui s’opérera par des mutations fébriles au début, puis anarchiques et enfin canalisées.
«Le Maroc qui en 1907, n’avait pas l’usage de la roue, s’ouvrait aux transports. C’était l’ère des diligences, des premiers chemins de fer et du premier circuit automobile en 1913», écrit-il. Casablanca avait eu le télégraphe dès 1908 et en 1913, elle eut ses premiers abonnés au téléphone, nous apprend-il.
Il nous rappelle que Lyautey a été incontestablement le visionnaire du destin de la ville. «On disait qu’il avait vu trop grand. L’histoire montre qu’il avait vu trop petit», fait remarquer l’auteur.
Casablanca qui avait connu auparavant plusieurs épidémies meurtrières, sera dotée de son premier système de soins en 1908. L’histoire de la naissance de ce premier système sanitaire est passionnante.
Pendant toute cette première moitié du XXe siècle, le vieux Maroc va se transformer radicalement et aboutir au Maroc moderne que nous connaissons. C’est pendant cette période que les grands travaux d’infrastructure vont être réalisés (ports, routes, aviation…) et que les projets urbanistiques se multiplient. Le port de Casablanca va connaître un développement très important.
Pour finir, l’auteur revient sur le débarquement américain en 1942, la signature du Manifeste de l’Indépendance en 1944 et les craquelures de la présence française en 1952.
L’auteur arrête son récit à cette date «parce que sinon, le travail aurait été trop colossal». D’ailleurs d’après lui, 1952 marque la fin d’une époque: la fin de la colonisation française, la fin des grands travaux d’urbanisme et la fin du port en tant que port touristique. Cette date marque aussi la revendication par le Maroc de son indépendance uni derrière son souverain.
L’auteur estime que c’est cette première moitié du siècle est la plus intéressante dans l’histoire de la ville.
Nadia BELKHAYAT
L'Economiste
Il présente une compilation de témoignages, de récits et de photographies sur l’histoire de la métropole. Les photographies proviennent de la collection personnelle de l’auteur et de documents parus dans les revues et journaux de l’époque.
A travers une trame, l’écrivain raconte la saga d’une histoire pleine de rebondissements, qui ne finit pas de nous surprendre. Ce travail de mémoire remonte de l’antique cité d’Anfa, jusqu’à l’indépendance. «D’Anfa saccagée en 1468 par une invasion portugaise, mise à feu et à sang par une escadre française en 1907, bombardée par l’escadre américaine en 1942… que d’événements firent d’une médiocre rade foraine dont on ne prédisait aucun avenir, la capitale économique du Maroc et un des plus grands ports de l’Afrique», écrit Robert Chastel en introduction.
Le travail de collecte des données a nécessité pas moins de dix ans. L’écrivain a effectué beaucoup de recherches à la bibliothèque générale du Royaume. Ensuite, le travail de sélection des témoignages, de réécriture et de mise en page a duré trois autres années.
Si l’auteur s’est penché sur Casablanca, c’est surtout parce que le Maroc moderne est passionnant et que cette grande métropole en est le laboratoire. Et d’ajouter «Casablanca m’a passionné parce qu’elle possède une histoire déjantée, jamais monotone. Elle est un peu comme le champagne, pétillante. Si on la secoue, elle mousse de partout. Elle est le phare du Maroc».
Dans son ouvrage, l’auteur décrit, témoignages à l’appui, le «vieux Maroc». Il rappelle que Casablanca ou Dar Beida a été fondée en 1770 par Sidi Mohamed Ben Abdallah, sur les ruines de la vieille cité d’Anfa, elle-même envahie et saccagée par les Portugais trois siècles auparavant, en 1468.
Moulay El Yazid, fils de Sidi Mohamed Ben Abdallah va laisser la ville dépérir, jusqu’en 1840, date à laquelle Moulay Abdarrahmane la fait renaître au commerce, ayant besoin d’exporter des céréales et de la laine à l’étranger. Robert Chastel nous apprend qu’en 1840, Dar Beida ne comptait que 700 habitants. L’auteur raconte ensuite les «journées sanglantes de Casablanca» qui débutèrent le 30 juillet 1907 et aboutirent au bombardement de la ville par l’escadre française, occasionnant 1.500 morts, provoquant aussi l’incendie de la ville et le débarquement des troupes d’invasion.
Il décrit ensuite la résistance marocaine, la déliquescence du Maghzen et l’entrée du Maroc dans l’ère moderne à partir de 1912. A partir de là, Casablanca connaîtra une croissance exponentielle, qui s’opérera par des mutations fébriles au début, puis anarchiques et enfin canalisées.
«Le Maroc qui en 1907, n’avait pas l’usage de la roue, s’ouvrait aux transports. C’était l’ère des diligences, des premiers chemins de fer et du premier circuit automobile en 1913», écrit-il. Casablanca avait eu le télégraphe dès 1908 et en 1913, elle eut ses premiers abonnés au téléphone, nous apprend-il.
Il nous rappelle que Lyautey a été incontestablement le visionnaire du destin de la ville. «On disait qu’il avait vu trop grand. L’histoire montre qu’il avait vu trop petit», fait remarquer l’auteur.
Casablanca qui avait connu auparavant plusieurs épidémies meurtrières, sera dotée de son premier système de soins en 1908. L’histoire de la naissance de ce premier système sanitaire est passionnante.
Pendant toute cette première moitié du XXe siècle, le vieux Maroc va se transformer radicalement et aboutir au Maroc moderne que nous connaissons. C’est pendant cette période que les grands travaux d’infrastructure vont être réalisés (ports, routes, aviation…) et que les projets urbanistiques se multiplient. Le port de Casablanca va connaître un développement très important.
Pour finir, l’auteur revient sur le débarquement américain en 1942, la signature du Manifeste de l’Indépendance en 1944 et les craquelures de la présence française en 1952.
L’auteur arrête son récit à cette date «parce que sinon, le travail aurait été trop colossal». D’ailleurs d’après lui, 1952 marque la fin d’une époque: la fin de la colonisation française, la fin des grands travaux d’urbanisme et la fin du port en tant que port touristique. Cette date marque aussi la revendication par le Maroc de son indépendance uni derrière son souverain.
L’auteur estime que c’est cette première moitié du siècle est la plus intéressante dans l’histoire de la ville.
Nadia BELKHAYAT
L'Economiste