Tariq Chami dans un One man show
C’est dans une salle prêtée par Salle la Chambre d’Agriculture de Nador, ce vendredi 20 janvier 2006, que s’est déroulée la première représentation de Tariq chami intitulée « 50A » (immatriculation de la ville de Nador).
Agé d’une vingtaine d’année, ce jeune comique amateur a le désir d’utiliser la scène pour faire la satire de la société dans laquelle il vit, une société en pleine mutation tiraillée par le désir de conserver ses traditions et par la nécessité du changement.
Seul, face à une flopée de spectateurs venus se divertir, il interroge une société qui n’a jamais cessé de stigmatiser l’image de l’artiste qu’il soit humoriste, chanteur ou comédien. Il leur lance ainsi « mud7ika, Yasda77ac yewdan , Abohari … » (le clown qui faire rire les gens, le fou..) . Le show a été entrecoupé par la prestation du jeune chanteur Sufian, nous berçant de quelques ballades, telles Aya riyyam (Ah ces temps !), Lalla Tammurt inu (Ma chère terre).
Tout au long du spectacle, il aborde des questions aussi diverses que l’émigration ou l’éducation, qui touche justement la jeunesse rifaine.
C’est ainsi que dans son monologue, Tariq commence par poser le cadre de son spectacle : où se situe le Rif ? par quels territoires est-il flanqué ? par qui est-il peuplé? Car il s’agit bien d’une région particulière et d’un peuple particulier sur lesquels il entend se focaliser. Il exprime à travers un dialogue imaginaire entre un rifain et un arabe son malaise de constater le désintérêt des voisins Ighabiyen (« les arabes »), pour la langue Tamazight en même temps que leur perception d’un territoire affaibli, souffrant d’une hémorragie chronique par le départ de sa jeunesse.
Puis, toujours en lien avec l’émigration, il exprime les bouleversements qui sont survenus dans le Rif, parfois résultant de l’influence des rifains de la diaspora. Il aborde les changements de comportements amorcés par l’émancipation timide des femmes, ou encore l’urbanisation croissante et désordonnée des villes, transformées en de véritables poubelles. Pour l’artiste, l’accroissement des déchets rime aussi avec l’hyper-consommation qui produit d’autres effets néfastes : déstructuration sociale (pointé par l’augmentation des fous), ravage culturel et identitaire (marginalisation progressive de l’usage du tamazight au profit de l’arabe), décadence intellectuelle et politique (fuite des cerveaux et corruption des gouvernants).
Enfin, pour noircir encore le tableau il revient à l’éducation des petits et caricature la portée des contes et berceuses du Rif. Il dépeint une société traditionnelle rifaine où les Thi7uja (histoires) racontées aux enfants n’induisent que la peur d’agir, à travers les personnages comme Thamza (ogresse) qui menacent sans cesse de surgir. Ces enseignements dépassés paralysent les enfants, ne les encouragent pas à l’action ; freins qu’ils ne cesseront de développer à l’âge adulte brimant leur prise de risque ou leur créativité jusqu’à se noyer dans le désespoir et risquer stupidement leur vie pour fuir leur condition.
Tariq Chami qui tire ses influences de nombreux comédiens, dont Fellag, mérite les applaudissements qu’il a reçu de son spectacle, l’exhortant sans doute à développer son talent. Mais à un âge où tout est possible, ce jeune artiste tient déjà un avenir prometteur.
Source : irifien.com
C’est dans une salle prêtée par Salle la Chambre d’Agriculture de Nador, ce vendredi 20 janvier 2006, que s’est déroulée la première représentation de Tariq chami intitulée « 50A » (immatriculation de la ville de Nador).
Agé d’une vingtaine d’année, ce jeune comique amateur a le désir d’utiliser la scène pour faire la satire de la société dans laquelle il vit, une société en pleine mutation tiraillée par le désir de conserver ses traditions et par la nécessité du changement.
Seul, face à une flopée de spectateurs venus se divertir, il interroge une société qui n’a jamais cessé de stigmatiser l’image de l’artiste qu’il soit humoriste, chanteur ou comédien. Il leur lance ainsi « mud7ika, Yasda77ac yewdan , Abohari … » (le clown qui faire rire les gens, le fou..) . Le show a été entrecoupé par la prestation du jeune chanteur Sufian, nous berçant de quelques ballades, telles Aya riyyam (Ah ces temps !), Lalla Tammurt inu (Ma chère terre).
Tout au long du spectacle, il aborde des questions aussi diverses que l’émigration ou l’éducation, qui touche justement la jeunesse rifaine.
C’est ainsi que dans son monologue, Tariq commence par poser le cadre de son spectacle : où se situe le Rif ? par quels territoires est-il flanqué ? par qui est-il peuplé? Car il s’agit bien d’une région particulière et d’un peuple particulier sur lesquels il entend se focaliser. Il exprime à travers un dialogue imaginaire entre un rifain et un arabe son malaise de constater le désintérêt des voisins Ighabiyen (« les arabes »), pour la langue Tamazight en même temps que leur perception d’un territoire affaibli, souffrant d’une hémorragie chronique par le départ de sa jeunesse.
Puis, toujours en lien avec l’émigration, il exprime les bouleversements qui sont survenus dans le Rif, parfois résultant de l’influence des rifains de la diaspora. Il aborde les changements de comportements amorcés par l’émancipation timide des femmes, ou encore l’urbanisation croissante et désordonnée des villes, transformées en de véritables poubelles. Pour l’artiste, l’accroissement des déchets rime aussi avec l’hyper-consommation qui produit d’autres effets néfastes : déstructuration sociale (pointé par l’augmentation des fous), ravage culturel et identitaire (marginalisation progressive de l’usage du tamazight au profit de l’arabe), décadence intellectuelle et politique (fuite des cerveaux et corruption des gouvernants).
Enfin, pour noircir encore le tableau il revient à l’éducation des petits et caricature la portée des contes et berceuses du Rif. Il dépeint une société traditionnelle rifaine où les Thi7uja (histoires) racontées aux enfants n’induisent que la peur d’agir, à travers les personnages comme Thamza (ogresse) qui menacent sans cesse de surgir. Ces enseignements dépassés paralysent les enfants, ne les encouragent pas à l’action ; freins qu’ils ne cesseront de développer à l’âge adulte brimant leur prise de risque ou leur créativité jusqu’à se noyer dans le désespoir et risquer stupidement leur vie pour fuir leur condition.
Tariq Chami qui tire ses influences de nombreux comédiens, dont Fellag, mérite les applaudissements qu’il a reçu de son spectacle, l’exhortant sans doute à développer son talent. Mais à un âge où tout est possible, ce jeune artiste tient déjà un avenir prometteur.
Source : irifien.com