Conflits et cultures au Maroc

Anchou

Member
Azul,

C’était un poste que Tazeka allias Albarnoussi a ouvert dans ce merveilleux site : Albarid, j’en ai gardé copie et bien sûr en ajoutant certaine touche de moi…..je vous le poste ici pour en savourer encore sa lecture….



Chers amis,

Réfléchir et écrire sur le fait Amazigh n’est pas une entreprise aisée surtout pour un Maghrébin : ce problème est toujours vécu d’une manière extrêmement passionnelle. L’injure, l’anathème, la condamnation péremptoire, voire les réactions racistes, constituent l’essentiel du débat autour de cette question depuis au moins une demi-siècle. Les témoignages précis et directs sont rares et presque toujours fortement tendancieux. Souvent masquée, inavouée ou même niée, la « question berbère » est, dans le champ sociopolitique maghrébin, un fait « Honteux » difficile à suivre, même si, obscurément, tout le monde (pas seulement les politologues et les intellectuels) sait qu’il y a là une force qui est à l’œuvre.

Croyez-moi ce cri Amazigh ou cette machine Amazigh avance dans le droit chemin et c’est elle qui portera les fruits : changement sociale tant attendu…..

Nous avons assisté en cette fin du siècle à la multiplicité des discours au sujet de la culture marocaine et au sujet des conflits qui secouent la société marocaine.

Si nous considérons que la tendance consistant à recourir au patrimoine culturel en vue de répondre aux défis de la situation culturelle qui domine aujourd’hui se nomme PATRIMONIALISTE (terme emprunté à Ahmed Boukous), les Islamistes et les Amazighes appartiennent en fait au même paradigme culturel.

Je ne veux pas traiter de l’échec ou de l’impossibilité d’assurer le concordisme de la pensée Salafiya à la réalité d’aujourd’hui et je ne parlerai pas non plus du mouvement islamiste marocain qui n’est qu’une pale imitation de la pensée d’Ibn Albanna et Ghannouchi.

Je parle ici de l’émergence du refoule AMAZIGHE.

Le discours qui se réclame de l’identité amazighe est une variante du discours patrimonialiste. Ce discours fonde sa légitimité sur un passé antérieur à l’arabo-islamisme et surtout sur sa pérennité. C’est en effet la culture PREMIÈRE du Maroc qui s’inscrit dans la réalité d’aujourd’hui.

Le mode d’expression de cette culture est la koine amazighe, sa substance est véhiculée par la tradition orale et les arts produits essentiellement par la population rurale amazighophone.

Ce discours est tout récent dans le champ culturel marocain et il serait prétentieux de le considérer comme un discours cohérent ayant une consistance théorique en raison de l’état encore embryonnaire de celui-ci. Cependant nous pouvons noter la présence de deux grandes écoles de ce discours:

1/la vision nostalgique représentée par Ahardan et al.

2/La vision fondée sur le droit à la différence.

En reprenant Boukous, je décris succinctement ces deux discours.

1/Vision nostalgique:

Cette vision est parée d’une mythologie dont les fondements sont:

1.1 LA LIBERTÉ : amazighe signifie homme libre. Ce dernier à tout temps défendu farouchement sa liberté face à l’envahisseur. L amour de la liberté se déroule sur fond d’amour de la patrie (Tamazgha).

1.2 LA DÉMOCRATIE : L’organisation sociale amazighe repose sar des institutions démocratiques, comme la ZMA3T et les INFLAS, pour se prémunir contre le pouvoir autocratique. L’égalitarisme est un principe socioculturel dans la cummunauté amazighe, il a souvent pris l’aspect d’un radicalisme à travers l’histoire, notamment le donatisme durant la période romaine et les divers intégrismes depuis.

1.3 LA SOLIDARITÉ: La pratique de la TWIZA (tiwizi) est le symbole de l’entraide collective.

1.4 LA RECTITUDE: le respect des valeurs communautaires est un principe assurant la cohésion même de la collectivité dans le respect de la personne et de la propriété.

1.5 LA MEGALOPHOBIE est un trait de l'amzighe. Vivant dans la simplicité imposée par la rareté des ressources qui caractérise la vie rurale, il abhorre la mégalomanie et fustige ce qui n'est pas modeste dans le comportement et le langage.

Cette conception de l’amazighite conduit certains à adopter les positions ethnocentriques qui consistent à sur valoriser l’élément amazighe dans l’appréciation de l’identité culturelle du Maroc en construisant une mythologie réactionnelle ou l’amazighe apparaît comme un être mythique idéalise, à l’état de nature pure et non corrompu par le changement historique.

Enfin l’amazighite devient un absolu auréole d’une marginalité millénaire et dont les fondements doivent être réactivés en vue d’un projet socioculturel alternatif. (faite le rapprochement avec le discours islamiste......similitude évidente ou l’amazighite se substitue aux Coran et la Sunna) Vision mythique teintée de romantisme telle qu’elle ressort des idées d’Ahardane.

A suivre

Je parlerai si le temps le permet prochainement de l’autre variante fondée sur le droit à la différence et à laquelle j’adhère personnellement. La vision mythique à mon avis ne prend pas en charge la réalité actuelle et les défis.

Amicalement.
 
Suite

Suite!

La légitimation de la culture amazighe se fonde sur les thèses centrales suivantes en reprenant toujours Boukous.

2.1 La légitimité historique

L’histoire du Maroc est constituée par un élément permanent à savoir la culture amazighe ce qui lui confère une réalité dont les racines remontent à la nuit du temps. Cet argument a une fonction de rappel d’une vérité historique et une fonction de parade au discours qui considère que la question culturelle amazighe est une bid3a, une innovation illicite héritée du colonialisme.

2.2 La légitimité anthropologique

La culture amazighe structure l’inconscient collectif de l’être marocain et fonde la personnalité culturelle de base du pays. Elle est présenté de façon manifeste ou latente en tout marocain, dans son langage et dans son comportement affectif et social. Elle est omniprésente dans l’espace marocain par la toponymie et dans notre imaginaire par la tradition orale. Cet argument répond à la thèse qui évacue la dimension amazighe de la constituante de l’identité culturelle du Maroc en la refoulant dans le passé révolu.

2.3 La légitimité sociologique

La culture amazighe forme un constituant de la culture du peuple en exprimant au plan symbolique les conditions de vie des masses rurales. Cet argument confère à la culture amazighe une auréole plébéienne qui a une certaine force dans les variantes progressistes et populiste du discours idéologique censé exprimer les intérêts du peuple.

3.4 La légitimité psychoaffective

La culture amazighe véhicule l’univers maternel et prend en charge le champ de l’intimité et de la communion affective. Cette thèse valorise la culture amazighe comme moyen de l’expression de l’affect, du monde de l’enfance et du giron maternel, par opposition aux langues et aux cultures du dehors, de la communication transactionnelle et du pouvoir dominant .

3.5 la légitimité écologique

La culture amazighe représente une donnée de l’écosystème culturel du Maroc d’aujourd’hui, aux cote de la culture arabe, de la culture juive, de la culture africaine et de la culture occidentale.

Cette thèse considère la culture amazighe comme un patrimoine culturel de la communauté nationale dans son ensemble, une richesse qui n’appartient pas aux amazighophones de façon exclusive, un bien dont la perte risque de déstructurer l’édifice culturel du Maroc dans sa totalité. L’ablation de cette dimension de l’être marocain aurait l’effet d’un trauma culturel collectif irrémédiable. C’est pour cela que je m’oppose à la création d’un parti politique amazighe et je suis pour la création d’associations.

3.6 La légitimité patriotique

La culture amazighe a été le creuset de l’esprit patriotique, un facteur d’union des communautés rurales contre l’occupant étranger et un moyen de ressitance à la colonisation française et espagnole avant même l’emrgence du mouvement national urbain.

En témoignage la tradition orale qui recèle encore des vestiges de la poésie épique dans le Rif, le Moyen Atlas, le haut Atlas, l’Anti Atlas et le Saghro ou les poètes et les poétesses galvaudaient l’ardeur des combattants contre les forces armées coloniales et stigmatisaient la couardise de ceux qui avaient capitulé, ceci à un moment ou les villes et les plaines avaient déjà été pacifiées, c’est a dire assujetties à l’ordre colonial.

En d’autres termes, la culture amazighe a payé le tribut du sang pour la défense de la patrie, elle mérite de ce fait les honneurs du patriotisme. Cette thèse veut rendre caduc l’argument qui soutient que la promotion de la culture amazighe est inspirée par la politique neo-coloniale et serait ainsi une exhumation du Dahir Berbere dans le but de diviser le peuple marocain en deux entités antagoniques, les Amazighes et les Arabes.

2.7 La légitimation démocratique

Le droit à la différence culturelle et linguistique fait partie intégrante des droits de l’Homme dans leur acception universelle.

Il résulte de ce principe qu’une société qui se proclame démocratique se doit de reconnaître la langue et la culture amazighes comme une composante de la culture marocaine.

Cet argument tire sa force du droit international et s’inscrit dans la tendance qui a consiste jusqu’ici à exclure arbitrairement la donnée amazighe sous prétexte que la différence est source de désunion et de discorde nationales.

Il appert de l’expose de ces thèses qu’elles ont pour fonction de fonder la légitimité de la langue et de la culture amazighes dans le champ culturel du Maroc en constituant une base epistemologique de l’action menée en vue de la reconnaissance et de la promotion de cette langue-culture.

On se rend compte ainsi que la quête de l’identité amazighe ne constitue pas seulement une préoccupation intellectuelle, elle est aussi largement une quête identitaire et une préoccupation existentielle qui tentent de faire face au processus d’assimilation qui est a l’oeuvre dans les communautés amazighophones, processus résultant de la dépendance économique et culturelle des régions rurales à l’égard des centres de décision materielle et symbolique, dont le site se trouve en ville.

Fin du message.

Pour finir, faisons notre la supplique de l'Anachad / amédiaz/ le poète qui avant de s'adresser à son auditoire implore Dieu le Tout Puissant pour que sa parole soit sucrée et salée, ni trop sucrée, ni trop salée avec beaucoup de saveur pour intéresser, être comprise, assimilée et faire passer un message de tolérance et d'acceptation de l'autre….
 
Mon cher anchou!
La lecture des pages que vous avez affichees me rappelle l effet d une persuasive aiguille a tricoter qu on cherche coute que coute a enfiler dans la maille.
Cela me rappelle plus de quarante ans de lutte avant que l aiguille fasse les premieres mailles de ce tricot amazighe que tout le monde reclame du fond de son coeur et que le Pouvoir au Maroc refusait d accorder..

Au debut de ces pages ,tout lecteur se tressaillit.Alors , il soupire.Ensuite il s attendrit et enfin il accorde un sourire suivi d un hochement de la tete en criant " les amazighes ont le droit de voir leur culture reconnue officiellement par l Etat du Maroc".
J ai soumis ces pages a des amis qui etaient tout sauf amazighophiles et j ai suivi le mouvement de leur visage lors de la lecture.

Pendant 40 ans de militance j ai vecu des annees d angoisse et de folie en evitant les coups fourres des uns et l hypocrisie criarde des autres notamment d eceux qui pretendent etre des AMAZIGHES HARDCORE.

Enfin les tenants de l arabisme furent battus par les tenants de l arabo-islamisme.
L amazighe se revela alors comme la derniere barriere pour faire face aux ideologies importees a peu de frais.
Aussi bien l arabisme que l arabo-islamisme m avaient pousse a aimer ma culture et la connaitre avec plus d amour et lui accorder toutes mes attentions et toutes mes energies.
Bien a vous
 
Quand on est amazigh, je pense que les deux "écoles" dont tu parles ne peuvent être que liées...Il faut être rationnel mais on ne pourrait se défaire du "sentiment" (cf: " La légitimité psychoaffective")...
 
terre, livre

Avant, on avait la terre et ils avaient le livre

Ils nous ont appris à prier les yeux fermés

Lorsque nous avons ouvert les yeux

Ils avaient la terre et nous avions le livre




Tanmirt Adrar-n-illouz d'avoir répondu
 
Anchou said:
Avant, on avait la terre et ils avaient le livre

Ils nous ont appris à prier les yeux fermés

Lorsque nous avons ouvert les yeux

Ils avaient la terre et nous avions le livre




Tanmirt Adrar-n-illouz d'avoir répondu

Content de te lire a nouveau ici gema Anchou,

Peux tu me dire le nom de l'auteur? je me souviens l'avoir lu il y a qlq années mais je ne m'en souviens pas vraiment ou

Tanmmirt bahr iHrran
 
Anchou said:
Avant, on avait la terre et ils avaient le livre

Ils nous ont appris à prier les yeux fermés

Lorsque nous avons ouvert les yeux

Ils avaient la terre et nous avions le livre




Tanmirt Adrar-n-illouz d'avoir répondu


C'est peut-être hors sujet, mais ces vers me rappellent ceux d'un poète que j'ai entendu à Tamanart, dans la région de Tata :

Tamazirt ad ngh, rhnghtnt i war lkhir
illigh iga ynbgi, drn s akal mlallin
iknd agh s lkhucu3 nes, ula tazallit
illigh ikhald, yadd i lmnchar ar akal.
 
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