CONTES BERBÈRES DE L'ATLAS DE MARRAKECH
Alphonse Leguil
Le conteur principal, Abdesslam n Id Bram, donne ici toute sa mesure et rend captivants aussi bien les contes facétieux, " pleins de malice, avec des dénouements piquants ", que les contes d'animaux avec les personnages classiques du chacal et du hérisson. En fin de volume, le commentaire d'Annick Zennaki sait dégager toute la valeur littéraire.
ISBN etc..ici
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=4027<
Le Chacal, le Lion et le Mulet
C'est l'histoire d'un lion qui s'en vint trouver un chacal et lui dit :
« Je voudrais que vous me procuriez de quoi manger : voilà huit jours que je reste sur ma faim »
« Il y a ici, répondit le chacal, un mulet qui broute dans un pâturage : mais il faut que nous lui trouvions un motif ».
« Entendu, dit le lion, quoi que vous décidiez, je vous soutiendrai »
« Venez, reprit le chacal, rendons-nous ensemble chez lui. Dès que j'arriverai, je lui dirai que le roi nous a prescrit de produire chacun son arbre généalogique, à savoir ses racines, bref l'identité de son père. Voilà, continua-t-il, le langage que je lui tiendrai, c'est ça le meilleur prétexte. Le mulet, c'est connu, n'a pas d'origine avouable : ses parents sont la jument et le baudet, sauf votre respect. Alors, conclut le chacal, quand nous nous présenterons à vous, il faut que vous m'interrogiez en premier »
Ils arrivèrent donc auprès du mulet. Le chacal l'appela et lui dit :
« Venez voir ce que dit le lion ».
« Moi, dit le lion, je ne suis que l'envoyé du roi. Ne me prêtez aucune mauvaise intention »
« Je vous en prie messire », dit le mulet.
« Je viens, dit le lion, vous poser une question : il faudrait que vous me fassiez connaître vos origines »
« En ce qui me concerne, oncle lion, dit le chacal, je suis chacal, descendant de chacals, et ceci jusqu'au chacal que Noé a pris avec lui dans l'arche. »
« Et vous ? » demanda-t-il au mulet.
« Moi, monseigneur répondit le mulet,
je n'ai pas de tête. Il faut que j'aille demander à ma mère quelle est mon origine ».
« Entendu », dit le lion.
Or notre mulet était de solide carrure. Il s'arrêta auprès d'un forgeron, et quand il lui eut mis une ferrure neuve, il revint en se mettant à boiter d'un pied.
Les deux autres lui demandèrent :
« Qu'est-ce qui arrivé pour que vous boitiez ? »
« C'est, dit-il, une lettre que ma mère m'a fourrée dans le sabot. J'avais peur que si je la mettais dans la bouche elle se mouille ; alors je l'ai mise dans le sabot ».
Quand il fut près d'eux, il leur dit : « Désignez l'un de vous pour qu'il vienne la lire » Le lion dit au chacal :
« Allez la lire ».
« Monseigneur, prétexta le chacal, je n'y vois pas clair du tout ».
Le lion s'avança pour la lire. Alors, le visant bien entre les deux yeux, le mulet lui décocha une ruade qui lui fit voler le crâne en éclats.
UCCN D YIZM D USRDUN
lqist n yan yizm ixld’ f yan wuccn
inn as ‘righ a yi tdbbr’t gh mad cttagh tmn iyam ayad kwligh s laz’z’
inn as wuccn ‘illa yan usrdun ghid ikwsa gh yan ugdal walaynni xs’s’ ad as nskr ssibab’
inn as yizm ‘waxxa awal ann tusit, 3awngh ak gis’
inn as ‘rwah’ a nmun s dars ha yi dda nn ruh’gh, dd as inigh agllid inn agh kud d yan a d yawi las’l nns, ma f ibna, ma igan babas’
inn as ‘hat, awal ann a rad as inigh, hat, ghwann a igan ssabab asrdun, ur dars las’l yadlli turw t tagmart d ughyul h’acak’
inn as ‘iwa, lwqt inn nbdd gh lguddam nnk, tsqsat iyi zwar nkki
iwa ruh’n dar usrdun ighr srs wuccn, inn as ackid ad tz’rt izm ma ittini’
inn as yism ‘nkkin, arqqa k ad gigh h’tta yan l3ib a ur I tgm’
inn as usrdun ‘a sidi, waxxa’
inn as ‘uckigh d ak kwn sqsagh, a yi tinim ma igan las’l nnun’
inn as wuccn ‘nkkin, a 3mi izm, uccn bn uccn, ar uccn lli yusi saydna nuh’ gh ssfint’
inn as ‘waxxa’
inn as usrdun ‘uma kyyi?’
inn as ‘nkkin, a sidi, ur illi yat gh ixf inu
a ddugh ad sqsagh inna ma igan las’l inu’
inn as ‘waxxa
iwa, asrdun irbb3, is’h’a ibidd s dar yan umzil, alligh as d iga yat tr’ht ljdid, iwrri d ar d isni s yan ud’ar ’
nnan as ‘mak k yaghn alligh a tsinit?’
inn as ‘tabrat a yi tga inna gh lh’afr
ksud’gh, igh tt gigh gh imi, dda tmmgh ukwan gigh tt d gh lh’afr
iwa , lligh d iruh’, innas ‘fkat yan gitun ad d yack a stt issghr’ ’
inn as yizm i wuccn ‘zayd ssghr’ tt ’
inn as ‘a sidi, ur zzillgh walu
iddu yizm a stt issghr’ inkr usrdun inna gr walln nns ayad, iwt t, ifts ixf nns’
Source text francaise; www.tamurth.net
Alphonse Leguil
Le conteur principal, Abdesslam n Id Bram, donne ici toute sa mesure et rend captivants aussi bien les contes facétieux, " pleins de malice, avec des dénouements piquants ", que les contes d'animaux avec les personnages classiques du chacal et du hérisson. En fin de volume, le commentaire d'Annick Zennaki sait dégager toute la valeur littéraire.
ISBN etc..ici
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=4027<
Le Chacal, le Lion et le Mulet
C'est l'histoire d'un lion qui s'en vint trouver un chacal et lui dit :
« Je voudrais que vous me procuriez de quoi manger : voilà huit jours que je reste sur ma faim »
« Il y a ici, répondit le chacal, un mulet qui broute dans un pâturage : mais il faut que nous lui trouvions un motif ».
« Entendu, dit le lion, quoi que vous décidiez, je vous soutiendrai »
« Venez, reprit le chacal, rendons-nous ensemble chez lui. Dès que j'arriverai, je lui dirai que le roi nous a prescrit de produire chacun son arbre généalogique, à savoir ses racines, bref l'identité de son père. Voilà, continua-t-il, le langage que je lui tiendrai, c'est ça le meilleur prétexte. Le mulet, c'est connu, n'a pas d'origine avouable : ses parents sont la jument et le baudet, sauf votre respect. Alors, conclut le chacal, quand nous nous présenterons à vous, il faut que vous m'interrogiez en premier »
Ils arrivèrent donc auprès du mulet. Le chacal l'appela et lui dit :
« Venez voir ce que dit le lion ».
« Moi, dit le lion, je ne suis que l'envoyé du roi. Ne me prêtez aucune mauvaise intention »
« Je vous en prie messire », dit le mulet.
« Je viens, dit le lion, vous poser une question : il faudrait que vous me fassiez connaître vos origines »
« En ce qui me concerne, oncle lion, dit le chacal, je suis chacal, descendant de chacals, et ceci jusqu'au chacal que Noé a pris avec lui dans l'arche. »
« Et vous ? » demanda-t-il au mulet.
« Moi, monseigneur répondit le mulet,
je n'ai pas de tête. Il faut que j'aille demander à ma mère quelle est mon origine ».
« Entendu », dit le lion.
Or notre mulet était de solide carrure. Il s'arrêta auprès d'un forgeron, et quand il lui eut mis une ferrure neuve, il revint en se mettant à boiter d'un pied.
Les deux autres lui demandèrent :
« Qu'est-ce qui arrivé pour que vous boitiez ? »
« C'est, dit-il, une lettre que ma mère m'a fourrée dans le sabot. J'avais peur que si je la mettais dans la bouche elle se mouille ; alors je l'ai mise dans le sabot ».
Quand il fut près d'eux, il leur dit : « Désignez l'un de vous pour qu'il vienne la lire » Le lion dit au chacal :
« Allez la lire ».
« Monseigneur, prétexta le chacal, je n'y vois pas clair du tout ».
Le lion s'avança pour la lire. Alors, le visant bien entre les deux yeux, le mulet lui décocha une ruade qui lui fit voler le crâne en éclats.
UCCN D YIZM D USRDUN
lqist n yan yizm ixld’ f yan wuccn
inn as ‘righ a yi tdbbr’t gh mad cttagh tmn iyam ayad kwligh s laz’z’
inn as wuccn ‘illa yan usrdun ghid ikwsa gh yan ugdal walaynni xs’s’ ad as nskr ssibab’
inn as yizm ‘waxxa awal ann tusit, 3awngh ak gis’
inn as ‘rwah’ a nmun s dars ha yi dda nn ruh’gh, dd as inigh agllid inn agh kud d yan a d yawi las’l nns, ma f ibna, ma igan babas’
inn as ‘hat, awal ann a rad as inigh, hat, ghwann a igan ssabab asrdun, ur dars las’l yadlli turw t tagmart d ughyul h’acak’
inn as ‘iwa, lwqt inn nbdd gh lguddam nnk, tsqsat iyi zwar nkki
iwa ruh’n dar usrdun ighr srs wuccn, inn as ackid ad tz’rt izm ma ittini’
inn as yism ‘nkkin, arqqa k ad gigh h’tta yan l3ib a ur I tgm’
inn as usrdun ‘a sidi, waxxa’
inn as ‘uckigh d ak kwn sqsagh, a yi tinim ma igan las’l nnun’
inn as wuccn ‘nkkin, a 3mi izm, uccn bn uccn, ar uccn lli yusi saydna nuh’ gh ssfint’
inn as ‘waxxa’
inn as usrdun ‘uma kyyi?’
inn as ‘nkkin, a sidi, ur illi yat gh ixf inu
a ddugh ad sqsagh inna ma igan las’l inu’
inn as ‘waxxa
iwa, asrdun irbb3, is’h’a ibidd s dar yan umzil, alligh as d iga yat tr’ht ljdid, iwrri d ar d isni s yan ud’ar ’
nnan as ‘mak k yaghn alligh a tsinit?’
inn as ‘tabrat a yi tga inna gh lh’afr
ksud’gh, igh tt gigh gh imi, dda tmmgh ukwan gigh tt d gh lh’afr
iwa , lligh d iruh’, innas ‘fkat yan gitun ad d yack a stt issghr’ ’
inn as yizm i wuccn ‘zayd ssghr’ tt ’
inn as ‘a sidi, ur zzillgh walu
iddu yizm a stt issghr’ inkr usrdun inna gr walln nns ayad, iwt t, ifts ixf nns’
Source text francaise; www.tamurth.net