Cri de cœur : Vers un Moyen Atlas teigneux ...

agoram

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Cri de cœur : Vers un Moyen Atlas teigneux et un Aïn Louh chauve

Adieu! splendide et chère forêt, nous léguerons aux générations futures un paysage lunaire, une nature imberbe et un sol rocailleux. Nous sommes tous responsables de cette dégradation et ce crime contre la nature et l'humanité.
La politique menée pour l'exploitation de la forêt est euphorique, anarchiste et irrationnelle, ce labyrinthe obscur où se mêlent les intérêts politiques, administratifs, makhzaniens et ceux des citoyens véreux, magma infeste dont l'irresponsabilité collective conjugue son effort vers un vrai et réel ravage.
Alors que faire pour freiner le désastre?
Dénoncer, applaudir, consentir, partager ou se taire.
- Dénoncer, c'est avoir tout le monde sur le dos pour le licite contaminant.
- Applaudir, c'est accepter l'échec de l'administration devant l'agonie de la forêt gémissant sous la colère des tronçonneuses.
- Consentir, c'est prendre sa part de bois d'œuvre ou de chauffage et se chauffer voire partager le plaisir du dénuement ou la perspective d'un désert à nos pieds.
- Se taire, c'est tomber dans la facilité de ronfler au coin du feu un 21 décembre de l'an zéro.
Pour se faire, j'élirai un barbier au poste de maire de ma commune. Aidé de son outil tranchant, il me raserait et lui ferait de même comme une boule de suife.
Le désastre au Moyen Atlas commence par l'exploitation d'une carrière de sable, en plein cédraie, au lieu dit Sahb, parrainée par une haute autorité provinciale, depuis une huitaine d'année. L'arrogance pousse à l'exposition des troncs de cèdres sur l'artère principale de la ville du rocher. Quel héritage de notre ami l'heureux mange-tout !
Pour Aïn Louh, je ne vous la conte pas, c'est une cantatrice morte et ensevelie. Parlerai-je d'Oum Keltoum, moi l'Amazigh? hélas! j'aurai plus de larmes pour Mririda des Aït Atik.
Revenons à nos moutons en surnombre et en surexploitation, en forêt entraînant par ce fait la disparition des sous-bois, le tassement du sol et l'excessive érosion.
Parlons de ces éleveurs sédentarisés en montagne, sous des serres précaires en plastique et des gourbis en dur, avec le consentement des autorités de tutelle, malgré que l'Izerf des Aït Mouli prohibe l'appropriation des terres collectives.
Actuellement, la forêt est jonchée de branchages à faire pleurer la chèvre de Bouzari, celle de monsieur Seguin y gambaderait et celle de Boughaba en rirait.
Les timides interventions, peu fructueuses, du CDF d'Aïn Louh se révèlent être l'éclair qui s'éteint avant que l'on dise qu'il éclaire. Le ratissage du triage «Admer Izem» «Buste du Lion», à Aïn Kehla Est suite au constat du nouveau arrivé, devrait s'étendre sur toute la forêt, une équipe de fins limiers aurait à constater des délits flagrants. Ceci pour recenser les infractions, partager les responsabilités, pour soulager le singe magot, victime de ragots. Il gesticule, crie à l'injustice et prie pour le retour du lion de l'Atlas.
Le propriétaire du véhicule (6456-4-2) appréhendé, et surpris en flagrant délit de coupe illicite de bois de chauffage, appartenant à la famille du rossignol du bourg (Y.M) ne suffit pas à arrêter l'investigation, mais étendrait l'enquête aux ateliers et aux magasins d'ébénisterie et surtout l'usine clandestine du «stock» béni par les voisins forestiers «boucliers anodins».
L'arrestation des deux acolytes à Kissaria, n'en persuaderait point la mafia du bois de cesser ses activités. Cette belle cédraie dite Kissaria mérite plus d'intérêt.
Les deux compères sont en liberté, épaulés par le baron de l'ovin (A.L.U.L), premier ennemi de la forêt après le singe magot, un contrôle de son campement à Larten est plus qu'indispensable.
L'homme est au centre de ce drame, le citoyen investit dans lasinus, bête dépréciée, et tournée en dérision, au souk des ânes. Tous les mercredis sa cote dépasse celle de l'ovin. En posséder un trio ou plus, vendre ses ânées aux fours ou aux hammams, au kilo ou à la tonne, s'armer d'une tronçonneuse criarde ou silencieuse, s'offrir une protection à honorer le jour du souk par un billet vert ou vermoulu, par tête d'âne, pour ériger l'entreprise, louer une masure pour un stockage pour les jours blancs, de neige sombre. A quand des perquisitions dans les normes?
La hache de guerre a été enterrée depuis l'avènement des tronçonneuses, aux mains des kamikazs de tout âge et de toutes professions, confondues (bûcherons, charbonniers éleveurs, agriculteurs, tronçonneurs, diplômés chômeurs et femmes en jupons), c'est l'ultime cri, signe de l'extinction de la forêt de l'Atlas.
Si la forêt se plaint de ses gérants, de ses riverains et de ses habitants, elle réclame justice, dans un tribunal où les contraventions de délits de forêts ne sont pas exécutées mais retardées pour servir de largesses aux deux tourtereaux, qui profitent des services des contrevenants. Alors ils chantent «vive l'amour sur des troncs de cèdre».
La recette des ventes pour l'exercice en cours qui est de 13.410.000 DH, pour une superficie de 620 ha environ toutes essences confondues, démontré l'ampleur du désastre.
La société civile invite l'administration à opter pour un programme de plantation en essences locales (cèdres, chênes verts, caroubiers etc…), réunir les conditions favorables de réussite, éviter les erreurs du passé (boutro, tourtit, takanzart, etc.)
Je termine par des recommandations citoyennes :
1- Eradiquer la vermine pathogène et humaine.
2- Eduquer la population péri-forestière au respect de l'environnement.
3 - Offrir du travail à la population.
4- Créer des coopératives forestières par dérogation.
5- Créer des licences «ânières» pour le colportage du bois.
6- Réglementer le droit à la possession des tronçonneuses.
En forêt on ne ramasse plus du bois, on le coupe.

«Le bouteilleur
d'Ain Louh»




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