Découverte de taqubett de yemma Gouraya

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Découverte de Taqubett de Yemma Gouraya

On est jamais mieux servi que par soi-même ! Voilà enfin un chercheur bougiote qui vient d’élucider l’histoire de Yemma Gouraya (voir l’article ci-dessous de La Dépêche de Kabylie - 29 Juillet 2006 ).
En effet, Malek Aït Hamouda, vient de découvrir l’existence d’une kouba (Taqqubett) où repose probablement Yemma Gouraya met fin à une polémique vieille comme le temps. La DDK rapporte que "le fort Gouraya n’a pas été édifié par les Espagnols au 16e siècle ! Des preuves irréfutables recueillies dans les archives de l’armée française, notamment une carte reproduisant, d’un côté le site tel que trouvé par les Français, composé d’une kouba, d’une citerne et d’une maisonnette et de l’autre, le plan de l’actuel fort réalisé par Lemercier, bien connu à Bgayet par d’autres ouvrages militaires, ont pu être amassées par notre jeune chercheur...".

Pour appuyer cette découverte, on peut signaler que la même politique coloniale avait été appliquée ailleurs en Kabylie durant la guerre de libération. Ainsi, chez les Iflisen Umellil, la plupart des camps militaires français avaient été érigés sur des sanctuaires et kouba (Tiqubtin) anciens. La Kouba de Sidi Yusef (arch des Imzallen) avait été rasé au bulldozer pour installer le camps 636 ; celle de Timez’rit pour installer un radar et un cantonnement. Comme ces sanctuaires étaient souvent situés au sommet des collines, l’armée coloniale faisait d’une pierre deux coups : elle installait des miradors pour surveiller tous les villages, et en même temps elle détruisait la mémoire collective et les saints protecteurs qu’étaient ces Tiqubtin.

L’ironie du sort est que même dans l’Algérie indépendante, islamisme et salafisme aidants, ces sanctuaires séculaires non seulement ils n’ont pas été reconstruits, pire encore, ceux qui avaient été épargnés par l’armée coloniale ont été profané, incendiés (comme celui de Sidi Abderrahman à Alger), ou détruits à l’explosif (comme Taqubett de Sidi Amara, près de Sidi Ali Bounab).

Cette découverte de Taqubett de Yemma Gouraya nous renvoie à l’histoire et en même elle nous interpelle sur notre patrimoine et nos croyances. On connait tous les tentatives récentes de diviser davantage les Kabyles, RCDistes et FFSistes, les uns Kabyles et les autres Imrabd’en. Pourtant, Mouloud Mammeri dans l’introduction de son livre "Cheikh Mohand a dit" , il nous reconcilie avec notre passé. Je vais me permettre d’utiliser quelques extraits de cette introduction qui explique bien la spécificité de l’islam Kabyle, et comment les croyances séculaires amazigh se sont superposées avec le maraboutisme.

Avant la colonisation française, en Kabylie autonome régnait du point de vue religieux la confrérie Rahmania. Cette confrérie est née en Kabylie ; elle est un mélange entre la tradition amazigh gouramienne (avant l’islam) et le mysticisme islamique (soufisme d’Ibn Arabi de Cordoue). Mouloud Mammeri considère la Rahmania "comme étant l’église nationale des Kabyles. Cette confrérie a été fondée vers 1774 par Sidi Mhemmed ben Abderrahman el Guejtouli el Djerdjeri, né dans un petit village des At Smaïl, près de Boghni. Après sa mort en 1794, succèderont successivement Ali ben Aïssa pendant 43 ans (jusqu’en 1836), Belkacem Ou Elhafid des Babords, puis Hadj Bachir, Lalla Khedidja (la veuve d’Ali ben Aïssa), Mohamed ben Belkacem Naït Anan (des At Zmenzer), puis à partir de 1844, Sidi Hadj Amar, un des chefs de la résistance de 1857 à la conquête coloniale française. Pour succèder à Sidi Amer, réfugié à Tunis, après la défaite de 1857, les Kabyles choisissent comme maître de l’ordre Mohand Ameziane Ihaddaden de Seddouk...".

Ce Mohand Ameziane plus connu sous le nom de Cheikh Aheddad, celui-là même qui, en 1871 allait mobiliser cent mille combattants pour répondre à l’appel du bachagha Hadj Mohand Aït Mokrane (El Mokrani)lors du soulèvement contre l’ordre colonial. "...Mohand Ameziane, âgé alors de plus de 80 ans, était non seulement considéré comme le chef institutionnel de l’ordre Rahmania, mais également comme un agourram supérieur..."

"...On sait que dans les premiers temps de l’islam, c’est-à-dire en gros jusqu’à la chute des Almohades à la fin du XIIIième siècle, les Imazighen avaient tentés d’échapper aux rigueurs de l’orthodoxie musulmane par l’invention de doctrines nouvelles (Ibn Khaldoun nous apprend que les Imazighen avaient apostasié douze fois entre le 6ième et le 14ième siècle !). Ainsi, les Kharédjites de Tahert, avaient fondé le premier état véritablement national ; les Kétama (de Bougie) avaient crée le troisième Khalifat fatimide panislamique après celui des Omeyyades et des Abbassides et fondé l’université d’El Azhar au Caire ; les Almoravides (de marabout) avaient crée un empire amazigh ; les Almohades avaient réaliser l’apogée à la fois de l’histoire et de la pensée de ce temps..."

Mammeri dit qu’au départ, le mouvement Almoravide est crée pour "s’opposer aux actions de plus en plus entreprenantes de la Reconquista hispano-portugaise sur les côtes nord-africaines...". "...Le nom kabyle du marabout (amrabed)est une forme berbérisée du terme arabe (mrabet), lui-même doublet populaire du classique mourabit ; d’où est sorti almoravide. Mais au Maroc, il a gardé son nom originel : le marabout c’est agourram ; le terme, évidemment anté-islamique, désigne surtout un personnage doué de pouvoirs plus magiques que religieux ; il ne gère point le domaine du sacré qu’il manipule les forces supranaturelles...".

Le maraboutisme serait né dans le sud-ouest marocain : Targa Zegga&et ou le Rio de Oro des Espagnols ou l’actuel Sahara Occidental. "...Très vite, le maraboutisme avait annexé les pouvoirs, le statut et les valeurs des anciens agourram...".

"...La baraka du marabout est un pouvoir surnaturel, il opère des miracles et, pour cela, il est le lieu à la fois des espoirs et de toutes les craintes : on attend (ou on redoute) de lui autant que Dieu, parce que, quoique marabout, il n’en est pas moins homme : il est plus proche de nos manques, de nos misères et de nos voeux..."

L’Hocine Ukerdis


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29/07/2006

source : DDK (Samedi 29 Juillet 2006)

Selon une récente étude Yemma Gouraya aurait bel et bien existé

La mise en évidence de l’existence d’une kouba où repose probablement yemma Gouraya met fin à une polémique vieille comme le temps. La légende de Gouraya fait place à l’Histoire puisque son nom est mentionné dans plusieurs ouvrages inconnus chez nous.

Avec les découvertes récentes de M. Malek Aït Hamouda, architecte de l’Ecole supérieure nationale d’architecture de Paris, la Villette, résultats de nombreuses, longues et fructueuses recherches en France, complétées par un travail au niveau du Parc national de Béjaïa, c’est un mythe, une certitude historique qui vient de s’écrouler : contrairement à ce que l’on tenait pour définitivement établi, définitif et prouvé, le fort Gouraya n’a pas été édifié par les Espagnols au 16e siècle ! Des preuves irréfutables recueillies dans les archives de l’armée française, notamment une carte reproduisant, d’un côté le site tel que trouvé par les Français, composé d’une kouba, d’une citerne et d’une maisonnette et de l’autre, le plan de l’actuel fort réalisé par Lemercier, bien connu à Béjaïa par d’autres ouvrages militaires, ont pu être amassées par notre jeune chercheur, dont le coup de foudre pour Béjaïa, ses vestiges et saints est aussi sincère que profond. La mise en évidence de l’existence d’une kouba où repose probablement yemma Gouraya met fin à une polémique vieille comme le temps. La légende de Gouraya fait place à l’Histoire puisque son nom est mentionné dans plusieurs ouvrages inconnus chez nous. Elle se situe dans la lignée des grandes héroïnes nationales qui, à chaque grande invasion, se dressent devant l’ennemi. Il y a eu la Kahina contre les Arabes, Gouraya contre les Espagnols aux côtés des Arroudj dit Barberousse, Fadhma N’Soumeur contre Randon le Français... Le mythe de l’absence de tombe est ainsi levé. Avec la destruction, par les Français en 1833 de la kouba, pour édifier le fort, c’est la tombe qui est rayée de la carte et que la mémoire collective a fini par oublier. Aujourd’hui, la superposition entre la place forte militaire et le spirituel-les pèlerinages remontent probablement à bien longtemps-est essentielle pour la bonne compréhension d’une légende qui a cessé d’en être une, dès lors qu’elle a fait une entrée fracassante dans l’histoire. M. Aït Hamouda, qui nous a réservé l’exclusivité de sa découverte, prépare une exposition-annonce de l’événement avec présentation de toutes ses preuves scientifiques pour septembre. Il nous promet d’autres surprises encore. Les mythes finissent toujours par épouser, d’une façon ou d’une autre, l’histoire, expurgée des approximations de pseudo-historiens aux vérités qui ne résistent guère aux analyses sérieuses. La balle, désormais, est dans le camp des historiens, les vrais...

Mustapha Ramdani
source: www.kabyle.com
 
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