Dynamique épilinguistique au Maroc : Le cas des discours des Chleuhs

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Par Saïd Bennis;

L’objectif de ce travail est de proposer une analyse des discours épilinguistiques de locuteurs chleuhs (dits aussi berbérophones ou amazighophones) concernant les langues chelha (appelées aussi berbère ou amazighe), arabe et française. J’opte pour la dénomination chelha car c’est le nom donné par les sujets enquêtés à leur lecte1 ; ces sujet s’identifient eux-mêmes par le nom de Chleuhs dans la région étudiée, à savoir la plaine du Tadla au centre du Maroc.

Par discours épilinguistique, je renvoie à tout discours autonome ayant pour objet « les lectes ou l’activité de langage (de soi ou des autres) » (Canut 1997b). L’hypothèse qui sera soutenue dans cet article est la suivante : les discours épilinguistiques des locuteurs de langues maternelles à statut vernaculaire sont sous-tendus par deux tendances contradictoires que sont la tendance à l’homogénéisation et la tendance à l’hétérogénéisation. À l’instar de Cécile Canut (2000b), par homogénéisation, j’entends la tendance dans laquelle une seule langue est valorisée dans le rapport à certains traits épilinguistiques comme la pureté et l’origine. Au sein de cette tendance, il y a exclusion de l’autre et de sa langue et confirmation de l’unicité et de la singularité du soi. Par hétérogénéisation, je désigne la tendance qui privilégie la pluralité des langues, la mobilité des frontières entre elles et par conséquent l’inclusion de l’autre et de sa langue. La question de recherche à laquelle je tenterai de répondre s’énonce comme suit : comment s’effectuent les positionnements épilinguistiques relativement aux deux mouvements d’homogénéisation et d’hétérogénéisation ?

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