Histoire du MAroc selon le ministère de la communication (www.maroc.ma)

wak_wak

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La préhistoire

L'homme est déjà présent, vers 800 000 av.J-C, sur le rivage atlantique, comme en témoignent les ustensiles préhistoriques retrouvés à Casablanca, les plus anciens d'ailleurs, d’Afrique du nord. Vers 5000 ans av.J-C, de nouvelles populations du Proche-Orient cohabitent et se mêlent aux descendants des premiers habitants du Maroc. Ces nouveaux venus sont les descendants de la famille des Berbères, élargie du fait de divers apports méditerranéens.

Le Pastoralisme


Vers 1600 av J-C., à l'âge du Bronze, des pasteurs Berbères gravent sur des rochers du Haut Atlas des dessins de poignards, de hallebardes, de haches et de boucliers, motifs utilisés autrefois par les Mauritaniens pour illustrer les deux grandes activités du moment : la chasse et la pêche .
L'antiquité

Vers 800-600 av J-C., le Maroc entre dans l'histoire. L'écriture libyque, inventée par les Berbères, apparaît dans l'Atlas et des représentations de Phéniciennes sont reproduites sur des poteries repérées sur l'île d'Essaouira vers 500 av J-C. Les Ethiopiens, "ceux qui sont brûlés par le soleil", s'installent au Maroc. Casaniers au nord, ils vivent dans des logis troglodytiques ; au sud, cavaliers nomades, ils s'adonnent à la chasse. Les Atlantes, quant à eux, occupent le centre de l'Atlas et donnent leur nom à l'océan Atlantique.

Au IV ème siècle av. J-C., naissance de la Mauritanie

Les Grecs nomment les "Mauriciens" les Libyens occidentaux, appellation que les habitants du Maroc et de l'Algérie occidentale actuels se donnent eux mêmes. Entre 25 av J-C. et 23 ap. J-C, Juba II, Roi de Mauritanie, est installé à la tête du Royaume par Auguste et réside à Volubilis . Il décrit le pays dans un ouvrage repris plus tard par Pline . Il installe des fabriques de pourpre sur l'île de Mogador, au large d'Essaouira, et sillonne les îles Canaries grâce à sa flotte maritime.

En 42 ap J-C., la conquête romaine

Les armées Romaines prennent possession de la Mauritanie Tingitane, mise en valeur par la création des routes, ce qui a donné lieu à un essor agricole et une activité commerciale intense. Tingis, Lixus, Volubilis, Benassa se développèrent. L'influence romaine se conservera au sud, jusqu'en 429, date du passage des Vandales dans cette partie de la Mauritanie Tingitane . Il semblerait qu'à partir de 533, les flottes Byzantines puis Wisigothe aient occupé Ceuta et Essaouira ; il ne subsiste que de rares traces de leur passage.

La conquête musulmane

L'islamisation : dès 682, le chef Arabe Oqba Ibnou Nafi'i, fondateur de Kairouan, la première cité musulmane en Tunisie, entame un raid jusqu'aux côtes atlantiques. Berbères et Byzantins se soulevèrent alors contre l'envahisseur, mais les Arabes musulmans parviennent à étendre leur domination, faisant ainsi progresser l'islamisation des populations.

La crise du califat : la domination musulmane se consolide malgré la formation de Royaumes (Imarat) aux convictions religieuses peu avenantes, comme le Royaume kharidjite de Sijilmassa, dans le Tafilalet, ou celui de Berghouata, sur le littoral atlantique. En 740, éclate une importante révolte contre la Grande Autorité de Damas, siège du Califat Omeyyade. Peu à peu, le Maroc échappe à leur pouvoir, et se morcelle en nombreux Royaumes et Principautés.

La Dynastie Idrisside

En 788, naissance de la première dynastie musulmane, d'origine moyen-orientale. En 791, création de l'État Marocain. Idriss Ier, descendant d'Ali, gendre du prophète, fuira l'Arabie pour échapper au massacre de sa famille et s’installera à Volubilis, fondant par la suite la ville de Fès, qui, après sa mort en 792, sera désignée capitale du Royaume par son fils Idriss II lui succédera. Ce dernier s'occupera de la construction de la ville en 803, et mourut en 828. L'administration du Royaume sera confiée à ses fils, puis à ses frères, tandis que la ville de Fès prospérera économiquement. En 857 et 859 la cité se prévaudra de prodigieuses réalisations, notamment les mosquées Quaraouiyine et Andalous. Au début du XI ème siècle, l’aura du règne des Idrissides atteindra Cordoue avant que les divisions en Espagne musulmane ne causent leur décadence et leur disparition en 1055.

La Dynastie Almoravide

Dynastie Berbère originaire du Sahara occidental, leur nom de l'arabe "Al Mourabitoun" signifie les moines guerriers. Auguste Sultan de cette dynastie, Youssef Ibn Tachfine fondra la ville de Marrakech (future capitale du Royaume) vers 1070, puis s'occupera ensuite de l'unification politique du Maroc et de l'Espagne musulmane. Par son biais, la civilisation Andalouse se répandra au Maghreb avant de conquérir l'Espagne jusqu'a l'Èbre. Ali Ben Youssef, son fils, lui succédera en 1106 pour y régner pendant 37 ans.

La Dynastie Almohade

Dynastie Berbère originaire du Haut-atlas, leur nom provient de l'arabe "Al Mouwahidoune"," les unificateurs" (ceux qui clament l'unicité de Dieu.) Son fondateur ne sera autre qu'El Mehdi Ibn Toumart, prédicateur à Tinmal (Haut-atlas).

Abdel-Moumen, son disciple, prendra Marrakech pour capitale d'où la construction de la Koutoubia, puis fondera l'Empire Almohade, et parviendra à unifier l'Afrique du Nord, mais décédera à Rabat en 1163 avant de rattacher l'Andalousie à son Empire. Cette gloire reviendra à son successeur Yacoub El-Mansour, victorieux de la bataille d’Alarcos en 1195, contre les portugais et les espagnols.
Après la disparition de ce dernier, les insuccès militaires suivront, ce qui incitera à la division de l'Empire, puis à la disparition du système religieux d'Ibn-Toumert.

La Dynastie Mérinide

Dynastie Berbère (nomades Zénètes originaires du Bassin de la haute Moulouya). Cette Dynastie aura pour capitale Fès, procèdera à la création de Fès El-Jedid et la construction de plusieurs medersas dont la Medersa El-Attarine, la Medersa Abou Inane, ou encore la Medersa Mérinide à Salé. Celle-ci profitera du déclin de l'Empire Almohade pour s'accaparer des villes de Fès, de Rabat, de Salé et des plaines fertiles du Saiss et du Gharb. Ultérieurement, le Sultan Mérinide Abou Youssef Yacoub s'emparera de la ville de Marrakech en 1269 pour écarter définitivement du pouvoir les Almohades.
En tant que chef suprême de la dynastie mérinide, Abou El-Hassan tentera alors de reconstituer l'Empire vers 1331 d'où la conquête de Tlemcen en Algérie et de Tunis en 1347, mais sans pour autant parvenir à garder l'Espagne et Algéciras en 1340.
En 1348, la peste noire et les rébellions de Tlemcen et de Tunis marqueront la décadence des Mérinides qui ne parviendront pas à refouler les portugais et les espagnols, leur permettant ainsi, par le biais aussi de leurs successeurs les Wattassides, de s'installer sur la côte. La résistance s'organisera autour des confréries et des marabouts d’où émergera la dynastie saadienne.

La Dynastie Saâdienne

Dynastie chérifienne (de "Chorfa descendants du prophète Mohamed) originaire de la vallée du Draa, Marrakech sera leur capitale. A partir de 1578, le sultan Ahmed Al Mansour Eddahbi asseoira son règne sur d’importants faits d’armes, dont la victoire de "la Bataille des trois rois" à Oued El-Makhazine; "la conquête de Tombouctou" d'où il ramènera or et esclaves, ainsi que "la construction du palais El Badiî", le développement de l'industrie du sucre et des armes... Le règne d'Ahmed Al Mansour Eddahbi prendra fin en 1602.
 
suite

La Dynastie Alaouite

La Dynastie Alaouite est issue des Chorfa de Tafilalet, descendants de l’Imam Ali, lesquels s’établiront souverainement dans la région, avant d’asseoir leur autorité sur tout le pays à partir de 1666. Le fondateur de la Dynastie et son chef spirituel, Moulay Ali Chérif, ainsi que ses successeurs (notamment Mohamed Ben Ali Chérif, proclamé premier Roi dès 1640) entendront réunifier le Maroc, appliquant par là une stratégie politique et militaire en conséquence.

En 1672, le Roi Moulay Ismaël exercera un pouvoir absolu tout en poursuivant l'œuvre accomplie par ses prédécesseurs. Le Sultan commencera tout d'abord par fonder la ville de Méknès, ville qu'il désignera par la suite capitale du Royaume. Après avoir repris Larache et Tanger, Moulay Ismaël éliminera les pouvoirs politiques et religieux locaux et fondera ainsi l'Empire Chérifien. Son pouvoir sera étendue jusqu'au Sénégal, de même il ordonnera la mise en place d’un réseau de forteresses sur tout le territoire, réseau à partir duquel une armée de métiers opérera .Il se consacrera par la suite à établir des relations diplomatiques fructueuses avec des pays étrangers, particulièrement au temps de Louis XIV et Jacques II d'Angleterre.

Après la mort de Moulay Ismaïl en 1727, Sidi Mohamed Ben Abdallah (Mohamed III) lui succéda en 1757. Musulman fervent, il ne songeait qu'a apporter au pays la paix et la sécurité. Aussi fut-il accueilli comme un homme providentiel et sa proclamation prit le caractère d'un véritable plébiscite. Sitôt investi, il allégea les impôts, frappa une monnaie saine et reconstitua une nouvelle armée recrutée dans les tribus Guich. Simultanément, il s'employa à fortifier les ports marocains et eut la chance de reprendre Mazagan aux portugais (1769). Il conclut la paix avec les Espagnols et un accord sur les prisonniers avec Louis XV (cet accord que Moulay Ismaïl n'avait pas pu conclure). Considérant que le Maroc avait besoin de renforcer ses relations avec l'extérieur pour compenser la perte du Triq-Sultan (passage stratégique), il signa des traités de commerce avec le Danemark, la Suède, l'Angleterre et les Etats-Unis, qui venaient de proclamer leur indépendance et que Sidi Mohammed fut un des premiers à reconnaître. Il reçut à cette occasion une très belle lettre de George Washington, proposant de conclure un traité d’amitié entre leurs deux pays. Mais le fait le plus saillant de son règne fut, sans conteste, la fondation de Mogador, dont il confia la construction à l'architecte français Gournot. Sans doute aurait-il fait bien davantage s'il n'avait pas été paralysé par l’insuffisance des moyens. A sa disparition en 1790, le Maroc était mieux portant qu’il ne l’a été avant son règne.

Devenu alors successeur de Moulay Yazid Ben Abdallah qui n'aurait régné que pendant une durée de deux ans (1790-1792), Moulay Slimane chassera les Turcs d’Oujda, bâtira plusieurs mosquées et medersas et ne manquera pas aussi de venir en aide aux Algériens durant la bataille d'Isly. Suite au soutien de l'Empire Chérifien à l'Émir Abd el-Kader d'Algérie, le Maroc connaîtra alors une crise politique des plus ardues d’où les interventions militaires de la France en 1844 et de l'Espagne en 1859-1860. Les affrontements se poursuivront jusqu'en 1873 sous le règne du Sultan Mohamed IV. Le Sultan Moulay Hassan Ier, successeur de Mohamed IV, sauvegardant son règne, consolidera son pouvoir par le ralliement des tribus du Haut Atlas, et modernisera le pays tout en veillant tant bien que mal à son indépendance. Des traités sont alors imposés par la Grande Bretagne, l'Espagne et la France, d’où par ailleurs, l’endettement du pays auprès des banques étrangères. Moulay Hassan I er décédera en 1894, et le Sultan Moulay Abdelaziz lui succèdera, régnant jusqu'en 1907, l'année même ou Moulay Hafid prendra le relais. A la suite de l'assassinat de quelques ressortissants européens, les Français occuperont Casablanca, alors que la France et l'Espagne étaient déjà désignés comme mandataires de la nouvelle banque d'Etat du Maroc à la conférence d'Algésiras en 1906.
 
extrait posté par Wak_wak
Vers 5000 ans av.J-C, de nouvelles populations du Proche-Orient cohabitent et se mêlent aux descendants des premiers habitants du Maroc. Ces nouveaux venus sont les descendants de la famille des Berbères, élargie du fait de divers apports méditerranéens.



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Litterature Marocaine!!!

Deux traits principaux caractérisent la littérature marocaine contemporaine.

D'une part, c'est une littérature bilingue, s'exprimant aussi bien en arabe qu'en français, et d'autre part, c'est une littérature qui, malgré son extrême jeunesse – à peine quelque 70 ans d'existence – a vécu les trois étapes primordiales inhérentes à toute évolution littéraire en tant que
telle, à savoir la période de la naissance et de l'initiation, celle de l'institution proprement dite et enfin celle de la modernisation.
La première période, s'étendant des années 30 jusqu'aux années 50, a eu pour précurseurs Allal El Fassi, avec ses textes poétiques traditionalistes, reproduisant les schémas classiques d'écriture tels qu'ils ont cours notamment en Egypte. Idem pour Abdelmajid Benjelloun dans ses romans ainsi que dans ceux d'Abdelkrim Ghallab.

http://www.maroc.ma/NR/exeres/BD8B4E03-19FD-4CFA-AB4C-5A4269A627B6.htm
 
issiwane said:
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Agrawal said:
Litterature Marocaine!!!
Agrawal said:
Deux traits principaux caractérisent la littérature marocaine contemporaine.
D'une part, c'est une littérature bilingue, s'exprimant aussi bien en arabe qu'en français, et d'autre part, c'est une littérature qui, malgré son extrême jeunesse – à peine quelque 70 ans d'existence – a vécu les trois étapes primordiales inhérentes à toute évolution littéraire en tant que
telle, à savoir la période de la naissance et de l'initiation, celle de l'institution proprement dite et enfin celle de la modernisation.
La première période, s'étendant des années 30 jusqu'aux années 50, a eu pour précurseurs Allal El Fassi, avec ses textes poétiques traditionalistes, reproduisant les schémas classiques d'écriture tels qu'ils ont cours notamment en Egypte. Idem pour Abdelmajid Benjelloun dans ses romans ainsi que dans ceux d'Abdelkrim Ghallab.
[URL="http://www.maroc.ma/NR/exeres/BD8B4E03-19FD-4CFA-AB4C-5A4269A627B6.htm"]http://www.maroc.ma/NR/exeres/BD8B4E03-19FD-4CFA-AB4C-5A4269A627B6.htm[/URL]


Quel raport avec cette rubrique consacrée à l'Histoire? Agrawal, tes contributions informatives sont utiles mais tu les places n'importe où.:rolleyes:
 
aksel said:


Quel raport avec cette rubrique consacrée à l'Histoire? Agrawal, tes contributions informatives sont utiles mais tu les places n'importe où.:rolleyes:

non mais il a raison: regarde un peu comment il falsifient l'histoire et reduisent la
literature marocaine au parler bilingue arabo-francophone...la literature fait aussi partie de l'histoire....
 
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Vers 5000 ans av.J-C, de nouvelles populations du Proche-Orient cohabitent et se mêlent aux descendants des premiers habitants du Maroc. Ces nouveaux venus sont les descendants de la famille des Berbères, élargie du fait de divers apports méditerranéens


En theorie, le sud de l'europe est beaucoup plus proche de l'afrique du nord que le moyen orient. Donc on peut estimer que si il y a mouvement de peuple vers l'afrique du nord, et bien c'est a partir de cette europe....
 
Amsernat said:
non mais il a raison: regarde un peu comment il falsifient l'histoire et reduisent la
Amsernat said:
literature marocaine au parler bilingue arabo-francophone...la literature fait aussi partie de l'histoire....


Tu as raison wa ywis n Tmazirt. Pour une fois que tu prends la défense de Agrawal je ne vais pas protester.;)

Oui, l'info de Agrawal est révélatrice de ce ségrégationnisme culturel et déni identitaire; dimensions qui s'inscrivent dans une falsification de l'Histoire avec un grand " H".
 
Amsernat said:
En theorie, le sud de l'europe est beaucoup plus proche de l'afrique du nord que le moyen orient. Donc on peut estimer que si il y a mouvement de peuple vers l'afrique du nord, et bien c'est a partir de cette europe....
non à ce moment l'europe etait couvert de glace et aucune vie n'etait possible.
 
issiwane said:
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Effectivement, Issiwane, il y a eu une migration de populations orientales vers l'Afrique du nord, déjà habitée par les proto- berbères, un nouveau venu au Néolithique,le Captien ( car ses restes ont été identifiés à Gafsa, en Tunisie ), quis'estmélangé avec la population autochtone, donnant l'Amazigh moderne, et ce depuis 10 000 ans avans J.C.
Des amis soussinautes plus érudits en la matière me confirmeront ou non.

Mais ce type d'Homme n'a rien à voir avec les populations proche orientales contemporaines et ne justifie en aucune façon le rattachement génétique ou culturel des indigènes de Tamazgha au Proche Orient. Donc Muslimberbère tu peux te le garder ton ricanement idiot.
 
L' Histoire occultée duMaroc

Société : L'histoire occultée du Maroc

Nos élèves apprennent dans leurs manuels une histoire tronquée, mythifiée du Maroc. Face à des séquences où l’occultation est flagrante, des spécialistes de renom nous aident à rétablir la vérité. Pour l’Histoire, la vraie.

Un manuel d’histoire n’est pas fait pour révéler toutes les vérités aux élèves. Il n’est pas fait non plus pour leur raconter des histoires. Certes, un ouvrage de classe censé vulgariser et transmettre toute l’histoire d’un pays, simplifie les périodes, gomme les nuances, passe outre les détails. Il participe, forcément, à consacrer des mythes nationaux. Mais entre livrer des vérités partielles et occulter des vérités nécessaires, il y a un pas que le Maroc a allégrement franchi. Le souci de mystifier est excessif chez nous, parce que le passé permet de mieux contrôler le présent et le discours historique aide à légitimer le pouvoir. Mais est-ce une raison pour livrer au Marocain de demain une version biaisée de son passé, qui ne tienne pas compte de ses origines, résistances, dissidences et autres révolutions ? Au vu des derniers manuels en date et des occultations majeures qui y persistent, on a toutes les raisons de croire que l’État est coupable. Le ministère de l’Éducation nationale établit des critères qui limitent fortement le champ de la vérité historique à mettre à la disposition des élèves. Il confie à des inspecteurs, déconnectés de la recherche universitaire, la tâche ardue d’éditer les manuels. Il ne jette pas les ponts avec les historiens, susceptibles d’apprécier scientifiquement l’effort des auteurs. Il confie à de simples cadres, peu à même de juger la justesse du propos historique, la tâche purement administrative de valider les ouvrages. Enfin, il édite des manuels avec des chapitres idéologiquement orientés, des zooms sur des événements triés selon leur degré de gloire, sans mise en contexte aucune pour en relativiser les faits. Face à une telle mascarade, nous avons interrogé des universitaires de renom sur des séquences tronquées à souhait, pour rétablir la vérité. Et pointer du doigt les mensonges.


Préhistoire et antiquité

Officiellement, les Marocains n’ont pas d’origine identifiée
"Les premiers habitants du Maroc sont des Berbères. Ils sont venus du Yémen et de Syrie, via la Nubie et l’Égypte". Le Maroc officiel, n’ayant plus un faible pour l’idéologie panarabe, ce gros mensonge ne figure plus dans nos manuels d’histoire. À la place, rien n’est dit sur les autochtones du pays. Omission volontaire ou manque de preuves scientifiques ?

En fait, ils sont de l’Atlas, de Nubie et d’Europe
Les sites rupestres permettent d’attester, aujourd’hui, que les "pasteurs éleveurs de bœufs" étaient déjà à l’époque néolithique des Berbères. Les recherches prouvent aussi que l’écriture libyque (ancêtre du tifinagh), repérée dans l’Atlas et l’Anti-Atlas, date de 3000 ans. D’où viennent donc nos ancêtres les Imazighen ? D’Europe ? Du Sahara ? De l’Orient ? Les historiens les plus scrupuleux n’excluent aucune des trois pistes. Il s’agit d’un mélange : des habitants sédentarisés, dits les "paléo Berbères", auxquels s’adjoignent deux groupes venus de la Méditerranée orientale, les uns blonds car transitant par l’Europe et les autres noirs métissés, provenant de Nubie et d’Afrique orientale. Les Maxyes qu’évoque Hérodote comme habitants de l’Afrique du Nord au 5ème siècle Av. J-C ne sont autres que des Imazighen. Il décrit même le troc muet qu’ils effectuent avec les Carthaginois au-delà des colonnes d’Hercule. Les preuves ne manquent pas pour attester d’une civilisation berbère sempiternelle. Alors pourquoi occulter cette question des origines ?


À partir du 12ème siècle av J-C

Officiellement, les Imazighen ont résisté aux invasions
L’élève de première année de collège apprend que le Maroc antique était un carrefour de civilisations. Que les Phéniciens et les Carthaginois (12ème s. Av. J-C - 1er s. Ap. J-C) ont atterri au Maroc pour des raisons purement commerciales et n’ont eu qu’une influence culturelle sur les Imazighzen. Et que les Romains (1er - 4ème s. Ap. J-C) ont fini par occuper la Maurétanie tingitane (comprenant le nord du Maroc), mais ont buté sur la résistance farouche des dynasties amazighes, surtout les Bacchus, qui régnaient sur le Maroc, dans ses frontières actuelles. Ainsi, donc, les Imazighen sont réhabilités par l’histoire. Mais étaient-ils si résistants que cela ?

En fait, ils ont été envahis à plusieurs reprises
Dans les manuels coloniaux, les Imazighen sont décrits comme un peuple "frappé d’une inaptitude congénitale à l’indépendance", dixit Charles André Julien. L’image qui était véhiculée, pour justifier le Protectorat, est celle d’une "cascade ininterrompue de dominations étrangères". Où se situe la vérité historique ? Il y a eu, certes, une période antérieure aux invasions, où une dynastie maurétanienne régnait. Depuis le 7ème siècle av. J-C, il y a eu une série de colonisations, plus ou moins partielles et peu contestées par les Imazighen. Lixus et Mogador ont été soumis aux Phéniciens. Les Carthaginois ne se contentaient pas de commercer avec nous, mais occupaient plusieurs de nos villes côtières. Venons-en aux Romains. Ils ont occupé le triangle Rabat - Tanger - Oujda. Certes, le meurtre de Ptolémée, fils de Juba, par Caligula, prouve qu’il y avait des velléités d’indépendance chez nos amazighes. Certes, le mot Arrumi, a d’abord été brandi par les Imazighen pour désigner les Romains avec mépris. Mais bien avant la colonisation datée au 1er siècle, des rois maurétaniens étaient des vassaux de Rome, Juba II a même été adopté par les Romains et l’un des rois de la dynastie Bacchus (établie au Maroc) a livré sans scrupule son rival algérien Jugurtha à Rome - nos voisins nous en veulent encore. Cinq siècles plus tard, nos colonisateurs ont rebroussé chemin. Peut-on parler de décolonisation ? Plutôt "déromanisation". Les historiens précisent que le Maroc d’alors était d’un enjeu mineur pour Rome. Ce qui arrive, après, et que les manuels gomment complètement, montre que la thèse des "invasions successives" n’est pas tout à fait farfelue. Après 40 ans de Vandales, les Byzantins ont pris le relais du 4ème au 7ème siècle. Malgré leur présence effective, confinée au Détroit, ils ont eu le temps d’essaimer des églises dans le pays profond (Aghmat, Ribat Chakir, etc.). Mais la christianisation n’a touché que certaines villes. Les campagnes, plus résistantes, sont restées juives ou païennes. Mais tout cela, nos élèves ne le sauront pas.
 
aksel said:

Quel raport avec cette rubrique consacrée à l'Histoire? Agrawal, tes contributions informatives sont utiles mais tu les places n'importe où.:rolleyes:

Azul Aksel.

Ar ettinin Imazighen: "Yezwur ed swingem, sawel."
 
aksel said:


Effectivement, Issiwane, il y a eu une migration de populations orientales vers l'Afrique du nord, déjà habitée par les proto- berbères, un nouveau venu au Néolithique,le Captien ( car ses restes ont été identifiés à Gafsa, en Tunisie ), quis'estmélangé avec la population autochtone, donnant l'Amazigh moderne, et ce depuis 10 000 ans avans J.C.
Des amis soussinautes plus érudits en la matière me confirmeront ou non.

Mais ce type d'Homme n'a rien à voir avec les populations proche orientales contemporaines et ne justifie en aucune façon le rattachement génétique ou culturel des indigènes de Tamazgha au Proche Orient. Donc Muslimberbère tu peux te le garder ton ricanement idiot.
puisque tu parle de genetique voici l'avis de la science moderne:

Génétique
Le chromosome Y est uniquement transmis de père en fils, l'étude génique du chromosome Y permet de suivre la lignée mâle - directe - d'une famille, d'une ethnie ou d'une espèce.

La majorité des Berbères (et des Arabes nord-africains) ont le chromosome Y E3b2 (m81). Cet haplogroupe est spécifique aux Berbères et sa fréquence décroit quand on va à l'est. Son origine est l'haplogroupe E3b d'Afrique orientale. Selon une conclusion, les ancêtres mâles (lignée directe) des Berbères vinrent de l'Afrique de l'Est en passant par l'Égypte.

L'ADN mitochondrial est essentiellement transmis de mère à fille. L'étude génique de l'ADN mitochondrial permet de suivre la lignée maternelle - directe - d'une famille, d'une ethnie ou d'une espèce. La majorité des Berbères ont un ADN mitochondrial d'origine eurasienne (eurasie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eurasie).

source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Berbères#G.C3.A9n.C3.A9tique
 
2 / L'Histoire occultée du Maroc

8ème - 10ème siècle

Officiellement, les Idrissides ont fondé un État islamique

L’élève fait une trêve, durant la majeure partie de la première année de collège, apprenant les bases de l’État islamique, le califat et l’apport des croisades. L’année d’après, il entame son cours d’histoire par l’avènement de l’État Idrisside musulman à Volubilis puis à Fès. L’accent est mis d’emblée sur le document de la bey’a et de longs passages sont alloués à la place prépondérante de Fès, comme capitale spirituelle et antenne de l’islam médiéval. Et les aléas de la conquête ?

En fait, certaines principautés leur ont échappés
La conquête islamique n’a pas été de tout repos. L’Orient est en pleine crise de califat entre Ali et Moaouiya. Moussa Ibn Noussaïr, administrateur d’Ifriqia (actuelle Tunisie), arabise la société amazighe du Maghreb occidental, impose des impôts au profit de la capitale de l’empire musulman et recrute des esclaves pour mener sa guerre contre les Imazighen irréductibles. En réaction, le Maroc devient un refuge de kharijites (forme de dissidence religieuse). L’arrivée des Idrissides est rendue possible par la volonté de Damas d’accéder au Maghreb via la Méditerranée, afin de contrecarrer la Byzance chrétienne. Idriss Ier est établi en 788 comme "commandant de culte, de la guerre et des biens". Il est d’obédience zaïdie (chiite modéré) et doit se battre contre le sunnite Haroun Rachid, qui finira par commanditer son meurtre. Sur place, même son fils, Idriss II, ne pourra pas venir à bout de la principauté des Berghouata, établie au pays de Tamesna (entre Salé et Azemmour). Ces Imazighen développaient une religion mi-musulmane, mi-chrétienne, empreinte de paganisme et refusant de céder à l’arabisation forcée. Leur république a survécu jusqu’en 1148, sous les Almoravides. À l’époque, ces "hérétiques", devenus pieux, avaient même une ambassade à Cordoue. À partir du 10ème siècle, un mouvement similaire, des Lghmara, s’est insurgé contre "l’esclavagisme des Idrissides". Mais la dynastie idrisside ne souffrait pas uniquement de l’opposition autochtone. Même des concurrents venus d’Orient lui contestaient sa suprématie. Ainsi, à Nakour au Rif, un État concurrent, fondé par Salih, a survécu jusqu’au 11ème siècle. Et à Sijelmassa, une principauté kharijite, menée par les Bani Midrar, était aux aguets. Nul besoin de rappeler qu’après la mort d’Idriss II en 829, ses successeurs se sont longtemps combattus.


12ème siècle

Officiellement, Mahdi Ibn Toumert était un saint
Le fondateur de la dynastie almohade est mis en parallèle par les auteurs du manuel avec le sultan almoravide, Youssef Ibn Tachfine, pour sa bravoure. Il est présenté comme un homme du Souss, descendant du prophète, connu pour sa dévotion et sa science en matière religieuse, acquise en Orient. D’abord guide spirituel, reclus dans la montagne, il avait invité les gens à lui faire allégeance et ouvert la voie à une dynastie de califes. Presque naturellement.

En fait, c’était un zélote fanatique
"Mahdi" n’était pas son prénom, mais son titre prophétique. Ibn Toumert était allé vers 1115 à Bagdad et Damas s’initier à la doctrine achaarite, orthodoxe. Il en est revenu tel un pur bigot. Traversant plusieurs villes marocaines pour trouver, enfin, refuge à Aghmat (près de Marrakech), il plaide un retour à l’islam des origines, interdit la mixité, en veut aux hommes qui portent des tuniques qui les féminisent, s’insurge contre les femmes du prince qui ne sont pas voilées et s’en prend au malékisme en vigueur. Se comportant d’abord comme imam, il est convaincu que le tawhidisme (unification de la foi, à l’origine de l’appellation, Almohades) doit devenir une morale imposée à tous. S’adressant en berbère à son auditoire dans les montagnes, il compose à partir de la mosquée de Tinmel d’où il agit, un groupe de dix adeptes puis un cercle de cinquante sympathisants, et déclenche une opération de purification morale au sein de la société. Pour les Almohades dont il est le fondateur spirituel, seuls les adeptes de l’almohadisme sont d’authentiques musulmans, les autres ont un islam suspect et sont tout simplement les "serviteurs" de cette dynastie de califes. Les premières cibles d’Ibn Toumert et de ses successeurs, sont les soufis et les juifs. Les premiers, dont Abdeslam Ibn Machich, Moulay Bouchaïb ou encore Abou Abbas Sebti, prônent l’égalité des croyants et se tiennent à l’écart, refusant tout contact avec le pouvoir. Quant aux seconds, ils sont obligés à se convertir et à porter des habits distinctifs en noir pour ne pas passer inaperçus. Le Maroc n’avait pas connu, jusqu’alors, de régime aussi fanatique.


http://www.casafree.com/modules/news/index.php?storytopic=23
 
3/

13ème - 16ème siècle

Officiellement, les Mérinides ont perdu le jihad

Après avoir appris combien étaient vaillants les Almoravides et les Almohades et apprécié (bon point) le rationalisme d’Ibn Rochd, le jeune élève découvre que leurs successeurs, les Mérinides, avaient moins de poigne. La dynastie est étudiée sous le prisme de "la chute de l’empire marocain", avec un intitulé religieusement orienté, "le recul du jihad". Les premiers rois, surtout Yacoub, qui a tenté de relancer la conquête en Andalousie, sont mis en valeur. Quant aux autres, régnant près de trois siècles, pourtant, ils passent inaperçus. Seul compte leur intérêt pour l’architecture. Comme s’il s’agissait d’une consolation culturelle.

En fait, ils ont façonné le Makhzen d’aujourd’hui
L’histoire officielle semble en vouloir aux Mérinides de ne pas avoir réussi à s’imposer aux impies. Or, la reprise en main de l’Andalousie par les chrétiens a été balisée par la défaite des Almohades dans la grande bataille de Las navas de Tolosa (1212), que l’on compare à un Waterloo médiéval. Cette question occulte l’apport essentiel de la dynastie des Mérinides, des éleveurs qui n’ont pas de dogme et s’avèrent être très pragmatiques. Au fil des sultans, ils jettent les bases du royaume chérifien. Première pierre angulaire, l’alliance avec les zaouiyas, la réhabilitation des marabouts et principalement celui de Moulay Idriss. Le révisionnisme des Idrissides permet de réécrire l’histoire du Maroc de manière à glorifier la genèse de l’État islamique. Le chérifisme est aussitôt érigé en valeur suprême. La descendance du prophète, en source de légitimation. Le malékisme, en culte officiel du pays. Au-delà de l’aspect architectural, les médersas se développent et les premiers mellahs accueillant les juifs sont conçus. C’est l’époque où Ibn Khaldoun observe la société et l’État. En trois siècles, les Mérinides ont connu des hauts et des bas, ont reconquis l’empire perdu, mais ont également connu une fin sans éclat, coïncidant et subissant avec la reprise en main de la Méditerranée par les Ibériques, depuis 1415.


15ème - 16ème siècle

Officiellement, les Ibériques ont envahi Sebta et Mellilia
En l’absence de détails majeurs sur la fin des Mérinides, l’élève apprend furtivement que les Portugais ont été saisis, durant le 15ème siècle, d’une fièvre possessive qui les a amenés à envahir toutes les côtes marocaines. Il saura les dates d’annexion des présides du Nord, (Sebta en 1415 et Melillia en 1497). On lui dira que la fin des Mérinides n’était pas glorieuse, mais on insistera sur l’arrivée salvatrice des Saadiens. Mais il ne saura jamais pourquoi des villes occupées par les Portugais ont été revendiquées aux Espagnols.

En fait, le Makhzen était divisé et faible
Lorsque les Portugais s’emparent de Sebta en 1415, ils agissent à partir de deux villes phares, Grenade et Tunis. Les Mérinides sont en déconfiture et ne maîtrisent qu’un semblant d’État à Fès. Lorsqu’en 1497, Mellilia tombe, à son tour, dans l’escarcelle portugaise, les Ouattassides, faibles sultans arabes s’il en est, ne peuvent freiner l’élan de la Reconquista. La preuve, des forteresses sont érigées tout au long de la côte atlantique. Mellilia puis Sebta ont été acquises par l’Espagne contractuellement, en 1556 et 1580 (date de la réunion des deux couronnes de la péninsule). Plus tard, cinq sultans ont successivement signé des traités de paix et de commerce avec les Espagnols, s’engageant à défendre les présides de toute attaque des autochtones du Rif. La défaite marocaine lors de la guerre de Tétouan (1859) a constitué la dernière tentative spectaculaire de récupération des enclaves par la force. La rétrocession de ces deux présides n’a jamais été à l’ordre du jour, depuis. Aujourd’hui, à l’entrée de Mellilia, un panneau indique que cette ville est "espagnole 18 ans avant le royaume de Navarre".


16ème siècle

Officiellement, Oued Al Makhazine a redoré le blason du Maroc
Tout un chapitre est consacré à "la bataille des trois rois". L’élève y apprend qu’en cette année 1578, le roi Abdelmalek a chassé les occupants ibériques, condamné les Portugais à subir l’intrusion du roi espagnol Felipe II et redonné à l’État marocain son aura internationale. Les Portugais sont synonymes de "mécréants" et leur supériorité numérique une preuve que "c’est la foi qui gagne". Les auteurs du manuels insistent enfin sur le frère d’Abdelmalek, Ahmed Al Mansour, qui a régné depuis en maître sur un pays pacifié. Plus héroïque, tu meurs !

En fait, Allal El Fassi a ressuscité une fête juive
Cet évènement n’est devenu central dans notre histoire officielle qu’après 1957, lorsque Allal El-Fassi décide de la commémoration en grande pompe du 400ème anniversaire de la bataille. Le récit fait la part belle aux oulémas de Fès et transforme la bataille en symbole d’opposition à la chrétienneté et à l’invasion européenne. Oublié le fait que Oued Al Makhazine n’était célébré que par les juifs du Maroc, en hommage à un sultan qui les avait protégés de l’Inquisition. Oublié le rite de pèlerinage qu’effectuaient les portugais depuis le 16ème siècle sur les lieux. Oublié le fait que Moutawakil, présenté par Allal El Fassi comme un "traître", était un dissident qui contestait le pouvoir à son frère. Oublié, enfin, le fait qu’Ahmed Al Mansour a ravi la vedette à Abdelmalek, l’artisan de la bataille. Voilà comment un mythe occulte les nuances historiques.


Fin du 17ème siècle

Officiellement, Moulay Rachid a vite unifié seul le pays
L’orientation idéologique du manuel n’est pas poussée jusqu’au point de nier la désunion du Maroc, à l’avènement des Alaouites. Une carte montre clairement les zones sous tutelle des zaouiyas Dila’i (autour de Fès), Semlali (sud de Marrakech), etc. Mais le but est de montrer la force unificatrice, d’abord de Moulay Rachid, puis de Moulay Ismaïl. Comme si tout cela allait de soi et provenait de la seule volonté des sultans.

En fait, la France l’a aidé et les Ottomans ont laissé faire
Que l’on ne s’y méprenne pas, entre 1630 et 1640, les Alaouites représentent un peu plus qu’une zaouiya et une principauté parmi d’autres. Ils avaient, en plus, leur prestige de chérifs, la fierté d’avoir un ancêtre qui a fait du jihad en Andalousie et la renommée de grands guerriers. Il leur a fallu d’abord se débarrasser d’un rival au Tafilalet, Abou Mahalla. Une fois cette base acquise, cela a permis au fils aîné de Moulay Ali Cherif, Moulay Mohammed, de se frayer un chemin jusqu’à Fès. Triq Sultan est un sillon flanqué de tribus concurrentes. Son frère cadet, Moulay Rachid, s’était réfugié chez ses ennemis (Dila’, Semlali, Saadiens…) partout au Maroc, afin de les étudier. Plus tard, il a su parvenir jusqu’à la Méditerranée et évincer son frère en l’abattant. Plusieurs facteurs l’ont aidé. D’abord, il a pu recruter des disciples au Nord. Les Ottomans n’ont pas bloqué sa voie vers Oujda, parce qu’ils étaient en butte à des insurrections de tribus arabes du côté de Tlemçen. À l’Est, il a pu avoir un butin de guerre considérable en pillant le juif, Ibn Machaal. Plus tard, il a reçu, en contrebande, d’abondantes munitions de la France pour pouvoir mener à bien sa conquête des différentes zones, côtières essentiellement. Il n’y est pas parvenu d’emblée. Mais sa maîtrise de l’accès à la Méditerranée et des ressources caravanières provenant du Sahara lui a donné une belle longueur d’avance.
 
4/ Histoire occultée du Maroc

17ème-18ème siècle

Officiellement, Moulay Ismaïl est un sultan - modèle

Le fondateur de la ville de Meknès est présenté aux élèves comme le sultan musulman idéal qui a complété l’unification du pays. Appréciez ses qualités : il aimait les faibles, s’en prenait aux truands et aux méchants, luttait avec acharnement contre les impies, avait une armée d’esclaves qui lui vouaient obéissance par serment et assurait la sécurité des routes. Que veut le peuple ? N’est ce pas le modèle du chef d’un État central et fort ?

En fait, c’était un despote très contesté
Régnant de 1672 à 1727, Moulay Ismaïl a passé 25 ans à résoudre les dissensions internes. Il s’est d’abord heurté aux ouléma et chorfa de Fès qui ont refusé de lui faire allégeance. D’où son choix de s’installer à Meknès. Les Dila’, chassés par Moulay Rachid, reviennent d’Alger pour se rebeller. Son neveu, Ibn Mouhriz, est son premier opposant, proclamé sultan alternatif à Fès, Taza et même au Souss. Cette épine royale lui collera au trône durant 14 années. Au Nord, Khadir Ghaylan est aussi coriace. Tous bénéficient, en plus, du soutien discret mais efficace des Ottomans. Ce sont ces mêmes Ottomans qui lui inspirent, semble-t-il, l’idée d’une armée d’esclaves (Abid Al Boukhari), qui ne dépendent pas de tribus mais du sultan directement. L’image d’Épinal vendue à tous est qu’une femme pouvait alors traverser le pays, de Massa à Oujda seule, sans rien craindre. Pure propagande. Parce que même durant sa seconde période de règne, les révoltes ne se sont pas tues. Ainsi, son fils, Mohamed El Alem, nommé gouverneur à Taroudant, s’est soulevé contre lui de 1700 à 1706. Pour mettre fin à sa dissidence, Moulay Ismaïl a ordonné de lui couper une jambe et un bras. Sa mort lente fut une tragédie sans nom. Vers la fin de règne du sultan alaouite, le despote et le chef d’État centralisateur se confondaient. Mais au lendemain de sa disparition, le Maroc rentre dans une phase d’anarchie, dite "la crise de 30 ans". Son armée de Abid, devient elle-même source de légitimité. Au gré des alliances (tribus Guich - Fès, Abid - Meknès…), le sultan Moulay Abdellah est intronisé et destitué cinq fois de suite. Finalement, le legs de Moulay Ismaïl a été encore moins glorieux que son règne.


Fin du 18ème siècle

Officiellement, Moulay Slimane a bloqué les importations
L’élève fait connaissance avec Moulay Slimane en le comparant à son prédécesseur, Mohamed Ibn Abdellah. Il en retient que ce dernier a ouvert la porte au monde extérieur et que le premier l’a refermée par "prudence". À travers des textes laudateurs, il apprend que Moulay Slimane était "bon", "pieux" et était devenu protectionniste, sous l’impulsion des "frères" ottomans. Son attitude anti-occidentale, lit-on dans le manuel, était très populaire. Mais d’où provenait-elle ?

En fait, il était pro-wahhabite
Moulay Slimane était un sultan alem. Il était même plus un alem qu’un sultan. Avant d’être proclamé sultan en 1792, il préférait se consacrer à ses études théologiques dans le Tafilalet. Influencé par Al Ghazali (proche des malékites), mais surtout par Ibn Hanabal et Ibn Taymiyya, il a fortement rejeté toute forme d’innovation (bida’) au sein de la société, refusé aux soufis le recours au sama’ et à la musique et plaidé pour un retour à un islam rustre et sans fioritures. Tout cela l’a prédisposé à adopter la doctrine wahhabite, dont le fondateur Mohamed Abdelwahhab est mort l’année même de son intronisation. D’abord initié à la doctrine via les pèlerins, revenant du Haj, il s’est dans un premier temps abstenu de prendre position, afin de ne pas s’aliéner les Ottomans, franchement anti-wahhabites. Mais en 1811, il franchira le pas et enverra une délégation de cadis et alims au leader saoudien pour le rassurer : "Cette lettre vise à dissiper toute suspicion de votre part pour que vous n’alliez pas croire que nous sommes opposés à vos idées". La seule réserve émise par Moulay Slimane concernant le wahhabisme était son refus d’ex-communier les autres, sauf lorsqu’il s’agissait des impies. Ceci mis à part, il défendait une application stricte et exhaustive de la charia. Son exclusion des zaouias ne l’a pas empêché de soutenir les Derkaoua, devenus maîtres de l’Oranie. Mais fidèle à sa prudence politique, le sultan ne tient jamais sa promesse à Moulay Larbi de venir le soutenir à Tlemcen, de peur de susciter la colère des Ottomans. Résultat, ce même Moulay Larbi, rancunier, sera l’artisan de sa déposition 15 ans plus tard.

Début du 19ème siècle

Officiellement, Lalla Maghnia a enterré le différend maroco-français
Le cahier de charges du manuel d’histoire de la troisième année du collège (en chantier) exige des auteurs (inspecteurs) de parler de la convention de Lalla Maghnia, signée entre le Maroc et la France, à l’issue de la bataille d’Isly. "Nos commanditaires ne nous permettent pas de parler de la bataille elle-même. On y fera référence, furtivement, en évoquant les conditions de signature de la convention", confie cet inspecteur. Et les conséquences de la convention, à l’origine du flou frontalier entre le Maroc et l’Algérie ? "Tout dépendra de la curiosité des élèves et des enseignants".

En fait, la bataille d’Isly a mis à nu l’armée marocaine
Lorsqu’en 1830, Alger tombe entre les mains des Français, un mythe s’effondre. La force de l’islam n’est plus qu’une chimère. Le Maroc connaît un essor commercial, sans précédent, avec la Grande-Bretagne et la France. Les habitants de Tlemcen font appel à Moulay Abderrahmane, comme le sultan musulman le plus proche, pour solliciter son aide. Ce dernier hésite et refuse leur bey’a dans un premier temps, avant de se rétracter et d’envoyer une armée d’émissaires. Face à la pression française qui exige son retrait, il se fait plus discret. Le chef de la zaouiya Kadiria, Mohieddine est alors sollicité et désigne son fils Abdelkader pour mener la résistance. Vers 1840, il maîtrise un territoire reconnu comme sien par les colonisateurs français. Le sultan marocain envoie, alors, des caravanes de vivres et de munitions, avec la bénédiction britannique. Le général Bugeaud intercepte l’expédition. La bataille d’Isly est alors déclenchée à 10 km d’Oujda. La défaite de l’armée marocaine en 1844 est cuisante. Depuis, Abdelkader, venu se réfugier à Beni Iznassen, gagne la confiance de la population locale mais suscite la harka du sultan qui le chasse de son territoire. La France menaçait de s’engouffrer dans le couloir de Taza et d’occuper Fès et les ports de Tanger et Mogador étaient pris en tenaille. Mais l’Espagne veillait au grain. Elle ne voulait pas être devancée, comme en Algérie, par les Français. Aussi, occupe-t-elle des ilôts avoisinant l’embouchure de la Moulouya en 1848. Les Marocains, encore sonnés par Isly, n’y ont opposé aucune résistance.
 
5/5 Histoire occultée du Maroc:

19ème-début du 20ème siècle

Officiellement, les puissances étrangères nous convoitaient
La situation au 19ème siècle qui prépare le terrain au Protectorat, les élèves ne l’apprécieront que sous le prisme unique de "la précipitation des puissances étrangères sur le Maroc". Au programme, les différentes contraintes signées, mais aussi les réformes imposées. Même la réforme fiscale qui a donné lieu, sous Moulay Abdelaziz, au Tertib (ancêtre de l’IGR) n’est lue que comme une solution soufflée par le consul britannique. Et le Makhzen dans tout cela ?

En fait, la guerre de Tétouan a ouvert leur appétit
La guerre de Tétouan, appelée ainsi même si aucune bataille n’a lieu au sein de la ville, a lieu en 1859. Perdue par un Makhzen qui sous-estimait les Espagnols, elle a eu un effet désastreux sur l’armée, pour la deuxième fois défaite, sur les caisses de l’État obligé de verser 20 millions de douros, et sur l’intégrité territoriale, puisque des missionnaires espagnols sont même installés à Fès. Avec une France, désireuse d’emboîter le pas à son rival du Sud, le Maroc signe une convention qui limite encore plus son autonomie. À mesure que fleurit le commerce extérieur (10 fois plus qu’en 1830), les plus riches des Marocains perdant confiance en leur État sollicitent le statut de "protégés" aux puissances étrangères. Les sultans Moulay Hassan et Moulay Abdelaziz tentent des réformes, militaires et fiscales. La première échoue, parce que le pays du Siba grossit et la seconde tombe à l’eau parce que les caïds et les notables, nantis du système, s’y opposent. Lorsque Moulay Abdelahafid est nommé "sultan du Jihad", les dès sont pipés. Le traité d’Algésiras de 1906 était déjà un protectorat international, décrié par la population, mais fatal. La cour était complètement corrompue et la révolte d’Abou Hmara (Jilali Zerhouni) encore vivace. En 1911, les troupes françaises campaient déjà à Fès. C’était fini.

Bibliographie : Histoire du Maroc (Ed. Hatier)

Source : TEl Quel
 
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