Identité berbère en France : point de vue d'un psychanalyste

Agraw_n_Bariz

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Par Bendahman Hossaïn, Psychanalyste.


Par ces temps de grands malaises identitaires, subjectifs et collectifs, dûs entre autre aux transformations rapides de notre société, où les frontières vacillent, où l’identité fait problème, nous sommes obligés de nous redéfinir profondément.

Les traits de référence commune qui soutiennent notre identité, individuelle, sociale ou nationale, sont mis à rude épreuve.


L’interrogation porte ici sur la culture, sur la langue et le corps comme marqueurs identitaires confrontés à l’épreuve de l’altérité dans le contexte du malaise civilisationnel.

Les constructions identificatoires qui sous-tendent l’édifice de la personnalité et de l’identité ne peuvent pas se définir hors de la dimension culturelle et symbolique.

L’identité est unité et continuité. La dimension de l’identité culturelle qui se construit très tôt à travers la langue maternelle et les structures familiales est fondamentale.

Etre bien dans sa peau et dans sa culture est un préalable à toute intégration réussie. Le maintien d’une identification non coupable ni honteuse avec la génération des ascendants en est l’un des constituants fondamentaux.

Mon labeur quotidien auprès d’enfants et d’adultes de différentes cultures montre que ce sont les sujets qui se repèrent le mieux dans leur structure de parenté, dans leur filiation et dans leur langue qui réussissent le mieux leur intégration, intégration que l’on repère déjà dans l’institution scolaire.

J’entends par là une intégration en profondeur et non superficielle. Celle qui se transmet dans la continuité transgénérationnelle. L’analyse de l’intégration réussie des berbères, et tout particulièrement des Kabyles, peut apporter un éclairage substantiel pour briser la circularité du débat où s’est enlisée notre société et ouvrir de nouvelles perspectives par rapport au problème de l’intégration et de la religion.

Peut-être convient-il de souligner l’importance de cet apport et de dire aussi qu’il s’agit d’un domaine d’investigation encore largement en friche pour peu qu’on veuille bien dépasser les aspects anecdotiques ou folkloriques.

Les berbères sont en effet au carrefour et à équidistance des civilisations qui les ont pénétré.

Ils ont emprunté à chacune au fil des siècles sans perdre leur identité. Les références communes qui sous-tendent l’édifice de leur identité dépassent l’appartenance religieuse ou étatique.

La non reconnaissance à plus de deux millions de berbères de leur identité et de leur civilisation livre leurs enfants aux différents intégristes et aux extrémistes de tout poil.

Cette revendication identitaire berbère n’est ni une manifestation de repli communautaire ni exacerbation de particularisme.
Elle est une exigence éthique et citoyenne de parents et de professionnels désireux de prémunir leurs enfants des idéologies frelatées et mortifères.

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Bendahman Hossaïn est Psychanalyste d'origine marocaine, Docteur d’Etat en Psychologie Clinique et Pathologique et Maître de Conférences en Psychologie à Université de Reims.


[ Edité par Agraw_n_Bariz le 24/7/2005 10:35 ]
 
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