La notion de « mou, humide, tendre » : L-GH
Dans une bonne partie des parlers berbères, le vocabulaire abondant qui désigne un espace ou un lieu humide (terrain, marécageux, boue, bord de rivière, terre alluviale, …) est construit à partir de la racine L-GH qui véhicule la notion de « humidité, mouillage ».
GH étant une variante de Q, K et X (KH) dans le système phonologique diachronique berbère, nous avons dans ce champ morpho-sémantique : LQ, LX, LK
1- être mou, tendre, humide ; imbiber, lécher, laper …
Tachelhit :
llgh : lécher
ilgigh : ê. Mou, tendre
mmulghc : ê. Usé, émoussé
tilqqi : mie de pain
Maroc Central :
Ulugh : action de lécher, léchage
Asulgh, isulghn : blocs de sel gemme disposés dans l’enclos pour que les moutons les lèchent
Mellegh : lécheur
Ilwigh : ê. Lisse, mou, tendre
Aggagh : lisse, mou, tendre
Talughi : molesse
Ilxix : ê. Mou, humide
Ilqqi : intérieur du pain, mie
Ait Snouss :
Alqqagh : lisse ( a donné « mouton » en Tachelhit)
Kabyle :
Blulegh : ê. Barbouillé, souillé
Alghlugh : mou et humide
Lugh : ê. Trouble, boueux
Aleqqaq : tendre, mou
2- terre boueuse, boue, dépôt, alluvions
Tachelit :
Allagh : boue, terre boueuse
Tilkki : tere humide, marécageux
Ilbilkki : terre humide et fertile
Amllaku : alluvions, terre alluviale
Maroc Central :
Talaght : terre humide, fertile, vase
Allagh : fond, pied d’u narbre
Iligh : petite rivière
Alxix : sable mouvant, endroit humide, boueux
Kabyle :
Taleghlught : terre très humide, fertile
Talghaght : vase gluante, dépôt
Abaligh : fond d’huile, dépôt, sédiment
Touareg :
Talak : argile, terre grasse
Alkkin : marmite de terre
Abellegh : motte, brique
Iluk : sables mouvants
Alaku : vase
3- cerveau, cervelle, fontanelle,…
allghf, mallghf : cerveau, cervelle
tamelghight : fontanelle (Maroc Central)
allagh : cerveau, cervelle (kabyle)
amlghigh : fontanelle, sommet de la tête
On constate un procédé de redoublement (de L, GH, Q) ou d’étoffement de la base par B, D, H, C … pour marquer la multitude, l’affluence, l’abondance.
Dans notre champ morpho-sémantique figure un autre terme : aligh, iligh, allagh.
Avec la notion de : le bas, boue, aval.
Les traits sémantiques contenus dans le terme Aligh n’ont aucun rapport avec l’idée de « bas ». Le sens premier de ce terme se rapporte plutôt à la terre glaise et à la boue qui se dépose au fond des eaux et terrains marécageux. D’où le sens par extension de « fond, dépôt, bas, profond ».
Dans certains parlers marocains, Aligh signifie « aval ».
Dans l’Anti-Atlas, la localité ILIGH, une des plus fertiles et les mieux arrosées de la région. En effet ILIGH est une cuvette entourée de montagnes d’où proviennent plusieurs cours d’eau.
El Mountassir