Isli et Tislit : légende ou réalité ?
Que dit la légende ?
Adrukh iwa ru iwa gakh tin ijdad .
A yasmum ekkar iâakkub ar tekkarkh .
(Je pleurerai
Pleure
Faisons comme les oiseaux
O mon bien aimé
Appelle Iâakub et que je l’appelle ).
D’un bout à l’autre de la montagne d’Imi Lchil , tislit envoyait ces vers célèbres à son amoureux qui y répondait non moins pathétiques .
Un an auparavant , les deux jeunes se sont rencontrés , se sont aimés de toutes leurs forces .Mais pour leur malheur , ils appartenaient à deux groupes devenus rivaux pour une affaire que l’histoire n’a pas retenu . Le mariage leur étaient donc impossible Ainsi commença leur calvaire .
Pour venir à bout de la bêtise humaine , ils commencèrent une grève de la faim arrosée par leurs larmes . Après quelques temps , la faim la soif , la tristesse et l’incompréhension eurent raison de leur corps périssables . Le deuil enveloppa la région .
C’est alors q’un miracle vint rappeler aux hommes leur cruauté : aux deux endroits où les deux jeunes sont morts , deux lacs se formèrent de leurs larmes . Depuis , l’un porte le nom d’Isli , l’autre celui de Tislit ( le mari et la mariée en Tamazight ) .
Secoués par la douleur et le miracle , les sages des deux tribus prirent une décision historique : « dorénavant , aucun obstacle d’aucune sorte ne viendra entraver l’amour .
Même en temps de guerre , les amoureux seront libres de circuler dans les territoires adverses , de s’y marier s’ils le désirent .
Pour ne pas oublier cette tragédie en afin de raviver le pacte et le traduire dans la pratique , on décida de tenir un festival annuel à mi chemin entre les deux endroits du drame : entre les deux lacs : Isli et tislit .
La réalité
Entre les deux lacs : « Isli et tislit » , à Imi Lchil , se tient depuis les temps les plus reculés , un festival appelé par les habitants « Agdud » ou la fête des fiançailles . Chaque années en Septembre , les couples qui se sont formés pendant l’année viennent officialiser leur union par le passage devant « Agraw »
( la jmaâ ) par la formule rituelle : « je t’aime » . C’est là également que seront prononcés les divorces qui auront été décidé d’un commun accord .
Ainsi , ici , on laisse toute une année à la décision cruciale : celle de s’unir ou de se séparer .
Légende réelle ou réalité légendaire ?
Voici donc une belle légende bien de chez nous , mais aux supports physiques réels : deux lacs Isli et tislit , un festival annuel vivants , le tout constituant une leçon magistrale d’humanisme , où l’amour et la liberté constituent le centre . Une preuve supplémentaire de ce que la civilisation amazighe renferme des valeurs humaines universelles . Des valeurs dont nous avons tant besoin aujourd’hui .
Ces valeurs ont été respectées , jusqu’au jour où l’économie de marché , le tourisme et l’acculturation s’y sont mêlés . Aujourd’hui le festival a été progressivement dénaturé et détourné de son objectif .
Au lieu d’être un symbole , celui d’une civilisation où l’amour commande à tout , il est devenu une occasion rêvée par les marchands de toutes sortes et les touristes avides d’exotisme .
La crise économique , sociale et culturelle qui frappe la région aidant , les femmes qui , autrefois y venaient pour se marier par amour , y viennent aujourd’hui pour se vendre .
TAMUNT N° 9 Octobre 1995
Ali Khadaoui
Source : Amazighworld
Que dit la légende ?
Adrukh iwa ru iwa gakh tin ijdad .
A yasmum ekkar iâakkub ar tekkarkh .
(Je pleurerai
Pleure
Faisons comme les oiseaux
O mon bien aimé
Appelle Iâakub et que je l’appelle ).
D’un bout à l’autre de la montagne d’Imi Lchil , tislit envoyait ces vers célèbres à son amoureux qui y répondait non moins pathétiques .
Un an auparavant , les deux jeunes se sont rencontrés , se sont aimés de toutes leurs forces .Mais pour leur malheur , ils appartenaient à deux groupes devenus rivaux pour une affaire que l’histoire n’a pas retenu . Le mariage leur étaient donc impossible Ainsi commença leur calvaire .
Pour venir à bout de la bêtise humaine , ils commencèrent une grève de la faim arrosée par leurs larmes . Après quelques temps , la faim la soif , la tristesse et l’incompréhension eurent raison de leur corps périssables . Le deuil enveloppa la région .
C’est alors q’un miracle vint rappeler aux hommes leur cruauté : aux deux endroits où les deux jeunes sont morts , deux lacs se formèrent de leurs larmes . Depuis , l’un porte le nom d’Isli , l’autre celui de Tislit ( le mari et la mariée en Tamazight ) .
Secoués par la douleur et le miracle , les sages des deux tribus prirent une décision historique : « dorénavant , aucun obstacle d’aucune sorte ne viendra entraver l’amour .
Même en temps de guerre , les amoureux seront libres de circuler dans les territoires adverses , de s’y marier s’ils le désirent .
Pour ne pas oublier cette tragédie en afin de raviver le pacte et le traduire dans la pratique , on décida de tenir un festival annuel à mi chemin entre les deux endroits du drame : entre les deux lacs : Isli et tislit .
La réalité
Entre les deux lacs : « Isli et tislit » , à Imi Lchil , se tient depuis les temps les plus reculés , un festival appelé par les habitants « Agdud » ou la fête des fiançailles . Chaque années en Septembre , les couples qui se sont formés pendant l’année viennent officialiser leur union par le passage devant « Agraw »
( la jmaâ ) par la formule rituelle : « je t’aime » . C’est là également que seront prononcés les divorces qui auront été décidé d’un commun accord .
Ainsi , ici , on laisse toute une année à la décision cruciale : celle de s’unir ou de se séparer .
Légende réelle ou réalité légendaire ?
Voici donc une belle légende bien de chez nous , mais aux supports physiques réels : deux lacs Isli et tislit , un festival annuel vivants , le tout constituant une leçon magistrale d’humanisme , où l’amour et la liberté constituent le centre . Une preuve supplémentaire de ce que la civilisation amazighe renferme des valeurs humaines universelles . Des valeurs dont nous avons tant besoin aujourd’hui .
Ces valeurs ont été respectées , jusqu’au jour où l’économie de marché , le tourisme et l’acculturation s’y sont mêlés . Aujourd’hui le festival a été progressivement dénaturé et détourné de son objectif .
Au lieu d’être un symbole , celui d’une civilisation où l’amour commande à tout , il est devenu une occasion rêvée par les marchands de toutes sortes et les touristes avides d’exotisme .
La crise économique , sociale et culturelle qui frappe la région aidant , les femmes qui , autrefois y venaient pour se marier par amour , y viennent aujourd’hui pour se vendre .
TAMUNT N° 9 Octobre 1995
Ali Khadaoui
Source : Amazighworld