L’arabe est un instrument de prise de pouvoir

Agrawal

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L’arabe est relégué au statut quelque peu méprisant d’instrument de prise de pouvoir par ceux-là mêmes qui prétendent la défendre. D’où cette fonction peu enviable de langue-artillerie qu’on ne sort que pour les discours creux, les menaces politiques, les serments enflammés et les sentences d’exclusion.

La majorité FLN de la majorité “alliée” ne tolère pas qu’on parle autres langues que l'arabe dans l’enceinte de l’APN (assemblée nationale).

L’arme est aussi ancienne que le mouvement national. Le français n’est pas visé pour ce qu’il est : une langue étrangère. Il sert de cible de ricochet pour tenir à distance l’éternelle question identitaire, éternel cauchemar de l’emprise baâthiste et islamiste. Nul n’ignore que le choix de la langue est naturel quand la société n’est pas entravée dans son expression libre et spontanée et que ce choix est idéologique quand le pouvoir se trouve contraint à imposer par la répression une langue officielle.
Le lynchage sonore du député RCD qui a osé l’incartade linguistique est symptomatique d’un sectarisme morbide. La contestation de fond du système est d’ordre identitaire. Voilà ce qui fait que dans ce pays, on peut presque tout dire à condition de le dire avec le langage du système. Le tapage qui a étouffé le discours du député chahuté a eu lieu justement parce qu’il s’agissait d’un élu RCD, susceptible donc de prendre, à un moment ou à un autre, la liberté d’user de la langue amazigh, celle qui conteste le monopole de la langue arabe.

L’inscription constitutionnelle de tamazight comme langue nationale, si elle a été décidée par la plus haute autorité, et unanimement consentie par l’Assemblée pour cette raison-là, ne signifie pas encore qu’il en est devenu tolérable dans l’environnement national tel que se le représente le conservatisme baâthiste.
Habitué à une application sélective de ses obligations constitutionnelles, le pouvoir ne ressent aucune gêne à consigner tel ou tel droit. Si la Constitution avait valeur de contrainte, il y a longtemps que le pouvoir législatif serait devenu un pouvoir, voire un pouvoir indépendant. Mais là n’est pas le problème, quand des candidats acceptent un mandat à eux confié par le tiers d’un électorat, c’est déjà une reconnaissance de la relativité de leur prérogative.

Pour le patriotisme rentier, le français est, pour la circonstance, souvent décrié comme symbole d’un passé colonial. Mais nul, parmi les plus intégristes des arabisants du sérail et de ses périphéries, ne conçoit que l’éducation de ses enfants soit amputée d’une dose respectable de français, d’abord, et d’autres langues occidentales, si possible. L’arabe est ainsi relégué au statut quelque peu méprisant d’instrument de prise de pouvoir par ceux-là mêmes qui prétendent la défendre. D’où cette fonction peu enviable de langue-artillerie qu’on ne sort que pour les discours creux, les menaces politiques, les serments enflammés et les sentences d’exclusion.

Otage de mesquines ambitions, la langue arabe est contenue dans cette tragique situation de langue alibi parce que la science et la technique s’enseignent dans les langues étrangères auxquelles on l’empêche de s’ouvrir. Les intérêts qui la protègent de la concurrence veulent être seuls à en abuser ; ce faisant, ils la maintiennent dans une déliquescence de consanguinité qui la met à leur petite portée. Au lieu de former des savants qui risquent de les bousculer, elle forme les prêcheurs agressifs et les tribuns futiles qu’ils sont.
L’état de la culture, de l’école et de la science dans le pays en témoigne. L’état de la politique en est encore plus éloquent. (M. Hammouche)

src: www.tamazight.biz
 
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