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La carte sociolinguistique de Fès
A l’occasion de la célébration du 1200ème anniversaire de la fondation de la ville de Fès, capitale spirituelle du Maroc, « L’Opinion » publie une étude sociolinguistique de cette ville. Ladite étude a été réalisée récemment par M. Hilili Abdelaziz, professeur d’enseignement supérieur, docteur d’Etat en linguistique générale et arabe de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), auteur de cinq livres publiés en 1990 et 2004. Il est aussi l’auteur d’un 6ème livre intitulé « Phonologie de l’arabe classique et de l’arabe fassi, étude comparative » qui va apparaître bientôt à l’occasion des festivités de cet anniversaire.
L’établissement de la carte sociolinguistique de Fès avant la fin de la première moitié du vingtième siècle nécessite la présentation des quartiers qui composaient cette ville, de leurs habitants et de leurs parlers.
Le choix de la période qui précède l’indépendance du Maroc se justifie par le fait qu’après 1956 ce pays est entré dans une étape de grands changements qui ont touché tous les domaines : économique, politique, socioculturel, linguistique... etc, qui ont beaucoup influencé la carte sociolinguistique de ce pays, en général, et celle de Fès en particulier.
Les quartiers de Fès
Fès était composée de trois grands quartiers distincts depuis les Mérinides. Avec l’avènement du protectorat, un quatrième quartier était né. Après l’indépendance de nouveaux quartiers ont vu le jour tout autour des anciens. Fès compte actuellement près de 750.000 habitants.
La médina
Vers la fin du VIIIème siècle, Idriss 1er, descendant d’Ali (le gendre du Prophète Mohammed) s’enfuit du Moyen Orient où sa famille était persécutée par la dynastie Abbasside de Baghdad. Une fois arrivé au Maroc, il décida de rester définitivement à Walila, où il prend pacifiquement le pouvoir quelques temps après. Des groupes d’arabes et de berbères de différentes régions du Maghreb et d’Andalousie, viennent le rejoindre dans cette petite ville berbère qui devient bientôt surpeuplée. Idriss 1er ordonne, alors, la fondation d’une ville capable d’accueillir une grande population et d’être en même temps une base logistique pour ses expéditions vers tous les coins du pays. Ainsi, une première cité arabe naît au Maroc en 789 dans le vallon de l’Oued El Jawahir sur sa rive droite et constitue le premier quartier de Fès. En l’an 809, son successeur fonde un nouveau quartier sur la rive gauche de l’Oued. Deux quartiers (ou plutôt les deux villes) sont ainsi nés avec leurs mosquées, leurs marchés et leurs murailles et forment, depuis, la médina.
En 1075, Fès reçoit une impulsion nouvelle sous le règne des Almoravides.
Ces deux quartiers s’unifient et deviennent la base logistique des expéditions militaires en Espagne. Mais Fès perd son rôle de capitale politique et administrative du Maroc en faveur de Marrakech. Il faut attendre l’arrivée de la dynastie Mérinide pour que cette ville retrouve ce rôle.
Fès Jdid et le Mellah
Avec la consolidation et l’extension du pouvoir des Mérinides, la population de la ville devient plus importante et sa surface s’élargit. Ainsi, les nouveaux dirigeants fondent une cité administrative et militaire (1276) à quelques centaines de mètres au Sud-Ouest de l’ancienne ville. D’abord appelée El Madina El bayda (la ville blanche), cette cité devient bientôt Fès Jdid (Fès neuf) par opposition à Fès l-bali « Fès l’ancien ». Autour du palais, élément fondamental de la ville neuve, des quartiers se développent rapidement et s’ordonnent selon un plan bien structuré. L’un de ces quartiers devient le Mellah, au XIVème siècle, et regroupe tous les juifs qui habitaient l’ancienne ville.
Fès Jdid devient la cité gouvernementale, mais la médina reste toujours la cité intellectuelle et religieuse. De somptueuses medersas, à la fois collège et logement universitaire, y sont construites par les Mérinides. Ces monuments restent jusqu’à nos jours parmi les plus beaux témoignages de l’art hispano-mauresque.
Au début du XVIème siècle, la dynastie saâdienne s’empare du pouvoir à Fès et y construit deux forteresses qui la dominent, l’une au Nord et l’autre au Sud.
En 1666, le premier souverain alaouite, Moulay Rachid, prend le pouvoir dans cette ville, y édifie plusieurs monuments et une kasba pour le logement d’une tribu militaire (Cherarda). Son successeur Moulay Ismail décide de prendre Meknès comme capitale. Aussi, Fès perd-t-elle à nouveau son rôle de capitale politique et ne le retrouve qu’au XIXème siècle sous le règne de Moulay El Hassan, mais ne tarde d’ailleurs pas à le reperdre au début de la 3ème décennie du XXème siècle.
suite et fin : L'OPINION - Premier quotidien Marocain d'informations en langue française
A l’occasion de la célébration du 1200ème anniversaire de la fondation de la ville de Fès, capitale spirituelle du Maroc, « L’Opinion » publie une étude sociolinguistique de cette ville. Ladite étude a été réalisée récemment par M. Hilili Abdelaziz, professeur d’enseignement supérieur, docteur d’Etat en linguistique générale et arabe de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), auteur de cinq livres publiés en 1990 et 2004. Il est aussi l’auteur d’un 6ème livre intitulé « Phonologie de l’arabe classique et de l’arabe fassi, étude comparative » qui va apparaître bientôt à l’occasion des festivités de cet anniversaire.
L’établissement de la carte sociolinguistique de Fès avant la fin de la première moitié du vingtième siècle nécessite la présentation des quartiers qui composaient cette ville, de leurs habitants et de leurs parlers.
Le choix de la période qui précède l’indépendance du Maroc se justifie par le fait qu’après 1956 ce pays est entré dans une étape de grands changements qui ont touché tous les domaines : économique, politique, socioculturel, linguistique... etc, qui ont beaucoup influencé la carte sociolinguistique de ce pays, en général, et celle de Fès en particulier.
Les quartiers de Fès
Fès était composée de trois grands quartiers distincts depuis les Mérinides. Avec l’avènement du protectorat, un quatrième quartier était né. Après l’indépendance de nouveaux quartiers ont vu le jour tout autour des anciens. Fès compte actuellement près de 750.000 habitants.
La médina
Vers la fin du VIIIème siècle, Idriss 1er, descendant d’Ali (le gendre du Prophète Mohammed) s’enfuit du Moyen Orient où sa famille était persécutée par la dynastie Abbasside de Baghdad. Une fois arrivé au Maroc, il décida de rester définitivement à Walila, où il prend pacifiquement le pouvoir quelques temps après. Des groupes d’arabes et de berbères de différentes régions du Maghreb et d’Andalousie, viennent le rejoindre dans cette petite ville berbère qui devient bientôt surpeuplée. Idriss 1er ordonne, alors, la fondation d’une ville capable d’accueillir une grande population et d’être en même temps une base logistique pour ses expéditions vers tous les coins du pays. Ainsi, une première cité arabe naît au Maroc en 789 dans le vallon de l’Oued El Jawahir sur sa rive droite et constitue le premier quartier de Fès. En l’an 809, son successeur fonde un nouveau quartier sur la rive gauche de l’Oued. Deux quartiers (ou plutôt les deux villes) sont ainsi nés avec leurs mosquées, leurs marchés et leurs murailles et forment, depuis, la médina.
En 1075, Fès reçoit une impulsion nouvelle sous le règne des Almoravides.
Ces deux quartiers s’unifient et deviennent la base logistique des expéditions militaires en Espagne. Mais Fès perd son rôle de capitale politique et administrative du Maroc en faveur de Marrakech. Il faut attendre l’arrivée de la dynastie Mérinide pour que cette ville retrouve ce rôle.
Fès Jdid et le Mellah
Avec la consolidation et l’extension du pouvoir des Mérinides, la population de la ville devient plus importante et sa surface s’élargit. Ainsi, les nouveaux dirigeants fondent une cité administrative et militaire (1276) à quelques centaines de mètres au Sud-Ouest de l’ancienne ville. D’abord appelée El Madina El bayda (la ville blanche), cette cité devient bientôt Fès Jdid (Fès neuf) par opposition à Fès l-bali « Fès l’ancien ». Autour du palais, élément fondamental de la ville neuve, des quartiers se développent rapidement et s’ordonnent selon un plan bien structuré. L’un de ces quartiers devient le Mellah, au XIVème siècle, et regroupe tous les juifs qui habitaient l’ancienne ville.
Fès Jdid devient la cité gouvernementale, mais la médina reste toujours la cité intellectuelle et religieuse. De somptueuses medersas, à la fois collège et logement universitaire, y sont construites par les Mérinides. Ces monuments restent jusqu’à nos jours parmi les plus beaux témoignages de l’art hispano-mauresque.
Au début du XVIème siècle, la dynastie saâdienne s’empare du pouvoir à Fès et y construit deux forteresses qui la dominent, l’une au Nord et l’autre au Sud.
En 1666, le premier souverain alaouite, Moulay Rachid, prend le pouvoir dans cette ville, y édifie plusieurs monuments et une kasba pour le logement d’une tribu militaire (Cherarda). Son successeur Moulay Ismail décide de prendre Meknès comme capitale. Aussi, Fès perd-t-elle à nouveau son rôle de capitale politique et ne le retrouve qu’au XIXème siècle sous le règne de Moulay El Hassan, mais ne tarde d’ailleurs pas à le reperdre au début de la 3ème décennie du XXème siècle.
suite et fin : L'OPINION - Premier quotidien Marocain d'informations en langue française