Agraw_n_Bariz
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Allons enfants de la patrie, « la Gâchette du Maroc » est arrivée !
Révélation fracassante de notre journal préféré : nos fidèles et loyaux douaniers, gardiens de notre patrie chérie seraient menacés, insultés, voir agressés par une horde de sauvageons sans foi ni loi venus du neuf-trois (93).
Les journalistes, envoyés spéciaux dont la mission est de débusquer ces «beurs beurrés à la Heineken », ces lascards « jointés » et déjantés sont catégoriques : ces jeunes n’aiment pas leur pays ; pire ils sont dangereux pour nos douaniers désarmés.
Mon sang ne fait qu’un tour. Moi Bouchta de Chefchaouen m’en vais défendre l’intérêt suprême de la patrie. Avec mes compagnons de la Gâchette du Maroc, je serais le sh’rif (un cherif sans étoile), flanqué de mon canasson Joly nakaz (Alias Joly Jumper), un mulet tout beau tout blanc.
Treillis kaki, botte en caoutchouc (je n’ai trouvé que ça !) et ma zarwata je suis paré pour affronter nos ennemis.
Après 4 heures de route me voilà arrivé à Tanger, la ville de tous les dangers. Alors où sont ces sauvageons, ces racailles qui ne respectent plus rien ? Sh’rif Bouchta (alias Lucky luke) est là ; tremblez MRE, RME, facanssis, zmagrias !
Je retrouve mes compagnons de guerre, nos deux journalistes à la gâchette facile scrutant les rangées de voitures toutes venues de l’étranger.
Awou on nous envahit.
Nos journalistes investigateurs scrutent les toits des voitures à la recherche d’une tête de sauvageon qui dépasse.
« Awou qu’est ce qui se passe ? Que cherchez-vous ?
Ca ne vous suffit pas toute cette armée du 93. Vous attendez d’être envahi pour réagir. Il faut tous les attraper, pas besoin de chercher plus !
Allez zidou m3aya et pas de quartier !»
Je prend les devants, je suis remonté à bloc et prêt à en découdre. Je fonce droit vers un jeune dans sa golf immatriculée 93, en train de donner de l’eau à son bébé. (« Awou ils ont des enfants aussi nos ennemis ?)
Il m’énerve déjà avec sa casquette Lacoste alors que moi j’ai une casquette La Poste (El Bosta en darija).
Je l’accoste et BAM ! Un coup de zarwata sur la tête. Ca vous apprendra à faire peur à nos pauvres douaniers.
Mes frères d’armes, néanmoins journalistes retranscrivent déjà les faits sur papier. Le titre est déjà trouvé : « Ces MRE qui n’aiment pas les Jballas » - Un jebli se défend courageusement contre une attaque odieuse des sauvageons du 93.
« Awou, ça y est je fais la une de la Gâchette ? Qu’est ce que c’est gratifiant de défendre sa patrie contre ces barbares venus du pays du 93 »
Grisé par ma notoriété naissante et les félicitations des gâchettes faciles, je m’en vais régler le compte d’un autre habitant du 93. Pas de quartier !
Pas besoin de chercher bien loin, deux pas je vois une autre voiture du 93.
« Awou c’est l’invasion »
Un jeune appuyé sur la portière de son auto.
« Ah zwin hada »
BAM sur la tête. (Tah Kaou !)
Et de deux, la journée commence bien.
« Awou mais il est bizarre celui là. Il a les cheveux blonds ?»
Je n’ai pas le temps de savourer ma victoire que les deux journalistes accourent vers moi en jetant stylos, bloc notes et même le précieux dictaphone.
La tête entre les mains pour l’un, les mains sur la tête pour l’autre ; ils me crient :
- « Mais qu’est ce que tu as fais yal 3roubi (paysan), tu es devenu fou ? »
- « Awou, comment je suis fou ? Je défend mes douaniers moi !
Celui qui tenait sa tête entre ses mains me répond :
- « Tu n’a rien compris imbécile. Lui c’est un gentil, c’est un français, un vrai. C’est un touriste et on en a besoin pour atteindre l’objectif de dix millions pour 2010 ! »
- « Awou, mais comment je fais pour les distinguer moi ? Ils ont tous des plaques minéralogiques du 93. On est en guerre contre ce pays non ?
Ils sont une armée, donc moi j’attaque sans distinction. »
Déjà mes anciens compagnons de tranchées écrivaient un article qui allait sceller mon sort :
« Ces jballas qui n’aime pas les touristes »
Awou, c’est fini ma carrière de star d’un jour ? Cette fois c’est moi le sauvageon, l’ennemi du Maroc. Moi qui aime tant ce pays !
Je me retourne sur mes pas, abattu, j’avance le regard absent essayant de comprendre l’incompréhensible. M’aurait-on menti ? Moi qui croyais à la sincérité et au professionnalisme de mes amis journalistes à la gâchette facile.
En face de moi j’aperçois une famille de MRE dans une camionnette immatriculée dans le 93. En les voyant cette fois je me dis qu’ils ne sont pas si dangereux que ça et pas si sauvageons qu’on le prétend. Le jeune fils d’environ 20 ans s’approche de moi et me tend une bouteille d’eau minérale Sidi Ali et me dit :
- « Salut cousin, tu veux boire un peu ? Tu es en sueur. »
Je reste coi ne comprenant plus ce qui m’arrive. J’étais plein de certitude en arrivant à Tanger. Je ne sais plus quoi penser.
Les deux journalistes de la Gâchette du Maroc avaient pourtant été catégorique : « les sauvageons se lavent à l’eau de Sidi Ali »
Awou en fait ce sont des marocains comme nous. Ils aiment autant le Maroc que moi. La preuve cette famille à passé deux jours sur les routes et garde sa bonne humeur devant la douane.
Ce ne sont pas nos ennemis., ni les ennemis de nos douaniers.
Mais alors qui sont nos réels ennemis ?
Récit de Bouchta, Jebli, sauvageons depuis peu.
Toute ressemblance avec des personnages ou des faits réels ne serait pas fortuite.
Si vous désirez suivre une fiction nous vous invitons à lire cet article de la Gazette du Maroc :
http://www.yabiladi.com/rubrik/article-4570.html
Méfiez-vous des gâchettes faciles !
source : Yabiladi.com
Révélation fracassante de notre journal préféré : nos fidèles et loyaux douaniers, gardiens de notre patrie chérie seraient menacés, insultés, voir agressés par une horde de sauvageons sans foi ni loi venus du neuf-trois (93).
Les journalistes, envoyés spéciaux dont la mission est de débusquer ces «beurs beurrés à la Heineken », ces lascards « jointés » et déjantés sont catégoriques : ces jeunes n’aiment pas leur pays ; pire ils sont dangereux pour nos douaniers désarmés.
Mon sang ne fait qu’un tour. Moi Bouchta de Chefchaouen m’en vais défendre l’intérêt suprême de la patrie. Avec mes compagnons de la Gâchette du Maroc, je serais le sh’rif (un cherif sans étoile), flanqué de mon canasson Joly nakaz (Alias Joly Jumper), un mulet tout beau tout blanc.
Treillis kaki, botte en caoutchouc (je n’ai trouvé que ça !) et ma zarwata je suis paré pour affronter nos ennemis.
Après 4 heures de route me voilà arrivé à Tanger, la ville de tous les dangers. Alors où sont ces sauvageons, ces racailles qui ne respectent plus rien ? Sh’rif Bouchta (alias Lucky luke) est là ; tremblez MRE, RME, facanssis, zmagrias !
Je retrouve mes compagnons de guerre, nos deux journalistes à la gâchette facile scrutant les rangées de voitures toutes venues de l’étranger.
Awou on nous envahit.
Nos journalistes investigateurs scrutent les toits des voitures à la recherche d’une tête de sauvageon qui dépasse.
« Awou qu’est ce qui se passe ? Que cherchez-vous ?
Ca ne vous suffit pas toute cette armée du 93. Vous attendez d’être envahi pour réagir. Il faut tous les attraper, pas besoin de chercher plus !
Allez zidou m3aya et pas de quartier !»
Je prend les devants, je suis remonté à bloc et prêt à en découdre. Je fonce droit vers un jeune dans sa golf immatriculée 93, en train de donner de l’eau à son bébé. (« Awou ils ont des enfants aussi nos ennemis ?)
Il m’énerve déjà avec sa casquette Lacoste alors que moi j’ai une casquette La Poste (El Bosta en darija).
Je l’accoste et BAM ! Un coup de zarwata sur la tête. Ca vous apprendra à faire peur à nos pauvres douaniers.
Mes frères d’armes, néanmoins journalistes retranscrivent déjà les faits sur papier. Le titre est déjà trouvé : « Ces MRE qui n’aiment pas les Jballas » - Un jebli se défend courageusement contre une attaque odieuse des sauvageons du 93.
« Awou, ça y est je fais la une de la Gâchette ? Qu’est ce que c’est gratifiant de défendre sa patrie contre ces barbares venus du pays du 93 »
Grisé par ma notoriété naissante et les félicitations des gâchettes faciles, je m’en vais régler le compte d’un autre habitant du 93. Pas de quartier !
Pas besoin de chercher bien loin, deux pas je vois une autre voiture du 93.
« Awou c’est l’invasion »
Un jeune appuyé sur la portière de son auto.
« Ah zwin hada »
BAM sur la tête. (Tah Kaou !)
Et de deux, la journée commence bien.
« Awou mais il est bizarre celui là. Il a les cheveux blonds ?»
Je n’ai pas le temps de savourer ma victoire que les deux journalistes accourent vers moi en jetant stylos, bloc notes et même le précieux dictaphone.
La tête entre les mains pour l’un, les mains sur la tête pour l’autre ; ils me crient :
- « Mais qu’est ce que tu as fais yal 3roubi (paysan), tu es devenu fou ? »
- « Awou, comment je suis fou ? Je défend mes douaniers moi !
Celui qui tenait sa tête entre ses mains me répond :
- « Tu n’a rien compris imbécile. Lui c’est un gentil, c’est un français, un vrai. C’est un touriste et on en a besoin pour atteindre l’objectif de dix millions pour 2010 ! »
- « Awou, mais comment je fais pour les distinguer moi ? Ils ont tous des plaques minéralogiques du 93. On est en guerre contre ce pays non ?
Ils sont une armée, donc moi j’attaque sans distinction. »
Déjà mes anciens compagnons de tranchées écrivaient un article qui allait sceller mon sort :
« Ces jballas qui n’aime pas les touristes »
Awou, c’est fini ma carrière de star d’un jour ? Cette fois c’est moi le sauvageon, l’ennemi du Maroc. Moi qui aime tant ce pays !
Je me retourne sur mes pas, abattu, j’avance le regard absent essayant de comprendre l’incompréhensible. M’aurait-on menti ? Moi qui croyais à la sincérité et au professionnalisme de mes amis journalistes à la gâchette facile.
En face de moi j’aperçois une famille de MRE dans une camionnette immatriculée dans le 93. En les voyant cette fois je me dis qu’ils ne sont pas si dangereux que ça et pas si sauvageons qu’on le prétend. Le jeune fils d’environ 20 ans s’approche de moi et me tend une bouteille d’eau minérale Sidi Ali et me dit :
- « Salut cousin, tu veux boire un peu ? Tu es en sueur. »
Je reste coi ne comprenant plus ce qui m’arrive. J’étais plein de certitude en arrivant à Tanger. Je ne sais plus quoi penser.
Les deux journalistes de la Gâchette du Maroc avaient pourtant été catégorique : « les sauvageons se lavent à l’eau de Sidi Ali »
Awou en fait ce sont des marocains comme nous. Ils aiment autant le Maroc que moi. La preuve cette famille à passé deux jours sur les routes et garde sa bonne humeur devant la douane.
Ce ne sont pas nos ennemis., ni les ennemis de nos douaniers.
Mais alors qui sont nos réels ennemis ?
Récit de Bouchta, Jebli, sauvageons depuis peu.
Toute ressemblance avec des personnages ou des faits réels ne serait pas fortuite.
Si vous désirez suivre une fiction nous vous invitons à lire cet article de la Gazette du Maroc :
http://www.yabiladi.com/rubrik/article-4570.html
Méfiez-vous des gâchettes faciles !
source : Yabiladi.com