Agraw_n_Bariz
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Guerre de vitesse dans le haut débit
Après les prix, les fournisseurs d'accès à l'Internet se livrent à une surenchère de mégabits.
Par Catherine MAUSSION
jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)
La surenchère aux débits est en train de tourner la tête aux internautes. Effet d'affichage ou vraie révolution ? Cet automne, alors que la chasse aux abonnés reprend de plus belle, la mise en avant du débit est en train de devenir l'argument choc des campagnes publicitaires des fournisseurs d'accès à l'Internet. Sur les forums de discussion, la comparaison des débits est devenue l'activité de prédilection des internautes branchés. Free avec les 6 mégabits par seconde (Mbps) offerts depuis août aux abonnés «dégroupés» des zones denses tient la corde. Ceux qui sont passés en «mode patate» via un petit réglage sur le site qui lâche les vannes sur la ligne ADSL , accrochent même pour les plus vernis jusqu'à 8 Mbps. Plus de dix fois plus rapide que le haut débit classique à 512 kbps.
France Télécom est lui aussi entré dans la danse. L'opérateur désormais privé, pressé de rassurer ses abonnés fascinés par les très hauts débits, vient d'annoncer qu'il allait libérer lui aussi le débit sur l'ADSL, en débridant ses lignes à la fin de l'année. Un peu à la traîne, Wanadoo, sa branche Internet aujourd'hui réintégrée dans la maison mère, vient seulement d'ajouter à son catalogue une offre de 2 Mbps.
Futur. L'internaute n'a pas encore tout vu. En 2005, l'allure devrait de nouveau s'emballer. L'ADSL nouveau, baptisé ADSL 2 +, est annoncé. «On va passer de 8 mégabits théoriques à 24 mégabits par seconde», assure Alcatel. Tandis que l'équipementier annonce du 12 à 15 Mbps en conditions d'utilisation réelles. Déjà, chez Neuf Télécom, on est en train de tester du 21 Mbps.
Tous ces débits sont-ils bien nécessaires ? Alain Douet, chez Freeks, une association de défense des utilisateurs de Free, reconnaît que si l'on met de côté les fous du téléchargement de musique ou de films et les accrocs des jeux en ligne, «c'est bien beau ces débits, mais il n'y a pas beaucoup de contenus sur le Web qui nécessitent une telle autoroute». Alcatel, le leader de l'ADSL, défend bien évidemment la thèse inverse. Selon Bernard Grave, le directeur marketing des communications fixes pour la zone Europe, «on est en train de passer de l'Internet rapide au monde des communications multimédias». Autrement dit, la ligne du téléphone va servir à apporter bien autre chose que la simple connexion Internet. Dès aujourd'hui, soutient Alcatel, il faut du 5 Mbps au moins pour faire passer un flux vidéo, une connexion Internet, de la visiophonie et de la voix sur IP (téléphone sur Internet) sur le fil de cuivre. Mais demain il faudra peut-être alimenter deux télés avec de la haute définition. Or les flux télés nécessitent une haute qualité.
Fractures. Jean-Charles Doisneau, consultant chez Ovum France, n'est pas tout à fait du même avis : «Avec 1 Mbps, on peut déjà avoir de l'Internet, de la télé et du téléphone.» En revanche, estime l'expert, «d'ici trois à quatre ans, tous les équipements électroniques de la maison du futur seront connectés : il y aura plusieurs PC au foyer, avec des capacités multipliées par cinq, et il faudra beaucoup de débit en ligne». Autant s'y prendre tout de suite : «Il faut du temps pour déployer du très haut débit, et cela permettra de tester le réseau avant la montée en charge.»
Son homologue, Roland Montagne, spécialiste du haut débit à l'Idate, un institut qui est spécialisé dans le téléphone, met en garde : «Les fournisseurs d'accès à l'Internet doivent être vigilants, notamment sur la qualité de service et les relations avec la clientèle.» A la fracture ville-campagne, qui n'est pas près de se résorber, va s'ajouter une nouvelle fracture, la distance entre le domicile et le central téléphonique de France Télécom. «Dans le meilleur des cas, à deux ou trois kilomètres du central, il ne faut pas tabler sur plus de 5 à 6 Mbps», reconnaît effectivement Alcatel, et l'ADSL 2 + présentera le même handicap. Avant d'emménager, faut-il dès à présent s'inquiéter : «Mais à quelle distance suis-je donc du central ?»
Après les prix, les fournisseurs d'accès à l'Internet se livrent à une surenchère de mégabits.
Par Catherine MAUSSION
jeudi 09 septembre 2004 (Liberation - 06:00)
La surenchère aux débits est en train de tourner la tête aux internautes. Effet d'affichage ou vraie révolution ? Cet automne, alors que la chasse aux abonnés reprend de plus belle, la mise en avant du débit est en train de devenir l'argument choc des campagnes publicitaires des fournisseurs d'accès à l'Internet. Sur les forums de discussion, la comparaison des débits est devenue l'activité de prédilection des internautes branchés. Free avec les 6 mégabits par seconde (Mbps) offerts depuis août aux abonnés «dégroupés» des zones denses tient la corde. Ceux qui sont passés en «mode patate» via un petit réglage sur le site qui lâche les vannes sur la ligne ADSL , accrochent même pour les plus vernis jusqu'à 8 Mbps. Plus de dix fois plus rapide que le haut débit classique à 512 kbps.
France Télécom est lui aussi entré dans la danse. L'opérateur désormais privé, pressé de rassurer ses abonnés fascinés par les très hauts débits, vient d'annoncer qu'il allait libérer lui aussi le débit sur l'ADSL, en débridant ses lignes à la fin de l'année. Un peu à la traîne, Wanadoo, sa branche Internet aujourd'hui réintégrée dans la maison mère, vient seulement d'ajouter à son catalogue une offre de 2 Mbps.
Futur. L'internaute n'a pas encore tout vu. En 2005, l'allure devrait de nouveau s'emballer. L'ADSL nouveau, baptisé ADSL 2 +, est annoncé. «On va passer de 8 mégabits théoriques à 24 mégabits par seconde», assure Alcatel. Tandis que l'équipementier annonce du 12 à 15 Mbps en conditions d'utilisation réelles. Déjà, chez Neuf Télécom, on est en train de tester du 21 Mbps.
Tous ces débits sont-ils bien nécessaires ? Alain Douet, chez Freeks, une association de défense des utilisateurs de Free, reconnaît que si l'on met de côté les fous du téléchargement de musique ou de films et les accrocs des jeux en ligne, «c'est bien beau ces débits, mais il n'y a pas beaucoup de contenus sur le Web qui nécessitent une telle autoroute». Alcatel, le leader de l'ADSL, défend bien évidemment la thèse inverse. Selon Bernard Grave, le directeur marketing des communications fixes pour la zone Europe, «on est en train de passer de l'Internet rapide au monde des communications multimédias». Autrement dit, la ligne du téléphone va servir à apporter bien autre chose que la simple connexion Internet. Dès aujourd'hui, soutient Alcatel, il faut du 5 Mbps au moins pour faire passer un flux vidéo, une connexion Internet, de la visiophonie et de la voix sur IP (téléphone sur Internet) sur le fil de cuivre. Mais demain il faudra peut-être alimenter deux télés avec de la haute définition. Or les flux télés nécessitent une haute qualité.
Fractures. Jean-Charles Doisneau, consultant chez Ovum France, n'est pas tout à fait du même avis : «Avec 1 Mbps, on peut déjà avoir de l'Internet, de la télé et du téléphone.» En revanche, estime l'expert, «d'ici trois à quatre ans, tous les équipements électroniques de la maison du futur seront connectés : il y aura plusieurs PC au foyer, avec des capacités multipliées par cinq, et il faudra beaucoup de débit en ligne». Autant s'y prendre tout de suite : «Il faut du temps pour déployer du très haut débit, et cela permettra de tester le réseau avant la montée en charge.»
Son homologue, Roland Montagne, spécialiste du haut débit à l'Idate, un institut qui est spécialisé dans le téléphone, met en garde : «Les fournisseurs d'accès à l'Internet doivent être vigilants, notamment sur la qualité de service et les relations avec la clientèle.» A la fracture ville-campagne, qui n'est pas près de se résorber, va s'ajouter une nouvelle fracture, la distance entre le domicile et le central téléphonique de France Télécom. «Dans le meilleur des cas, à deux ou trois kilomètres du central, il ne faut pas tabler sur plus de 5 à 6 Mbps», reconnaît effectivement Alcatel, et l'ADSL 2 + présentera le même handicap. Avant d'emménager, faut-il dès à présent s'inquiéter : «Mais à quelle distance suis-je donc du central ?»