L'apartheid anti-amazigh et la recherche

agerzam

Administrator
Les récentes découvertes en Espagne et au Maroc de documents écrits en Tamazight vieux de presque 1000 ans viennent confirmer que la langue amazighe a une ancienne tradition écrite.

L’histoire a voulu que cette tradition fut stoppée dans son développement en raison de divers événements politiques.

Des documents comme le traité de Botanique de Séville de la période Al-Moravide, les dictionnaire du Moyen-Age de Hilali et Ibn Tunart nous apportent des éclairages précieux sur la langue amazighe telle qu’elle était pratiquée il y a plusieurs siècles.
Etonnement, elle est resté extrêmement stable au cours des temps, seul la connaissance du vocabulaire de leur langue s’est amoindrie chez les Amazighes. Ces anciens écrits nous permettent enfin de reconstituer une partie du lexique de l’ancienne langue amazighe.

Le nombre de documents anciens écrits en Tamazight ou cernant celles-ci sont beaucoup plus importants que l’on veut bien le penser, les bibliothèques de Rabat, Fès et autres collections privées en regorgent.

Malheureusement l’apartheid institutionnel qui frappe la culture amazighe au Maroc ne permet que très difficilement d’y avoir accès pour nous aider à retrouver la mémoire de notre histoire et de la langue amazighe.

A ce propos, les mésaventures arrivées au Professeur de Berbère Harry Stroomer est édifiante :

Harry Stroomer s’est un jour rendu à l’université de Fès dans l’espoir de pouvoir examiner et étudier des anciens manuscrits amazighes. Les autorités de l’établissement refusèrent catégoriquement de lui donner l’autorisation !

Ou cet autre jour, lors d’une conférence de livres internationale à Tanger, le président de la conférence affirma que la langue amazighe n’avait jamais été écrite et qu’elle n’avait pas de grammaire ! Le Professeur Stroomer, qui était présent, fit remarquer à la personne que Tamazight avait une ancienne tradition écrite et qu’elle possédait bien une grammaire…Le président de la conférence se fâcha et accusa Stroomer d’être un provocateur d’état !!


On voit ainsi que l’apartheid linguistique et culturel que subissent les Amazighes de la part des autorités arabes du Maroc touche aussi au plus profond des traces de leur histoire, des traces que les autorités (coloniales ?) ne voudraient surtout pas voir resurgir…
 
AZUL AGERZAM

tu as des documents ?


MOI je crois á ca
Mais les autres qui ont encore des doutes ( nous parlons pas des amazighophobes ) ont besoin de peuves
 
Malheureusement, nous sommes face à un ensemble d'attitudes et de comportements larvés qui sont récurrents mais qui ne sont pas couchés sur papier.

On ne peut se fier qu'à des témoignages.

De plus, comme dans le cas du Professeur, ils ont tout intérêt à ne pas trop froisser les autorités si ils veulent poursuivre un minimum d'activité.
 
Il y a eu un article la semaine passée où l'on interviewait un memebre rifain de l'IRCMA qui racontait les difficultés et intimidations qu'ils avaient vécu e ntant qu'étudiants abordant le sujet amazigh.

Nous ne pouvons que montrer des témoignages :-(
 
Tous les anciens documents ont été déclarés propriété de l'Etat par Hassan 2, une grande part a ainsi été confisquée.

Les Zaouias ont perdu énormément d'ouvrages sur les 50 dernières années. Celle de tamgrout a subi une véritable effusion.

Encore à l'époque de Hassan 2, un militaire de formation scientifique avait compilé un ouvrage sur les plantes médicinales en tamazight,...il fut confisqué.
 
Traditions littéraires du Souss:

Au Maroc, il existe une tradition littéraire berbère qui date d'au moins le Moyen Age. Quelques fragments du dictionnaire d'Ibn Tunart (1058-1172) récemment publiés par le berberologue Néerlandais Nico van den Boogert en sont un exemple (1). Pourtant, la plus part des intéressés, qu'ils soient étudiants ou chercheurs sur le patrimoine culturel marocain, ne sont pas au courant de ces traditions.

Les manuscrits actuellement connus datent surtout des temps modernes. C’est a partir du 16eme siècle que de nombreux textes ont été produits dans le Souss, sud du pays, en caractères araméen (système d’écriture dit arabe). Un nombre substantiel a été préservé sous formes de manuscrits (2). Ces textes forment ensemble une tradition littéraire homogène. Le fait qu’il s’agit ici d’une tradition littéraire et non pas d’une écriture accidentelle n’a jamais été apprécié par les chercheurs occidentaux. Le dédain de la culture officielle au Maroc frappait déjà le Berbère depuis de siècles. L’ère coloniale n’a pas facilité les choses non plus! Elle a nourri l’esprit de beaucoup de chercheurs occidentaux de la même attitude négative.

Dans son ouvrage "The Berber Literary Tradition of the Souss", le chercheur Nico van den Boogert remarque que lorsqu’on étudie de près ces documents préservés, on constate avec certitude qu’il s’agit bien d’une tradition au sens propre du terme. Les textes montrent un degré remarquable d’uniformité qui s’étale sur une période d’au moins quatre siècles. Cette uniformité consiste en une orthographie unifiée, un idiome, une forme métrique et une thématique bien précise.

L’existence de ces textes est depuis longtemps connue dans certains milieux académiques occidentaux. Dans un article paru en Anglais en 1837, l’auteur W.B. Hodgson (1815-1880) donne une traduction d’un texte manuscrit en Tachelhit qui en parle. En 1848, F.W. Newman reprend le même article et y cite le passage suivant:

“Imm lâdad l lktub lli llanin gh tmzgida nns, miyya u tlatin ag gis.
Llan gis kkuz amazigh ittyaranin s tirra n ichelhiyen”

Dans une autre étude publiée par le même Hudgson, on parle d’un nombre de manuscrits rassemblés par le Consul de France J.D. Delaporte à Mogador (Essaouira). Parmi ces manuscrits figure le travail d’Awzal (1680-1749?) et un ouvrage intitulé “Lqist n Ssabiy” (L’Histoire de l’enfant).

En 1856 le baron McGuckin de Slane (†1875) publie la première édition d’un manuscrit dans son ouvrage “Spécimen de la langue berbère”. Un appendice de son introduction à “L’Histoire des berbères” d’Ibn Khaldoun (1332-1406) contient aussi une note sur la morphologie de Tachelhit ainsi qu’une traduction des deux premiers chapitres de l’ouvrage "Bah'r ad-dumuâ" (Océan des larmes) d’Awzal. De Slane note dans son œuvre que “le dialecte chelha est le seul dialecte de la langue berbère qui possède une littérature écrite”.

Vingt ans plus tard, en 1879, René Basset traduit et édite un nouveaux manuscrit “Lqist n Ssabiy”. Il donne dans la même publication une description de onze manuscrits en Tachelhit qui existaient à la Bibliothèque Nationale de Paris rassemblé par le Consul de Mogador cité ci haut. Parmi ces manuscrits, on trouve quelques ouvrages d’Awzal et d'Aznagh, un auteur du 19eme siècle. L’un des plus long textes a été traduit par J.-D. Luciani. Bien que la transcription de Luciani ne répond plus aux standards de la linguistique moderne, la traduction restera pour plus d’un demi siècle l’une des plus impressionnante jamais faite d’un texte berbère. Vers la fin du 19eme siècle, l’existence d’une dizaine de manuscrits est désormais connue par la majorités des chercheurs occidentaux intéressés dans le domaine berbère.

En 1905 Said Boulifa (1865-1931) découvre lors de son voyage dans Souss en l’Atlas quelques textes inconnus qu’il a reçu des étudiants Chleuhs à Marrakech. L’un des manuscrits intéressants était un recueil de poésie qui contient trois poèmes. Entre 1925 et 1930, plusieurs autres manuscrits ont été publiés par L.V. Justinard. Mais ces traductions contiennent quelques omissions et erreurs de notations.

Henri Basset est le premiers savant à noter que l’écriture de Tachelhit ne repose pas sur l’hasard mais elle était bien réfléchie. Dans son ouvrage «Essai sur la littérature des berbères» publié en 1920, et bien qu’il en a beaucoup apprécié ni profondeur et ni l’expression, il note sur cette écriture que: «Si quelque part le berbère devait s’écrire couramment, c’est là [Souss]. Il le fut un peu en effet.» Son opinion négative devait bien influencer des générations de chercheurs à venir. Quelques exceptions échappent pourtant à ce standard colonial.

Arsène Roux (1893-1972) fut cette exception. Il prit au sérieux la conclusion faite avant lui par Said Boulifa qui remarquait après son voyage dans le Souss que: «de nouvelles recherches tentées dans cette partie méridionale du Maroc amèneront, j’en suis convaincu, à la découverte de nouveaux manuscrits intéressants.» Arsène Roux, commença alors des 1930 a rassembler les manuscrits qu'il pouvait trouver. Il avait très vite compris qu’il s’agissait d’une écriture assez développée, produit d’une tradition cohérente et continue. Bien qu’il n’a jamais publié ces textes qu’il a rassemblés, Arsène Roux reste le seul chercheur ayant étudié les traditions littéraires du Souss sérieusement et d’une manière méthodique.

Apres 1960, les recherches effectuées deviennent de plus en plus rares. Paulette Galand-Pernet publie une description des manuscrits Tachelhit qui existent à la Bibliothèque Nationale de Paris. L’auteur note à ce propos: « Je veux encore insister sur cette double tâche qui me semble capitale: celle de la recherche méthodique et celle de l’édition des manuscrits en berbère. (…) L’établissement critique des textes est le seul moyen de fournir aux historiens et aux sociologues (...) des documents sûrs. »

Rappelons aussi que le seul natif de Tachelhit qui commenta ces traditions littéraires était Ahmed Boukous. Mais il est à noter que même les autochtones tels Boukous ne sont pas bien informés sur les traditions littéraires de leur propre pays. Il remarque par exemple dans «Encyclopédie du Maroc» à propos des écrits d’Awzal que: "de cette littérature, il ne reste que deux ouvrages de Awzal, «Al hawd» et «Bahr addumuâ.»" Un manque considérable de connaissances acquises par les générations antérieurs des chercheurs occidentaux.

Notes:
1. Nico van den Boogert: La révélation des énigmes. Lexique arabo-berbère des XVIIe. et XVIIIe. siècles. Travaux et Documents de l'Iremam, 19. 1998.

2. Pour une liste de manuscrits berbères du Souss preservés dans les collections
privés et les bibliotheques à l'éxterieur du Maroc, voir l'ouvrage du même auteur:
Catalogue des manuscrits arabes et berbères du Fonds Roux. Travaux et Documents de l'Iremam, 18. 1995.

Littérature:
Pour plus d'information sur les traditions littéraires dans le Souss, confert: Nico van den Boogert: The Berber Literary Tradition of the Souss. Editions Goeije Fonds, Leiden, Pays-Bas 1997.

[ Edité par Tafart le 11/8/2005 5:22 ]
 
Poésie de Sidi Hammo
http://www.geocities.com/lameens/tifinagh/images/sidi-hammo.jpg

Une poésie au sujet des guerres Chrétien-Musulmans(Ayt Ba3mran)
http://www.geocities.com/lameens/tifinagh/images/ait-ba-amrane.jpg

Source: http://www.geocities.com/lameens/tifinagh/
 
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