Le fameux procès d'un amazighe du Souss, Ali Sidqi Azayku

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Ali Sidqi Azayku est un très grand poète amazighe du Souss. Il a été l'une des vitimes des extrémistes arabistes au pouvoir à Rabat. Il payé une année de sa vie pour le combat pour l'amazighité. Sans oublier un autre grand miliant amazighe Boujmàa Lhebbaz qui a eu moins de chance, il a disparu dans les prisons des éxtrémistes et des racistes au pouvoir.

Lisez ce texte....!!!

Le fait de s’intéresser à l’amazighité et la tentative de la faire revivre ne suscitent non seulement que de la suspicion, mais elles peuvent aussi mener en prison sous prétexte d’atteinte à l’ordre public et à l’unité nationale. C’est en vertu de cette loi que Ali Sidqi Azayku, connu pour son activisme au sein de la mouvance amazighe, a été condamné en 1982.

Ali Sidqi Azayku naquit en 1942 à Touloukt, cercle de Tanfngoult, dans la province de Taroudant. Il a accompli sa scolarité primaire à l’école El Fath Al Hassania à Marrakech pour ensuite boucler ses études secondaires par un Baccalauréat passé en 1964. Une fois obtenu sa licence en histoire/géographie à l’école supérieure des professeurs, il prend la direction de la France pour préparer un DEA à l’université de la Sorbonne. De retour au Maroc en 1972, il réussit le concours des professeurs assistants à la faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat où d’ailleurs il exerce toujours.

En 1967, il a été parmi les premiers fondateurs de l’association marocaine de recherche et d’échange culturel (AMREC). D’ailleurs, il a été son premier secrétaire général. Il a aussi joué un rôle très actif dans les campagnes d’alphabétisation de l’association et dans la publication de sa fameuse revue « arraten».

En 1975, il quitte l’association pour participer à la création d’autres structures associatives jusqu’à ce qu’il soit arrêté pour être jugé à cause d’un article publié dans la revue « Amazigh» .

C’est en 1982 qu’a été publié le seul numéro comportant une édition en arabe de ce magazine dont le directeur est Ouzzin Aherdan, le fils du secrétaire général du mouvement populaire. C’est là qu’ Ali Azayaku, sous un pseudonyme, A. Ayt Zoulit, a publié un article dont le titre est : Pour une autre conception de notre culture nationale.

L’auteur y affirme d’emblée l’impossibilité de surmonter le problème culturel tant qu’il n’est pas traité d’une façon sérieuse. Et d’ajouter que la question culturelle est l’un des gros problèmes qui se pose à l’échelle internationale, que ce soit chez les pays en développement ou déjà développés. Il se pose d’autant plus avec difficulté dans les pays du tiers monde parce qu’il est lié à des questions d’impérialisme culturel, qui provoquent justement un tas de tensions en leur sein. De fait, ces pays sont devant un paradoxe: leur ferme volonté de s’émanciper du colonisateur d’hier et en même temps mettre à profit les différents progrès de ce même colonisateur.

L’article stipule par la suite qu’il est impératif et urgent de reconnaître la pluralité linguistique et culturelle et respecter ses paramètres qui seront probablement sources de richesse pour ces pays. Les ignorer serait dangereux, car les solutions peuvent être d’un autre ordre autrement plus grave.

Quant au Maroc, l’auteur a mis en lumière les différentes contradictions culturelles du pays après l’indépendance, qui étaient justement tues lors du combat pour la libération. Il explique que l’origine de l’acuité des questions culturelles, est liée essentiellement à des raisons économiques. Ne pas les résoudre peut avoir des conséquences graves d’autant plus que la pratique montre que derrière les slogans de la politique scolaire, se cachent en fait une guerre sourde non pas contre la langue française, mais contre la langue et la culture amazighes. Ce qui peut être facilement constater de visu.

L’auteur est tout à fait d’accord avec le fait que le français est une langue étrangère et qu’il faut la combattre. Mais il refuse catégoriquement l’arabisation improvisée et hâtive, et, n’hésite pas à affirmer que le fait de considérer l’arabe comme la seule langue nationale, est une immense injustice et une façon de faire fi de la réalité marocaine. Ignorer la langue amazighe ne fera qu’aggraver les choses.

Selon l’auteur, les racines du problème sont à chercher dans les différentes invasions d’Afrique du Nord ( phéniciennes, roumaines, arabes et enfin françaises et espagnoles), qui sont toutes étrangères à tous les points de vue. Elles ont étendu leur domination sur cette région en usant de la violence. Elles ont essayé par tous les moyens d’imposer leur culture, et, en même d’exploiter les populations amazighes.

Si l’invasion arabe a réussi spirituellement, le rédacteur de l’article fait une nuance entre la réalité sociale actuelle des Marocains et la nature de la conquête arabe qui est un mouvement historique venu de l’étranger, et, qui a forcément ramené avec elle des modes de vie étrangers. L’auteur distingue clairement entre l’Islam en tant que religion monothéiste universelle et les Arabes en tant que peuple qui a ses qualités et ses défauts. Ce qui ne va pas tarder à se voir. L’Afrique du Nord dominée, la seule réponse des Amazighes à la dictature des gouverneurs arabes a été une suite de rébellions interminables.

Azayku a par la suite indiqué que l’Islam n’est pas forcément lié à la langue arabe, puisque Dieu a crée des langues aussi différentes que variées. Il n’a pas omis de rappeler l’un des préceptes de l’Islam : la seule façon de se rapprocher de Dieu est la foi. De plus, tous les Marocains sont musulmans. Par conséquent, La question religieuse ne doit même pas être évoquée. L’article est terminé par un appel : l’urgence et la nécessité de trouver une solution au problème culturel amazighe étant donné que les Marocains ne sont pas tous arabisés.

A cause de la publication de cet article, Ali Azayku et Ouzzin Aherdan ont été arrêté le 10 juin 1982. La police a retiré immédiatement des kiosques tous les numéros de la ravue. Ouzzin Aherdan est libéré par la suite et c’est Ali Azayku qui est présenté au juge. Il est accusé de publier des informations fausses, de faire des actes susceptibles de toucher à l’ordre public et d’atteinte à la Constitution. Des griefs qui sont stipulés successivement dans l’article 42 du dahir du 15/11/1985 et du dahir de juillet 1935. Azayku au terme de ce procès a été condamné, le 14 juillet 1982, à une année de prison et à une amende de 1500 dirhams.

Le 26 du même mois, à Rabat, les autorités ont enlevé une plaque écrite en tifinagh indiquant le bureau de l’avocat de Hassan Id Belqasm, le fondateur de l’association nouvelle de culture et des arts populaires ( l’actuelle Tamaynut) et l’un des cadres très actifs au sein du mouvement culturel amazighe. Il a justement plaidé pour Azayku lors de son procès. Bien plus, il a même été arrêté pendant une semaine. Une autre plaque portant le nom d’un hôtel à Agadir et écrite en Tifinagh, a été enlevé.

Il semble que, selon le procès verbal de la police judiciaire datant de du 23/6/1982, l’article a été écrit en deux étapes : sa première partie a été rédigé en 1973 et 1974 et sa deuxième partie en 1979/1980. Ouzzin Aherdan l’a contacté en 1981 pour lui dire sa volonté de créer une revue culturelle amazighe en langue arabe dont le nom sera Amazigh en parallèle à celle de langue française. Il lui a demandé de lui fournir un article sur la culture amazighe. Et puisque l’article était déjà prêt, il le lui a envoyé pour être publié.

L’auteur a nié toute volonté d’atteinte à la Constitution ou à l’ordre public. Il voulait juste montrer l’existence d’une langue amazighe nationale au même titre que la langue arabe, et, sensibiliser tous les Marocains à la persistance d’un problème national auquel il faut d’urgence trouver une solution ne se contredisant pas forcément avec nos intérêts en tant qu’une seule nation.

Les plaidoiries de la défense ont vainement expliqué que l’article a traité la question culturelle et linguistique au Maroc. Et son auteur n’a fait qu’exprimer son point de vue. De plus, tous les faits historiques qu’il a évoqués sont véridiques. Ce procès est donc celui de l’opinion et de la pensée.

La défense n’a pas omis de rappeler que ce procès s’inscrit dans la lignée de ceux qui ont suivi les événements de 20 juillet 1981. Elle a tenu également à signaler que cet article a cassé un tabou. De fait, il a permis le débat sur un interdit : la langue amazighe considérée par certains comme une langue étrangère. Enfin, la défense a insisté sur le fait que pour accepter les vérités scientifiques évoquées par Azayku, il faut répudier toute forme de chauvinisme et accepter le pluralisme linguistique et culturel. Autrement dit, la pluralité dans l’unité et l’unité dans la pluralité.

Lhoussain Ouàzzi ( traduit de l’arabe par Iwizi U Sus)
 
Barak ALLAH oufik de nous faire partager cet article, qui nous permet à nous les jeunes chleuh, que nous avons du chemin à faire vis à vis de notre pays d'origine pour se faire accepter comme faisant partie à part entière de la culture nationale.

20 ans après cette affaire malheureusement, on ne voit pas que l'Etat fait des efforts pour imazighn en général et c'est vraiment malheureux.
 
Tu sais pouquoi j'ai traduit ce texte, c'est juste pour ceux qui ne sont pas arabisants comme toi et tant d'autres. J'espère que tu as appris des choses! Tu sais le combat amazighe n'a pas été simple...Des hommes ont payé chérement leur engagement. Azayku, Lhebbaz qui disparu malheureusement depuis 1982..... Il ne faut jamais oublier ces hommes!!!!
 
On a besoin de connaître l'histoire de nos ancêtres pour se construire c'est très important donc je suis très preneuse sur tous ce qui est l'histoire d'imazighene. INCHAallah
 
Merci beaucoup Iwizi-u-sus pour cette traduction car je n'aurai pa pu être au courant car je ne connais pa l'arabe mes parents m'on juste appris tachelhit et j'en suis fière, même si g parfois du mal à communiquer ds mon propre pays à cause de ça, un comble non? :-x
 
monsieur Azayku n'a fait que dire une evidence :"il y'a des amazighs au maroc" ;et bien ça le makhsen a jugé que c'etait une" fausse nouvelle" suscibtible de menacer l'ordre public;le simple fait de dire que le maroc n'est pas arabe mene donc directement en prison.Quand un pays enferme ses intectuels il ne faut pas s'etonner de son sous devellopement.Malheuresement depuis 1982 peu de choses ont vraiment changé, imazighen sont toujours stigmatisés
 
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