Le Figuier de barbarie

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Le Figuier de barbarie
Importance économique et conduite technique


Introduction

Le figuier de Barbarie est un arbre originaire des régions arides et semi-aride du Mexique d’où il a été introduit en Afrique du Nord vers le 16ème siècle. Il y occupe actuellement une superficie de 200.000 ha. Il est utilisé comme plante ornementale, pour la production de fourrage et surtout pour la production de fruits exotiques qui sont commercialisés à travers le monde.

Jusqu’aux années soixante dix, peu d’intérêts a été accordé à cette espèce. Avec le développement du marché des fruits exotiques en Europe et aux Etats Unis, les efforts se sont multipliés pour la domestiquer et en faire une culture industrielle. Actuellement, le figuier de Barbarie est cultivé dans les régions arides et semi-arides de plusieurs pays. Au Mexique, sa culture s’étende sur une superficie de plus de 50.000 ha. En Italie, il est cultivé sur une superficie de 1000 ha avec des programmes de fertilisation et d’irrigation annuels. Dans d’autres pays, on a recours aux techniques de productions les plus modernes telles que la fertigation et l’irrigation au goutte à goutte. C’est le cas par exemple d’Israël qui exporte la majorité de sa production sur les marchés européens.

Biologie de l’arbre

Le figuier de Barbarie est une plante xérophytique succulente capable d’emmagasiner une grande quantité d’eau. Elle appartient au genre Opuntia qui est subdivisé en quatre sous-genres. Les deux sous-genres les plus représentés au Maroc sont le sous-genre Cylindropuntia comprenant les espèces à tige cylindriques et le sous-genre Platyopuntia représentant les espèces ayant des raquettes (cladodes) qui sont des faux tiges. L’espèce Opuntia ficus-indica appartient au second sous-genre.

Un arbre à l'âge adulte a 5 m de haut avec un tronc épais, ligneux comprenant plusieurs raquettes (cladodes) ayant une longueur de 30 à 50 cm et une largeur de 15 à 30 cm. La couleur des cladodes est vert mat, ceux-ci sont couverts de petites aréoles, d’épines et de glochides. Les cladodes ont une grande capacité d’emmagasiner l’eau surtout au nivaux des tissus parenchymateux qui peuvent accumuler à eux seuls 82 % de l’eau retenue par la plante. Les racines des Opuntia sont superficielles. Elles sont caractérisées par une grande capacité d’absorption d’eau qui augmente parallèlement avec l'élévation des températures du sol. Des études au Mexique ont montré que les racines de plusieurs espèces d’Opuntia sont colonisées par des mycorhizes.

Sur le plan physiologique, le figuier de Barbarie est une plante du type CAM (Crassulacean Acid Metabolism). Elle a la particularité de fixer le CO2 pendant la nuit et de fermer ses stomates pendant le jour. Une telle stratégie permet d’éviter les pertes en eau par évapotranspiration qui peuvent avoir lieu le jour et d’optimiser ainsi l’utilisation d’eau.

Les jeunes plantations peuvent entrer en floraison à partir de la deuxième ou la troisième année. La durée et la période du cycle annuel dépend de la variété et de la zone géographique. Elle commence au printemps par une initiation des bourgeons végétatifs qui donnent naissance à des raquettes. Après une année, ces raquettes fleurissent et fructifient à partir de Juin-Juillet. L’initiation florale n’a lieu que sur des raquettes âgées d’une année. Dans la région de Tiznit, le cycle de la variété Aissa commence en Mars, la pleine floraison a lieu en Avril et la maturité en Août. La variété Moussa est plus tardive, son cycle commence en Mai, la maturité des fruits a lieu à partir de Juillet et s’étale jusqu’au mois de Décembre.

Espèces et variétés

L’espèce Opuntia ficus-indica est la principale espèce productrice de fruits comestibles, mais elle n’est pas la seule. D'autres espèces telles que O. streptacantha Lemaire, O. indheimeri Engel et O. robusta Wendland produisent également des fruits exotiques très recherchés.

Il existe une grande variabilité entre espèces et variétés due à l’hybridisation naturelles et à la différence des niveaux de ploïdie. Il a été observé que le niveau de ploïdie dans les zones cultivées est plus élevé (2n=66 et 2n=88) que dans les zones non-cultivées (2n=22 et 2n=44). La vigueur des arbres et la grosseur des fruits sont liés au niveau de ploïdie.

La sélection des cultivars à haute productivité a été entreprise dans plusieurs pays. En Italie les plus importants cultivars sont Gialla, Rossa et Bianca. En Israël le cultivar Ofer est le plus utilisé. En Afrique de Sud, trois cultivars sont répandus: Algerian, Malta et Morado. au Maroc, dans la région de Tiznit on distingue entre trois cultivars: Achfri, Moussa et Aissa. La distinction entre ces cultivars est basée sur la forme et la qualité des fruits et sur la période de floraison et de la maturité des fruits.

La variété Achfri est caractérisée par des épines longues et une densité de 3 épines par aréole, la hauteur de l’arbre est de 1,2 m, la floraison a lieu en Mai, ses fleurs sont jaunes et la maturité a lieu en Juin. Il parait que c’est une variété qui entre en production tardivement après la 6ème ou la 7ème année de plantation.

Comme cultivars inermes, les habitants de la région distinguent entre: Aissa et Moussa en se basant uniquement sur la période d’entrée en floraison et la période de maturité. Il se peut qu’il s’agit uniquement d’écotypes plutôt que de variétés, étant donné que les deux variétés sont situées dans des sites caractérisés par des microclimats différents. En plus, elles présentent des caractéristiques morphologiques similaires: présence de petites épines, fines glochides, fleurs jaunes et rougeâtre à l’approche de sénescence, fruits piriformes longs de 4à 6 cm.

Exigences écologiques

Le figuier de Barbarie est un arbre qui est répandu dans plusieurs régions à climats arides et semi-aride. Son extension est limitée surtout par les basses températures hivernales. Le seuil de tolérance est de -10ºC. Au Mexique, on le retrouve sur des sites situés à 1800 -2200 m d’altitude avec une pluviosité annuelle de 400-500 mm et une température annuelle moyenne de 16-18ºC. Les sols préférés par le figuier de Barbarie sont les sols légers, sablonneux-limoneux ayant des pH moyennement acides (5,1-6,7). Il s’agit de sols généralement pauvres en matière organique (0,1-1,8%). Pour plusieurs espèces le pH du sol est un facteur limitant. La majorité des espèces d’Opuntia préfèrent des sols légèrement acides, mais l’espèce O. ficus-indica est rencontrée même sur des sols calcaires.

Au Maroc, on retrouve le figuier de Barbarie un peu partout. Il existe dans les régions côtières depuis Sidi Ifni jusqu’à Tanger mais aussi dans plusieurs zones continentales. Sa répartition géographique exacte n’est pas connue. Dans le sud marocain, on le rencontre à des altitudes allant de 0 à 1000 m. Cependant, les meilleures plantations sont situées dans les régions côtières où la température annuelle moyenne est de 26ºC et où les minima des mois les plus froids ne descendent jamais en deçà de 9 ºC. Quant à la température maximale, elle est en moyenne de 40ºC et la pluviosité annuelle moyenne ne dépasse pas les 200 mm. Les écotypes de cette région sont apparemment très tolérant à la sécheresse. Pendant les 4 dernières années, la pluviosité dans cette région n’a jamais dépassé les 100 mm (29,8 mm seulement en 1992). En plus des faibles pluviosités, les sites du figuier de Barbarie au sud sont également caractérisés par des irrégularités très accentuées. Les rendements en fruits sont plus élevés dans les sites proches de la mer que dans les sites continentaux. Ce qui limite la productivité dans les zones côtières c’est la salinité.

Vers le nord, le figuier de Barbarie est également rencontré dans plusieurs localités. Le seul facteur qui semble limiter l’extension de l’Opuntia, comme signalé précédemment, c’est la basse température hivernale. Mais, il est probable que des différences de tolérance entre les écotypes existent et méritent d’être exploitées (une telle observation a été déjà faite pour des espèces fourragères au Mexique).

Importance agro-économique

La culture du figuier de Barbarie est actuellement pratiquée de façon intensive et moderne dans plusieurs pays, soit en tant que culture fourragère, ou même en tant que culture maraîchère. La production de fruits reste cependant l’aspect le plus recherché et le plus développé.

Production de fruits

Une enquête réalisée dans la région d’Aït Baâmrane dans la province de Tiznit a montré que la culture du figuier de Barbarie se trouve parfaitement intégrée dans le système d’exploitation traditionnel de la région. Il y constitue même le pilier de l’économie familiale. Dans plusieurs Douars, la céréaliculture a été délaissée au profit du figuier de Barbarie.

Les avantages offerts par cette culture sont multiples:

1- La plante est parfaitement adaptée aux conditions d’aridité de la région, surtout pour ce qui est de l’eau. Avec une pluviosité annuelle qui ne dépasse pas les 100 mm, la plante végète et fructifie normalement.

2- La culture du figuier de Barbarie nécessite moins d’investissement que la céréaliculture.

3- Le rendement à l’hectare est plus élevé que les autres cultures traditionnelles. On enregistre un rendement de 9600 qx de figues à l’hectare contre 2 - 5 qx/ha de blé ou d’orge.

4- Le marché des figues de Barbarie est important et les prix offerts durant toute la campagne sont intéressants.

5- La récolte des figues est une opération qui utilise la main d’oeuvre familiale pendant sept mois de l’année (Juin-Décembre).

6- Raquettes et figues sont utilisées comme complément de fourrage pour les bovins, les ovins et les caprins.

7- Les fleurs d'Opuntia constituent une source de nutrition très appréciée et sollicitée par les abeilles domestiques ce qui engendre la possibilité de développer des activités apicoles en parallèle.

8- Enfin, l'Opuntia joue un rôle très important dans la fixation des sols, sa culture est réussie dans des localités menacées par l’érosion et où nulle autre spéculation ne peut être réussie.

Production de fourrage

La production de fourrage constitue la deuxième grande utilisation du cactus indien. Plusieurs espèces et variétés ont été sélectionnées pour cette fin en Amérique Latine. Des études réalisées au Mexique ont montré que la productivité de l’Opuntia en matière sèche varie de 12 à 16 tonnes/ha en fonction des régions. En irrigué, cette productivité peut atteindre 30 tonnes/ha. Cela représente une productivité au mètre carré de 1,37 kg/an ce qui fait du figuier de Barbarie l’espèce la plus productive des zones arides (la moyenne pour d’autres espèces est de 0,71 kg/m2/an).

D’une façon générale, les tissus des Opuntia ont une faible teneur en protéines et en phosphore, ils sont moyennement riches en énergie et très riches en eau (85-90%) et en vitamine A. Ils sont recommandés comme complément de fourrage, surtout en été.

L’analyse fourragère de certains clones inermes, sélectionnés au Mexique dans une population naturelle de l’espèce O. stricta, a montré que le pourcentage de protéines dans les feuilles de ces clones est de 11,4 %, ce qui est au delà des normes recommandées pour l’élevage des bovins.

Dans la région de Tiznit, les agriculteurs ont recours au figuier de Barbarie pendant toute l’année pour compléter la ration alimentaire de leurs bétail. Les raquettes qui ne portent pas de fruits sont récoltées et données aux animaux à raison d’une dizaine de raquettes par jour pour les bovins, 3 à 4 raquette par jour pour les ovins et 1 à 2 raquettes par jour pour les caprins.

Autres utilisations

Apiculture: L’apiculture dans la région de Tiznit dépend essentiellement de la culture du figuier de Barbarie. Avec un calendrier apicole qui dure 7 mois (Mars-Sept.), l’activité des abeilles a lieu sur les fleurs de l’O. ficus-indica pendant trois mois (Avril-Juin). Les rendements des ruches dans la région est de 1 à 4 litres de miel, ce qui constitue une source financière importante pour les paysans.

Production maraîchère: Les cultivars inermes de l’espèce O. ficus-indica sont utilisées pour la production des jeunes raquettes qui sont consommées en tant que légume. Ces jeunes raquettes qui sont appelés "Nopalitos" par les indiens du Mexique, sont consommés cuites avec la viande, les légumes ou des graines. Plusieurs autres espèces sont utilisées pour la même fin: O. robusta, O. streptacantha et O. leucotricha DC, O. huptiacanta Weber, et O. chavena. Le Mexique produit annuellement plus de 232 000 tonnes de Nopalitos dont 2000 à 3000 tonnes sont conditionnés et exportés sur le marché américain. La valeur nutritive des Nopalitos est proche de celles de la laitue et des épinards, ils sont riches en vitamines C et en calcium. L’utilisation du cactus pour une fin maraîchère n’a jamais été exploitée au Maroc.

Utilisations industrielles: Au Chili, les figues de Barbaries sont utilisés pour l’extraction d’un sirop dont les caractéristiques nutritionnelles sont similaires à celles du raisin et du maïs. On utilise également les raquettes comme matière première pour la production de biogaz, par fermentation naturelle.

Enfin, le figuier de Barbarie est également utilisé pour des fins médicinales. Les cladodes sont utilisés pour traiter les inflammations. De même, des préparations de fleurs sont utilisées comme substances anti-diurétiques.

Importance écologique

l’utilisation du figuier de Barbarie pour la protection et la mise en valeur des sols dans les régions arides et semi-arides a été élégamment démontré dans la région de Milpa Alta au Mexique. Cette région a été complètement défrichée pour y introduire des cultures fourragères tel que le maïs. En raison de la faiblesse et de l’irrégularité des pluviosités, l'échec était total. Ce n’est que par la réintroduction du figuier de Barbarie que la région a été sauvée et remise en valeur sans risque de dégradation environnemental.

Les Opuntia, en association avec d’autres espèces ligneuse, ont été utilisées avec succès dans un programme de fixation des dunes en Somalie et contre l’érosion des sols dans plusieurs autres pays. Dans ce sens, les résultats dans la région d’Aït Baâmrane sont également spectaculaires.

Conduite technique de la culture

Préparation du sol

C’est une opération qui consiste uniquement à confectionner et préparer les trous de plantations: 10-20 cm de profondeur et 50 cm de diamètre. La seule précaution prise par les paysans c’est de veiller à épierrer complètement le sol par crainte d’entraver le développement du système radiculaire. Certains, confectionnent aussi des cuvettes pour augmenter les réserves en eau autour des jeunes plants.

Plantation

Elle est effectuée à partir de Février-Mars dans les régions du sud ou en fin de printemps dans d’autres régions. Les nouvelles plantations sont établies à partir de grandes boutures de tiges constituées de 4 à 5 cladodes. Elles sont récoltées, séchées pendant quelques jours (une semaine à un mois) avant d’être directement plantées dans le sol. Le séchage des cladodes avant la plantation est nécessaire afin d'éviter la pourriture. La partie basale est placée horizontalement avec une légère inclination afin d’augmenter la surface de contact avec le sol. La formation des racines a lieu après 15 jours. Les modes de plantation sont en quiconque dans la plaine et en lignes dans la montagne. Les espacements varient de 0,5x2 m à 4x4 m, le plus utilisé dans la région de Tiznit est de 3x4 m ce qui donne une densité de 830 plants/ha. La forte densité (1600 à 2000 plants/ha) n’est recommandée que pour les zones qui sont relativement bien arrosées. En Italie, l’espacement est de 5-7 m entre lignes est 4-5 m entre plants. L’orientation N-S est importante pour bien assurer l’ensoleillement des plants.

Un autre mode de propagation, pratiqué en Sicile, consiste à utiliser des jeunes raquettes âgées d’un an. Elles sont prélevées en Juillet (certains auteurs conseillent l’automne), traitées à l’acide naphtalène acétique (1000 ppm) et mises en pots sur un substrat composé de sable et de tourbe (1:1). Après 4 mois, une moyenne de 42,5 racines par cladode est obtenue. Ce mode de propagation permet de profiter des jeunes cladodes éliminés lors de la taille en vert et qui sont généralement non-exploités.

Entretien de la culture

Au Maroc, aucun soin particulier n’est apporté à la culture une fois que la plantation est réussie. La seule opération qui est pratiquée de façon systématique par la majorité des paysans c’est la taille. Elle est pratiquée au printemps (des fois même en automne) et consiste à éliminer les vieilles raquettes situées à la base du tronc afin de donner à l’arbre une forme de vase. Trois à quatre branches sont sélectionnées et taillées 30 à 40 cm à la base au dessus du niveau du sol.

Dans d’autres pays méditerranéens, on pratique, à partir de la quatrième année, une taille en vert qui consiste à éliminer de façon systématique les fleurs et les jeunes cladodes. Une nouvelle vague de fleurs et cladodes apparaît 15-20 jours plus tard et donne naissance à une seconde génération de fruits. L’avantage de cette technique c’est qu’elle permet d’étaler la production sur une plus longue période et de profiter par conséquent, des meilleurs prix du marché. En plus, les fruits de la seconde génération sont d’une meilleure qualité, ils sont plus gros et contiennent moins de graines. Cependant, il y a lieu de noter que la période d’intervention affecte aussi bien le taux de la seconde floraison que la période de maturité et les caracté- ristiques des fruits.

Comme problèmes phytosanitaires, les principaux parasites du figuier de Barbarie sont la mouche méditerranéenne (Ceratitis capitata Wied), le Phytophtora spp, responsable de la pourriture des racines et la gale (Phyllosticta opuntiae) qui est probablement l’ennemie le plus redoutable des Opuntia.

Fertilisation

Il n’y a pratiquement aucun apport d’éléments fertilisants pour le figuier de Barbarie en culture traditionnelle. Cependant, avec le gain d’intérêt que cette culture a connu pendant ces dernières années et l’importance des prix offerts au marché local, certains agriculteurs ont commencé à apporter du fumier à leurs plantations de figuier à raison de 1 à 5 kg par plant. Cela engendre une augmentation de 20 à 30% dans la productivité.

Les recherches menées en Italie ont montré que l’application de l’azote à 120 kg/ha améliore la floraison et permet une production hors saison. Le phosphore et le potassium n’ont pas d’effet notable depuis l'âge de deux ans.

Irrigation

Le figuier de Barbarie est un arbre très peu exigent en eau. Il dispose de mécanismes physiologiques qui lui permettent d’optimiser l’utilisation de l’eau dans les conditions difficiles. Les essais menés en Israël, dans des conditions similaires aux zones arides marocaines, ont montré qu’avec 230 mm par an la production de fruits est améliorée de façon significative. Les recherches en Italie ont montré que les deux périodes critiques pendant lesquelles il est très recommandé de faire des apports d’eau sont la floraison et le grossissement des fruits.

Comparé à d’autres espèces fruitières telles que le jojoba, le figuier ne consomme que le 1/5 de ce qui est apporté à ces espèces. Dans la région de Tiznit, même avec une pluviosité de 100 mm/an on arrive à récolter 30 à 40 kg de figues par arbre et par an. En année pluvieuse (200 - 250 mm) le rendement par arbre est le triple.

Les eaux salées ne conviennent cependant pas à la culture du figuier de Barbarie. La production de matière sèche diminue considérablement dès que le niveau de salinité atteigne 50 ppm. La teneur en eau des raquettes et leur capacité de fixer le gaz carbonique sont sérieusement affectées.

Récolte

C’est une opération qui mobilise tous les membres de la famille. Elle est échelonnée dans la région de Tiznit sur une période de 7 mois; depuis Juin jusqu’à Décembre: trois mois pour la variété Aissa (juin à Août) et six mois pour la variété Moussa (Juillet à Décembre).

Les rendements dépendent de la variété et des conditions climatiques. En Italie, le rendement à l’hectare dans les exploitations spécialisées dans la culture du figuier de Barbarie varie de 12 à 30 t/ha. Les revenus à l’hectare sont de 16000 à 50000 dh. Les figues de Barbarie sont disponibles sur les marchés européens à partir de Juillet-Août jusqu’à Décembre-Janvier.

Au Maroc, dans les exploitations traditionnelles de la région de Tiznit, les rendements dépendent énormément des localités et de la pluviosité annuelle. En année pluvieuse (200 mm) on peut récolter jusqu’à 100 kg sur des arbres âgés de plus de dix ans. Par contre, en année sèche (moins de 100 mm), à peine une dizaine de kilogrammes est produite par arbre. On peut estimer la production annuelle à 10-15 tonnes par hectare pour les plantations de plaine avec une densité de 1000 pieds/ha et un minimum d’entretien (fumure, taille).

Une faible partie de la production est utilisée pour l’autoconsommation, le reste est commercialisé sur le marché local. Il y a lieu de noter que les figues de Barbarie sont consommées par la population locale sous forme fraîche ou séchées. Dans certains cas, les fruits entiers sont nettoyés et séchés on parle de ‘Tousrimt’. Dans d’autres cas, seule la chaire est découpée en 4 morceaux et séchées dans lequel cas on parle de ‘Tozlimt’ ou ‘Touchriht’.

La vente des récoltes se fait soit sur pied soit directement au marché de gros. Dans le premier cas, les prix sont de 10 à 30 dh/caisse, pour les fruits de qualité moyenne (la variété Aissa) et 20 à 50 dh/caisse pour les fruits de bonne qualité (variété Moussa). La vente au marché est plus intéressante dans la mesure ou les prix offerts sont 30 à 100 dh/caisse. Il y a lieu de signaler que la difficulté d'accès aux zones rurales rend difficile la commercialisation des figues, surtout qu’il s’agit d’un fruit périssable.

Ainsi, un hectare de figuier ayant une densité de 1000 pieds peut générer un revenu brut qui varie de 20.000 à 40.000 dh.

Récemment, des tentatives d’exportation de figues de Barbarie marocaines vers la France ont été entreprises par certaines sociétés. On distingue quatre classes de figues sur la base du poids: la classe extra large (>160 g), la première classe (120-160 g), la seconde classe (80-100 g) et la troisième classe (<80 g). Deux types de marchés sont visés; les fruits gros calibre sont destinés, en tant que fruits exotiques, aux supermarchés, les autres calibres sont écoulés sur les marchés de plein air situés dans les zones fréquentées par les émigrés. Les prix à l’export en 1994 ont atteint 7 FF/kg.

Conclusion

Le figuier de Barbarie est l’exemple typique d’espèce parfaitement convenable pour la mise en valeur des zones arides et semi-arides. Sa culture est peu exigeante en investissements et le revenu qu'elle peut générer est important. En plus, sur le plan environnemental elle est d’une grande utilité pour la lutte contre l’érosion et permet de corriger, à long terme, la fertilité des sols.


Par Dr. Lahcen KENNY , Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Agadir
 
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