Je vais afficher dans ce post des extraits-résusmé de l'ouvrage "L'Espagne musulmane au Xème siècle" de Evariste Lévi-Provençal.
Ces extraits auront trait aux Berbères.
Ce qui ne semble pas faire doute, c'est que l'Espagne fut en premier lieu conquise par des Berbères.
La reconnaissance préliminaire de Tarif, l'expédition de Tarik ensuite, furent menées à l'aide de troupes à peu près exclusivement berbères. Quand le roi wisigoth Roderic, devant le danger qui menaçait son pays, rassembla une armée considérable pour combattre les envahisseurs, Tarik demanda à Musa b. Nusair un appoint de forces : il lui envoya 5000 Berbères, en plus des 7000 qu'il avait déjà.
Ce furent ces Africains qui soutinrent le choc des troupes wisigothes à la bataille du Rio Barbate (Wadi Bekka); mais ils n'auraient toutefois pu durer bien longtemps, si Musa b. Nusair, malgré sa répugnance à donner une telle ampleur à cette conquête qui devait à l'origine n'être qu'une simple razzia, mais jaloux de la téméraire et triomphante avance de son lieutenant, n'avait décidé de se rendre lui-même en Espagne, avec des troupes uniquement arabes cette fois.
Il semble assuré qu'aucun des soldats des armées de l'invasion ne retourna en Afrique au cours des premières années qui suivirent. Ils s'installèrent dans le pays; beaucoup sans doute épousèrent des femmes du peuple vaincu et firent souche en Espagne.
Il semble resortir des récits des historiens que les Berbères du Maghrib, attirés par les richesses du sol conquis, y vinrent en nombre mais furent, dès l'abord, assez mal accueillis. Le courant d'émigration du Maroc vers l'Espagne se continua cependant avec régularité, et les Berbères formèrent bientôt la majorité de la population musulmane importée, ce qui leur permit de se dresser contre les Arabes proprement dits, qui de leur côté, en 717, avaient reçu un appoint de forces.
C'est de 741 que date la première révolte générale des Berbères d'Espagne : elle accusa une ampleur sans pareille. Quelques années auparavant, en 729, un soulèvement très caractéristique s'était déjà produit dans le Nord. L'un des compagnons de Tarik, au débarquement, le berbère Munusa, gouverneur de Leon, avait essayé de secouer le joug arabe, avec l'aide du duc d'Aquitaine, Eudes, dont il était devenu le gendre.
(sur Munuza : http://www.wikimazigh.com/wiki/index.php?n=Encyclo.Munuza)
Les Africains qui avaient accompagné Tarik de l'autre côté du détroit et ceux qui les avaient rejoints au cours des années suivantes ne perdaient pas de vue ce qui se passait dans leur pays natal. Toute révolte au Maghrib devait avoir immédiatement sa répercussion en face.
Or, depuis le rappel de Musa b. Nusair, à la fin du 1er siècle de l'hégire, la rébellion couvait en Afrique. Le gouverneur de Tanger, Umar ben Abdallah al-Muradi, et un petit-fils de Ukba ben Nafi, Habib, gouverneur du Souss, étaient en train d'infliger au Berbères du Maroc les pires vexations, en les traitant, pour la levée des impôts, à la manière de vaincus non convertis à l'islam et en leur prenant les plus belles de leurs femmes pour les envoyer comme captives en présent à Damas.
Le général Habib ayant, du Souss, été envoyé avec ses troupes conquérir la Sicile, son départ dut le signal de l'insurrection. Un mouvement d'une grande envergure se déclencha; à leur tête, les Berbères mirent un homme de la tribu des Matghara, Maisara, auquel les historiens donnent le surnom d'al-Hakir "le vil", parce qu'il était de basse extraction et avait, avant sa révolte, exercé le métier de vendeur d'eau au marché de Kairouan.
Avec les Miknasa, les Berghwata et ses contribules Matghara, Maisara s'avança sur Tanger et s'en empara. En vain, les Arabes essayèrent de lui tenir tête; même le gouverneur d'Espagne d'alors, Ukba ben al-Hajjaj, traversa le détroit pour secourir Tanger, mais ses efforts furent inutiles. Maisara ne tarda pas toutefois à être déposé et tué par les siens mais son successeur, Khalid ben Hamid az-Zanati, ne fut pas moins heureux : au début de 740, il infligea aux Arabes la sanglante défaite connue sous le nom de "combat des nobles" (ghazwat al-ashraf).
Pareil succès ne pouvait passer inaperçu parmi les Berbères de la Péninsule. Un chef arabe se trouvait tout désigné pour prendre leur tête : le prédécesseur du gouverneur Ukba, Abd al-Malik ben Qatan, demeuré en Espagne après sa destitution.
Grâce à leur concours, il vainquit rapidement son successeur et se déclara gouverneur indépendant, sans se soucier de la réaction inévitable du pouvoir central de Damas.
Ces extraits auront trait aux Berbères.
Ce qui ne semble pas faire doute, c'est que l'Espagne fut en premier lieu conquise par des Berbères.
La reconnaissance préliminaire de Tarif, l'expédition de Tarik ensuite, furent menées à l'aide de troupes à peu près exclusivement berbères. Quand le roi wisigoth Roderic, devant le danger qui menaçait son pays, rassembla une armée considérable pour combattre les envahisseurs, Tarik demanda à Musa b. Nusair un appoint de forces : il lui envoya 5000 Berbères, en plus des 7000 qu'il avait déjà.
Ce furent ces Africains qui soutinrent le choc des troupes wisigothes à la bataille du Rio Barbate (Wadi Bekka); mais ils n'auraient toutefois pu durer bien longtemps, si Musa b. Nusair, malgré sa répugnance à donner une telle ampleur à cette conquête qui devait à l'origine n'être qu'une simple razzia, mais jaloux de la téméraire et triomphante avance de son lieutenant, n'avait décidé de se rendre lui-même en Espagne, avec des troupes uniquement arabes cette fois.
Il semble assuré qu'aucun des soldats des armées de l'invasion ne retourna en Afrique au cours des premières années qui suivirent. Ils s'installèrent dans le pays; beaucoup sans doute épousèrent des femmes du peuple vaincu et firent souche en Espagne.
Il semble resortir des récits des historiens que les Berbères du Maghrib, attirés par les richesses du sol conquis, y vinrent en nombre mais furent, dès l'abord, assez mal accueillis. Le courant d'émigration du Maroc vers l'Espagne se continua cependant avec régularité, et les Berbères formèrent bientôt la majorité de la population musulmane importée, ce qui leur permit de se dresser contre les Arabes proprement dits, qui de leur côté, en 717, avaient reçu un appoint de forces.
C'est de 741 que date la première révolte générale des Berbères d'Espagne : elle accusa une ampleur sans pareille. Quelques années auparavant, en 729, un soulèvement très caractéristique s'était déjà produit dans le Nord. L'un des compagnons de Tarik, au débarquement, le berbère Munusa, gouverneur de Leon, avait essayé de secouer le joug arabe, avec l'aide du duc d'Aquitaine, Eudes, dont il était devenu le gendre.
(sur Munuza : http://www.wikimazigh.com/wiki/index.php?n=Encyclo.Munuza)
Les Africains qui avaient accompagné Tarik de l'autre côté du détroit et ceux qui les avaient rejoints au cours des années suivantes ne perdaient pas de vue ce qui se passait dans leur pays natal. Toute révolte au Maghrib devait avoir immédiatement sa répercussion en face.
Or, depuis le rappel de Musa b. Nusair, à la fin du 1er siècle de l'hégire, la rébellion couvait en Afrique. Le gouverneur de Tanger, Umar ben Abdallah al-Muradi, et un petit-fils de Ukba ben Nafi, Habib, gouverneur du Souss, étaient en train d'infliger au Berbères du Maroc les pires vexations, en les traitant, pour la levée des impôts, à la manière de vaincus non convertis à l'islam et en leur prenant les plus belles de leurs femmes pour les envoyer comme captives en présent à Damas.
Le général Habib ayant, du Souss, été envoyé avec ses troupes conquérir la Sicile, son départ dut le signal de l'insurrection. Un mouvement d'une grande envergure se déclencha; à leur tête, les Berbères mirent un homme de la tribu des Matghara, Maisara, auquel les historiens donnent le surnom d'al-Hakir "le vil", parce qu'il était de basse extraction et avait, avant sa révolte, exercé le métier de vendeur d'eau au marché de Kairouan.
Avec les Miknasa, les Berghwata et ses contribules Matghara, Maisara s'avança sur Tanger et s'en empara. En vain, les Arabes essayèrent de lui tenir tête; même le gouverneur d'Espagne d'alors, Ukba ben al-Hajjaj, traversa le détroit pour secourir Tanger, mais ses efforts furent inutiles. Maisara ne tarda pas toutefois à être déposé et tué par les siens mais son successeur, Khalid ben Hamid az-Zanati, ne fut pas moins heureux : au début de 740, il infligea aux Arabes la sanglante défaite connue sous le nom de "combat des nobles" (ghazwat al-ashraf).
Pareil succès ne pouvait passer inaperçu parmi les Berbères de la Péninsule. Un chef arabe se trouvait tout désigné pour prendre leur tête : le prédécesseur du gouverneur Ukba, Abd al-Malik ben Qatan, demeuré en Espagne après sa destitution.
Grâce à leur concours, il vainquit rapidement son successeur et se déclara gouverneur indépendant, sans se soucier de la réaction inévitable du pouvoir central de Damas.