Les villes du Maroc : Ifrane, capitale du cèdre

agerzam

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24.08.2005 | 16h01

Ifrane est le centre d'estivage marocain le plus fréquenté. Ses lacs sont incontournables pour la pêche à la truite et au brochet. Elle est également une région pastorale et possède une station expérimentale pour l'étude des comportements des animaux.


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Ifrane abrite l'une des plus prestigieuses universités du Maroc : Al Akhawayne, où l'enseignement est entièrement anglo-saxon.

Ifrane signifie en tamazight (berbère) : grottes, (singulier:Ifri) si nombreuses dans la région. Ces grottes ont transmis leur nom à la région, plus connue des juifs sous forme : Oufrane. Les premières traces de l'installation humaine dans la région remontent au néolithique. Des grottes telles que celles de la zaouia du saint Sidi Abdeslam Ben Yacoub dans la vallée de Tizguite ainsi que les vestiges archéologiques remontant à la préhistoire à Zerouka, Ghabt, Al Bahr et Itto en témoignent. Par la suite, la région d'Ifrane fut habitée d'abord par les berbères puis par les juifs, et ce, depuis environ trois mille ans avant Jésus-Christ.

On prétend qu'elle a été la cité de la plus ancienne colonie juive au Maroc.
La situation géographique et son climat privilégié ont incité les responsables à l'édification d'une station estivale. Une partie de la main-d'œuvre sera constituée de prisonniers. Le 9 juillet 1929 arrive le premier camion de matériaux. Le 15 août 1929 voit l'inauguration des hôtels, du casino, de chalets, ainsi que le centre d'estivage et de la place du lion.

Ifrane se transforme alors en station aux allures suisses. Chacune de ses villas porte en elle des caractéristiques : des toitures à tuiles rouges. Les inclinaisons rappellent ainsi l'évolution de l'architecture des constructions en France du sud au nord, autrement dit de la Côte d'Azur à la Manche. Le visiteur peut même remarquer l'existence de façades typiquement normandes ou bretonnes, voire alsaciennes. Par un sentiment de nostalgie, chaque Français voulait ainsi transposer le mode d'habitation de son pays d'origine et mémoriser par la même occasion son passage.

Un Français qui a vécu à Ifrane de 1936 à 1992 confiait à propos de l'évolution du tissu urbain de cette cité, qu'en fait les décideurs de l'époque voulaient faire en sorte que dans cette ville, le Français ne se sentire à aucun moment dépaysé. Ifrane est le centre d'estivage marocain le plus fréquenté et se trouve être le chef-lieu de la province d'Ifrane qui se trouve au cœur du Moyen-Atlas avec une superficie de 3573 km2. Elle est habitée par deux grandes tribus Sanhaja, les Béni M'guild et les Béni M'tir.

Station de montagne, cette cité est devenue un haut lieu des sports d'hiver. Avec ses chalets aux toits couverts de tuiles rouges, elle est située à 1650 m d'altitude. Ses richesses naturelles ont amené les responsables de la région à créer un parc national de 53000 ha.

C'est dans cette région qu'on trouve la plus grande forêt de cèdre du pays. De son vrai nom Ourti (jardin en tamazight), Ifrane est le centre d'estivage marocain le plus fréquenté. Ses lacs sont incontournables pour la pêche à la truite et au brochet.

Elle est également une région pastorale et possède une station expérimentale pour l'étude des comportements des animaux. Ifrane abrite l'une des plus prestigieuses universités du Maroc : Al Akhawayne, où l'enseignement est entièrement anglo-saxon.


Le Val d'Ifrane meurt à petit feu

Ifrane dénommée “la Petite Suisse du Maroc”, ses alentours et sa région sont connus pour leur végétation et leursanimaux. Ancienne “Arcadie” et véritable réminiscence du “ Jardin des Délices ”, nombreux sont les scientifiques qui depuis le protectorat ont attiré l'attention sur la valeur de ce riche écosystème. Lacs à nymphéas, cours d'eau, vastes prairies, cèdres séculaires, oiseaux et papillons, constituaient un cadre de vie hors pair.

Pour les spécialistes, certains papillons ne volent qu'ici ! Depuis le milieu des années 90, ils sont en voie d'extinction. C'est le cas de la Proserpine d'Afrique (splendide espèce du premier printemps), du Zegris marocain, du Faux-Cuivré berbère (qui vit en symbiose avec des fourmis qui élèvent sa chenille !), du Grand Nacré de l'Atlas (immense papillon dont la chenille se nourrit des violettes du sous-bois). Et l'on sait que les papillons sont des indicateurs de la santé des sites.

Malheuresement, la foule qui, dès les premiers beaux jours, déferle sur le Val d'Ifrane pour se détendre sur les rives attrayantes de l'Oued Tizguite, pour profiter de l'ombre providentielle des frondaisons, oublier la vie citadine dans ce havre de fraîcheur, se désaltérer à la source Vittel ou faire une promenade équestre à la Cascade des Vierges, ne le sait peut-être pas, mais fait innocemment irruption dans un habitat dont la biodiversité était il y a peu la plus riche de tout le Moyen-Atlas. La vallée de l'Oued Tizguite selon les scientifiques est un véritable refuge d'espèces botaniques et zoologiques.

Ces chercheurs y venaient du monde entier pour y étudier ces espèces et Ifrane était encore il y a peu l'une des stations les plus emblématiques de tout le Maghreb pour la valeur de ce patrimoine naturel. Les gens ne le savent pas, mais ils doivent veiller à la non-destruction de ce capital naturel.

L'éducation et l'information en sont les points essentiels. “Connaître pour aimer, aimer pour respecter” est la devise de l'Association des Amis du Val d'Ifrane tout récemment créée.

En saison, certains lieux de la petite vallée pittoresque ne sont plus qu'un champ de foire avec ses parkings, ses caravanes de voitures cherchant à pénétrer dans les bois, ses familles faisant la sieste, ses fumées de barbecues, ses terrains de football improvisés…, tout cela au son tonitruant des décibels d'autoradios. Cette ambiance n'est pas le traitement le plus approprié pour cet écosystème qui se dégrade à petit feu.

Face à cette fréquentation croissante, voire envahissante, cet éden est désormais au purgatoire et si l'on veut éviter que ce paradis ne devienne un enfer, le site doit bénéficier au plus vite d'une gestion durable afin de pérenniser la valeur de ce site.

Mohamed Drihem | LE MATIN
 
A part le fait que l'auteur a complètement mélangé l'histoire d'Ifran du Moyen-Atlas et d'Ifran de l'Anti-Atlas, l'article vaut la peine d'être lu pour que l'on se rende compte de la richesse écologique du Maroc, c'est un trésor qu'il faut apprendre à préserver !
 
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