Jusqu'où peut aller l'ouverture politique quand l'islamisme pèse si lourd?
Il n'y aura pas de démocratie dans les pays du Maghreb sans une intégration des partis islamistes dans le jeu politique: telle est la principale conclusion à laquelle aboutit l'historien Pierre Vermeren, spécialiste de cette région.
Qu'il s'agisse du Maroc, de l'Algérie ou sans doute aussi de la Tunisie, l'islamo-conservatisme apparaît en effet comme la force dominante, face à une mouvance libérale et démocrate qui s'affirme surtout, en Algérie et au Maroc, à travers le mouvement berbère et, dans une moindre mesure, les organisations de défense des droits de l'homme ou les associations féministes.
Encore faut-il qu'émergent des forces islamistes qui acceptent de jouer le jeu de la démocratie, et de l'alternance, sans recours à la violence. Une évolution que Pierre Vermeren juge possible: au Maghreb, l'électorat islamiste se recrute essentiellement dans les couches moyennes urbaines, plus conservatrices que radicales. Et le cas du Maroc, où le Parti de la justice et du développement a obtenu une forte représentation parlementaire en 2002, au terme d'élections qui, pour être encadrées, n'en étaient pas moins transparentes, est encourageant. Autre exemple dont les pays du Maghreb pourraient s'inspirer: celui de la Turquie, où le jeu de l'alternance a propulsé, en 2002, les islamistes au pouvoir, mais où l'armée continue de jouer les garde-fous. Reste à savoir si ce «modèle», même adapté, peut s'exporter...
L'Express du 07/06/2004
par Dominique Lagarde
Livre :
Maghreb, la démocratie impossible?
Pierre Vermeren
éd. Fayard
420 pages
22 €
Il n'y aura pas de démocratie dans les pays du Maghreb sans une intégration des partis islamistes dans le jeu politique: telle est la principale conclusion à laquelle aboutit l'historien Pierre Vermeren, spécialiste de cette région.
Qu'il s'agisse du Maroc, de l'Algérie ou sans doute aussi de la Tunisie, l'islamo-conservatisme apparaît en effet comme la force dominante, face à une mouvance libérale et démocrate qui s'affirme surtout, en Algérie et au Maroc, à travers le mouvement berbère et, dans une moindre mesure, les organisations de défense des droits de l'homme ou les associations féministes.
Encore faut-il qu'émergent des forces islamistes qui acceptent de jouer le jeu de la démocratie, et de l'alternance, sans recours à la violence. Une évolution que Pierre Vermeren juge possible: au Maghreb, l'électorat islamiste se recrute essentiellement dans les couches moyennes urbaines, plus conservatrices que radicales. Et le cas du Maroc, où le Parti de la justice et du développement a obtenu une forte représentation parlementaire en 2002, au terme d'élections qui, pour être encadrées, n'en étaient pas moins transparentes, est encourageant. Autre exemple dont les pays du Maghreb pourraient s'inspirer: celui de la Turquie, où le jeu de l'alternance a propulsé, en 2002, les islamistes au pouvoir, mais où l'armée continue de jouer les garde-fous. Reste à savoir si ce «modèle», même adapté, peut s'exporter...
L'Express du 07/06/2004
par Dominique Lagarde
Livre :
Maghreb, la démocratie impossible?
Pierre Vermeren
éd. Fayard
420 pages
22 €