L'Express du 07/06/2004
Lectures étrangères
Maghreb et démocratie
par Dominique Lagarde
Jusqu'où peut aller l'ouverture politique quand l'islamisme pèse si lourd?
Il n'y aura pas de démocratie dans les pays du Maghreb sans une intégration des partis islamistes dans le jeu politique: telle est la principale conclusion à laquelle aboutit l'historien Pierre Vermeren, spécialiste de cette région (1). Qu'il s'agisse du Maroc, de l'Algérie ou sans doute aussi de la Tunisie, l'islamo-conservatisme apparaît en effet comme la force dominante, face à une mouvance libérale et démocrate qui s'affirme surtout, en Algérie et au Maroc, à travers le mouvement berbère et, dans une moindre mesure, les organisations de défense des droits de l'homme ou les associations féministes. Encore faut-il qu'émergent des forces islamistes qui acceptent de jouer le jeu de la démocratie, et de l'alternance, sans recours à la violence. Une évolution que Pierre Vermeren juge possible: au Maghreb, l'électorat islamiste se recrute essentiellement dans les couches moyennes urbaines, plus conservatrices que radicales. Et le cas du Maroc, où le Parti de la justice et du développement a obtenu une forte représentation parlementaire en 2002, au terme d'élections qui, pour être encadrées, n'en étaient pas moins transparentes, est encourageant. Autre exemple dont les pays du Maghreb pourraient s'inspirer: celui de la Turquie, où le jeu de l'alternance a propulsé, en 2002, les islamistes au pouvoir, mais où l'armée continue de jouer les garde-fous. Reste à savoir si ce «modèle», même adapté, peut s'exporter…
(1) Maghreb, la démocratie impossible? par Pierre Vermeren. Fayard, 420 p., 22 €.
[ Edité par agoram le 7/6/2004 13:52 ]
Lectures étrangères
Maghreb et démocratie
par Dominique Lagarde
Jusqu'où peut aller l'ouverture politique quand l'islamisme pèse si lourd?
Il n'y aura pas de démocratie dans les pays du Maghreb sans une intégration des partis islamistes dans le jeu politique: telle est la principale conclusion à laquelle aboutit l'historien Pierre Vermeren, spécialiste de cette région (1). Qu'il s'agisse du Maroc, de l'Algérie ou sans doute aussi de la Tunisie, l'islamo-conservatisme apparaît en effet comme la force dominante, face à une mouvance libérale et démocrate qui s'affirme surtout, en Algérie et au Maroc, à travers le mouvement berbère et, dans une moindre mesure, les organisations de défense des droits de l'homme ou les associations féministes. Encore faut-il qu'émergent des forces islamistes qui acceptent de jouer le jeu de la démocratie, et de l'alternance, sans recours à la violence. Une évolution que Pierre Vermeren juge possible: au Maghreb, l'électorat islamiste se recrute essentiellement dans les couches moyennes urbaines, plus conservatrices que radicales. Et le cas du Maroc, où le Parti de la justice et du développement a obtenu une forte représentation parlementaire en 2002, au terme d'élections qui, pour être encadrées, n'en étaient pas moins transparentes, est encourageant. Autre exemple dont les pays du Maghreb pourraient s'inspirer: celui de la Turquie, où le jeu de l'alternance a propulsé, en 2002, les islamistes au pouvoir, mais où l'armée continue de jouer les garde-fous. Reste à savoir si ce «modèle», même adapté, peut s'exporter…
(1) Maghreb, la démocratie impossible? par Pierre Vermeren. Fayard, 420 p., 22 €.
[ Edité par agoram le 7/6/2004 13:52 ]