Un des maillons essentiels pour concrétiser la «Vision 2010»
Partout où l'on passe à El Jadida, on découvre les traces d'une histoire riche et variée dont la cité portugaise (Mazagan), le phare de Sidi Bouafi, le théâtre municipal, l'immeuble Cohen…Malheureusement, la place forte de Mazagan (Mazagaô ou la cité portugaise), bijou architectural inestimable et symbole de tolérance et de cohabitation parfaite des trois religions monothéistes dans une terre d'Islam, est actuellement mal exploitée touristiquement.
Cette cité s'élève probablement sur l'emplacement d'un ancien comptoir phénicien fondé au milieu du 5e siècle avant Jésus-Christ et connue sous le nom de «Portus Rusibis». Au début du 16e siècle (1502- 1503), les Portugais se sont installés sur un petit château en ruine appelé « Borj Cheikh». Entre 1502 et 1513, ils ont décidé de construire Castello Real (le château de Mazagan) à l'emplacement de l'actuelle citerne. Ce n'est peut être qu'en 1514 que la construction d'une muraille externe à tours saillantes devint une nécessité.
Les travaux de construction de «Mazagan» ont été dirigés par les architectes Francisco et Diego de Arruda et de l'Italien Benedetto di Ravenna. La forteresse fut isolée de la terre ferme par un fossé dès 1517. Dès 1537, la forteresse devint une vraie petite ville après l'agrandissement de la muraille et l'amélioration des travaux du port, des entrepôts, des magasins et des habitations. Mais ce n'est que ler août 1541 que Louis de Loureiro, capitaine de la forteresse, fonda officiellement la ville au nom du roi du Portugal. Une année plus tard, la ville était totalement refaite avec un aspect proche de l'actuel.
Durant l'occupation portugaise, les Marocains n'ont pas cessé de mener des attaques pour déloger l'occupant ou carrément d'assiéger la forteresse de Mazagan à différentes époques (1525-1562 – 1756 et enfin 1769). Le 4 mars 1769, Sidi Mohammed Ben Abdellah, présent sur les lieux aux côtés des militaires et des Moudjahiddine, venus de tous les coins du Maroc, y compris du Sahara marocain, ordonna le bouclage total de la ville. Les Portugais se rendirent compte qu'ils ne pouvaient plus résister, ils quittèrent Mazagan, le 11 mars 1769, après avoir miné quelques lieux de la ville.
Le dynamitage a causé la destruction partielle de la ville et la mort de plus de 500 hommes faisant partie des Moudjahiddines. Ainsi, la ville resta-t-elle abandonnée pendant 30 années. Dès 1820, le Sultan Sidi Abderrahmane autorisa son repeuplement par les musulmans, les chrétiens et les juifs. En effet, la cité Mazagan ou El Jadida s'est transformée en un haut lieu de tolérance et de cohabitation en parfaite symbiose. Cette cité a pris plus d'un nom.
Elle s'appelait Portus Rusibis, Mazighane, Borj Cheikh, Mazagaô, El Mahdouma, El Medina, El Jadida, Mazagan et enfin El Jadida, nom donné à cette ville par le Sultan Alaouite Sidi Abderrahmane. Cette ville revêt une importance historique et architecturale considérable, elle représente, en effet, la plus grande fortification portugaise au Maroc.
Son histoire est marquée par plusieurs périodes essentielles:
- La période portugaise s'étend de 1541 à 1769, c'est celle de construction et de structuration de cette cité.
- La période judéo-islamique commence de 1820 et se prolonge jusqu'au début du 20ème siècle où la cité fut transformée en «Mellah» et une grande communauté juive marocaine y fut alors installée.
- Les périodes précoloniale et coloniale ont été marquées par l'ouverture du «Mellah» à une nouvelle population qui vient cohabiter avec la communauté juive. Il s'agit essentiellement d'une communauté européenne et musulmane.Mazagan a des trésors culturels inépuisables qui témoignent jusqu'à nos jours de son histoire de développement et de l'épanouissement et de son passé glorieux qui fût sa fierté et son authenticité.
Mais le côté culturel est le plus important et l plus significatif dans le développement de Mazagan. Cependant, nous pensons qu' en plus de sa richesse historique et de son important rôle socio-économique, le tourisme peut lui donner une autre dimension à condition de l'intégrer intelligemment dans le cadre de la «Vision 10 millions de touristes en 2010».
Car la création de la station balnéaire de Mazagan(Haouzia), dont les travaux de la première phase, portant notamment sur la réalisation de 1.000 lits, d'un golf de 18 trous, de150 villas, d'un Centre de congrès et d'équipements d'animation seraient achevés fin 2009, est à même de donner une nouvelle impulsion au développement à Azemmour et à El jadida et partant de contribuer à l'émergence d'un nouveau pôle touristique au Maroc.
C'est vrai qu'un projet pour la réhabilitation des édifices à valeur architecturale de la cité portugaise a été étudié pour un montant avoisinant les 16 millions DH.
Or, il ne faut pas oublier que des opérations de démolition ou de confortement de maisons menaçant ruine à l'intérieur de la cité sont envisagées pour un budget de 6 millions DH.
Il semble donc qu'on oublie que la cité manque d'hôtels, de restaurants et de «posadas» (hôtels de luxe édifiés bien souvent dans des édifices historiques avec des prestations haut de gamme), de maisons touristiques classées et d'espaces de loisirs.
Ce qui prouve qu'à Eljadida, on ne se prépare pas à régler les problèmes qui entravent le développement du secteur touristique et on n'a pas encore saisi que Mazagan pourra être l'un des maillons essentiels pour concrétiser la Vision 2010. Si on met en valeur ce patrimoine inestimable, Mazagan sera un catalyseur de taille pour le développement de toute la région des Doukkala.
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Patrimoine mondial
Mazagan est classée patrimoine universel par l'UNESCO. Ce nouveau site est venu s'ajouter aux 6 autres inscrits par le Royaume du Maroc sur la liste du patrimoine mondial : médina de Fès (1981), médina de Marrakech (1985), casbah Aït Ben Haddou (1987), ville historique de Meknès (1996), médina de Tétouan (1997), médina d'Essaouira (2001), en plus la place de Jamaâ El Fna de Marrakech proclamée par l'UNESCO chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité (2001).
En effet, le site Mazagan a souvent été candidat pour être classé, il a fallu attendre le moment propice pour accomplir ce vœu.
Les critères qui ont favorisé ce classement sont multiples, à savoir la protection du site et son classement par les dahirs du 21 septembre 1918 et du 3 novembre 1919, le fait que c'est un lieu de brassage de plusieurs religions, sans oublier que les fortifications et leurs systèmes permanents de défense sont également un critère non négligeable, puisque les tours et les remparts constituent un exemple précoce d'architecture militaire de la renaissance.
Abdelmajid Nejdi | LE MATIN
Partout où l'on passe à El Jadida, on découvre les traces d'une histoire riche et variée dont la cité portugaise (Mazagan), le phare de Sidi Bouafi, le théâtre municipal, l'immeuble Cohen…Malheureusement, la place forte de Mazagan (Mazagaô ou la cité portugaise), bijou architectural inestimable et symbole de tolérance et de cohabitation parfaite des trois religions monothéistes dans une terre d'Islam, est actuellement mal exploitée touristiquement.
Cette cité s'élève probablement sur l'emplacement d'un ancien comptoir phénicien fondé au milieu du 5e siècle avant Jésus-Christ et connue sous le nom de «Portus Rusibis». Au début du 16e siècle (1502- 1503), les Portugais se sont installés sur un petit château en ruine appelé « Borj Cheikh». Entre 1502 et 1513, ils ont décidé de construire Castello Real (le château de Mazagan) à l'emplacement de l'actuelle citerne. Ce n'est peut être qu'en 1514 que la construction d'une muraille externe à tours saillantes devint une nécessité.
Les travaux de construction de «Mazagan» ont été dirigés par les architectes Francisco et Diego de Arruda et de l'Italien Benedetto di Ravenna. La forteresse fut isolée de la terre ferme par un fossé dès 1517. Dès 1537, la forteresse devint une vraie petite ville après l'agrandissement de la muraille et l'amélioration des travaux du port, des entrepôts, des magasins et des habitations. Mais ce n'est que ler août 1541 que Louis de Loureiro, capitaine de la forteresse, fonda officiellement la ville au nom du roi du Portugal. Une année plus tard, la ville était totalement refaite avec un aspect proche de l'actuel.
Durant l'occupation portugaise, les Marocains n'ont pas cessé de mener des attaques pour déloger l'occupant ou carrément d'assiéger la forteresse de Mazagan à différentes époques (1525-1562 – 1756 et enfin 1769). Le 4 mars 1769, Sidi Mohammed Ben Abdellah, présent sur les lieux aux côtés des militaires et des Moudjahiddine, venus de tous les coins du Maroc, y compris du Sahara marocain, ordonna le bouclage total de la ville. Les Portugais se rendirent compte qu'ils ne pouvaient plus résister, ils quittèrent Mazagan, le 11 mars 1769, après avoir miné quelques lieux de la ville.
Le dynamitage a causé la destruction partielle de la ville et la mort de plus de 500 hommes faisant partie des Moudjahiddines. Ainsi, la ville resta-t-elle abandonnée pendant 30 années. Dès 1820, le Sultan Sidi Abderrahmane autorisa son repeuplement par les musulmans, les chrétiens et les juifs. En effet, la cité Mazagan ou El Jadida s'est transformée en un haut lieu de tolérance et de cohabitation en parfaite symbiose. Cette cité a pris plus d'un nom.
Elle s'appelait Portus Rusibis, Mazighane, Borj Cheikh, Mazagaô, El Mahdouma, El Medina, El Jadida, Mazagan et enfin El Jadida, nom donné à cette ville par le Sultan Alaouite Sidi Abderrahmane. Cette ville revêt une importance historique et architecturale considérable, elle représente, en effet, la plus grande fortification portugaise au Maroc.
Son histoire est marquée par plusieurs périodes essentielles:
- La période portugaise s'étend de 1541 à 1769, c'est celle de construction et de structuration de cette cité.
- La période judéo-islamique commence de 1820 et se prolonge jusqu'au début du 20ème siècle où la cité fut transformée en «Mellah» et une grande communauté juive marocaine y fut alors installée.
- Les périodes précoloniale et coloniale ont été marquées par l'ouverture du «Mellah» à une nouvelle population qui vient cohabiter avec la communauté juive. Il s'agit essentiellement d'une communauté européenne et musulmane.Mazagan a des trésors culturels inépuisables qui témoignent jusqu'à nos jours de son histoire de développement et de l'épanouissement et de son passé glorieux qui fût sa fierté et son authenticité.
Mais le côté culturel est le plus important et l plus significatif dans le développement de Mazagan. Cependant, nous pensons qu' en plus de sa richesse historique et de son important rôle socio-économique, le tourisme peut lui donner une autre dimension à condition de l'intégrer intelligemment dans le cadre de la «Vision 10 millions de touristes en 2010».
Car la création de la station balnéaire de Mazagan(Haouzia), dont les travaux de la première phase, portant notamment sur la réalisation de 1.000 lits, d'un golf de 18 trous, de150 villas, d'un Centre de congrès et d'équipements d'animation seraient achevés fin 2009, est à même de donner une nouvelle impulsion au développement à Azemmour et à El jadida et partant de contribuer à l'émergence d'un nouveau pôle touristique au Maroc.
C'est vrai qu'un projet pour la réhabilitation des édifices à valeur architecturale de la cité portugaise a été étudié pour un montant avoisinant les 16 millions DH.
Or, il ne faut pas oublier que des opérations de démolition ou de confortement de maisons menaçant ruine à l'intérieur de la cité sont envisagées pour un budget de 6 millions DH.
Il semble donc qu'on oublie que la cité manque d'hôtels, de restaurants et de «posadas» (hôtels de luxe édifiés bien souvent dans des édifices historiques avec des prestations haut de gamme), de maisons touristiques classées et d'espaces de loisirs.
Ce qui prouve qu'à Eljadida, on ne se prépare pas à régler les problèmes qui entravent le développement du secteur touristique et on n'a pas encore saisi que Mazagan pourra être l'un des maillons essentiels pour concrétiser la Vision 2010. Si on met en valeur ce patrimoine inestimable, Mazagan sera un catalyseur de taille pour le développement de toute la région des Doukkala.
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Patrimoine mondial
Mazagan est classée patrimoine universel par l'UNESCO. Ce nouveau site est venu s'ajouter aux 6 autres inscrits par le Royaume du Maroc sur la liste du patrimoine mondial : médina de Fès (1981), médina de Marrakech (1985), casbah Aït Ben Haddou (1987), ville historique de Meknès (1996), médina de Tétouan (1997), médina d'Essaouira (2001), en plus la place de Jamaâ El Fna de Marrakech proclamée par l'UNESCO chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité (2001).
En effet, le site Mazagan a souvent été candidat pour être classé, il a fallu attendre le moment propice pour accomplir ce vœu.
Les critères qui ont favorisé ce classement sont multiples, à savoir la protection du site et son classement par les dahirs du 21 septembre 1918 et du 3 novembre 1919, le fait que c'est un lieu de brassage de plusieurs religions, sans oublier que les fortifications et leurs systèmes permanents de défense sont également un critère non négligeable, puisque les tours et les remparts constituent un exemple précoce d'architecture militaire de la renaissance.
Abdelmajid Nejdi | LE MATIN