Mohammed Chafiq

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Mohamed Chafik : Portrait d'un Amazigh

15.12.2004 | 15h26

L'africanité de Mohamed Chafik n'a nullement besoin
d'être prouvée. La pensée de cet auteur dépasse la
discussion bizantine sur l'authenticité de
l'appartenance raciale.

Mohamed Chafik est une figure de proue du paysage
intellectuel marocain. Leader du mouvement amazigh,
modéré, grand connaisseur de la littérature et du
patrimoine culturel arabe et "bon musulman". C'est un
nationaliste marocain invétéré qui a toujours pris ses
distances avec les différents partis politiques de
gauche (malgré ses tendances socialistes), et des
mouvements politiques amazighs. Prônant la lutte
intellectuelle et le dialogue, il est respecté tant
par tous les milieux amazighs que par le pouvoir.

Il occupa le poste de recteur de l'IRCAM (Institut
Royal de la culture amazighe) depuis sa création
jusqu'en novembre 2003.
Le mouvement amazigh au Maroc, comme chacun le sait,
est une action pour la défense des droits culturels
d'une tranche importante de la société marocaine. Il
n'y a aucune exigence séparatrice ou d'exclusion.

Les statistiques ne sont pas claires concernant le
volume et le nombre de Amazighs au Maroc. Le fait est
encore plus compliqué si on limite l'appartenance aux
simples Amazighophones, du moment que le brassage
ethnique et culturel au Maroc est à un tel point qu'à
notre avis, on ne peut différencier un Arabe pur d'un
Amazigh pur. Il serait aussi aberrant de discuter ce
problème tant que le Maroc est un carrefour de
rencontres. On y trouve toutes sortes de races et
d'ethnies venant principalement des trois continents :
l'Afrique, l'Asie et l'Europe.

Au sein de ce mouvement Amazigh, nous faisons la
différence entre ceux qui prônent l'action
intellectuelle et ceux qui prônent l'activité
politique.
Ces derniers se composent de partis politiques nés
après l'indépendance. Leur lutte se caractérisera par
l'opposition au parti nationaliste de l'Istiqlal et à
son idéologie. Ils joueront en même temps un rôle de
modérateur, en limitant l'activisme de la bourgeoisie
citadine libérale occidentalisée, ou nationaliste
arabe. Jusqu'à nos jours, tous les partis politiques à
tendance amazighe sont liés aux cercles des décideurs.
Beaucoup de militants amazighistes ont choisi
l'engagement au sein de l'UNFP et de l'USFP afin de
contrer une supposée aliénation au pouvoir.

Le doute est toujours permis sur l'authenticité du
programme amazighiste de ces partis. Un de leur grand
leader, l'éternel Mahjoubi Ahardane, ne cesse de
proclamer l'identité amazighe de tout le Maroc et de
tous les Marocains au service de la monarchie. Il
reste que son rôle modéré atténue tout extrémisme au
sein des différentes tendances amazighes. Le plus
critiquable dans ses positions est l'aspect rhétorique
reposant sur l'anecdotique afin de démontrer
l'originalité de la culture amazighe. Et c'est
peut-être ce qui a réussi à promouvoir le parti ainsi
que la pépinière de partis amazighistes qu'il a
produite lors des scissions et des luttes intestines.
Et c'est ce qui les rend vulnérables aux yeux des
intellectuels amazighs indépendants.

C'est aussi la raison pour laquelle les militants
intellectuels s'en éloignèrent.
De même que ces derniers s'organisent au sein
d'associations visant la promotion de la culture
amazighe dans tous les domaines, de même qu'ils
œuvrent à la promotion de la compagne et du monde
rural marocain, surtout dans les régions amazighes.
(WAAZI, H., la naissance du mouvement culturel amazigh
au Maroc, p. 96-107)
Mohamed Chafik fait partie de cette dernière tranche
d'activistes. Né en 1926, dans le pays des Ait Sadden
dans la région de Fès, il fait partie des Amazighs du
Moyen Atlas. Lauréat du célèbre lycée d'Azrou où il
réussit son brevet, il continua ses études dans un
autre grand lycée de la capitale Rabat, le lycée
Moulay Youssef.

Il fut exclu de ce dernier en 1944 après avoir
participé à une manifestation à l'occasion de la
présentation, par le parti de l'Istiqlal, du Manifeste
de l'Indépendance. Sa présence à Rabat lui permit de
perfectionner son enseignement de la langue arabe. Il
fut nommé enseignant instituteur dans la ville de
Demnate.
Au même moment, il réussit à poursuivre ses études et
à obtenir son baccalauréat et, plus tard, un diplôme
en langue arabe classique et une licence en histoire
de l'Art.

Il a toujours été indépendant par rapport aux
mouvements politiques partisans, sans pour autant
cacher une certaine sympathie pour les socialistes.
Il fera même pendant le début des années soixante-dix
un revirement vers "l'islamisme" encore naissant : ce
que nous appellerons une quête identitaire d'un
Amazigh au sein d'un Maroc en trouble (les années de
plomb). Au fait, il chercha à replacer l'Islam dans
une dimension plus importante par rapport à
l'appartenance arabe.

Mohamed Chafik n'a jamais cessé d'écrire en arabe et
en français, deux langues qu'il maîtrise avec art et
délicatesse, afin de démontrer la singularité du Maroc
et du Maghreb, voire de l'Afrique du Nord, par rapport
au monde arabe. La dimension africaine de Mohamed
Chafik est tellement imposante dans l'espace
intellectuel marocain qu'on ne lui trouve de
semblables échos que dans l'histoire antique de
l'Afrique du Nord, ainsi que dans celle des royaumes
Amazighes du Maroc d'avant le XVIe siècle : « Le grand
roi Mmiss-N-Izza (Massinissa) fut le premier à lancer
le slogan : "l'Afrique aux Africains!". Il y a de cela
vingt-deux siècles.


Et, depuis lors, les Maghrébins n'ont cessé de faire
face à des armées d'invasion. Ils n'ont cessé de
résister au colonialisme, sous la conduite de chef de
leur race, tels Jugurthen (Jugurtha), les Spartacus,
les Tacfarinas et bien d'autres parmi ceux dont
l'héroïsme n'a été reconnu et relaté qu'au grès des
humeurs des historiens latins. ». (Pour un Maghreb
d'abord Maghrébin, p. 13 -14)
La dimension africaine est également lisible dans un
texte édité dans la revue Tifawt en 1995. L'auteur y
parlant à une française, appelée Marie-France de
Paris, sise Europe des Quinze, Bruxelles. On y lit
ceci : (…) Tu as l'Afrique! Cette Afrique, prolifique
comme tu dis gentiment, t'aura donné bientôt cinq cent
millions de conjugueurs parfaits des verbes choir,
échoir et déchoir, à tous les temps. »
Dans la correspondance qu'il échangea avec l'islamiste
Abdessalam Yassine, il démontra son côté adjami,
c'est-à-dire étranger ou non arabe, mais de culture
amazighe appartenant au continent africain et de
religion musulmane.

(Tifawt, n° 6, p. 56-61)
« L'africanité » de Chafik n'a nullement besoin d'être
prouvée. S'il discute la célèbre phrase qu'un grand
nombre d'intellectuels et d'officiels marocains
prononcent afin de décrire le Maroc : "le Maroc est un
pays musulman, arabe et africain", c'est pour remettre
les pendules à l'heure. Pour Chafik, le Maroc est
arabe par l'une de ses langues et de ses cultures, il
est amazigh par son identité et son peuple, et on est
amazigh que si on est africain. D'ailleurs, pour lui,
il n'est point nécessaire de prouver "l'africanité" du
Maroc, du moment que le terme Afrique est, à
l'origine, un terme amazigh repris par les historiens
latins et reproduit par la suite jusqu'à devenir le
nom d'un continent.
Cette dimension n'est en rien raciale ou anti-arabe.

Elle essaye seulement de remettre l'histoire d'un
peuple et d'une culture au sein de leurs places
respectives, afin de promouvoir un véritable
développement socioculturel au Maroc.

Le mouvement amazigh, ainsi constitué du point de vue
de Chafik, ne cherche guère à se séparer du monde
arabe, il ne cherche que la reconnaissance de sa
singularité et de son droit à la différence. En
mettant l'accent sur l'aspect culturel et non sur
l'aspect racial, ce mouvement dépasse une discussion
byzantine sur l'authenticité de l'appartenance
raciale. Au Maghreb, il sera désuet de faire la
différence entre un Arabe et un Amazigh de pure
souche, il sera aussi abscons de limiter les
appartenances raciales au Maghreb à ces deux entités.

Le Maghreb est un carrefour où les passages des
différents peuples et envahisseurs ont laissé des
traces, des cultures, des brassages et métissages dont
on ne peut faire la part des choses.

*Institut des Etudes Africaines - Rabat


Par Khalid Chegraoui *
LeMatin
 
Code:
...différence entre un Arabe et un Amazigh de pure souche...

Des qu'on parle d'arabité, il n'y a aucun doute dans leur discours : maroc arabe.

dès qu'on parle Tamazight, toujours la même rengaine "STOP personne n'est vraiment 100% amazigh", histoire de dire mesquinement que tout le monde est un peu arabe...

on dirait quel es bedouins sont venus déposer leur semence dans le moindre recoin de l'Anti-Atlas !

ridicule.
 
oui ils te disent impossible de distinguer un arabe d'un amazighe comme quoi tous des arabes d'origine !!

marocain = arabe pour bq de gens , vu que tamazighte n'existe pas dans le maroc officiel
 
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