Peintre Amazigh

Zeiniba

New Member
Malika Houzig : artiste peintre des émotions


Née le 29 novembre 1976à Agadir
Autodidacte

EXPOSITIONS
1997 Chambre de commerce et d'industrie d'Agadir
1998 Musée municipal d'Agadir
1998 Faculté des lettres et des sciences humaines, Agadir
1998 Musée municipal, Agadir
1998 Tafraout
1998 Municipalité d'Agadir
1999 France
2000 Hôtel les Omayades d'Agadir
2000 Chambre de commerce et d'industrie d'Agadir


--------------------------------------------------------------------------------

Malika Houzig est un artiste peintre pas comme les autres, elle est dépourvue de la faculté de parole et de l’ouie, elle a choisi le pinceau comme outil d’expression avec les autres. Le terme sourde-muette ne lui convient pas parce qu’elle entend le chant des couleurs et communique par son pinceau, un langage que le commun des mortels ne maîtrise pas. Ses toiles sont ses dévoilent les différents aspects de sa personnalité. De l’identité culturelle ( la graphie de Tifinagh) à la femme, Malika vous fait plonger dans un univers de couleurs plein de vie et d’émotions, elle peint la réalité dans tous ses détails, c’est le cas du tableau intitulé ’’Disputes au hammam’’ par exemple où elle met en relief les femmes en pleines disputes les hammams traditionnels.

Elle se sert de tous ses sens pour transmettre son message avec beaucoup d’authenticité. L’espace « houziguien » est un mélange de couleurs et de sentiments. C’est le cri d’un coeur comble de sentiments altruistes et qui aime réjouir de la vie en incitant les autres à partager cette jouissance.
La peinture est une alchimie de couleurs et de sentiments intérieurs de l’individu, c’est l’histoire d’une vie étalée sur l’espace de la toile. Ce sont des souffrances, des joies, des succès et des déboires racontés par le pinceau afin de purifier l’âme des maux qui l’obsèdent.
Les toiles de Malika reflètent tout cela à la fois, c’est un brassage des espaces à la fois joyeux et mélancoliques. Chose évidente chez une personne qui traduit ses sentiments et ceux de sa société. Les tableaux de Malika Houzig chante la joie de vivre et nous apprend à garder l’espoir.

tableau-geldasent.gif


geldasent2.gif


[ Edité par idaoutanane le 3/3/2005 13:36 ]
 
AZUL
On ne peut que souhaiter un avenir prospére à MALIKA et l'encourrager à doubler d'efforts pour la diffusion de ses oeuvres que les médias arabistes marocains ne sont pas prets à faire connaitre aux marocains.
AZOGAY
 
SAIDI Muhand né à Midelt pour en savoir plus http://www.chez.com/anazur/


[lib]peintre.jpg[/lib] [lib]peintre1.jpg[/lib]
 
Les ancêtres redoublent de véracité

La révolte intérieure de Malika

L'oeil vif, le sourire parfois franc, parfois moqueur, la démarche alerte et décidée, Malika Houzig sait où elle va malgré les difficultés de l'existence et les injustices du destin.
Malika est née en novembre 1976 à Agadir. D'origine sociale humble, elle est la cadette de ses trois sœurs. Cette situation entre deux, est certainement source d'inconfort et l'a vraisemblablement poussée à trouver une meilleure position ailleurs. C'est en effet dans le champ de l'expression qu'elle va peindre à loisir ses joies, ses peines et ses craintes. Mais pour cette jeune femme il n'y a point de barrières malgré les colères de la vie et les rages du fatum ce qu'elle saura rendre grâce à son pinceau. Arme redoutable, le pinceau est tantôt ami tantôt ennemi : pour Malika il ne reculera ni devant les fureurs du temps et encore moins devant la laideur des hommes.
Malika est en effet issue d'un milieu très modeste dans le sud du Maroc. mais à la difficulté commune à beaucoup de ses compatriotes, le sort s'acharne tant et plus sur elle puisqu'elle perd son père dans un accident alors qu'elle a à peine deux ans. Un peu plus tard elle contracte une maladie apparemment bénigne (une otite ?) mais qui, ici finit en véritable tragédie. Mal ou pas soignée du tout elle se transforme en surdité profonde. Ses proches s'en rendront compte mais sur le tard: lorsqu'en âge de parler l'enfant ne parle pas. Le sort va donc frapper une fois de plus pour la couper de la vie ordinaire des hommes pour un univers où la parole n'a pas cours. C'est à partir de ce monde réduit à quelques êtres que Malika grandit et développe ses dons spécifiques.
Cependant le hasard promet, à ce drame initial, d'autres issues. Malika a la chance de pouvoir compter sur des proches qui lui donneront toute l'affection perdue et entendront son appel profond. Si le signe pictural est devenu une nature chez Malika c'est aussi parce que des êtres exceptionnels ont senti sa faim lancinante d'expression. Que dire de son oncle maternel tel l'apôtre des légendes avec sa barbe grise et sa bonté naturelle qui apportera avec constance soutien et amour filial à la jeune handicapée ?
La modeste demeure de Mohammed Gramaz est du reste toujours ouverte à ses amis quelles que soient leurs idées ou leurs croyances.
Ce qui dans cette région bourrée de traditions est une formidable entorse aux convenances établies.
C'est sans doute l'esprit libéral et ouvert de cette famille (mère, sœurs, tante) qui a mis Malika sur la voie de l'ouverture.
Comme la grande peintre algérienne Baya, Malika est bien entendu illettrée. Mais sa culture acquise dans cette situation difficile est phénoménale. Le regard aiguisé, Malika capte tout, ce qui est dit, dissimulé voire refoulé.
On peut dire que trois étapes caractérisent son parcours: si au départ elle a commencé comme tout un chacun par une peinture naïve, elle a consacré pendant un temps son oeuvre à retracer et à fouiller dans la culture des ancêtres. On lui doit de nombreux talents où amoureusement elle contourne, détourne, vise en oscillant avec les tifinaghs. Plus que n'importe quel Amazigh Malika cherche une langue, un alphabet qui lui permette de prendre la parole dans cette langue. Fait remarquable dans son mutisme Malika entend les sonorités de la langue et sait distinguer le tamazight de l'arabe et du français. Elle comprend et reconnaît sa langue et veut ainsi l'exprimer par son propre alphabet. On retrouve là dans cette région aux confins du sud marocain l'étonnant besoin de s'identifier à une situation collective. Daniel Prévot -artiste français qui se bat pour la reconnaissance de ses origines kabyles bafouées par sa famille maternelle - me disait ceci : vois-tu ce n'est pas un hasard si la culture à laquelle je m'identifie (tamazight) se trouve dans le même statut que le mien (la non reconnaissance de son identité). Il en est de même pour Malika (désormais Geldasent : leur reine) qui trouve dans le mutisme collectif la justification de son problème personnel.
Il faut attendre ces deux dernières années pour voir un affinement dans la technique et une maturité dans la pensée. On voit là se profiler le passage de la révolte de l'adolescente à celui de la femme qui réfléchit et tente de percer l'ensemble des problèmes de la société marocaine.
Langue certes mais aussi corps de femmes embuées dans les vapeurs du hammam redessinées à la Picasso, sexualité engouffrée dans une irruption volcanique au cœur de l'océan, membres de femmes déchiquetés parsemant la mer, regards tristes de femme et d'enfant, motocyclistes au détour d'une ruelle pris de dos (tournent-ils le dos à l'avenir ou au passé ?)
La peinture de Malika retrace la richesse du pays profond mais peut-être aussi le désarroi et la rage des plus démunis tant au niveau matériel que symbolique.
Munie de son pinceau Malika est allée droit vers le non dit, vers la parole interdite. A travers son expression personnelle la horde des ancêtres redouble de véracité. Ce non dit clairement exprimé par Malika consiste, sans doute, à reconnaître les droits culturels et les droits des femmes dans un pays où il est réellement permis d'espérer des lendemains meilleurs.

Tassadit Yacine,
 
Back
Top