[size=medium][color=0000FF]Mimouna, la fête de l'harmonie et des retrouvailles [/color][/size]
Le Maroc des traditions ancestrales et pluriculturelles
A Casablanca et dans toutes les villes du Royaume, les portes des maisons juives restent ouvertes, le soir de la Mimouna. Les tables dressées invitent le visiteur, le voisin, le voyageur à se servir et à goûter, dans la joie et la félicité, aux mets abondants sur la table mais aussi et, surtout, à cette harmonie qui existe depuis toujours, entre toutes les religions qui cohabitent pacifiquement au Maroc.
Le Pessa'h, période durant laquelle il est interdit de consommer du pain ou des aliments dérivés du pain (aliments à base de levain) et qui dure 8 jours, se termine en apothéose par une soirée particulière.
On décore la maison de fleurs et de végétaux. Après l'apparition des trois étoiles dans le ciel, on range la vaisselle de Pessa'h et on entame, particulièrement chez les Marocains, le rituel de la Mimouna et son couscous au beurre.
Ces traditions marquent symboliquement le retour à l'ordre ordinaire des choses dans la joie et la bonne humeur. On fête la Mimouna en musique et dans la bonne humeur. On se rend mutuellement visite et on se souhaite une bonne année.
Pessah est une fête majeure commémorant la sortie d'Egypte du peuple juif. Durant 8 jours, il est interdit de consommer du pain ou des aliments dérivés du pain (aliments à base de levain).
La Mimouna qui débute le dernier jour du Pessa'h à la tombée de la nuit donne lieu à de nombreuses festivités.
La plupart des Sépharades terminent solennellement les huit jours de Pessa'h par une soirée particulière ou Mimouna. On décore la maison de fleurs et de végétaux. Après l'apparition des trois étoiles dans le ciel, on range la vaisselle de Pessa'h et on entame, particulièrement chez les Marocains, le rituel de la Mimouna et son couscous au beurre. Ces traditions marquent symboliquement le retour à l'ordre ordinaire des choses dans la joie et la bonne humeur.
On fête la Mimouna en musique, on se rend mutuellement visite, on se souhaite une bonne année. Mais laissons Albert Suissa, natif de Casablanca, parler de «sa Mimouna». «Il n'est, dans toute l'histoire orale du judaïsme nord-africain, de fête plus noyée dans un (doux) brouillard que la Mimouna. Mon témoignage personnel va, je n'en doute pas un instant, soulever une levée de boucliers de la part de tous les défenseurs de cette humble communauté et autres auteurs d'albums en couleurs sur ses particularismes (…)
Mais commençons par nous plonger quelque peu dans les méandres étymologiques du mot Mimouna : nous avons mamon (biens), mazal (fortune), emouna (foi, mais aussi confiance), rabbi Moché ben Maimon (Maïmonide), Mimoun, prince-souverain des démons, Mimouna, son homologue féminine, Lalla Mimouna aussi, sainte femme de l'Islam, sans parler de Timimouna, qui fut, avant d'être rayée de la face du monde, la petite Jérusalem des franges du désert saharien.
Et puis la mouna, cette brioche de Pâque que l'on consomme dans les champs ou au bord de l'eau ; cette nuit de la chance qui veille sur la fiancée, la aroussa toute fraîche... Sans parler du pèlerinage, la hiloula, qui marque l'espérance printanière de prospérité et de fécondité. Une nuit aussi de badinages, de rires, d'apaisement des démons et autres mauvais esprits, de processions, de rites au bord des rivières ou de la mer, la fête de la mise en gerbe des céréales et du culte des saints». «... Du coup, après ces sept jours, il ne nous était pas facile de nous libérer du joug de tant de prohibitions et de potentiels péchés.
Et c'est là qu'entrait en jeu l'élément incontournable de la Mimouna : seul le goy, le musulman en l'occurrence, pouvait procéder à l'entrée du hamets, tabou de la Pâque, dans les foyers juifs. Les sept jours de pains azymes s'achèvent sur des bénédictions, des témoignages sonores d'amitié, avec, à la clef, l'évocation et l'invocation de tous les démons et saints du répertoire local, d'abord et avant tout Lalla Mimouna, cette sainte musulmane vertueuse qui est même parvenue à s'assurer une place de choix dans notre conscience collective nébuleuse de juifs marocains.
Une femme haute en couleurs, Lalla Mimouna, lourdement fardée, qui mâchonne de la menthe fraîche, répand des fèves, donne du lait, se meut librement et généreusement, et reste ambiguë sur la question de savoir ce qui en elle est juif, et ce qui est arabe. Ils viennent, ces voisins arabes, nous dire en connaisseurs que, de toute éternité, nos rites sont les leurs, et nous demandent de rester encore un peu, de ne pas nous faire de souci, car voilà le printemps, tout va s'arranger, vous allez voir la fécondité, le bonheur, la joie, prospérez et réjouissez-vous (tirbah u-tessad), nous disent-ils, Lalla Mimouna, la sainte musulmane y veillera !».
A Casablanca et dans toutes les villes du Royaume, les portes des maisons juives restent ouvertes. Les tables dressées invitent le visiteur, le voisin à se servir et à goûter dans la joie et la félicité, à cette harmonie qui existe depuis toujours, entre toutes les religions qui cohabitent au Maroc.
LeMatin.ma