Piège berbère

agerzam

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« Piège berbère » de Dan Chartier : Elucubration d'un
flic français à Marrakech

09.09.2004 | 15h59

Une intrigue policière à Marrakech. C'est le thème du
dernier polar de Dan Chartier sous le titre : « Piège
berbère».


La saison des vacances est derrière nous, mais une
dernière ballade à Marrakech, dans l'Atlas sur le
Djebel Sargho, aux confins du Sahara, avant de
s'installer pour longtemps dans la monotonie des
habitudes, ne serait pas de refus. C'est un peu comme
le dernier verre chez la copine, après une soirée
agréable, avant de rentrer se coucher. C'est toujours
le plus apprécié, celui qu'on apprécie le plus.
Surtout qu'il pourrait souvent être le prétexte à des
surprises des plus inattendues.


Pour vous en apercevoir, le dernier livre de Dan
Chartier est tout indiqué. Son titre déjà laisse
rêveur : «Piège berbère ». Un polar, soit dit en
passant, à l'adresse des amateurs. Pas de la grande
littérature. Mais, comme il est dit , le voyage, le
suspens sont garanti. Sous le ciel bleu et la canicule
de Marrakech et des hauteurs de l'Anti-Atlas, mais
pour commencer, en France, sous la neige et la
grisaille d'une petite ville du Nord. Annecy, elle
s'appelle.

C'est là, à Annecy que tout a commencé. Par une série
de meurtres dont les victimes sont trois Marocains,
tous berbères du Sud et un Arménien. C'est le
commissaire Marac et son équipe qui se chargent
d'élucider l'affaire, d'autant plus que son nom et son
numéro de téléphone personnel se trouvent à chaque
fois dans les affaires des victimes. En plus, l'une
des victimes lui avait remis, quelques jours avant sa
mort, une plante en lui demandant de « reconstituer
les cinq piliers de la vérité».

Pendant ce temps, à Paris, un autre meurtre vient de
se produire. Un autre Marocain, mais cette fois, une
personnalité très médiatique. Ce qui n'est pas pour
simplifier les choses pour notre commissaire. Un fin
limier au demeurant qui ne manque pas de se demander
s'il n'y a pas un fil d'Ariane qui relie toutes ses
affaires. Assassinat à caractère politique ? affaires
crapuleuses ? Qui en est l'auteur et le commanditaire
? Quel est le mystère de la plante ? Que veulent dire
« les cinq piliers de la vérité ». Il n'y a qu'une
solution pour Marac pour démêler les écheveaux de
cette affaire. Faire en secret le déplacement au
Maroc, d'autant plus qu'un enquêteur marocain est sur
place à Paris pour enquêter, en collaboration avec la
police française, sur le meurtre de la personnalité en
question.

Au revoir la grisaille et le brouillard matinal donc,
bonjour le ciel bleu et la canicule. Nous voilà à
Marrakech, où Marac débarque à l'aéroport. Allait-il
se mette en chemise à fleurs et flâner sur la place
Jamaâ Lafna appareil photo en bandoulière ? N'y
comptez pas. Il aura tout juste le temps de louer une
voiture, faire la rencontre du petit Ali pour que
commence, pour lui comme pour nous, une course
haletante à travers les ruelles tortueuses de la ville
rouge avant de se poursuive dans les grands étendus du
désert.

C'est que notre commissaire a la police marocaine à
ses trousses lui aussi. On le soupçonne d'avoir la clé
du mystère qui entoure la mort de la personnalité
marocaine et même de couvrir le meurtrier. Lui, il a
une autre version, qui on s'en doute, diffère quelque
peu de celle de ses poursuivants. Pour lui, le loup
est plutôt dans la bergerie, et pour des raisons qu'il
ignore, quelqu'un cherche à brouiller les pistes. Tout
ce qu'il sait pour l'heure, c'est qu'il est question
d'un conflit maroco-marocain, dont l'enjeu est le
pouvoir. Voilà qui explique un peu le titre du livre
et pour la même occasion met en évidence, question
d'être dans le contexte des réalités marocaines, la
problématique de la culture berbère.

Ce qui ne l'intéresse guère en tant que policier
français dont la préoccupation unique qui justifie sa
présence au pays, est d'élucider le meurtre des trois
Marocains sur son territoire. Ce qui ne nous empêche
pas nous autre d'en profiter pour faire un peu de
tourisme de montagne, de nous instruire sur les
différentes variétés des conifères et autres sapins,
et surtout de fantasmer sur la belle Yasmina, et par
la même occasion de réviser notre cours d'histoire du
Maroc depuis les Idrissides, jusqu'au Almohades, en
passant par les Almoravides et de faire ensuite le
saut vers les temps modernes à l'époque où El Glaoui
imposait son autorité sur toutes les tribus berbères
du Sud jusqu'aux confins du Sahara.

Le tout passé au filtre d'une autre culture, d'une
autre sensibilité. Nous faisons connaissance avec
d'autres personnages en cours de route, dont le grand
et mystérieux chef tribal Ma el-M'rek. Celui qui, peut
être, détient la clé du mystère qui fait courir notre
commissaire. Tout çà en l'espace de quatre jours. On
imagine la cadence avec laquelle nous sommes
entraînés.


On remue beaucoup en effet. On reste très peu en
place. Et puis ça tire de partout, ça cogne dur. Bref
on s'ennuie guère. Du pur jus hollywoodien où l'action
mène le monde.

Le personnage du commissaire, qui n'en est pas à sa
première apparition dans les ouvrages de Dan Chartier,
tient à la fois du Hercule Poirot et de James Bond.
Cogneur, fonceur, séduisant à ses heures perdues, mais
également perspicace, intelligent, cultivé et le
reste.
Bref, rien ni personne ne lui résiste. Un petit dieu
grec qui le maîtrise des événements dans le monde, qui
inspire confiance et avec lequel on peut volontiers
dormir sur ses lauriers.

Dans le monde dangereux où nous sommes aujourd'hui en
train de nous installer, on voudrait bien croire à la
réalité d'un tel personnage. Faute de quoi, le rêve
ferait bien l'affaire.
« Piège berbère », Dan Chartier,
Ed. Anne Carrière, 450 p.



Abdelaziz Mouride
LeMatin
 
agerzam a écrit :
« Piège berbère » de Dan Chartier : Elucubration d'un
flic français à Marrakech

(...)
Pendant ce temps, à Paris, un autre meurtre vient de
se produire. Un autre Marocain, mais cette fois, une
personnalité très médiatique. Ce qui n'est pas pour
simplifier les choses pour notre commissaire.
(...)

Piège berbère », Dan Chartier,
Ed. Anne Carrière, 450 p.



Abdelaziz Mouride
LeMatin

il est à noter que, dans le roman, le nom de cette personnalité médiatique est Houssine... Argaz ! les protagonistes étant tous Berbères, je sais pas si le roman est bon, mais l'idée l'est quant à elle : utiliser tous les codes d'un genre littéraire tel que le polar pour l'appliquer au "monde Berbère", c'est pas idiot.

[ Edité par Schtrompf_i_mqorn le 10/9/2004 12:36 ]
 
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