Voici un texte de 2000 mais toujours d'actualité :
Projet d'intégration de la femme au Développement Rural
A la Préfecture d'Agadir Ida Outanane
Etat des lieux:
Tout au long des années précédentes, la politique de l'Etat marocain a favorisé l'orientation des investissements dans les milieux urbain et suburbain, relativement nantis, alors que le milieu rural est resté en proie à la pauvreté, au chômage et à l'absence des infrastructures de base. Le milieu rural est source de main d'œuvre et espace d'acquisition de la légitimité pour les élites politiques. La succession des années de sécheresse qui a affecté notre pays a accentué le fossé entre les deux milieux urbain et rural, ce dernier étant resté loin du développement que connaît le pays, entraînant la recrudescence de l'exode rural, vidant les localités de leur jeunesse et accentuant l'analphabétisation parmi les hommes et les femmes. Ce qui fait que le Maroc soit classé parmi les pays pauvres dans le domaine du développement social.
Conscient de cette situation et désireux de changer au mieux la situation du milieu rural, le gouvernement marocain a entamé l'exécution de programmes de développement au profit de la femme rurale, conformément aux hautes orientations Royales contenues dans la lettre que Sa Majesté le Roi a adressée à M. le Premier ministre et qui délimite le cadre et les orientations du plan quinquennal et dans laquelle Sa Majesté appelle à la participation de la femme au développement et à sa jouissance de tous ses droits en tant qu'élément influant la société. En effet, dans le discours Royal du 1er novembre 1999, le Souverain a appelé les différentes parties participant à cette campagne de solidarité à orienter leurs efforts en priorité en faveur des femmes rurales, qui constituent la catégorie la plus affectée par la pauvreté. Dans son discours du trône, du 30 juillet 2000, le Souverain a réitéré son appel au gouvernement, contenu dans le message Royal d'orientation concernant le plan de développement économique et social, d'adopter le concept du développement intégré pour combler le déficit et les disparités sociales et spatiales, d'intégrer la jeunesse au processus de production, d'encourager son esprit d'initiative, d'associer la femme au développement, de lutter contre la pauvreté, la misère, l'exclusion et la marginalisation, de propager l'esprit de solidarité et d'entraide, de préserver la dignité, d'adopter des plans régionaux de développement et de dynamiser le rôle de la région dans le développement. Ces discours appuient la politique tracée par feu SM le Roi Hassan II, dont les dernières années de la vie ont vu le lancement de plusieurs programmes de développement qui ont rendu le milieu rural marocain un champ de plusieurs chantiers tels que la construction de routes et l'aménagement de pistes pour améliorer l'accessibilité, l'électrification rurale et l'approvisionnement en eau potable. De même, l'appui de l'Etat a embrassé d'autres domaines de développement, tels que l'irrigation, l'élevage, le transport et l'encouragement de micro-crédits, à côté de l'amélioration de la couverture sanitaire et scolaire. Toutefois, les efforts fournis n'ont pas pu hisser le milieu rural au niveau voulu. De même, des disparités existent d'une région à l'autre ce qui influe négativement sur certaines régions et particulièrement sur la femme rurale.
Ces disparités régionales ne s'arrêtent pas à l'échelon national mais se font ressentir avec acuité au niveau provincial et local, car si les investissements sont concentrés sur la bande Nord - Ouest du pays, la part de la région Souss Massa Draâ s'est limité au Grand Agadir et à la plaine du Souss alors que les zones montagneuses sont restées dans une léthargie paralysant tous les secteurs économiques et sociaux d'où prolifération de la pauvreté, extension de l'analphabétisation et accroissement du rythme de l'exode rural vers les villes et la migration vers l'étranger. La situation est restée telle jusqu'à l'année 1992, date de création de la préfecture d'Agadir Ida Outanane qui a vu l'annexion des zones rurales d'Ida Outanane à la ville d'Agadir dans un souci d'intégrer cette zone au développement global.
Ainsi, la nouvelle préfecture a hérité d'un espace rural déshérité qui s'étend sur 95 % de sa superficie et qui abrite près du tiers de sa population répartie sur plus de 400 douars (localités) dont la majorité est perchée sur des montagnes d'accès difficile et presque isolées du monde. Cette population enclavée souffre de la dureté de la vie, de la prolifération de l'analphabétisme et de la modestie des moyens et des ressources. Dans ces conditions et dans le but de tirer cette zone de cette réalité, l'Etat a entrepris son intégration dans des programmes de développement relatifs à l'approvisionnement en eau potable, à l'électrification, à la construction de routes, à l'édification d'établissements scolaires et de formations sanitaires.
1.-Effets de l'intervention des secteurs publics dans le rural d'Ida Outanane:
La zone d'Ida Outanane s'étend sur une superficie de 2222 km2, soit 95% de l'espace préfectoral, dont 90% en zones montagneuses. 70% de cette superficie est couverte par l'Arganier. Si ces montagnes contribuent à l'isolement de ces populations, elles n'empêchent cependant pas ces dernières de s'y installer puisque elle abrite environ 140 000 habitants. Aussi, si cet isolement présente des inconvénients du point de vue du développement des ressources humaines, elle contribue néanmoins à la préservation des ressources naturelles de la région, qui si elles sont exploitées, actuellement, de façon rationnelle, sont susceptibles d'assurer une complémentarité entre les deux milieux rural et urbain avec la préservation des ressources et de l'environnement.
Œuvrant à assurer un développement intégré, l'Etat marocain s'est attelé à développer les infrastructures de base nécessaires et ce dans les domaines suivants:
1.1- Rapprochement des services de la population:
Pour appuyer le développement rural dans la région, l'Etat a créé un ensemble de structures chargées de veiller à l'exécution des projets étatiques et à la coordination avec les habitants et leurs représentants. Ainsi 5 caidats et 12 communes rurales, dépendant du cercle des banlieues d'Agadir, ont été créées comme entités administratives qui ont rapproché les services administratifs des citoyens et qui permettent à l'administration de connaître les problèmes et les aspirations des habitants et d'identifier les ressources naturelles, dans une première étape, appuyer et animer le développement socio-économique, dans une seconde étape, et ceci en étroite coordination avec les autres départements étatiques, les élus et les potentialités de la société civile. Toutefois le secteur souffre encore de l'insuffisance des ressources financières et humaines et logistiques à même de le hisser au niveau escompté.
1.2- Elévation du niveau de scolarisation:
L'enseignement constitue un élément essentiel dans la politique de l'Etat visant à améliorer le niveau des ressources humaines. Ainsi le nombre d'établissements scolaires a été multiplié entre 1994 et 1999 pour voir le nombre d'enfants scolarisés passer de 11 722 à 20 917 élèves soit un accroissement annuel de près de 15,5 %. La conjugaison des efforts entre le ministère de l'éducation nationale et les collectivités locales a permis de réaliser une couverture scolaire de presque tous les douars pour ce qui est de l'enseignement primaire. La couverture par collège a été réalisée au niveau des 5 caidats. Toutefois la scolarisation au niveau de ces collèges reste encore insuffisante en raison de l'absence d'internats et de l'insuffisance de la capacité d'hébergement des foyers pour étudiants "Dar Taleb" qui sont construites difficilement, par les collectivités locales, les associations et certains bienfaiteurs et qui souffrent, actuellement de problèmes matériels.
1.3- Amélioration de la couverture sanitaire:
En dépit des efforts fournis par l'Etat dans ce domaine qui a connu la création de 5 centres de santé, soit un centre par Caidat, et 15 dispensaires en plus d'une salle de soins et deux salles d'accouchement, la dislocation des groupements de population fait que seuls douaénéficient des prestations sanitaires par le mode fixe. S'ajoute à cela l'insuffisance de l'équipe médicale qui compte 7 médecins, 51 infirmiers et 4 accoucheuses, compte tenu du nombre d'habitants. Ainsi la couverture médicale est d'un médecin pour 20.000 habitants et un infirmier pour plus de 2.700 habitants. Si l'on prend en compte le facteur géographique montagneux d'accès difficile, l'éloignement des douars des formations sanitaires, les traditions de la société qui font que les femmes appréhendent d'avoir à faire à des hommes médecins et infirmiers, les prestations sanitaires restent limitées aux habitants de sexe masculin et aux jeunes enfants, qui ont la possibilité de se déplacer à la formation sanitaire alors que la femme reste la plus défavorisée par cette situation. Ainsi la promotion de la santé ne peut être réalisée que par l'intégration de l'élément féminin dans des programmes d'éducation sanitaire par l'affectation de médecins femmes et d'infirmières dans les centres de santé et les dispensaires et l'association des potentialités de la société civile aux activités d'information-éducation-communication (IEC).
1.4- Des réalisations importantes en matière d'infrastructures de base:
a)- Amélioration de l'accessibilité des douars:
Cette opération a visé la réalisation d'un ensemble de projets tels la construction de la première et la deuxième tranche de la route provinciale n° 1001 entre Imouzzer et Tikki et la préparation de la troisième tranche la prolongeant sur la route nationale n° 8.
Elargissement et renforcement de la route nationale n° 8 entre Amskroud et Tikiouine.
Elargissement et renforcement de la route provinciale n° 1708 à Amskroud.
Renforcement de la route provinciale n° 100.
D'autres projets sont en cours de réalisation tels la route provinciale n° 1000 allant à Aziar en passant par le barrage Ait Hammou sur une longueur de 34 kms, la 1ère tranche de la route provinciale n° 1004 sur une longueur de 12 kms, en plus de l'entretien, de l'aménagement et du renforcement de pistes pour faciliter les déplacements de la population et les échanges de marchandises et de services avec les centres urbains avoisinants.
Néanmoins, ces efforts restent en deçà des besoins de la région puisque beaucoup de localités restent en dehors des routes et des pistes aménagées et sont exposées à l'isolement en période de pluies abondantes.
b)- Electrification rurale:
La région a bénéficié de même du programme d'électrification rurale (PERG) qui a englobé plusieurs communes rurales dont certaines ont atteint des couvertures élevés tels la commune rurale de Drarga qui a réalisé un taux de desserte des localités de plus de 80%; La zone rurale d'Ida Outanane va de même bénéficier de la première expérience à l'échelon national qui consiste en l'électrification par axe allant profiter à 3591 ménages répartis sur plus de 94 douars et qui sera réalisé dans un cadre partenarial quadripartite entre l'Office National de l'électricité, les communes rurales concernées, le conseil provincial et les habitants, ce qui va porter le taux de desserte à 80 % dans cette zone, faisant ainsi de la préfecture d'Agadir Ida Outanane une préfecture pilote à l'échelon national, car il n'échappe à personne le rôle que joue l'électrification dans le développement par l'encouragement des investissements et de la stabilité dans la zone ainsi que dans l'amélioration des conditions de vie. L'électricité permet à la femme de dégager du temps qui peut être exploité dans des programmes d'alphabétisation, d'éducation sociale et sanitaire, et dans des activités productives surtout quand l'eau potable est disponible.
d)- Approvisionnement en eau potable:
L'approvisionnement en eau potable représente un besoin vital et social pour les familles rurales, et particulièrement pour la femme et la jeune fille qui sont directement affectées aux corvées de sa recherche et de son puisement, grevant une grande partie de leur temps. La disponibilité de l'eau potable est donc un acquis très important du point de vue du temps qu'il permet de dégager pour la femme rurale et des conditions de santé qu'il permet d'améliorer. C'est ainsi que, dans le cadre du PAGER, l'Etat s'est attelé à approvisionner le maximum de localités en infrastructures d'eau visant à mettre fin à la pénurie de cette matière vitale. Les services régionaux du ministère de l'équipement ont, ces cinq dernières années, réalisé 53 opérations de sondage, 5 forages d'exploitation, 57 puits, la construction de 23 citernes souterraine, l'aménagement de 7 sources et l'équipement de 7 puits, intéressant 184 douars avec une population de plus de 86.000 habitants répartis sur l'ensemble des communes rurales d'Ida Outanane. De même, plusieurs localités des communes d'Amskroud et Drarga ont bénéficié de l'approvisionnement en eau potable à partir des canalisations de l'Office National de l'eau Potable. D'autres localités, grâce à leurs dynamiques associations, ont pu réaliser un réseau de distribution d'eau, tels Drarga et Tagadirt-Naâbadou. D'autres Communes rurales (Tamri, Aourir et Taghazoute) vont bénéficier de l'approvisionnement en eau potable, à partir du barrage Ait Hammou à travers les canalisations d'approvisionnement de la ville d'Agadir. Mais en attendant la généralisation du milieu rural en eau potable, la femme rurale continue à affecter une grande partie de son temps à la quête d'eau, souvent impropre à la consommation ce qui l'expose, elle et ses enfants, à des maladies d'origine hydrique.
1.5- Animation des secteurs productifs:
L'Etat a contribué avec ses différents services régionaux et locaux à l'appui et au développement des secteurs productifs en encourageant la petite et la moyenne irrigation, en appuyant la pêche traditionnelle, l'élevage du bétail, l'apiculture et le secteur touristique dans la région.
a)- Appui au secteur agricole:
Le ministère de l'agriculture, par le biais de l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole, s'est intéressé à encourager les agriculteurs à adopter les cultures irriguées par sa participation à la construction et à l'aménagement de séguias, le creusement et l'équipement de puits pour disposer de l'eau pour le bétail. Ceci par la réalisation de 150 opérations dont 71 % orientée vers la construction et l'aménagement de 81.300 ml de séguias, 15 % pour la construction d'étangs de retenue d'eau, alors que 10.6 % a été affectée à la construction de citernes souterraines et à l'entretien et à l'aménagement de sources d'eau. La construction de puits ainsi que leur équipement a bénéficié de 3,4 %. De même, le soutien à l'élevage se fait par la disposition du fourrage à des prix abordables, en coordination avec la coopérative marocaine agricole du Sud, et l'organisation de campagnes vétérinaires de prévention des zoonoses transmissibles, en plus des cellules de vulgarisation agricole fixes et itinérantes destinées particulièrement à la femme rurale.
b)- Développement de la pêche traditionnelle:
La zone d'Ida Outanane dispose de 80 kms de côtes maritimes parsemées de plages sablonneuses et d'espaces rocheux ce qui permet à la population de développer des activités liées à la mer. Ainsi, la majorité des habitants vivant à proximité des côtes s'adonnent à la pêche traditionnelle et moderne. L'Etat encourage le développement de la pêche traditionnelle par la création d'un village - pilote pêcheurs à Imsouane, visant à améliorer leurs revenus grâce à la création de marchés locaux de poissons gérés par l'Officie National des Pêches au niveau d'Imsouane et Taghazoute. D'autres villages de pêcheurs sont en cours de création dans cette région.
c)- Animation du secteur du tourisme:
La zone d'Ida Outanane se distingue par la diversification de ses paysages et des cultures et traditions de ses habitants. Elle dispose, ainsi, de sites touristiques d'une extraordinaire beauté tels que la grotte Win Tamdiouine, les baies d'Akesri et d'Imouzzer et la station thermale d'Ait Lamine …etc. Ces atouts restent, cependant, encore non exploités, ce qui nécessite le développement et la diversification du tourisme dans la zone de façon à réaliser le déveldurable des ressourcelocatout préservl'environnede la zone ééserve de protection de l'arganier considéré comme patrimoine mondial, officiellement, depuis le 8 décembre 1998. La zone côtière va ainsi accueillir d'importants investissements, les années à venir, ce qui va contribuer à la création de postes de emploi, temporaires ou permanents, pour de nombreux habitants.
2- Apports de la société civile dans le développement local:
Dans le cadre de la politique de consolidation de la démocratie et du libéralisme suivie par le Maroc et compte tenu de ce que nécessite la mondialisation comme décentralisation et comme détermination de nouvelles fonctions pour l'Etat, les pouvoirs publics encouragent l'action associative d'où la prolifération des ONG de développement qui ont, au niveau de la zone du Souss, contribué dans un cadre de mobilisation sociale, de participation communautaire et multisectorielle, et de partenariat avec les organismes de l'Etat et les organisations internationales, à la réalisation de projets de développements tels que l'aménagement de routes, la construction de séguias (cours d'eau), l'approvisionnement des localités en eau potable, l'électrification rurale. Au niveau du secteur rural de la province d'Agadir Ida Outanane, le nombre des associations dépasse la centaine, travaillant dans différents secteurs de développement tels que l'agriculture, les infrastructures de base, le domaine social. Toutefois la représentation de la femme dans ces associations reste encore très faible malgré le fait que certaines commencent à s'intéresser à la femme à travers les cours d'alphabétisation dispensés et l'encouragement à la création de coopératives féminines, et ce en coordination avec les établissements publics et les organisations non gouvernementales travaillant dans la région.
Conclusions:
A travers cette présentation résumée sur le développement à Ida Outanane, il apparaît que même si cette zone n'a pas bénéficié des investissements de l'Etat pendant des décennies, elle connaît actuellement un rythme accéléré de changements dans plusieurs secteurs tels que l'enseignement et l'électrification. Toutefois, la zone continue encore à souffrir de plusieurs carences dans les domaines de l'accessibilité routière, l'approvisionnement en eau potable, la couverture sanitaire, les établissements scolaires et de formation professionnelle et d'incitation économique. La femme restant celle qui souffre le plus de ces carences, du fait de son affectation à la responsabilité de quêtes ardues et quotidiennes d'eau, de son exposition à l'analphabétisme et à la sous-couverture sanitaire et au manque de ressources financières. D'où la nécessité de l'appuyer, de la soutenir et d'œuvrer à améliorer sa condition dans le cadre d'un plan d'action qui tient compte des spécificités de la société locale et des possibilités offertes, en associant l'homme rural à ce travail à travers l'encouragement d'associations l'encadrant, l'organisant et servant d'interface et d'interlocuteur avec la commission provinciale chargée de l'élaboration et de la mise en place du plan d'action provinciale d'appui à l'intégration de la femme rurale au développement durable, ne serait-ce que dans une première étape.
Plan d'action d'intégration de la femme et de la jeune fille au développement rural :
Le développement de la société marocaine est tributaire du développement de ses ressources humaines et la femme est considérée comme un pilier essentiel du progrès, du fait de l'important rôle qu'elle joue dans l'élévation et l'éducation des enfants et dans la famille. C'est pourquoi sa scolarisation et sa formation représentent un investissement dans la formation des générations futures. Par contre, son analphabétisation et sa marginalisation entraînent le sous-développement de la société. Si l'on part de la réalité actuelle de la femme rurale qui interpelle par un taux criard d'analphabétisme, 95 % des femmes sont analphabètes, et de la marginalisation économique et sociale, toute intervention doit être bien étudiée et équilibrée pour éviter toute retombée négative.
Conscients de cela, une réunion a été tenue au niveau de la Wilaya d'Agadir avec la participation de toutes les parties concernées ou intéressées qui a donné lieu à la création d'une commission provinciale chargée de préparer un plan d'action complémentaire et intégré, réalisable et multisectoriel pour le développement de la femme rurale.
La commission a tenu plusieurs réunions et séances de travail au niveau du siège du cercle d'Agadir Ida Outanane, au niveau des caidats dépendantes avec la participation des élus locaux, des associations locales qui ont participé à l'identification des besoins de la femme rurale et des facteurs déterminants de son développement.
La commission provinciale a abouti aux recommandations suivantes:
Nécessité de disposer d'infrastructures de base dans les domaines des routes, de l'eau potable, de l'électrification rurale, afin d'améliorer les conditions des populations en général et des femmes en particulier.
Nécessité d'appuyer le secteur de l'enseignement par l'encouragement de la généralisation de la scolarisation de la jeune fille rurale, et ce par :
La disposition de l'eau potable, de formations sanitaires et d'établissements scolaires à pourvoir de clôtures et de logements simples pour les instituteurs.
La disposition d'internats pour filles au niveau des collèges.
Affectation d'institutrices au niveau des établissements scolaires pour appuyer le programme d'alphabétisation du ministère du développement social, de la solidarité et de la formation professionnelle et recruter les femmes rurales qui souffrent d'un taux de plus de 90 % d'analphabètes et qui constituent plus de 95 % des bénéficiaires de ce programme.
Nécessité d'appuyer le secteur de la santé par le renforcement des infrastructures sanitaires, dispensaires ruraux et centres de santé, et par l'encadrement sanitaire féminin pour encourager les femmes à la fréquentation des formations sanitaires.
Ainsi, à partir de ce diagnostic et des recommandations émanant des habitants, des élus et des associations, la commission provinciale a mis au point un plan d'action d'intégration de la femme basé sur 4 axes: l'alphabétisation, l'éducation, la formation et l'encadrement économique, à côté de la couverture sanitaire surtout des groupements de population ne disposant pas de formations sanitaires.
La mise en œuvre de ce plan d'action provincial d'intégration de la femme au développement rural se fera à travers la création et l'animation de centres multifonctionnels de développement socio-économiques, en partenariat entre :
les habitants, communes rurales et associations, qui œuvreront à la construction de ces centres multifonctionnels.
la délégation de l'entraide national et la délégation du développement social, de la solidarité, du travail et de la formation professionnelle en collaboration avec les établissements et les organisations non gouvernementales tels que le centre régional d'alphabétisation et de développement, la fondation Zagora … etc, qui œuvrent à fournir l'équipement et l'encadrement nécessaires.
la délégation de la santé : qui s'occupe de la couverture sanitaire dans le cadre de la stratégie de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfant.
l'office régional de mise en valeur agricole Souss-Massa et la délégation de l'artisanat selon l'activité économique génératrice de revenus que les femmes rurales veulent développer, ainsi elles seront organisées et encadrées pour exercer cette activité que ce soit dans le cadre d'une association ou coopérative féminine de développement agricole, de production de l'huile d'argane ou d'artisanat …etc.
Le coût d'équipement de chacun de ces centres multifonctionnels à créer s'élève à 161.000,00 Dirhams.
Il devient alors impératif:
d'accompagner et d'appuyer ce programme par des activités d'éducation et de sensibilisation auprès de la population afin de fournir des locaux pour abriter ce centre où seront développées les activités de développement intégré en partenariat avec les départements publics et les organismes et organisations gouvernementaux.
de chercher des fonds pour fournir les équipements liés à l'alétisatetà la fdans le cadre des budgets des communes et du conseil provincial, et aussi pour la construction de certains centres dans des endroits où la population est la plus démunie et à très faible revenu.
De rechercher d'autres sources de financement auprès de bailleurs de fonds appuyant le programme d'intégration de la femme au développement intégré et durable du milieu rural. Dans ce cadre, l'association sociale Tiouizi, à Drarga œuvre, en collaboration avec l'Espace Associatif et une ONG canadienne à mettre au point et à ouvrir un site Internet à mettre à la disposition des autres associations de cette province à la recherche des fonds nécessaires à la réalisations des projets programmés. Une toute jeune Association d'Appui à l'Intégration de la Femme au Développement Rural vient tout récemment de voir le jour pour assurer la communication et la coordination entre les différents intervenants, et faire le plaidoyer auprès des organismes et organisations internationales.
Renforcement des capacités organisationnelles et d'encadrement social et économique (agriculture, apiculture, artisanat…etc, avec étude des projets à même d'améliorer le revenu de la femme rurale.
La réunion générale d'évaluation du plan d'action provincial, tenue à la Wilaya d'Agadir, le 6 octobre 2000, regroupant l'autorité locale, les départements publics, les élus et les associations a constaté les efforts fournis et mandaté des potentialités de la Société civile pour créer une association féminine ouverte sur l'homme pour servir d'outil de communication et de coordination entre les différentes parties et pour appuyer les associations locales et les coopératives pour la réalisation de leurs projets de développement socio-économique rural.
SOURCE
Projet d'intégration de la femme au Développement Rural
A la Préfecture d'Agadir Ida Outanane
Etat des lieux:
Tout au long des années précédentes, la politique de l'Etat marocain a favorisé l'orientation des investissements dans les milieux urbain et suburbain, relativement nantis, alors que le milieu rural est resté en proie à la pauvreté, au chômage et à l'absence des infrastructures de base. Le milieu rural est source de main d'œuvre et espace d'acquisition de la légitimité pour les élites politiques. La succession des années de sécheresse qui a affecté notre pays a accentué le fossé entre les deux milieux urbain et rural, ce dernier étant resté loin du développement que connaît le pays, entraînant la recrudescence de l'exode rural, vidant les localités de leur jeunesse et accentuant l'analphabétisation parmi les hommes et les femmes. Ce qui fait que le Maroc soit classé parmi les pays pauvres dans le domaine du développement social.
Conscient de cette situation et désireux de changer au mieux la situation du milieu rural, le gouvernement marocain a entamé l'exécution de programmes de développement au profit de la femme rurale, conformément aux hautes orientations Royales contenues dans la lettre que Sa Majesté le Roi a adressée à M. le Premier ministre et qui délimite le cadre et les orientations du plan quinquennal et dans laquelle Sa Majesté appelle à la participation de la femme au développement et à sa jouissance de tous ses droits en tant qu'élément influant la société. En effet, dans le discours Royal du 1er novembre 1999, le Souverain a appelé les différentes parties participant à cette campagne de solidarité à orienter leurs efforts en priorité en faveur des femmes rurales, qui constituent la catégorie la plus affectée par la pauvreté. Dans son discours du trône, du 30 juillet 2000, le Souverain a réitéré son appel au gouvernement, contenu dans le message Royal d'orientation concernant le plan de développement économique et social, d'adopter le concept du développement intégré pour combler le déficit et les disparités sociales et spatiales, d'intégrer la jeunesse au processus de production, d'encourager son esprit d'initiative, d'associer la femme au développement, de lutter contre la pauvreté, la misère, l'exclusion et la marginalisation, de propager l'esprit de solidarité et d'entraide, de préserver la dignité, d'adopter des plans régionaux de développement et de dynamiser le rôle de la région dans le développement. Ces discours appuient la politique tracée par feu SM le Roi Hassan II, dont les dernières années de la vie ont vu le lancement de plusieurs programmes de développement qui ont rendu le milieu rural marocain un champ de plusieurs chantiers tels que la construction de routes et l'aménagement de pistes pour améliorer l'accessibilité, l'électrification rurale et l'approvisionnement en eau potable. De même, l'appui de l'Etat a embrassé d'autres domaines de développement, tels que l'irrigation, l'élevage, le transport et l'encouragement de micro-crédits, à côté de l'amélioration de la couverture sanitaire et scolaire. Toutefois, les efforts fournis n'ont pas pu hisser le milieu rural au niveau voulu. De même, des disparités existent d'une région à l'autre ce qui influe négativement sur certaines régions et particulièrement sur la femme rurale.
Ces disparités régionales ne s'arrêtent pas à l'échelon national mais se font ressentir avec acuité au niveau provincial et local, car si les investissements sont concentrés sur la bande Nord - Ouest du pays, la part de la région Souss Massa Draâ s'est limité au Grand Agadir et à la plaine du Souss alors que les zones montagneuses sont restées dans une léthargie paralysant tous les secteurs économiques et sociaux d'où prolifération de la pauvreté, extension de l'analphabétisation et accroissement du rythme de l'exode rural vers les villes et la migration vers l'étranger. La situation est restée telle jusqu'à l'année 1992, date de création de la préfecture d'Agadir Ida Outanane qui a vu l'annexion des zones rurales d'Ida Outanane à la ville d'Agadir dans un souci d'intégrer cette zone au développement global.
Ainsi, la nouvelle préfecture a hérité d'un espace rural déshérité qui s'étend sur 95 % de sa superficie et qui abrite près du tiers de sa population répartie sur plus de 400 douars (localités) dont la majorité est perchée sur des montagnes d'accès difficile et presque isolées du monde. Cette population enclavée souffre de la dureté de la vie, de la prolifération de l'analphabétisme et de la modestie des moyens et des ressources. Dans ces conditions et dans le but de tirer cette zone de cette réalité, l'Etat a entrepris son intégration dans des programmes de développement relatifs à l'approvisionnement en eau potable, à l'électrification, à la construction de routes, à l'édification d'établissements scolaires et de formations sanitaires.
1.-Effets de l'intervention des secteurs publics dans le rural d'Ida Outanane:
La zone d'Ida Outanane s'étend sur une superficie de 2222 km2, soit 95% de l'espace préfectoral, dont 90% en zones montagneuses. 70% de cette superficie est couverte par l'Arganier. Si ces montagnes contribuent à l'isolement de ces populations, elles n'empêchent cependant pas ces dernières de s'y installer puisque elle abrite environ 140 000 habitants. Aussi, si cet isolement présente des inconvénients du point de vue du développement des ressources humaines, elle contribue néanmoins à la préservation des ressources naturelles de la région, qui si elles sont exploitées, actuellement, de façon rationnelle, sont susceptibles d'assurer une complémentarité entre les deux milieux rural et urbain avec la préservation des ressources et de l'environnement.
Œuvrant à assurer un développement intégré, l'Etat marocain s'est attelé à développer les infrastructures de base nécessaires et ce dans les domaines suivants:
1.1- Rapprochement des services de la population:
Pour appuyer le développement rural dans la région, l'Etat a créé un ensemble de structures chargées de veiller à l'exécution des projets étatiques et à la coordination avec les habitants et leurs représentants. Ainsi 5 caidats et 12 communes rurales, dépendant du cercle des banlieues d'Agadir, ont été créées comme entités administratives qui ont rapproché les services administratifs des citoyens et qui permettent à l'administration de connaître les problèmes et les aspirations des habitants et d'identifier les ressources naturelles, dans une première étape, appuyer et animer le développement socio-économique, dans une seconde étape, et ceci en étroite coordination avec les autres départements étatiques, les élus et les potentialités de la société civile. Toutefois le secteur souffre encore de l'insuffisance des ressources financières et humaines et logistiques à même de le hisser au niveau escompté.
1.2- Elévation du niveau de scolarisation:
L'enseignement constitue un élément essentiel dans la politique de l'Etat visant à améliorer le niveau des ressources humaines. Ainsi le nombre d'établissements scolaires a été multiplié entre 1994 et 1999 pour voir le nombre d'enfants scolarisés passer de 11 722 à 20 917 élèves soit un accroissement annuel de près de 15,5 %. La conjugaison des efforts entre le ministère de l'éducation nationale et les collectivités locales a permis de réaliser une couverture scolaire de presque tous les douars pour ce qui est de l'enseignement primaire. La couverture par collège a été réalisée au niveau des 5 caidats. Toutefois la scolarisation au niveau de ces collèges reste encore insuffisante en raison de l'absence d'internats et de l'insuffisance de la capacité d'hébergement des foyers pour étudiants "Dar Taleb" qui sont construites difficilement, par les collectivités locales, les associations et certains bienfaiteurs et qui souffrent, actuellement de problèmes matériels.
1.3- Amélioration de la couverture sanitaire:
En dépit des efforts fournis par l'Etat dans ce domaine qui a connu la création de 5 centres de santé, soit un centre par Caidat, et 15 dispensaires en plus d'une salle de soins et deux salles d'accouchement, la dislocation des groupements de population fait que seuls douaénéficient des prestations sanitaires par le mode fixe. S'ajoute à cela l'insuffisance de l'équipe médicale qui compte 7 médecins, 51 infirmiers et 4 accoucheuses, compte tenu du nombre d'habitants. Ainsi la couverture médicale est d'un médecin pour 20.000 habitants et un infirmier pour plus de 2.700 habitants. Si l'on prend en compte le facteur géographique montagneux d'accès difficile, l'éloignement des douars des formations sanitaires, les traditions de la société qui font que les femmes appréhendent d'avoir à faire à des hommes médecins et infirmiers, les prestations sanitaires restent limitées aux habitants de sexe masculin et aux jeunes enfants, qui ont la possibilité de se déplacer à la formation sanitaire alors que la femme reste la plus défavorisée par cette situation. Ainsi la promotion de la santé ne peut être réalisée que par l'intégration de l'élément féminin dans des programmes d'éducation sanitaire par l'affectation de médecins femmes et d'infirmières dans les centres de santé et les dispensaires et l'association des potentialités de la société civile aux activités d'information-éducation-communication (IEC).
1.4- Des réalisations importantes en matière d'infrastructures de base:
a)- Amélioration de l'accessibilité des douars:
Cette opération a visé la réalisation d'un ensemble de projets tels la construction de la première et la deuxième tranche de la route provinciale n° 1001 entre Imouzzer et Tikki et la préparation de la troisième tranche la prolongeant sur la route nationale n° 8.
Elargissement et renforcement de la route nationale n° 8 entre Amskroud et Tikiouine.
Elargissement et renforcement de la route provinciale n° 1708 à Amskroud.
Renforcement de la route provinciale n° 100.
D'autres projets sont en cours de réalisation tels la route provinciale n° 1000 allant à Aziar en passant par le barrage Ait Hammou sur une longueur de 34 kms, la 1ère tranche de la route provinciale n° 1004 sur une longueur de 12 kms, en plus de l'entretien, de l'aménagement et du renforcement de pistes pour faciliter les déplacements de la population et les échanges de marchandises et de services avec les centres urbains avoisinants.
Néanmoins, ces efforts restent en deçà des besoins de la région puisque beaucoup de localités restent en dehors des routes et des pistes aménagées et sont exposées à l'isolement en période de pluies abondantes.
b)- Electrification rurale:
La région a bénéficié de même du programme d'électrification rurale (PERG) qui a englobé plusieurs communes rurales dont certaines ont atteint des couvertures élevés tels la commune rurale de Drarga qui a réalisé un taux de desserte des localités de plus de 80%; La zone rurale d'Ida Outanane va de même bénéficier de la première expérience à l'échelon national qui consiste en l'électrification par axe allant profiter à 3591 ménages répartis sur plus de 94 douars et qui sera réalisé dans un cadre partenarial quadripartite entre l'Office National de l'électricité, les communes rurales concernées, le conseil provincial et les habitants, ce qui va porter le taux de desserte à 80 % dans cette zone, faisant ainsi de la préfecture d'Agadir Ida Outanane une préfecture pilote à l'échelon national, car il n'échappe à personne le rôle que joue l'électrification dans le développement par l'encouragement des investissements et de la stabilité dans la zone ainsi que dans l'amélioration des conditions de vie. L'électricité permet à la femme de dégager du temps qui peut être exploité dans des programmes d'alphabétisation, d'éducation sociale et sanitaire, et dans des activités productives surtout quand l'eau potable est disponible.
d)- Approvisionnement en eau potable:
L'approvisionnement en eau potable représente un besoin vital et social pour les familles rurales, et particulièrement pour la femme et la jeune fille qui sont directement affectées aux corvées de sa recherche et de son puisement, grevant une grande partie de leur temps. La disponibilité de l'eau potable est donc un acquis très important du point de vue du temps qu'il permet de dégager pour la femme rurale et des conditions de santé qu'il permet d'améliorer. C'est ainsi que, dans le cadre du PAGER, l'Etat s'est attelé à approvisionner le maximum de localités en infrastructures d'eau visant à mettre fin à la pénurie de cette matière vitale. Les services régionaux du ministère de l'équipement ont, ces cinq dernières années, réalisé 53 opérations de sondage, 5 forages d'exploitation, 57 puits, la construction de 23 citernes souterraine, l'aménagement de 7 sources et l'équipement de 7 puits, intéressant 184 douars avec une population de plus de 86.000 habitants répartis sur l'ensemble des communes rurales d'Ida Outanane. De même, plusieurs localités des communes d'Amskroud et Drarga ont bénéficié de l'approvisionnement en eau potable à partir des canalisations de l'Office National de l'eau Potable. D'autres localités, grâce à leurs dynamiques associations, ont pu réaliser un réseau de distribution d'eau, tels Drarga et Tagadirt-Naâbadou. D'autres Communes rurales (Tamri, Aourir et Taghazoute) vont bénéficier de l'approvisionnement en eau potable, à partir du barrage Ait Hammou à travers les canalisations d'approvisionnement de la ville d'Agadir. Mais en attendant la généralisation du milieu rural en eau potable, la femme rurale continue à affecter une grande partie de son temps à la quête d'eau, souvent impropre à la consommation ce qui l'expose, elle et ses enfants, à des maladies d'origine hydrique.
1.5- Animation des secteurs productifs:
L'Etat a contribué avec ses différents services régionaux et locaux à l'appui et au développement des secteurs productifs en encourageant la petite et la moyenne irrigation, en appuyant la pêche traditionnelle, l'élevage du bétail, l'apiculture et le secteur touristique dans la région.
a)- Appui au secteur agricole:
Le ministère de l'agriculture, par le biais de l'Office Régional de Mise en Valeur Agricole, s'est intéressé à encourager les agriculteurs à adopter les cultures irriguées par sa participation à la construction et à l'aménagement de séguias, le creusement et l'équipement de puits pour disposer de l'eau pour le bétail. Ceci par la réalisation de 150 opérations dont 71 % orientée vers la construction et l'aménagement de 81.300 ml de séguias, 15 % pour la construction d'étangs de retenue d'eau, alors que 10.6 % a été affectée à la construction de citernes souterraines et à l'entretien et à l'aménagement de sources d'eau. La construction de puits ainsi que leur équipement a bénéficié de 3,4 %. De même, le soutien à l'élevage se fait par la disposition du fourrage à des prix abordables, en coordination avec la coopérative marocaine agricole du Sud, et l'organisation de campagnes vétérinaires de prévention des zoonoses transmissibles, en plus des cellules de vulgarisation agricole fixes et itinérantes destinées particulièrement à la femme rurale.
b)- Développement de la pêche traditionnelle:
La zone d'Ida Outanane dispose de 80 kms de côtes maritimes parsemées de plages sablonneuses et d'espaces rocheux ce qui permet à la population de développer des activités liées à la mer. Ainsi, la majorité des habitants vivant à proximité des côtes s'adonnent à la pêche traditionnelle et moderne. L'Etat encourage le développement de la pêche traditionnelle par la création d'un village - pilote pêcheurs à Imsouane, visant à améliorer leurs revenus grâce à la création de marchés locaux de poissons gérés par l'Officie National des Pêches au niveau d'Imsouane et Taghazoute. D'autres villages de pêcheurs sont en cours de création dans cette région.
c)- Animation du secteur du tourisme:
La zone d'Ida Outanane se distingue par la diversification de ses paysages et des cultures et traditions de ses habitants. Elle dispose, ainsi, de sites touristiques d'une extraordinaire beauté tels que la grotte Win Tamdiouine, les baies d'Akesri et d'Imouzzer et la station thermale d'Ait Lamine …etc. Ces atouts restent, cependant, encore non exploités, ce qui nécessite le développement et la diversification du tourisme dans la zone de façon à réaliser le déveldurable des ressourcelocatout préservl'environnede la zone ééserve de protection de l'arganier considéré comme patrimoine mondial, officiellement, depuis le 8 décembre 1998. La zone côtière va ainsi accueillir d'importants investissements, les années à venir, ce qui va contribuer à la création de postes de emploi, temporaires ou permanents, pour de nombreux habitants.
2- Apports de la société civile dans le développement local:
Dans le cadre de la politique de consolidation de la démocratie et du libéralisme suivie par le Maroc et compte tenu de ce que nécessite la mondialisation comme décentralisation et comme détermination de nouvelles fonctions pour l'Etat, les pouvoirs publics encouragent l'action associative d'où la prolifération des ONG de développement qui ont, au niveau de la zone du Souss, contribué dans un cadre de mobilisation sociale, de participation communautaire et multisectorielle, et de partenariat avec les organismes de l'Etat et les organisations internationales, à la réalisation de projets de développements tels que l'aménagement de routes, la construction de séguias (cours d'eau), l'approvisionnement des localités en eau potable, l'électrification rurale. Au niveau du secteur rural de la province d'Agadir Ida Outanane, le nombre des associations dépasse la centaine, travaillant dans différents secteurs de développement tels que l'agriculture, les infrastructures de base, le domaine social. Toutefois la représentation de la femme dans ces associations reste encore très faible malgré le fait que certaines commencent à s'intéresser à la femme à travers les cours d'alphabétisation dispensés et l'encouragement à la création de coopératives féminines, et ce en coordination avec les établissements publics et les organisations non gouvernementales travaillant dans la région.
Conclusions:
A travers cette présentation résumée sur le développement à Ida Outanane, il apparaît que même si cette zone n'a pas bénéficié des investissements de l'Etat pendant des décennies, elle connaît actuellement un rythme accéléré de changements dans plusieurs secteurs tels que l'enseignement et l'électrification. Toutefois, la zone continue encore à souffrir de plusieurs carences dans les domaines de l'accessibilité routière, l'approvisionnement en eau potable, la couverture sanitaire, les établissements scolaires et de formation professionnelle et d'incitation économique. La femme restant celle qui souffre le plus de ces carences, du fait de son affectation à la responsabilité de quêtes ardues et quotidiennes d'eau, de son exposition à l'analphabétisme et à la sous-couverture sanitaire et au manque de ressources financières. D'où la nécessité de l'appuyer, de la soutenir et d'œuvrer à améliorer sa condition dans le cadre d'un plan d'action qui tient compte des spécificités de la société locale et des possibilités offertes, en associant l'homme rural à ce travail à travers l'encouragement d'associations l'encadrant, l'organisant et servant d'interface et d'interlocuteur avec la commission provinciale chargée de l'élaboration et de la mise en place du plan d'action provinciale d'appui à l'intégration de la femme rurale au développement durable, ne serait-ce que dans une première étape.
Plan d'action d'intégration de la femme et de la jeune fille au développement rural :
Le développement de la société marocaine est tributaire du développement de ses ressources humaines et la femme est considérée comme un pilier essentiel du progrès, du fait de l'important rôle qu'elle joue dans l'élévation et l'éducation des enfants et dans la famille. C'est pourquoi sa scolarisation et sa formation représentent un investissement dans la formation des générations futures. Par contre, son analphabétisation et sa marginalisation entraînent le sous-développement de la société. Si l'on part de la réalité actuelle de la femme rurale qui interpelle par un taux criard d'analphabétisme, 95 % des femmes sont analphabètes, et de la marginalisation économique et sociale, toute intervention doit être bien étudiée et équilibrée pour éviter toute retombée négative.
Conscients de cela, une réunion a été tenue au niveau de la Wilaya d'Agadir avec la participation de toutes les parties concernées ou intéressées qui a donné lieu à la création d'une commission provinciale chargée de préparer un plan d'action complémentaire et intégré, réalisable et multisectoriel pour le développement de la femme rurale.
La commission a tenu plusieurs réunions et séances de travail au niveau du siège du cercle d'Agadir Ida Outanane, au niveau des caidats dépendantes avec la participation des élus locaux, des associations locales qui ont participé à l'identification des besoins de la femme rurale et des facteurs déterminants de son développement.
La commission provinciale a abouti aux recommandations suivantes:
Nécessité de disposer d'infrastructures de base dans les domaines des routes, de l'eau potable, de l'électrification rurale, afin d'améliorer les conditions des populations en général et des femmes en particulier.
Nécessité d'appuyer le secteur de l'enseignement par l'encouragement de la généralisation de la scolarisation de la jeune fille rurale, et ce par :
La disposition de l'eau potable, de formations sanitaires et d'établissements scolaires à pourvoir de clôtures et de logements simples pour les instituteurs.
La disposition d'internats pour filles au niveau des collèges.
Affectation d'institutrices au niveau des établissements scolaires pour appuyer le programme d'alphabétisation du ministère du développement social, de la solidarité et de la formation professionnelle et recruter les femmes rurales qui souffrent d'un taux de plus de 90 % d'analphabètes et qui constituent plus de 95 % des bénéficiaires de ce programme.
Nécessité d'appuyer le secteur de la santé par le renforcement des infrastructures sanitaires, dispensaires ruraux et centres de santé, et par l'encadrement sanitaire féminin pour encourager les femmes à la fréquentation des formations sanitaires.
Ainsi, à partir de ce diagnostic et des recommandations émanant des habitants, des élus et des associations, la commission provinciale a mis au point un plan d'action d'intégration de la femme basé sur 4 axes: l'alphabétisation, l'éducation, la formation et l'encadrement économique, à côté de la couverture sanitaire surtout des groupements de population ne disposant pas de formations sanitaires.
La mise en œuvre de ce plan d'action provincial d'intégration de la femme au développement rural se fera à travers la création et l'animation de centres multifonctionnels de développement socio-économiques, en partenariat entre :
les habitants, communes rurales et associations, qui œuvreront à la construction de ces centres multifonctionnels.
la délégation de l'entraide national et la délégation du développement social, de la solidarité, du travail et de la formation professionnelle en collaboration avec les établissements et les organisations non gouvernementales tels que le centre régional d'alphabétisation et de développement, la fondation Zagora … etc, qui œuvrent à fournir l'équipement et l'encadrement nécessaires.
la délégation de la santé : qui s'occupe de la couverture sanitaire dans le cadre de la stratégie de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfant.
l'office régional de mise en valeur agricole Souss-Massa et la délégation de l'artisanat selon l'activité économique génératrice de revenus que les femmes rurales veulent développer, ainsi elles seront organisées et encadrées pour exercer cette activité que ce soit dans le cadre d'une association ou coopérative féminine de développement agricole, de production de l'huile d'argane ou d'artisanat …etc.
Le coût d'équipement de chacun de ces centres multifonctionnels à créer s'élève à 161.000,00 Dirhams.
Il devient alors impératif:
d'accompagner et d'appuyer ce programme par des activités d'éducation et de sensibilisation auprès de la population afin de fournir des locaux pour abriter ce centre où seront développées les activités de développement intégré en partenariat avec les départements publics et les organismes et organisations gouvernementaux.
de chercher des fonds pour fournir les équipements liés à l'alétisatetà la fdans le cadre des budgets des communes et du conseil provincial, et aussi pour la construction de certains centres dans des endroits où la population est la plus démunie et à très faible revenu.
De rechercher d'autres sources de financement auprès de bailleurs de fonds appuyant le programme d'intégration de la femme au développement intégré et durable du milieu rural. Dans ce cadre, l'association sociale Tiouizi, à Drarga œuvre, en collaboration avec l'Espace Associatif et une ONG canadienne à mettre au point et à ouvrir un site Internet à mettre à la disposition des autres associations de cette province à la recherche des fonds nécessaires à la réalisations des projets programmés. Une toute jeune Association d'Appui à l'Intégration de la Femme au Développement Rural vient tout récemment de voir le jour pour assurer la communication et la coordination entre les différents intervenants, et faire le plaidoyer auprès des organismes et organisations internationales.
Renforcement des capacités organisationnelles et d'encadrement social et économique (agriculture, apiculture, artisanat…etc, avec étude des projets à même d'améliorer le revenu de la femme rurale.
La réunion générale d'évaluation du plan d'action provincial, tenue à la Wilaya d'Agadir, le 6 octobre 2000, regroupant l'autorité locale, les départements publics, les élus et les associations a constaté les efforts fournis et mandaté des potentialités de la Société civile pour créer une association féminine ouverte sur l'homme pour servir d'outil de communication et de coordination entre les différentes parties et pour appuyer les associations locales et les coopératives pour la réalisation de leurs projets de développement socio-économique rural.
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