Agraw_n_Bariz
New Member
Mohamed Chafik ("Amghar nnegh").
Cela fait bientôt un an qu'il n'est plus recteur de l'IRCAM (Institut royal de la culture amazighe). À 80 ans, on aspire au repos. Pourtant, les militants de la cause amazighe continuent à lui rendre visite dans sa maison de Rabat, à recueillir ses conseils, réclamer ses arbitrages… Dès qu'une question d'envergure se pose sur le sujet de la berbérité, c'est vers lui et nul autre que se tourne le Palais. Même s'il s'en défend, Mohamed Chafik, que les militants appellent affectueusement "Amghar nnegh" ("notre sage"), est une incontestable autorité morale. Académicien du royaume, auteur - entre autres - d'un magistral dictionnaire arabe-berbère en 3 volumes, son œuvre la plus célèbre reste le fameux "manifeste amazighe". C'est à partir de ce document rédigé en 2000 que s'est construite la plus sérieuse offensive des défenseurs de "la cause". Depuis, l'IRCAM a été créé, le berbère est enseigné à l'école… Fatima Mernissi, qui fut son élève, dit du Pr. Chafik qu'il lui a donné "des racines et des ailes". Tous les Berbères du Maroc peuvent en dire autant.
Ali Amahane (La fibre du développement rural).
Depuis que cet anthropologue, discret, a créé l’association Aït Iktel en 1995, il a longtemps eu un pouvoir symbolique, de précurseur, qui a redonné vie à un village grâce à ses propres moyens. L’autonomie de ce village de l’Atlas est devenue exemplaire, le prix international Aga Khan a fait d’Ali Amahane un champion insolite du développement rural. Mais depuis plus d’une année, le pouvoir de cet homme est devenu bien tangible, vu le rôle central qu’il joue au sein de l’Agence de développement social (ADS), unique organe officiel qui finance les petits projets associatifs censés sortir les populations de la pauvreté et de la dépendance. Le secret d’Amahane ? Il a compris que dans les formes les plus ancestrales d’organisation (la j’maa), il y avait les clés de la symbiose rurale que le Maroc cherche depuis l'indépendance.
Aziz Akhennouch (Le puissant discret ).
Timide de nature, Aziz Akhennouch travaille dans l’ombre tout en gardant le bras long. Il a pris les rênes du groupe d'hydrocarbures Afriquia au milieu des années 90, alors que celui-ci ne contrôlait que des filiales se comptant sur le bout des doigts. Actuellement, le groupe gère un portefeuille de plus de 40 entreprises. Son influence a grandi au même rythme que son patrimoine. Réputé proche du Palais, surtout depuis qu’il a fait partie du G14, groupe de conseillers spéciaux de Hassan II, Akhennouch est un ardent défenseur de la politique des "champions nationaux". C’est d’ailleurs cette stratégie qui lui a permis de faire pression et de damer le pion à la Samir : le
développement des champions de la distribution passe par la redéfinition de la stratégie d’approvisionnement en produits énergétiques. Depuis les récentes élections locales, Akhennouch est à la tête de la région de Sous-Massa Draâ. Il est le premier président de région à avoir mis en place un plan stratégique, forçant le respect de Rabat qui a accepté d’entériner le projet de l’autoroute Marrakech/Agadir, censée être abandonné après l’échec de l’organisation de la Coupe du monde de football.
Abdesslam Ahizoune (Le tacticien de l’ombre).
"I sait soutirer aux autres ce qu’il veut", c’est ainsi qu’un membre de l’agence de réglementation (l’ANRT) le définit. Abdessalam Ahizoune a gagné en influence depuis l’ouverture du marché des télécommunications. Non seulement, il a prouvé qu’une entreprise publique pouvait suivre la tendance, mais il a forcé le respect de son partenaire stratégique Vivendi, qui le garde toujours à la tête de l’opérationnel. Et il a raison. L’homme défend son gâteau férocement, mais non sans un certain doigté. Il s’est toujours arrangé pour que le rythme de la libéralisation lui laisse le temps de renforcer sa position tout en présentant du cash à l’État. Un actionnaire ne peut pas déloger un homme qui lui rapporte 4 milliards de dirhams en bénéfice. Maroc Telecom est une entreprise de l’État, Oualalou ayant le cœur fragile face aux pécules, Ahizoune sait exploiter cette faiblesse et agir sur le devenir de tout un secteur. Sa longue carrière publique lui a appris comment avancer ses pions, lui évitant les conséquences d’un dommage collatéral. Son grand défaut : il ne supporte pas la critique et sévit souvent, obligeant ses détracteurs à lui faire allégeance. À trop côtoyer le Makhzen...
Saâd Eddine Othmani (L’islamiste BCBG).
Longtemps avant son élection effective à la tête du PJD, Saâd Eddine Othmani était, depuis son poste de secrétaire général adjoint, le véritable patron du parti islamiste. Particulièrement brillant dans la gestion de la crise post-16 mai (où son parti était carrément menacé de dissolution), le jeune (bientôt cinquantenaire) psychiatre soussi a été de toutes les réunions avec les grands responsables sécuritaires du pays. Ses principales qualités de négociateur : une souplesse dans le débat et une nette préférence pour le consensus au lieu de la confrontation. L’homme croit que "son parti est l’avenir du pays" et que pour survivre, "il faut y aller doucement et accepte certaines concessions". Exemple, il déclare que "la limitation du nombre de candidatures PJD lors des dernières législatives est une stratégie du parti qui en plus, a fait l’affaire de l’État". Othmani, c’est en quelque sorte la vitrine clean du PJD, le gage de sécurité de l’État. Une sorte de Khatib new look, mais en (tout de même) légèrement plus inquiétant.
Source : telquel
Cela fait bientôt un an qu'il n'est plus recteur de l'IRCAM (Institut royal de la culture amazighe). À 80 ans, on aspire au repos. Pourtant, les militants de la cause amazighe continuent à lui rendre visite dans sa maison de Rabat, à recueillir ses conseils, réclamer ses arbitrages… Dès qu'une question d'envergure se pose sur le sujet de la berbérité, c'est vers lui et nul autre que se tourne le Palais. Même s'il s'en défend, Mohamed Chafik, que les militants appellent affectueusement "Amghar nnegh" ("notre sage"), est une incontestable autorité morale. Académicien du royaume, auteur - entre autres - d'un magistral dictionnaire arabe-berbère en 3 volumes, son œuvre la plus célèbre reste le fameux "manifeste amazighe". C'est à partir de ce document rédigé en 2000 que s'est construite la plus sérieuse offensive des défenseurs de "la cause". Depuis, l'IRCAM a été créé, le berbère est enseigné à l'école… Fatima Mernissi, qui fut son élève, dit du Pr. Chafik qu'il lui a donné "des racines et des ailes". Tous les Berbères du Maroc peuvent en dire autant.
Ali Amahane (La fibre du développement rural).
Depuis que cet anthropologue, discret, a créé l’association Aït Iktel en 1995, il a longtemps eu un pouvoir symbolique, de précurseur, qui a redonné vie à un village grâce à ses propres moyens. L’autonomie de ce village de l’Atlas est devenue exemplaire, le prix international Aga Khan a fait d’Ali Amahane un champion insolite du développement rural. Mais depuis plus d’une année, le pouvoir de cet homme est devenu bien tangible, vu le rôle central qu’il joue au sein de l’Agence de développement social (ADS), unique organe officiel qui finance les petits projets associatifs censés sortir les populations de la pauvreté et de la dépendance. Le secret d’Amahane ? Il a compris que dans les formes les plus ancestrales d’organisation (la j’maa), il y avait les clés de la symbiose rurale que le Maroc cherche depuis l'indépendance.
Aziz Akhennouch (Le puissant discret ).
Timide de nature, Aziz Akhennouch travaille dans l’ombre tout en gardant le bras long. Il a pris les rênes du groupe d'hydrocarbures Afriquia au milieu des années 90, alors que celui-ci ne contrôlait que des filiales se comptant sur le bout des doigts. Actuellement, le groupe gère un portefeuille de plus de 40 entreprises. Son influence a grandi au même rythme que son patrimoine. Réputé proche du Palais, surtout depuis qu’il a fait partie du G14, groupe de conseillers spéciaux de Hassan II, Akhennouch est un ardent défenseur de la politique des "champions nationaux". C’est d’ailleurs cette stratégie qui lui a permis de faire pression et de damer le pion à la Samir : le
développement des champions de la distribution passe par la redéfinition de la stratégie d’approvisionnement en produits énergétiques. Depuis les récentes élections locales, Akhennouch est à la tête de la région de Sous-Massa Draâ. Il est le premier président de région à avoir mis en place un plan stratégique, forçant le respect de Rabat qui a accepté d’entériner le projet de l’autoroute Marrakech/Agadir, censée être abandonné après l’échec de l’organisation de la Coupe du monde de football.
Abdesslam Ahizoune (Le tacticien de l’ombre).
"I sait soutirer aux autres ce qu’il veut", c’est ainsi qu’un membre de l’agence de réglementation (l’ANRT) le définit. Abdessalam Ahizoune a gagné en influence depuis l’ouverture du marché des télécommunications. Non seulement, il a prouvé qu’une entreprise publique pouvait suivre la tendance, mais il a forcé le respect de son partenaire stratégique Vivendi, qui le garde toujours à la tête de l’opérationnel. Et il a raison. L’homme défend son gâteau férocement, mais non sans un certain doigté. Il s’est toujours arrangé pour que le rythme de la libéralisation lui laisse le temps de renforcer sa position tout en présentant du cash à l’État. Un actionnaire ne peut pas déloger un homme qui lui rapporte 4 milliards de dirhams en bénéfice. Maroc Telecom est une entreprise de l’État, Oualalou ayant le cœur fragile face aux pécules, Ahizoune sait exploiter cette faiblesse et agir sur le devenir de tout un secteur. Sa longue carrière publique lui a appris comment avancer ses pions, lui évitant les conséquences d’un dommage collatéral. Son grand défaut : il ne supporte pas la critique et sévit souvent, obligeant ses détracteurs à lui faire allégeance. À trop côtoyer le Makhzen...
Saâd Eddine Othmani (L’islamiste BCBG).
Longtemps avant son élection effective à la tête du PJD, Saâd Eddine Othmani était, depuis son poste de secrétaire général adjoint, le véritable patron du parti islamiste. Particulièrement brillant dans la gestion de la crise post-16 mai (où son parti était carrément menacé de dissolution), le jeune (bientôt cinquantenaire) psychiatre soussi a été de toutes les réunions avec les grands responsables sécuritaires du pays. Ses principales qualités de négociateur : une souplesse dans le débat et une nette préférence pour le consensus au lieu de la confrontation. L’homme croit que "son parti est l’avenir du pays" et que pour survivre, "il faut y aller doucement et accepte certaines concessions". Exemple, il déclare que "la limitation du nombre de candidatures PJD lors des dernières législatives est une stratégie du parti qui en plus, a fait l’affaire de l’État". Othmani, c’est en quelque sorte la vitrine clean du PJD, le gage de sécurité de l’État. Une sorte de Khatib new look, mais en (tout de même) légèrement plus inquiétant.
Source : telquel