Rites funéraires berbères

Saint_Augustin

New Member
Les anciens Berbères enterraient leurs morts et possédaient des rites funéraires. Leurs tombeaux variaient de la simple fosse surmontée de terre ou du tumulus de pierres au superbe mausolée royal.

La position du corps dans la tombe variait d’une religion à une autre. On a retrouvé ainsi des corps étendus de tout leur long. en position fléchie ou encore les genoux ramenés jusqu’au menton. On a pensé que cette position visait à réduire l’espace occupé par le mort, mais elle correspond probablement à un rite de reconnaissance, le défunt prenant la forme du foetus dans le ventre de sa mère.

Les Berbères avaient un grand respect de leurs morts. Comme de nombreux peuples de l’antiquité, il craignaient qu’un abandon ou mauvais traitement ne favorise leur retour sous forme de fantômes ou de mauvais esprits. En les traitant bien, au contraire, ils s’assuraient leur protection et bénéficiaient de leur connaissance de l’au-delà.
 
Les rites funéraires sont si nombreux chez les Libyens qu’on a parlé, à leur propos, d’une véritable religion funéraire. En fait- il- s’agit de pratiques archaïques que ni l’influence punique ni la romanisation n’ont pu effacer. Certains rites, comme les sacrifices animaux ou la communication avec les morts, nous sont parvenus, sous des formes plus ou moins altérées.

La sépulture : comme nous l’avons vu ci -dessus, celle-ci prend diverses formes : tumulus de pierres recouvrant une fosse ou au contraire un mausolée élevé à la gloire d’un souverain. Les besoins des morts : on croyait que le mort continuait à vivre dans l’au-delà, aussi subvenait-on à ses besoins en déposant dans la sépulture des aliments, des armes et des poteries. Les sacrifices d’animaux : avant ou après l’enterrement, comme cela se pratique encore dans de nombreuses régions du Maghreb, on procédait à des sacrifices d’animaux. Dans les tombes préhistoriques les ossements humains sont souvent mêlés aux ossements animaux : boeuf, mouton, chèvre, oiseaux, cheval, lapin, chameau, gazelle...

La protection magique : pour soustraire le cadavre à l’anéantissement, on le parait d’objets magiques, bijoux de cuivre ou colliers de coquillages. Quand le cadavre avait subi la décarnisation on peignait le squelette de rouge, couleur de la vie et de la force.

L’incubation. Pour communiquer avec les morts, les anciens Berbères recouraient à l’incubation. Cette pratique divinatoire attestée dans toutes les civilisations méditerranéennes consistait à prier puis à s’endormir sur la tombe du mort qui communiquait alors au moyen du rêve, sa volonté. On s’endormait aussi dans les temples et on recevait, toujours au moyen du rêve des messages des dieux. Rites païens, l’incubation fut interdite par l’islam qui la remplaça par l’istikhara, prière de demande par le rêve. Mais le vieux rite a subsisté et on y recourt encore dans de nombreuses régions du Maghreb. Au Maroc, il est courant de passer la nuit au pied des tombeaux des saints, dans certaines régions de Kabylie, on dort sur la tombe du mort dont on veut connaître les volontés, au Hoggar, les femmes dorment à proximité des vielles tombes pour avoir des nouvelles de leurs maris absents. 3- Culte des ancêtres

Dans la pensée méditerranéenne traditionnelle telle qu’elle est encore exprimée par les paysans d’Algérie, les morts et les vivants sont tellement mêlés dans la vie quotidienne, associés aux même gestes et aux même rites, qu’il est difficile de dire si les morts sont encore liés à leurs clans terrestres ou si les vivants participent encore ou déjà au plan des choses de l’invisible.
 
SALIH' et H'AMIM

Hérétiques berbères, qui se présentèrent comme prophètes et fondèrent, à partir du 10 eme siècle des religions inspirées de l'Islam


C'est au l0ème siècle que fut fondé par les Berghwata, confédération de tribus masmoudiennes, installées dans l'ouest du Maroc, le premier royaume hérétique berbère. C'est la politique d'exploitation et d'humiliation menée à l'égard des Berbères par les gouverneurs arabes qui les poussa à s'allier d'abord avec les Kharéjites, hérétiques venus d'Orient, qui prêchaient, contre la prétention des Arabes à gouverner seuls, l'égalité des Musulmans, en dehors de tout critère social ou racial. Par la suite, les Berbères, pour mieux affirmer leur indépendance et leur aspiration à fonder une nation, voulurent se donner une religion propre. Ils n'abandonnaient pas entièrement l'Islam, mais ils le transformaient profondément de manière à l'adapter à leurs croyances et à leurs traditions.

Profitant de la révolte kharédjite, les Berghwata prirent les armes contre les Arabes, sous la direction de Maysara, un porteur d'eau de Tanger. Leur roi, à l'époque, s'appelait Tarîf Abû Salih' : c'est son fils, Salih' qui aurait fondé la nouvelle religion, mais celle-ci fut gardée secrète pendant deux générations. C'est son petit-fils Yunus qui la révéla, en proclamant son grand père le Salih' al Mu'minîn, "le vertueux d'entre les croyants", dont parle le Coran (sourate 66, verset 4). Il prétendait avoir reçu la révélation, en berbère, d'un livre qui contenait quatre-vingt sourates, portant, comme le Coran, des noms de prophètes (Job, Jonas, Saül) ou d'animaux (le coq, la perdrix, la sauterelle). En plus de ce livre que l'on devait réciter à toutes les prières, Salih' avait donné à son peuple un code de lois religieuses spécifiques : le nombre des prières canoniques était de dix et non de cinq comme chez les autres musulmans, le mois de jeûne n'était ramadhan mais radjab, la prière publique avait le jeudi et non le vendredi, la magie et la divination étaient autorisées etc. Les interdictions alimentaires étaient plus sévères que celles de l'lslam : Salih' interdisait les oeufs, les têtes d'animauw licites comme le mouton, et la chair du coq, tenu pour un animal sacré. Des historiens pensent c'est Yunus lui-même quia élaboré ces doctrines. D'ailleurs, il s'en est fait l'ardent propagandiste convertissant de force ceux qui refusaient l'hérésie. Les Musulmans orthodoxes, Arabes Berbères, appelèrent à la guerre sainte contre les hérétiques, mais ceux-ci, retranchés dans leur territoire, ont pu se défendre et protéger longtemps leur religion.
H'a Mîm est un autre "prophète" qui prétendait détenir une révélation en berbère et fonda une religion propre.


Selon les sources arabes, il avait pour surnom Muh'ammad (il aurait donc eu un fils nommé ainsi) son père s'appelait Abû Khalaf Mann Allah. Quant au curieux nom de H'a Mîm, il est tiré du Coran, plus exactement des deux le mystérieuses, H. M., qui figurent à la tête de certaines sourates.

Il appartenait à la grande tribu berbère des Ghomara et c'est dans cette tribu, plus exactement dans les environs de Tétouan, au Maroc, commença à prêcher vers 925. On ne connaît pas grand chose de la vie de H'a Mîm ni de sa religion. Les quelques renseignements dont nous disposons proviennent essentiellement de l'historien arabe AI Bekri, un auteur sunnite qui ne cache pas son hostilité à l'hérésie et qui, par conséquent, n'est pas objectif.

H'a Mîm se prétendait prophète et se disait envoyé par Dieu pour réformer la religion musulmane que les Arabes avaient altérée. Il composa, en berbère, un Coran où figure notamment, d'après Al-Bekrî, la profession de foi suivante : "Il n ' y a de Dieu que Dieu...Je crois en H'a Mîm, en Abû Khalaf et en Tangit"


Abû Khalâf (ou Abû Yaklût) était le père de H'a Mîm et Tangit (ou Tanqit) sa tante qui était, toujours selon AI Bakrî, une magicienne. La soeur de H'a Mîm, Dadjdju ou Dâbbu, était également une magicienne et les fidèles sollicitaient son secours. H'a Mîm avait conservé les principales obligations religieuses de l'Islam comme la prière et le jeûne mais il transforma la plupart d'entre elles pour les conformer aux traditions des Berbères ou alors pour se distinguer des orthodoxes. Ainsi, il imposait le jêune annuel mais seulement les trois derniers jours du ramadhan et non le mois entier, la fête de la rupture du jeune n'avait pas lieu le jour de la rupture mais le lendemain. A l'inverse, H'a Mîm avait instauré un jeune hebdomadaire d'une demi journée le mercredi et d'une journée entière le jeudi. Le nombre de prières quotidiennes était réduit à deux: la prière du lever du soleil et celle du coucher. La zakat ou impôt légal sur la fortune étai fixée au dixième de chaque chose possédée. Le pèlerinage à la Mecque était supprimé. La consommation de viande de sanglier était autorisée, quant au poisson, il ne pouvait être consommé que si on l'égorgeait rituellement. Enfin, la chair des oiseaux, y compris celle des gallinacés, ainsi que les oeufs, jugés impurs, étaient prohibés.

Une telle hérésie souleva l'hostilité des musulmans orthodoxes, arabes et berbères, qui la combattirent. H'a Mîm mourut d'ailleurs au cours d'un combat, en 928 ou 931.


Sa religion lui survécut jusqu'au 11ème siècle, date à laquelle ses adeptes furent convertis de force à l'orthodoxie par les Almoravides.




M. A. Haddadou

Pris dans amazighworld.com
 
Back
Top