SAKKOU : Ce poète amazigh pas comme les autres !

agerzam

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SAKKOU : Ce poète amazigh pas comme les autres !




Cet autre poète (aneccad), unique en son genre, homérique, faisait la loi de la lyre amazighe pendant des séances d'ahidous des ayet Merghad (le même que celui des ayet Hdiddou) depuis plus d'un demi-siècle.


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Son originalité réside dans sa production abondante en Izli, tagezzumet et tamedyazt dont il possède surtout la faculté d'aborder les sujets hétéromorphes. Il a toujours évoqué le social, le philosophique ou le politique qui régissait le pays mais aussi ses conséquences à venir.

Il s'est porté malgré lui en réveil des consciences de ses concitoyens par la force de son choix du verbe Amazigh. « Je suis là pour les morts vivants » se plaît-il à dire !

Il s'est engagé dans la poursuite des mots, à la virée du sens, pour faire parvenir à son prochain son message et une vérité qui est sienne. Pour cela, il a souvent cherché cet état moral pour y parvenir. Il est vraiment un poète dans son monde- son propre monde au milieu des proches. Il n'est pas connu au niveau national car lui et sa création ne sont pas retenus par la politique culturelle du sud de l'Espagne. En effet, il n'a jamais rien produit ni pour le « gharnati » ni pour « l'andalou ».

Cette politique étrangère, encore une, a fait du marocain qu'il est un orphelin de l'essence même d'un poète : la parole. Par ce manque donc de moyens d'expression, ses cris n'ont pas pu traverser les chaînes des atlas. Son vrai nom est Sekkou ou moha ou âeddi, mais sa simplicité, sa modestie et son aménité lui ont valu des surnoms fleuves : Sakkou, Aâchaq, Bahmama, Bachi, Saâadat…etc. Il est né à Goulmima en 1924.

Quand je l'ai rapproché de très prés il y'a de cela plusieurs années déjà, une seule idée me tourmentait : c'est de faire de sa production un livre pour d'abord sauvegarder cette immense richesse Amazigh et ensuite la mettre à la disposition des Imazighen à fin de participer à l'enrichissement du savoir humain. Durant la période allant de 1996 à l'an 2001, j'ai pu finalement arriver à bout de ce défi que je me suis donné, qui je dois le reconnaître n'était pas de tout repos.

Comme d'autres je lui dois beaucoup car il a réussi, grâce à sa poésie, à nous éclairer sur bien des points d'ombre de notre histoire récente. Depuis 1940, ses Izlan en effet portaient et commentaient tous les événements de l'heure. En remontant donc Izlan de l'époque au fil des années, nous nous retrouvons avec les étalages des vérités historiques qu'on croyait bien entendu entièrement étouffées. Grâce à Izlan, à Tagezzumet mais aussi grâce au chant, nous sommes arrivé à relater et déchiffrer les dessous des événements survenus dans notre pays pendant la période en question. Un peuple qui chante ne mourra jamais dit-on !

Ce poète donc a passé prés de 65 ans dans la confection des vers et dans la composition des mots du vocabulaire de la langue Amazighe. Que pense-t-il alors de l'enseignement de Tamzighet entrepris dans quelques écoles cette année dans notre pays ? Que pense-t-il des Imazighen et de leur devenir ? Que nous recommande-t-il pour mieux promouvoir la langue et la culture Amazighes ?

Je lui ai posé ces questions pour lesquelles il s'est fait un plaisir de me répondre.

Il dit que les Imazighen sont responsables de ce qui leur arrive, eux les habitués des événements des cinq ans. Chaque tour des élections, ils se jettent dans les bras des partis politiques qui ont toujours nié leur amazighité voire leur existence même sur leur propre terre. Comment voulez-vous croire, dit-il, en un peuple qui a dit « oui » à une constitution qui ne le reconnaît guère ?

Il dit également que la plupart des Imazighen ignorent l'immensité de la richesse et du savoir Amazigh.

Il donne pour preuve, qu'ils n'ont pas su montrer à l'autre, aux autres, les multiples facettes d'une civilisation noble et humaniste pour gagner leur soutien, combien précieux dans ces conditions. C'est plutôt eux même qui se sont transformés en un autre qui lutte contre l'agonie de cette amazighité orpheline ! Oui, pour parler de leur civilisation, ils empruntent une virée des chemins pour passé à leur langue et à leur culture.

Le savoir Amazigh dit-il est largement adulte, c'est à Imazighen de se réconcilier avec eux même en apprenant beaucoup sur leur civilisation pour espérer la montrer aux autres dans de bonnes conditions.

Quant à la meilleure façon de promouvoir l'amazighité, il dit qu'il doit falloir commencer par le commencement (Uggug ! comme il dit) c'est à dire que Tamazighet doit être reconnue clairement et officiellement dans la constitution du Maroc.

Tadiwennit d Sakku (Interview de Sakku)
Aseqsa : Seg mantur a ya tgid aneccad ?

Sakku : Seg 1936 ayddegh ttinigh izlan, d tmedyazet, d tgezzumet. Nnigh g ihidas kul mayed igan ka, ar sfafagh tiwengimin acku gnan ikabaren.

Aseqsa : 65 n useggwas g tteggad isefra g wawal amazigh, g tteggad tighemrin i wawal afad ad tessefsised ineghmisen n tsertit. Tâent abrid n tusna ad ssaden imezdagh ?

Sakku : Nnigh g yan izli :
*Ur udjigh g iwalewen mayed ur nnigh meqqar yad tenyamam ur iyegi rebbi. Seg wahli sawalegh i ymazighen, maka idrus mayed i-yesellan !Ghrigh-asen g useggwas n 1962, ghrigh-asen g 1972, 1973, 1997…atg.
Nnigh-asen g 1962 ghef ddustur g ur amun :
*Ghrigh-awen a lemsakin mek i tgam rray xir-awen ad ttinim i gar azdugh nâam. Meâna ad ur ttinim nâam i ddustur amezwaru.
1972 nnigh-asen :
*Mer taghul s bnadem awedyan iffegh umuttel ka yusey urawen ka ccebyat as-ti-ttasey Kulluten Imeghrabiyen usin amuttel, ka yusit g ccâeb, ka iâawen-as. Amazigh innan « nâam » i ddustur g ur yamu, yusey amuttel g ighef-nnes d win warraw-nnes.Hat yusey urawen n umuttel. Idd unna yusin ccebyat, unnagh mi yeka cceâb lamant ger ifassen immerregh-is.Amm tmeccahut n igdad issehdan imendi i wfullus, Aayden-d, afen-d lebrud g udghar n imendi. Nnan-as i wfullus :
- matta weya ?
Innan-yasen : - tufan-i-d da tterâabegh awed nekk ! Da tterâabegh ar d uhlegh qqimegh digh ar tterâabegh i yemendi iaâyeden gan lebrud !
1973 nnigh-asen :
*A yag axemmuj ikka ul-innew
« nâam » n uyellid a mi âeqqalegh. Meâna ddustur n 1962 isul ur t-nettu, urta namu myed ur diges tamazighet. Ixessa ad nili zwar, âad ar tsawalem. Kwenni tennam-as « nâam » !
1997 nnigh-asen : *Ulligh wad i dilligh nna g da ttessam annayegh mkerdul-a qbel ad yawed da. Bdan Imazighen ar sawalen, nnigh-asen hat seg lli' awen-ttinigh, ar tekkatem abeqqa.

Aseqsa : Mayed tghid ad asen-tinid i ymazighen dghi, matta ubrid ttekkan mar ad sbeddin awal-nsen ?

Sakku : Seg useggwas n 1939 ayed ddegh sawalegh, key hak tarud-t g « lkitab » kull mayed nnigh, unna iran 60 n useggwas n wawal-inew inada-t. Maka, ixessa ad isinn' idd kull' mag illa « nâam » nekk nnigh diges « la ».
Amm nekk trura-t leâlamet s azyin ! Agensu n wawal amazigh, g izlan, g tgezzumet, g tmedyazet tella diges tusna iwseâen.Diges tusna n tudert, tusna n tsertit, yili diges useksew s dat.
Izli ixessa-t ad idus ishu ad idus mar ad imun d tsutiwin. Awal amazigh s uyenna t-ttinnigh ur da ittalem.Nfeâ n tmazighet idrus mayed yukzen tallunt n tusna-nnes. Amata ighal idd ghas awal hill', ayennagh a mi ur ssin imazighen n dghi ad âeten udem-nnes i wiyed mar afen mas skuttun. Ur ghiyen ad sfesten s tusna iâdawen n tmazighet. Illa g idles amazigh mas kkaten, mas ttebeddan dat winna ur irin tamazighet. Ixessa-ten ad ts-fhmen beâda nitni acku kkan iberdan yaden s awal-nnsen !


Aseqsa : G uyenna ttinid, mayed nuwd-nn' imazighen dat winna ur t-irin, dghi g tebda da ttughar g likul ?

Sakku : Da ttughar g 300 likul hill'ayed i-tennid, d urta nannay adu, han gwelmima beâda wlutt' akw diges ! Maka mani tekka 50 n useggwas n txendallast ? tedda, tzerey , nettu-t ?
Imazighen walfen lemnazil n 5 n iseggwasen, da seksiwen ad ilin tawuri winna idelhen winna tt-ilan d winna tt-iran. Mek ran ad ilin, umun g wawal, ixessa ad fghen abrid g ddan. Han dghi ku xemsa n iseggwasen yagh-asen-d mayed tteggan afus zrin-t ! Amun nitni g ikabaren ikkaten imazighen d tmazighet. Ku lintixab ar retthen amm iâisawiyen, gern tiwriqin i winna ten-ikkaten ! Inin digh « nâam » meqqar ur amun. Zrin tamzighet tunef imi da ttini maued idd ittawin ka, hat righ ad bnugh uggug. Ku yuwun ad yasey iselli-nes, negh d uttub afad a nebnu uggug : tugdut.


Aseqsa : Illa ka n izli d yuwin ghif dghi ?

Sakku : Llan win tassaâet-a mek d ad ten-fehmen ukwan !
Izlan :
*Nnker-at yuwed ladan ad tezzalem han ass turt-id a yayet yittes.
Wis sin :
*Yaghul da yeshillil imi ig acekkam ikka ger as d tasa i wul d izuran
Wis krad
*Icahet-as mek illi leghyar g izuran Han aqmu idda-d ineât-as-d igh n ka
Wis kuz :
*Bubbigh g umuttel cigan s imi da yagh ishillil s labas walu-t.

Par Zaid OUCHNA


www.kabyle.com
 
Je connais tres bien Monsieur Sakkou. J'ai assiste a des fetes de mariage ou Sakkou est convie pour dire de la poesie amazigh. Le plus passionant c'est ses duels avec les non moins celebres 3amr OuMahfoud et Ou3asta
 
je n'ai pas en tete ses chansons. Sakkou est un poete des Ait Morghad du Ghriss (Goulmima). C'est Goulmima qu'a eu lieu le fameux proces des manifestants amazigh en 1994. Parmi eux Ali Harcherass et Omar Taous
 
Je connais des amis de cette région. On parle exactement comme eux. La seule différence, c'est qu'ils disent "ghuri" au lieu de "dari'.

L'association de Tilelli, je la connais. J'ai même milité pour que ses membres soient libérés en 1994. ;-)
 
C'est quand même dommage que tu n'aies pas un poème de Sakku. Car des amis du Souss m'ont dit que la poésie d'Ahidous est encore plus élaborée que les poésie d'Ahwach ou d'Ajmak des Amazighes du Sud.
 
Moi meme je suis de Goulmima des Ait Morghad. je peux t'affirmer que nous avons toujours ete au devant de la scene pour defendre l'amazighite.

Voici un Izli de Ahidous

Ata rhalrh a dounit id a tfoukoud, awirh azrab agrnid dirh woussane.

O toi la vie, je croyais que tu es courte
Je me suis presse. mais a la fin il me reste encore beaucoup de jours a vivre
 
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