Un article paru sur Maroc Hebdo:
Projet de collecte de brouillard à Boutmezguida : La ruée vers l’eau de Dar Si Hmad
Situé dans la province de Sidi Ifni, dans la région de Guelmim-Oued, Boutmezguida n’est, avec les 1.225m sur lesquels il s’élève, peutêtre pas le mont le plus remarquable du Maroc. Pour un météorologue, il l’est, en revanche, à tout point de vue: à son emplacement il voit, ainsi, se conjuguer l’effet de l’anticyclone des Açores -zone de haute pression atmosphérique située non loin de l’archipel portugais du même nom-, le courant marin froid des Canaries, le Gulf Stream -courant marin chaud provenant du golfe du Mexique- et le vent chaud du Sahara. Pour l’association Dar-Si-Hmad pour le développement, l’éducation et la culture (DSH), c’est aussi la jonction idéale qui lui permet de mener depuis avril 2010 son fameux projet de collecte d’eau de brouillard, grâce auquel pas moins de 127 familles riveraines ont désormais accès à une source hydrique potable.
En effet, les conditions particulières qui caractérisent Boutmezguida font qu’elle donnent naissance à un front d’occlusion, c’est-à-dire une zone où l’air chaud va se retrouver “occlus”, ou piégé, entre deux masses d’air froide, ce qui va permettre de voir émerger des nuages. Et si l’opération en question se déroule à moins de 2.000m d’altitude, on peut se retrouver au final avec du brouillard, qui n’est en fait qu’un nuage bas gorgé d’eau.
Laquelle eau, constituée en gouttelettes, peut, avec un filet adapté, être captée, du moment qu’il y a suffisamment de vent, mais pas trop, pour amener à sa condensation. Une technique vieille de plusieurs millénaires déjà et qui, selon par exemple la géographe physique espagnole María Victoria Marzol Jaén dans sa publication de 2003 “La Collecte d’eau de brouillard sur l’île de Tenerife”, aurait notamment été utilisée par les populations autochtones amazighes guanches des Canaries. Et le fait est que selon DSH, son ouvrage est susceptible d’être reproduit ailleurs. “Des conditions similaires de front d’occlusion sont réunies au Maroc dans diverses régions comme de Sidi Ifni jusqu’au sud d’Essaouira ou encore de l’est de Tanger jusqu’à Nador,” expose Mounir Abbar, le gestionnaire du projet de collecte de brouillard concerné. “Il faut encore trouver un site dont l’altitude est suffisante pour mettre en place les filets.
Vie sociale locale
Ce brouillard de montagne est exploitable. Cette technique est une mesure de survie pour des régions montagneuses souvent enclavées et pauvres en eau.” Fondée par deux professeurs universitaires, Jamila Bargach et Aissa Derhem, en hommage à Si Hmad Derhem, célèbre hommes d’affaires de la région de Sidi Ifni qui s’était beaucoup investi dans la vie sociale locale de son vivant -il est né en 1909 dans le village de Talouste au sein de la confédération tribale des Aït Baâmrane et est mort en 1982-, DSH fait partie des ONG les plus en vue du Maroc.
Pour son projet de collecte d’eau, elle avait notamment reçu, en juillet 2018, le Prix Hassan-II pour l’environnement et le Prix Suez-Institut de France, avant d’être encore sacrée aux Energy Globe World Awards de novembre 2019 à Espoo, en Finlande. En parallèle, elle mène principalement des activités éducatives. M. Abbar cite RISE, “une initiative au profit de collégiens, lycéens et universitaires et dont les divers curriculums proposent une formation ou un apprentissage avec l’écologie à l’honneur”, l’école de l’eau et l’école de l’oasis ainsi que l’école ethnographique appliquée, où l’association reçoit des étudiants étrangers. Largement de quoi “désembrouillarder”, cette fois, mais les esprits...
Projet de collecte de brouillard à Boutmezguida : La ruée vers l’eau de Dar Si Hmad
Situé dans la province de Sidi Ifni, dans la région de Guelmim-Oued, Boutmezguida n’est, avec les 1.225m sur lesquels il s’élève, peutêtre pas le mont le plus remarquable du Maroc. Pour un météorologue, il l’est, en revanche, à tout point de vue: à son emplacement il voit, ainsi, se conjuguer l’effet de l’anticyclone des Açores -zone de haute pression atmosphérique située non loin de l’archipel portugais du même nom-, le courant marin froid des Canaries, le Gulf Stream -courant marin chaud provenant du golfe du Mexique- et le vent chaud du Sahara. Pour l’association Dar-Si-Hmad pour le développement, l’éducation et la culture (DSH), c’est aussi la jonction idéale qui lui permet de mener depuis avril 2010 son fameux projet de collecte d’eau de brouillard, grâce auquel pas moins de 127 familles riveraines ont désormais accès à une source hydrique potable.
En effet, les conditions particulières qui caractérisent Boutmezguida font qu’elle donnent naissance à un front d’occlusion, c’est-à-dire une zone où l’air chaud va se retrouver “occlus”, ou piégé, entre deux masses d’air froide, ce qui va permettre de voir émerger des nuages. Et si l’opération en question se déroule à moins de 2.000m d’altitude, on peut se retrouver au final avec du brouillard, qui n’est en fait qu’un nuage bas gorgé d’eau.
Laquelle eau, constituée en gouttelettes, peut, avec un filet adapté, être captée, du moment qu’il y a suffisamment de vent, mais pas trop, pour amener à sa condensation. Une technique vieille de plusieurs millénaires déjà et qui, selon par exemple la géographe physique espagnole María Victoria Marzol Jaén dans sa publication de 2003 “La Collecte d’eau de brouillard sur l’île de Tenerife”, aurait notamment été utilisée par les populations autochtones amazighes guanches des Canaries. Et le fait est que selon DSH, son ouvrage est susceptible d’être reproduit ailleurs. “Des conditions similaires de front d’occlusion sont réunies au Maroc dans diverses régions comme de Sidi Ifni jusqu’au sud d’Essaouira ou encore de l’est de Tanger jusqu’à Nador,” expose Mounir Abbar, le gestionnaire du projet de collecte de brouillard concerné. “Il faut encore trouver un site dont l’altitude est suffisante pour mettre en place les filets.
Vie sociale locale
Ce brouillard de montagne est exploitable. Cette technique est une mesure de survie pour des régions montagneuses souvent enclavées et pauvres en eau.” Fondée par deux professeurs universitaires, Jamila Bargach et Aissa Derhem, en hommage à Si Hmad Derhem, célèbre hommes d’affaires de la région de Sidi Ifni qui s’était beaucoup investi dans la vie sociale locale de son vivant -il est né en 1909 dans le village de Talouste au sein de la confédération tribale des Aït Baâmrane et est mort en 1982-, DSH fait partie des ONG les plus en vue du Maroc.
Pour son projet de collecte d’eau, elle avait notamment reçu, en juillet 2018, le Prix Hassan-II pour l’environnement et le Prix Suez-Institut de France, avant d’être encore sacrée aux Energy Globe World Awards de novembre 2019 à Espoo, en Finlande. En parallèle, elle mène principalement des activités éducatives. M. Abbar cite RISE, “une initiative au profit de collégiens, lycéens et universitaires et dont les divers curriculums proposent une formation ou un apprentissage avec l’écologie à l’honneur”, l’école de l’eau et l’école de l’oasis ainsi que l’école ethnographique appliquée, où l’association reçoit des étudiants étrangers. Largement de quoi “désembrouillarder”, cette fois, mais les esprits...