NOMBREUX sont ceux qui connaissent l’existence de vestiges archéologiques antiques phéniciens ou romains, tels que Chella, Volubilis, Lixus ou Loukkos, mis en exergue lors des fouilles réalisées pendant le Protectorat. Mais combien ont connaissance de ces villes plus récentes, datant de l’époque médiévale, de fondation musulmane, berbère ou arabe, aujourd’hui sombrées dans l’oubli? Voici donc un petit périple rafraîchissant la mémoire, ressuscitant le passé de quelques villes marocaines disparues, à la suite de la colère du ciel ou de la vindicte et du laisser-aller des hommes…
Notre aventure se concentre sur le bord de la Méditerranée, dans les montagnes du Rif oriental, creuset d’une civilisation millénaire.
C’est l’histoire de la ville de Nekour qui nous interpelle d’abord. Située dans la baie d’Al-Hoceïma, entre les deux rivières Nekour et Ghis, selon le géographe andalou el-Bekri, elle fut la deuxième capitale de l’Emirat de Nekour.
C’est en 710 que cette principauté aurait été fondée par l’émigrant arabe d’origine yéménite, Saleh Ibn Mansour, sur le fief accordé par le Calife de damas.
Son chef-lieu était alors Tamsamane. Un mot qui renvoie, selon el-Bakri, à une tribu, un fleuve et un port. Fenêtre maritime de sa principauté, Saleh Ibn Mansour y trouve la mort en 749, après avoir islamisé, selon la tradition, la population amazighe autochtone, représentée essentiellement par les Ghomara masmoudiens et par les Sanhaja.
Ce sont les petits-enfants de Saleh Ibn Mansour qui fondent Nekour en 809, une année après Fès, sur le territoire de la tribu Aït Ouariaghel, comme le signale el-Bekri lequel évoque par ailleurs qu’une des portes de la cité était appelée «Bab Béni Ouariaghel».
Placée sous la tutelle du califat omeyyade de Cordoue, la ville de Nekour est attaquée et saccagée par les Normands au VIIIe siècle. Reconstruite, elle ne tarde pas à subir les velléités de domination des Fatimides chiites d’Ifriqiya et essuie quelques attaques du vassal fatimide et Emir berbère zénète, Moussa el-Afia au Xe siècle.
Mais c’est sous le règne des Sahariens berbères almoravides, unificateurs du Maghreb et de l’Andalousie, avec à leur tête Youssef ben Tachfine, que sonne définitivement le glas, un siècle plus tard, pour l’Emirat de Nekour et pour sa capitale.
Seuls subsisteront, de façon marquante, quelques toponymes, comme la plaine de Nekour et ses belles vallées, entre Imzouren et Al-Hoceïma, traversée par l’oued du même nom.
A trois cents mètres de la côte, face à Al-Hoceïma, nous contemple, quant à elle, l’île de Nekour, occupée en 1673 par les Espagnols qui la baptisent Peñón de Alhucemas et qui l’administrent encore depuis Mellilia.
Restons dans cette intéressante côte nord-orientale rifaine et poursuivons notre recherche de cités perdues…
Nous sommes toujours dans les environs d’Al-Hoceïma et ne pouvons qu’adresser d’abord toutes nos pensées aux populations meurtries par le séisme qui a frappé la région le mardi 24 février 2004.
Dans cette quête de clef pour faire renaître les lieux d’histoire de leurs cendres, nous remontons le fil du temps, jusqu’à l’époque de la destruction de Nekour par les Fatimides chiites, soutenus par les Berbères zénètes orientaux. Ces derniers font d’El-Mezamma le chef-lieu de leur émirat, d’obédience fatimide qui n’aurait pu échapper au rappel de l’orthodoxie avec les rigoristes Almoravides, puis Almohades.
Détruite par les Espagnols, les ruines d’El-Mezamma furent décrites lors du périple de Hassan el-Wazzan, dit Léon l’Africain au XVIe siècle. Aujourd’hui, comme marques de ce passé demeurent quelques vestiges, nous dit-on, «à quelques dizaines de mètres de l’entrée du Club Med».
Notre aventure se concentre sur le bord de la Méditerranée, dans les montagnes du Rif oriental, creuset d’une civilisation millénaire.
C’est l’histoire de la ville de Nekour qui nous interpelle d’abord. Située dans la baie d’Al-Hoceïma, entre les deux rivières Nekour et Ghis, selon le géographe andalou el-Bekri, elle fut la deuxième capitale de l’Emirat de Nekour.
C’est en 710 que cette principauté aurait été fondée par l’émigrant arabe d’origine yéménite, Saleh Ibn Mansour, sur le fief accordé par le Calife de damas.
Son chef-lieu était alors Tamsamane. Un mot qui renvoie, selon el-Bakri, à une tribu, un fleuve et un port. Fenêtre maritime de sa principauté, Saleh Ibn Mansour y trouve la mort en 749, après avoir islamisé, selon la tradition, la population amazighe autochtone, représentée essentiellement par les Ghomara masmoudiens et par les Sanhaja.
Ce sont les petits-enfants de Saleh Ibn Mansour qui fondent Nekour en 809, une année après Fès, sur le territoire de la tribu Aït Ouariaghel, comme le signale el-Bekri lequel évoque par ailleurs qu’une des portes de la cité était appelée «Bab Béni Ouariaghel».
Placée sous la tutelle du califat omeyyade de Cordoue, la ville de Nekour est attaquée et saccagée par les Normands au VIIIe siècle. Reconstruite, elle ne tarde pas à subir les velléités de domination des Fatimides chiites d’Ifriqiya et essuie quelques attaques du vassal fatimide et Emir berbère zénète, Moussa el-Afia au Xe siècle.
Mais c’est sous le règne des Sahariens berbères almoravides, unificateurs du Maghreb et de l’Andalousie, avec à leur tête Youssef ben Tachfine, que sonne définitivement le glas, un siècle plus tard, pour l’Emirat de Nekour et pour sa capitale.
Seuls subsisteront, de façon marquante, quelques toponymes, comme la plaine de Nekour et ses belles vallées, entre Imzouren et Al-Hoceïma, traversée par l’oued du même nom.
A trois cents mètres de la côte, face à Al-Hoceïma, nous contemple, quant à elle, l’île de Nekour, occupée en 1673 par les Espagnols qui la baptisent Peñón de Alhucemas et qui l’administrent encore depuis Mellilia.
Restons dans cette intéressante côte nord-orientale rifaine et poursuivons notre recherche de cités perdues…
Nous sommes toujours dans les environs d’Al-Hoceïma et ne pouvons qu’adresser d’abord toutes nos pensées aux populations meurtries par le séisme qui a frappé la région le mardi 24 février 2004.
Dans cette quête de clef pour faire renaître les lieux d’histoire de leurs cendres, nous remontons le fil du temps, jusqu’à l’époque de la destruction de Nekour par les Fatimides chiites, soutenus par les Berbères zénètes orientaux. Ces derniers font d’El-Mezamma le chef-lieu de leur émirat, d’obédience fatimide qui n’aurait pu échapper au rappel de l’orthodoxie avec les rigoristes Almoravides, puis Almohades.
Détruite par les Espagnols, les ruines d’El-Mezamma furent décrites lors du périple de Hassan el-Wazzan, dit Léon l’Africain au XVIe siècle. Aujourd’hui, comme marques de ce passé demeurent quelques vestiges, nous dit-on, «à quelques dizaines de mètres de l’entrée du Club Med».