Tafaska et le carnaval de Biylmawen.

Agraw_n_Bariz

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Le carnaval de Biylmawen : Une tradition amazighe ancestrale.

Les déguisements qui ont fleuri pendant la période pré-coloniale [avant 1912] au Maroc sont de véritables phénomènes de carnaval, qui combinent des spectacles joyeux avec des aspects socio-politiques très élaborés. Ces déguisements ont principalement lieu lors de deux occasions spécifiques : le Âchoucha et le Âid n Tafaska (la fête du mouton).

Bilmawen à Dchayra.

Le carnaval de Bilmawen a émergé en tant que rituel populaire, ayant lieu après le sacrifice du mouton, le matin de Tafaska. Bilmawen a été jusqu’à très récemment un festival annuel régulièrement célébré dans des villes marocaines comme Fès, Marrakech, Tanger et Agadir. A l’évidence, les changements consécutifs qui ont affecté la société marocaine ont graduellement relégué cette tradition au point que personne, à l’exception de la région d’Agadir, où cette tradition est très enracinée, ne se rappelle plus de ce qu’elle était.

Le nom donné à cette tradition diffère d’une région à une autre. On l’appelle Boujlloud en référence à la personne qui porte les peaux de moutons, comme à Marrakech et ses alentours. A Haha et à Doukkala, le nom Hairma est plus fréquemment utilisé. Dans la région de Shyadma, on l’appelle Chouyikht, un diminutif de Cheikh. En amazigh, la personne qui porte les peaux de moutons est appelé Bilmawen, et à Chaweya Hairma Bou Lbtayn. Boujloud reste tout de même le nom le plus utilisé, un terme relevé par les ethnologues Doutte (1905-1909) ; Laoust (1921) et Westemarck (1935).

Tous ces noms désignent la personne qui porte les peaux de moutons ou de chèvre, peint son visage à l’aide de la poudre du charbon de bois et met un masque à l’instar de ce qui se fait dans la région de l’Atlas. Bilmawen peut aussi porter des plumes d’oiseaux comme c’est le cas dans la région de Rehamna. A Haha et à Mogador (Essaouira), Bilmawen porte un potiron pour couvrir sa tête et au dessus duquel on enfonce des centaines d’épines de porc-épic. Il porte également un rosaire de coquilles d’escargot autour de son cou, et laisse les sabots attachés aux peaux de moutons traîner autour de ses mains pour mettre en valeur l’aspect bizarre qu’il est censé avoir.

La fête de Bilmawen commence le deuxième jour de Tafaska. Bilmawen, qui peut être seul ou plusieurs, est accompagné de musiciens jouant de la flûte, des batteurs, et une foule énorme de gens qui chantent de petites chansons connues censées décrire Bilmawen comme une créature effrayante. Parfois, les gens peuvent jeter de petites pierres en sa direction pour le chasser loin d’eux. Bilmawen répond en plaisantant et en jouant le clown mais il peut aussi frapper avec ses sabots quiconque il attrape. Bilmawen peut utiliser un langage très grossier mais auquel personne ne prête attention dans ces circonstances de fêtes joyeuses. Les autres membres du défilé jouent principalement de la musique, dansent et chantent.

(...)

Abdelmajid RIDOUANE (Michigan, USA).
Traduit de l’Anglais par Rachid Ridouane.

Source : amadalamazigh.com
 
hrma

on dit plutot "hrma" et ca vient de " hr"= chatouiller

et hrma veut dire tout simplement en tamazighte "clown" ou personne qui fait rire
 
Une petite question...
Boujloud veut dire (comme bilmawen) "celui qui porte des peaux".
"Jloud" étant le pluriel de "jld". Mais "jld" est un mot amazigh ou arabe?
 
amksa_nidaoutanen said:
Une petite question...
Boujloud veut dire (comme bilmawen) "celui qui porte des peaux".
"Jloud" étant le pluriel de "jld". Mais "jld" est un mot amazigh ou arabe?

"jeld" est arabe et son équivalent en Tamazight, c'est justement "ilem" qui donne "ilemawen" au pluriel..
 
Re : Tafaska et le carnaval de Biylmawen.

Bouyilmawn est composé à partir du mot ILM qui signifie " le contenant" dont le pluriel est ILMAWN (source: dictionnaire de tamazight (Haddachi A.)). Bien analysé Boujloud serait une traduction du mot amazigh mais sur un autre plan celà fait preuve de l'adoption d'une tradition amazigh par une autre culture. Est-ce le seul cas?
 
Re : Tafaska et le carnaval de Biylmawen.

Cette tradition était bien vivante à Taznakht il y' a encore peu...
Le jour de el Aid n Umacur était ponctué de pleins de petites traditions et la venue de Buylmawen cloturer cette journée...
 
Re : Tafaska et le carnaval de Biylmawen.

tamaynut said:
Cette tradition était bien vivante à Taznakht il y' a encore peu...
Le jour de el Aid n Umacur était ponctué de pleins de petites traditions et la venue de Buylmawen cloturer cette journée...

Je crois qu'elle est toujours partiquée car je l'ai vue à Taliouine et dans les villages autour de Taznakht. Les adolescents organisaient même un petit théatre.

Il faut lire pour la signification le travail de :
Hammoudi, la victime et ses masques.
 
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