talents de rif

agoram

Active Member
Najib Amazigh, Mabrouk, l'orchestre « Amouaj » et les autres : des jeunes talents rifains chantent les souffrances


Plusieurs jeunes artistes venus de la région du Rif ont été invités par le Centre Tarik Ibn Zyad pour se produire en concert et animer des soirées musicales inoubliables, dans le cadre du festival de musiques des cimes organisé du 26 au 28 août dernier à Imilchil. Durant trois jours, Imilchil a vibré aux rythmes de presque tous les genres musicaux amazighs. Parmi ces genres, un seul a retenu l'attention des observateurs.





Il s'agit de ces jeunes rifains venus de Nador, d'El Hoceïma et de Taza et qui ont émerveillé le public présent en interprétant des morceaux amazighs traditionnels mixés par une musique moderne du genre Bob Dylan, Neil Young, Beatles ou Rod Steawart. Ils chantent les souffrances d'une jeunesse oubliée et livrée à elle-même.

Parmi ces jeunes, Najib Amazigh a tenu en haleine les spectateurs venus nombreux pour assister à son spectacle. Natif de Nador, Najib Amazigh a jusqu'à présent un seul album qui s'intitule « Arif Inou ». Il a fait ses débuts en 1990, en interprétant des morceaux très connus. «Mais, depuis mon enfance, j'avais un plaisir fou de chanter. J'ai grandi avec la musique. Mon amour pour la musique amazighe m'a facilité un peu la tâche de composer et de chanter en cette langue. Cet amour m'a également poussé à entreprendre des recherches sur la musique amazighe », s'exclame-t-il.

Artiste engagé, il a à son actif plusieurs sorties musicales à Casablanca, Meknès et à Rabat. Membre actif dans le domaine associatif, il a été découvert par le Centre Tarik Ibn Zyad qui lui a offert l'occasion, il y a cinq ans, de se produire pour la première fois, au théâtre Mohammed V de Rabat, en public. Najib chante des poésies amazighes écrites par Khalid Mansouri, Fadma Alwiraachi, Maissa Rachida et autres. Les thèmes évoqués dans ses chansons traitent de la vie sociale, culturelle et politique. Il évoque, la falsification des élections, la marginalisation de la femme, la révolution meurtrière dans la région Kabbyle en Algérie, la résistance rifaine et autres. Son style est une mixture entre la modernité et la tradition, tout en jouant avec des instruments électriques. Najib Amazigh envisage de faire sortir un nouvel album et son premier clip vidéo.

D'autres talents rifains chantent l'amour au sein d'un orchestre appelé « Amouaj » constitué en 1990 et qui regroupe six personnes. Il s‘agit de Nabil Ghissi (clavier), Younes Nif (percussion), Ahmed Boukhari (clavier), Miouat Bouramdam (violon), Adil Bouramdan (bandir). Tous natifs d'El Hoceïma où ils ont étudié la musique à l'Institut de la ville. Ils chantent en compagnie de plusieurs artistes comme Dalila, Iaoun, Abdelkader Aryaf, Najib Amazigh, Mabrouk, Hafid Jalal, Mohamed Tazaghine et feu Sallam Rifi. Leurs chansons amazighes s'inspirent du patrimoine national entier et des morceaux étrangers. Nabil explique : « Nous jouons tous les genres de musique, que ce soit arabe, amazigh ou occidental. Nous essayons d'être présents partout et de faire plaisir à tous les goûts ». Le groupe chante l'amour et la fraternité.

Chaque année et depuis sept ans, le groupe célèbre « Layali Ramadan ». Seulement, la fermeture de l'Institut de musique d'El Hoceïma et d'autres espaces culturels porte un coup dur à la promotion de l'art dans cette région. La majorité des artistes ne disposent pas d'espaces où ils peuvent perfectionner leurs talents. Pour le chanteur rifain Mohamed Mebrouk de Taza, la situation est totalement différente. Il est écrivain, compositeur et interprète lui même ses propres chansons.

Il est membre du Syndicat libre des musiciens marocains. Il a commencé à chanter dès son plus jeune âge. Il interprétait des morceaux rifains malgré la lutte des campagnards contre toute personne qui chante en public. Selon Mabrouk, « les gens de la campagne croyaient que la musique andalouse était la cause de la défaite des Musulmans. Si le chanteur mourrait, il n'était jamais enterré avec les autres dans le même cimetière ». A l'âge de 42 ans, il enregistre son premier album qui traite des sujets à caractère social, comme les pateras de la mort, le mariage mixte pour intérêts, les souffrances des jeunes...

Tous ces jeunes artistes se plaignent du fait que l'art est devenu une marchandise sans grande valeur. Ils regrettent l'absence du soutien de l'Etat et la programmation inadéquate des festivals qui sont parfois organisés à la même date.

lematin.ma
 
Back
Top