tarabout Izenzarn *_*Igout Abdelhadi*_*

azenzar

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Dans le champ musical amazigh (berbère), l'expérience du groupe Izenzarn présente des particularités. L'émergence de ce groupe se situe dans le contexte général des mutations sociales au Maroc post-protectoral. L'émigration (exode rural dans la terminologie sociologique marocaine) est devenue un phénomène irréversible. La société rurale s'installe dans le milieu citadin et se confronte à la fois aux processus violents d'intégration et d'assimilation et aux problèmes sociaux résultant de la gestion arbitraire des biens communs par la mafia makhzénienne. Cette situation nécessite l'invention de formes nouvelles d'expressions poético-musicales (ou l'adaptation des formes anciennes) pour exprimer à la fois la nostalgie des origines et la colère vis-à-vis de politiques abusives. Aussi, à cette époque, les groupe musicaux anglo-saxons (tels les Beatles) mais aussi marocains (Nass el Ghiwan, Jil Jilala, etc.) imposent leurs rythmes et influencent le développement de groupes de musique dite populaire. Mêlant instruments modernes et traditionnels, ces groupes interprètent des chants, inspirés de la tradition ancestrale ou exprimant les sensibilités actuelles d'une génération issue de la première vague des émigrants ruraux.

Fondé à la fin des années soixante par un groupe de jeunes issus des familles installées en ville, Izenzarn fait parti des premiers groupes amazighs à moderniser et à radicaliser la chanson amazighe. Après des tribulations sous différents noms, l'année 1974 consacre l'enregistrement de la première cassette. Ainsi s'entame la saison printanière du groupe, caractérisé par des chansons d'amour telles : Wad ittemuddun (voyageur), Wa zzin (Oh ! beauté), etc., de nostalgie et des valeurs traditionnelles : Immi Henna (Ma gracieuse mère)... avant d'embrasser les thèmes contestataires : ttuzzalt (poignard), ttâbla (plateau), tamurghi (sauterelles)... et ceci au début des années 80.

La contestation chez Izenzarn se caractérise par la mise en cause des discours dominants :

Iggut lebrîh idrus may sellan igh islêh…
Les discours abondent
Et pourtant
Personne n'écoute la raison
et la mise à nu de réalités difficiles :

Nettghwi zun d teghwi tmmurghi gh igenwan ikk d lhif akal…
Nous sommes
comme des sauterelles prises entre les cieux
et les terres asséchées,
une réalité où règnent la peur, l'oppression et la torture [tawda gh ugharas (la peur dans les chemins), izîtti wuzzal (barreaux de fer), ur nemmut ur nsul (ni vivant ni mort)…]

La réussite du groupe est due à son style musical insolite et à la poésie de ses chants qui présentaient déjà à la fin des années soixante-dix les germes d'une révolution dans le champ de la création poétique berbère moderne.

Après une mésentente, le groupe a connu une scission. Deux groupes se disputent le nom : Izenzarn Iggout Abdelhadi et Izenzarn Chamekh. Mais, c'est le premier qui a pu s'imposer grâce à l'image emblématique de son chanteur principal, Iggout Abdelhadi.



[ Edité par azenzar le 25/11/2003 15:04 ]
 
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