Timitar, l'hymne à la musique amazighe

agerzam

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Une quatrième édition pour le Festival d'Agadir
Timitar, le festival surprenant est de retour pour une quatrième édition. Comme à l'accoutumée, c'est la capitale du Souss qui accueille, du 4 au 7 juillet, le rendez-vous annuel des musiques amazighes et celles du monde. Encore une fois, Agadir sera le théâtre d'une liesse populaire car en quatre éditions, le festival a réussi à fidéliser un public de plus en plus nombreux.

Ces personnes assoiffées de musique viendront de nouveau découvrir les trésors musicaux d'ici et d'ailleurs.

A cet effet, une quarantaine de groupes marocains et étrangers, soit quelque cinq cents musiciens, ont été invités à jouer sur les scènes d'Agadir. Venus d'horizons différents et chantant des styles différents, les artistes apporteront chacun sa touche personnelle au festival. Brahim El Mazned, directeur artistique du festival, explique "Qu'il soit originaire de l'ensemble du territoire marocain, de diverses contrées du monde ou issu de l'émigration amazighe, chaque artiste enrichira le programme."

Un programme qui englobe en gros les répertoires traditionnels et contemporains de tous les continents, ce qui transformera la ville en véritable lieu de rencontre exceptionnel où les cultures du monde se rassembleront et dialogueront suivant le langage de la musique. De la chanson amazighe au Reggae en passant par le Hip-hop, l'électro, la salsa, la fusion, la chanson marocaine moderne ou la chanson orientale…Timitar en a pour tous les goûts. La grande scène Al Amal proposera, en effet, aux grands noms de la chanson de côtoyer les révélations de Timitar.

Outre son rôle de promoteur de l'émergence d'une scène nouvelle, l'évènement aura pour cette année de mettre en valeur les artistes issus de l'immigration amazighe et maghrébine dont les influences se sont nourries, au fil des ans, des répertoires occidentaux. La programmation tentera également de mettre l'accent sur le retour à la scène internationale, le «revival», de certains groupes restés à l'ombre ces dernières années.

La seconde scène de la ville, Bijawane, est, elle, dédiée aux musiques actuelles, en l'occurrence le hip-hop, l'électro... Les plus jeunes des spectateurs pourront ainsi veiller à la belle étoile tout en vibrant sur
les rythmes de leur "zik"
préférée.

On peut noter parmi les grands invités du festival,
le monstre sacré de la musique brésilienne, Gilberto Gil
Africando, référence incontournable de la «salsa africaine» ou encore la princesse des Balkans, Rona Hartner. Du côté des
artistes marocains, la liste est trop longue. Mais puisque
Timitar est avant tout l'hymne à la chanson amazighe, ce sont les rways qui ont la part belle.

Houssine Amarrakchi, Fatima Tabaamrant ou encore Biamaouen accueilleront sur scène les musiques du monde.
Ce n'est pas tout car les habitants d'Agadir et ses visiteurs pourront découvrir également les jeunes issus de la scène alternative Bigg, le groupe hoba hoba Spirit et les locaux Amarg Fusion et Style Souss.

Outre ces quatre jours de fête, Agadir abritera plusieurs activités dont un colloque, des concerts et des ateliers et ce, dans le cadre du "Timitar Off" qui sera animé par les spécialistes de la chanson et de la musique venus des deux côtés de la Méditerranée. En marge du festival, on note la réalisation de nombreux projets dont le plus important est la création du musée de Timitar.

Fédérateur de projets de développement régional, Timitar favorise également la créativité des artistes locaux.
Plus qu'un simple festival, Timitar est en effet un projet culturel et économique pour toute la région du Souss-Massa-Drâa.

Ce n'est donc pas pour rien qu'après quatre éditions, le Festival Timitar est devenu
un rendez-vous incontournable dans le paysage culturel marocain.
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Sur la voie internationale

Quelques mois uniquement avant le départ de sa quatrième édition, Timitar, rythmes du monde, a été sollicité par l'European Forum Worldwide Music Festivals (EFWMF), un réseau culturel qui regroupe les festivals les plus prestigieux au monde, soit 48 festivals dans 18 pays européens.

Ce circuit a pour principal objectif d'échanger des idées, proposer des découvertes et permettre l'invitation en Europe de plusieurs groupes. Timitar intègrera ce réseau à partir de septembre prochain.

La seule condition est cependant de suivre la procédure et payer une cotisation de 750 euros. Cette participation permettra au Festival Timitar de gagner en renommée à l'international. Par son adhésion au EFWMF, Timitar est donc le premier festival marocain qui fait partie d'un réseau d'une telle pointure.



Khadija Smiri | LE MATIN
 
Vedettes berbères et internationales au festival Timitar d'Agadir

Vedettes berbères et internationales au festival Timitar d'Agadir
LE MONDE | 06.07.07

Le Monde

Pas moins de 80 000 personnes assistaient à l'ouverture de la quatrième édition du très populaire festival Timitar d'Agadir, au Maroc, mercredi 4 juillet. Ce rendez-vous est très attaché à la culture berbère. Mais ce soir-là, en coulisses, avant le collectif panafricain de salsa Africando, c'est le saxophoniste camerounais Manu Dibango qui crée le plus d'effervescence.

N'ignorant pas que la majorité du public présent sur la place ne connaît rien de lui, le musicien reste sobre quand il entre en scène, se dispense des flatteries de circonstance sur l'accueil des Marocains ou la joie de se produire une nouvelle fois au Maroc. Il se contente d'être musicien. De jouer (bien) et de diriger son Maraboutik big band hautement musical.

Au menu du jour, un condensé de sa carrière (50 ans cette année). Des hommages, à des gens qui ont marqué son parcours et qu'il a toujours fréquenté : Sidney Bechet, avec une reprise des Rues d'Antibes, à Fela (Big Blow), à Duke Ellington (Duke In Bushland). Il a invité Susheela Raman et Lulendo pour une brève rencontre, termine son show par son incontournable standard Soul Makossa.

Timitar est un événement musical majeur sur le continent africain (plus de 400 artistes et près de 40 concerts en quatre soirs cette année). Doté d'un budget de 8,5 millions de dirhams, fourni en grande partie par la Région Souss Massa Drâ, instigatrice de l'événement, le festival rapproche artistes amazighs (berbères) et "vedettes extérieures". "Ce qui ne veut pas dire qu'on organise des boeufs. Pas question que les artistes amazighs soient un décor derrière un artiste occidental", insiste Brahim El Mazned, le directeur artistique.

AFFIRMER LA CULTURE BERBÈRE

Pas vraiment de rencontres artistiques, d'affinités provoquées, donc, à Timitar, comme on peut en voir au festival d'Essaouira par exemple, centré autour des gnaouas, mais davantage un partage de l'espace offert par la nuit. A deux heures du matin, lorsque Idbassaïd monte sur scène, ils sont encore des milliers sur la place Al Amal, malgré le froid vif et l'heure pas très raisonnable. On s'agite encore pour l'enfant du pays.

Né en 1967 à Tiznit, à quelques 70 km d'Agadir, Idbassaïd revient chanter pour la première fois chez lui depuis son départ en France, il y a vingt-deux ans. Chemise au vent et violon traditionnel (ribab) ou banjo en main, épaulé par un groupe où la frappe déterminée du batteur Karim Ziad donne son élan à l'ensemble, Hassane Idbassaïd est un homme de confiance. Il défend une idée chère au coeur de beaucoup de gens d'ici, la région du Souss : affirmer la culture amazigh. L'identité berbère s'exprime à travers beaucoup de ses chansons, interprétées à 80 % en langue tamazight. Il admire la musique des Rways, ces troubadours ambulants, et voue une grande admiration à Rays Ahmed Bizmaouen, le premier à monter sur scène lors de la soirée d'ouverture du Timitar.

"C'est l'un des monuments de la chanson berbère", souligne Idbassaïd. A l'instar de Amouri M'Barek, "le premier artiste berbère dans les années 1980 à avoir modernisé la chanson traditionnelle. Il m'a permis de passer du traditionnel à la chanson moderne actuelle, de franchir une étape. Il ne faut pas fossiliser la tradition. Pour faire reconnaître notre culture, nous devons l'ouvrir à d'autres univers".

De nombreux jeunes groupes présents à Agadir (Amarg Fusion, Aza, Styl Souss, Hoba Hoba Spirit...) sont aimantés par la même idée, interpellés par le patrimoine local autant que par le jazz, le rock, le hip hop, le reggae ou l'electro. Pour sa soirée de clôture, samedi 7 juillet, Timitar invite Ahwash Ouintjgal, Mmar Kassey, Gilberto Gil, Nass El Ghiwane, Kassav', Izenzaren, Aza, Harem, Cheba Zahwania et Amarg Fusion.

Patrick Labesse
 
Re : Timitar, l'hymne à la musique amazighe

3 questions à Brahim El Mazned
[Directeur artistique du Festival (de la culture amazighe) Timitar]


La 3ème édition de Timitar se clôture ce samedi. Ne craignez-vous pas que l’évènement devienne l’occasion de porter des voix “séparatistes” amazighs ?
Je pense surtout que la culture amazighe fait partie intégrante du patrimoine marocain. Mais dans un pays où on aspire à un idéal démocratique, on ne peut pas empêcher le débat. A titre personnel, je pense que le Festival s’en est tenu à sa mission en vulgarisant la culture amazighe. Ceux qui pensent le contraire agissent ainsi pour fragiliser notre projet culturel. De plus, les faits parlent pour nous. Cette édition n’a pas dérogé à la règle. Nous n’avons aucun incident majeur à déplorer malgré les quelque 100 000 festivaliers quotidiens. C’est ce qu’on devrait retenir.

Vous pensez donc que culture et politique sont incompatibles ?
Non, pas forcément. La culture revêt toujours une dimension politique. Et Timitar n’échappe pas à cette règle.

Le Festival Timitar ne risque-t-il pas d’aseptiser la cause amazighe, en lui faisant revêtir une dimension folklorique ?
Quand nous avons eu l’idée de lancer Timitar, nous avons décidé de ne pas nous inscrire dans une logique folklorique. Ce qui ne nous a pas empêchés de rendre hommage à des artistes qui vendent des centaines de milliers de disques, ni d’offrir au public un plateau digne de ce nom. Cela n’a rien de folkorique, parce que la cause amazighe est un tout.

Tel Quel
 
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