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Si vous n'avez pas encore lu cet excellent article du Monde diplomatique du mois d'août dernier, sur l'histoire mythique du peuple juif, je vous invite à le découvrir.

Déconstruction d'une histoire mythique

Comment fut inventé le peuple juif
Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l'idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l'expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.
Par Shlomo Sand

Tout Israélien sait, sans l'ombre d'un doute, que le peuple juif existe depuis qu'il a reçu la Torah (1) dans le Sinaï, et qu'il en est le descendant direct et exclusif. Chacun se persuade que ce peuple, sorti d'Egypte, s'est fixé sur la « terre promise », où fut édifié le glorieux royaume de David et de Salomon, partagé ensuite en royaumes de Juda et d'Israël. De même, nul n'ignore qu'il a connu l'exil à deux reprises : après la destruction du premier temple, au VIe siècle avant J.-C., puis à la suite de celle du second temple, en l'an 70 après J.C.

S'ensuivit pour lui une errance de près de deux mille ans : ses tribulations le menèrent au Yémen, au Maroc, en Espagne, en Allemagne, en Pologne et jusqu'au fin fond de la Russie, mais il parvint toujours à préserver les liens du sang entre ses communautés éloignées. Ainsi, son unicité ne fut pas altérée. A la fin du XIXe siècle, les conditions mûrirent pour son retour dans l'antique patrie. Sans le génocide nazi, des millions de Juifs auraient naturellement repeuplé Eretz Israël (« la terre d'Israël ») puisqu'ils en rêvaient depuis vingt siècles.

Vierge, la Palestine attendait que son peuple originel vienne la faire refleurir. Car elle lui appartenait, et non à cette minorité arabe, dépourvue d'histoire, arrivée là par hasard. Justes étaient donc les guerres menées par le peuple errant pour reprendre possession de sa terre ; et criminelle l'opposition violente de la population locale.

D'où vient cette interprétation de l'histoire juive ? Elle est l'œuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont l'imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. L'abondante historiographie du judaïsme comporte, certes, une pluralité d'approches. Mais les polémiques en son sein n'ont jamais remis en cause les conceptions essentialistes élaborées principalement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Lorsque apparaissaient des découvertes susceptibles de contredire l'image du passé linéaire, elles ne bénéficiaient quasiment d'aucun écho. L'impératif national, telle une mâchoire solidement refermée, bloquait toute espèce de contradiction et de déviation par rapport au récit dominant. Les instances spécifiques de production de la connaissance sur le passé juif — les départements exclusivement consacrés à l'« histoire du peuple juif », séparés des départements d'histoire (appelée en Israël « histoire générale ») — ont largement contribué à cette curieuse hémiplégie. Même le débat, de caractère juridique, sur « qui est juif ? » n'a pas préoccupé ces historiens : pour eux, est juif tout descendant du peuple contraint à l'exil il y a deux mille ans.

Ces chercheurs « autorisés » du passé ne participèrent pas non plus à la controverse des « nouveaux historiens », engagée à la fin des années 1980. La plupart des acteurs de ce débat public, en nombre limité, venaient d'autres disciplines ou bien d'horizons extra-universitaires : sociologues, orientalistes, linguistes, géographes, spécialistes en science politique, chercheurs en littérature, archéologues formulèrent des réflexions nouvelles sur le passé juif et sioniste. On comptait également dans leurs rangs des diplômés venus de l'étranger. Des « départements d'histoire juive » ne parvinrent, en revanche, que des échos craintifs et conservateurs, enrobés d'une rhétorique apologétique à base d'idées reçues.

Le judaïsme, religion prosélyte

Bref, en soixante ans, l'histoire nationale a très peu mûri, et elle n'évoluera vraisemblablement pas à brève échéance. Pourtant, les faits mis au jour par les recherches posent à tout historien honnête des questions surprenantes au premier abord, mais néanmoins fondamentales.

La Bible peut-elle être considérée comme un livre d'histoire ? Les premiers historiens juifs modernes, comme Isaak Markus Jost ou Leopold Zunz, dans la première moitié du XIXe siècle, ne la percevaient pas ainsi : à leurs yeux, l'Ancien Testament se présentait comme un livre de théologie constitutif des communautés religieuses juives après la destruction du premier temple. Il a fallu attendre la seconde moitié du même siècle pour trouver des historiens, en premier lieu Heinrich Graetz, porteurs d'une vision « nationale » de la Bible : ils ont transformé le départ d'Abraham pour Canaan, la sortie d'Egypte ou encore le royaume unifié de David et Salomon en récits d'un passé authentiquement national. Les historiens sionistes n'ont cessé, depuis, de réitérer ces « vérités bibliques », devenues nourriture quotidienne de l'éducation nationale.

Mais voilà qu'au cours des années 1980 la terre tremble, ébranlant ces mythes fondateurs. Les découvertes de la « nouvelle archéologie » contredisent la possibilité d'un grand exode au XIIIe siècle avant notre ère. De même, Moïse n'a pas pu faire sortir les Hébreux d'Egypte et les conduire vers la « terre promise » pour la bonne raison qu'à l'époque celle-ci... était aux mains des Egyptiens. On ne trouve d'ailleurs aucune trace d'une révolte d'esclaves dans l'empire des pharaons, ni d'une conquête rapide du pays de Canaan par un élément étranger.

Il n'existe pas non plus de signe ou de souvenir du somptueux royaume de David et de Salomon. Les découvertes de la décennie écoulée montrent l'existence, à l'époque, de deux petits royaumes : Israël, le plus puissant, et Juda, la future Judée. Les habitants de cette dernière ne subirent pas non plus d'exil au VIe siècle avant notre ère : seules ses élites politiques et intellectuelles durent s'installer à Babylone. De cette rencontre décisive avec les cultes perses naîtra le monothéisme juif.

L'exil de l'an 70 de notre ère a-t-il, lui, effectivement eu lieu ? Paradoxalement, cet « événement fondateur » dans l'histoire des Juifs, d'où la diaspora tire son origine, n'a pas donné lieu au moindre ouvrage de recherche. Et pour une raison bien prosaïque : les Romains n'ont jamais exilé de peuple sur tout le flanc oriental de la Méditerranée. A l'exception des prisonniers réduits en esclavage, les habitants de Judée continuèrent de vivre sur leurs terres, même après la destruction du second temple.

Une partie d'entre eux se convertit au christianisme au IVe siècle, tandis que la grande majorité se rallia à l'islam lors de la conquête arabe au VIIe siècle. La plupart des penseurs sionistes n'en ignoraient rien : ainsi, Yitzhak Ben Zvi, futur président de l'Etat d'Israël, tout comme David Ben Gourion, fondateur de l'Etat, l'ont-ils écrit jusqu'en 1929, année de la grande révolte palestinienne. Tous deux mentionnent à plusieurs reprises le fait que les paysans de Palestine sont les descendants des habitants de l'antique Judée (2).

A défaut d'un exil depuis la Palestine romanisée, d'où viennent les nombreux Juifs qui peuplent le pourtour de la Méditerranée dès l'Antiquité ? Derrière le rideau de l'historiographie nationale se cache une étonnante réalité historique. De la révolte des Maccabées, au IIe siècle avant notre ère, à la révolte de Bar-Kokhba, au IIe siècle après J.-C, le judaïsme fut la première religion prosélyte. Les Asmonéens avaient déjà converti de force les Iduméens du sud de la Judée et les Ituréens de Galilée, annexés au « peuple d'Israël ». Partant de ce royaume judéo-hellénique, le judaïsme essaima dans tout le Proche-Orient et sur le pourtour méditerranéen. Au premier siècle de notre ère apparut, dans l'actuel Kurdistan, le royaume juif d'Adiabène, qui ne sera pas le dernier royaume à se « judaïser » : d'autres en feront autant par la suite.

Les écrits de Flavius Josèphe ne constituent pas le seul témoignage de l'ardeur prosélyte des Juifs. D'Horace à Sénèque, de Juvénal à Tacite, bien des écrivains latins en expriment la crainte. La Mishna et le Talmud (3) autorisent cette pratique de la conversion — même si, face à la pression montante du christianisme, les sages de la tradition talmudique exprimeront des réserves à son sujet.

La victoire de la religion de Jésus, au début du IVe siècle, ne met pas fin à l'expansion du judaïsme, mais elle repousse le prosélytisme juif aux marges du monde culturel chrétien. Au Ve siècle apparaît ainsi, à l'emplacement de l'actuel Yémen, un royaume juif vigoureux du nom de Himyar, dont les descendants conserveront leur foi après la victoire de l'islam et jusqu'aux temps modernes. De même, les chroniqueurs arabes nous apprennent l'existence, au VIIe siècle, de tribus berbères judaïsées : face à la poussée arabe, qui atteint l'Afrique du Nord à la fin de ce même siècle, apparaît la figure légendaire de la reine juive Dihya el-Kahina, qui tenta de l'enrayer. Des Berbères judaïsés vont prendre part à la conquête de la péninsule Ibérique, et y poser les fondements de la symbiose particulière entre juifs et musulmans, caractéristique de la culture hispano-arabe.

La conversion de masse la plus significative survient entre la mer Noire et la mer Caspienne : elle concerne l'immense royaume khazar, au VIIIe siècle. L'expansion du judaïsme, du Caucase à l'Ukraine actuelle, engendre de multiples communautés, que les invasions mongoles du XIIIe siècle refoulent en nombre vers l'est de l'Europe. Là, avec les Juifs venus des régions slaves du Sud et des actuels territoires allemands, elles poseront les bases de la grande culture yiddish (4).

Ces récits des origines plurielles des Juifs figurent, de façon plus ou moins hésitante, dans l'historiographie sioniste jusque vers les années 1960 ; ils sont ensuite progressivement marginalisés avant de disparaître de la mémoire publique en Israël. Les conquérants de la cité de David, en 1967, se devaient d'être les descendants directs de son royaume mythique et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars. Les Juifs font alors figure d'« ethnos » spécifique qui, après deux mille ans d'exil et d'errance, a fini par revenir à Jérusalem, sa capitale.

Les tenants de ce récit linéaire et indivisible ne mobilisent pas uniquement l'enseignement de l'histoire : ils convoquent également la biologie. Depuis les années 1970, en Israël, une succession de recherches « scientifiques » s'efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des Juifs du monde entier. La « recherche sur les origines des populations » représente désormais un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire, tandis que le chromosome Y mâle s'est offert une place d'honneur aux côtés d'une Clio juive (5) dans une quête effrénée de l'unicité d'origine du « peuple élu ».

Cette conception historique constitue la base de la politique identitaire de l'Etat d'Israël, et c'est bien là que le bât blesse ! Elle donne en effet lieu à une définition essentialiste et ethnocentriste du judaïsme, alimentant une ségrégation qui maintient à l'écart les Juifs des non-Juifs — Arabes comme immigrants russes ou travailleurs immigrés.

Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens. Près d'un quart d'entre eux ne sont pas considérés comme des Juifs et, selon l'esprit de ses lois, cet Etat n'est pas le leur. En revanche, Israël se présente toujours comme l'Etat des Juifs du monde entier, même s'il ne s'agit plus de réfugiés persécutés, mais de citoyens de plein droit vivant en pleine égalité dans les pays où ils résident. Autrement dit, une ethnocratie sans frontières justifie la sévère discrimination qu'elle pratique à l'encontre d'une partie de ses citoyens en invoquant le mythe de la nation éternelle, reconstituée pour se rassembler sur la « terre de ses ancêtres ».

Ecrire une histoire juive nouvelle, par-delà le prisme sioniste, n'est donc pas chose aisée. La lumière qui s'y brise se transforme en couleurs ethnocentristes appuyées. Or les Juifs ont toujours formé des communautés religieuses constituées, le plus souvent par conversion, dans diverses régions du monde : elles ne représentent donc pas un « ethnos » porteur d'une même origine unique et qui se serait déplacé au fil d'une errance de vingt siècles.

Le développement de toute historiographie comme, plus généralement, le processus de la modernité passent un temps, on le sait, par l'invention de la nation. Celle-ci occupa des millions d'êtres humains au XIXe siècle et durant une partie du XXe. La fin de ce dernier a vu ces rêves commencer à se briser. Des chercheurs, en nombre croissant, analysent, dissèquent et déconstruisent les grands récits nationaux, et notamment les mythes de l'origine commune chers aux chroniques du passé. Les cauchemars identitaires d'hier feront place, demain, à d'autres rêves d'identité. A l'instar de toute personnalité faite d'identités fluides et variées, l'histoire est, elle aussi, une identité en mouvement.

Shlomo Sand.
Historien, professeur à l'université de Tel-Aviv, auteur de Comment le peuple juif fut inventé, à paraître chez Fayard en septembre.
 
Re : ...Udayn

Les chemins étroits de la Connaissance
Par Paul Benaïm pour Guysen International News

Le peuple juif au cours des siècles a donné naissance, bien malgré lui, à une profusion de mythes qui ont contribué à ses malheurs, tels le mythe du « peuple déicide responsable de la crucifixion de Jésus », celui de « tueurs d’enfants chrétiens dont le sang est utilisé pour la fabrication du pain azyme » …et celui des « sages de Sion régentant les affaires du monde ». Cette chronique porte sur un mythe encore peu répandu, mais tout aussi dangereux, la non-existence du peuple juif.

Les sources des mythes sur le peuple juif sont diverses : ce furent les œuvres
- de théologiens chrétiens,
- d’ écrivains, d’essayistes, d’hommes politiques, de diplomates, de journalistes,
- de peintres, de dessinateurs, de caricaturistes
- de fonctionnaires du Tsar
et la rumeur publique.
Le dernier mythe en date, celui de la non-existence du peuple juif, est né des travaux et de l’imagination d’un authentique historien, Shlomo Sand.
Mais avant d’analyser ses écrits, il n’est pas inutile de rappeler les mythes à la base de l’antisémitisme.

Le mythe du peuple déicide et du Juif errant, fondements de l’antisémitisme chrétien

Le mythe théologique de la punition divine a été dénoncé par Jules Isaac*.
Le peuple responsable de la crucifixion de Jésus, condamné à l’exil et à l’errance à travers le monde jusqu’à la fin des temps, est représenté symboliquement par l’image du « Juif errant ». Ce nomade, ce « Sans Domicile Fixe », était accusé d’être à l’origine d’épidémies et de cataclysmes. Cet homme hirsute, peu recommandable, différent des autochtones par son aspect, ses traditions et sa langue, était le bouc émissaire idéal que l’on pouvait massacrer impunément ou expulser en toute légalité.

Le mythe racial, fondement de l’antisémitisme nazi

Récemment encore on parlait de race juive. Ce mythe a connu son apogée avec l’ouvrage de H.S.Chamberlain qui a eu un énorme succès en Allemagne dans la première moitié du XXe siècle. Il a été le livre de chevet de l’Empereur de Prusse Guillaume II et le bréviaire des nazis au même titre que Mein Kampf.
Pour Chamberlain, sujet britannique entiché des Teutons et naturalisé allemand pendant la guerre de 14-18, il n’existe que deux races pures, les Aryens et les Juifs, deux races bien distinctes des sang-mêlé du « chaos des peuples ». Et Jésus Christ ? Il n’était pas juif, il ne pouvait pas l’être, il était aryen !
Pour l’historien William Shirer, la base philosophique de l’antisémitisme nazi fut en bonne partie prise dans le chapitre consacré aux Juifs de l’essai « Les fondements du XIXe siècle », œuvre monumentale et délirante de H.S.Chamberlain. (3)

Il n’y a pas de race juive**, et l’on n’a pas attendu Sand pour mettre à terre les constructions pseudo-scientifiques des théoriciens du nazisme. Mais race et peuple sont des concepts très différents : la non-existence de la race juive, qu’aucun biologiste ne met en doute aujourd’hui ne sera pas confondue avec la non-existence du peuple juif, fruit des recherches orientées et peu convaincantes de l’ universitaire israélien.

Shlomo Sand « La diaspora n’est pas née de l’Exil »

Il n’y aurait pas pour Shlomo Sand de peuple juif, ni même de dispersion : le « peuple juif » serait composé en majorité de païens convertis au judaïsme :
- les Séfarades seraient les descendants de Kabyles ayant adopté la religion mosaïque au VIIe siècle,
- les Ashkénazes les descendants de Khazars devenus juifs au VIIIe siècle,
- tandis que les Palestiniens seraient les véritables Juifs, descendants d’Hébreux convertis à l’islam ou, en moins grand nombre, au christianisme.
Cette thèse défendue sérieusement par ce professeur au département d’histoire de l’Université de Tel-Aviv, a été exposée dans les médias les plus sérieux (1, 2) et c’est non moins sérieusement que j’ai choisi d’y répondre.

Trois objections majeures

Pour une conversion, il faut être au moins deux.
Cette évidence semble avoir échappé à l’historien : comment Khazars et Kabyles auraient-ils pu devenir des adeptes du judaïsme sans la présence des Juifs, présence significative sur les bords de la Méditerranée bien avant l’achèvement de la conquête romaine. Que sont devenus ces exilés qui n’entrent pas dans le décompte de Shlomo Sand, comme s’ils s’étaient volatilisés en s’enfonçant à l’intérieur des terres européennes et africaines ?
La mémoire transmise par des convertis
Quel pouvait être le taux d’alphabétisation des peuplades khazars et berbères au moment de leur conversion à la religion de Moïse ? Un pour cent ? Peut-être moins. Si l’on en croit notre historien, les Khazars et les Kabyles, en majorité analphabètes, ont été capables après leur conversion de lire la Thora, en hébreu comme il se doit, d’assimiler le Talmud et ses subtilités, de réciter les prières ancestrales et de transmettre la culture juive à leurs enfants.
Les fondements de l’appartenance à un peuple
Il est évident qu’en 2000 ans et surtout au cours des deux derniers siècles, il y a eu d’innombrables unions mixtes, mais ces « mélanges » n’altèrent pas le sentiment d’appartenance à un peuple dont le ciment a été, avec la religion, les traditions et la langue hébraïque, le regard des autres et les persécutions. De tous les arguments, c’est, me semble-t-il, le plus pertinent.

Un discours invraisemblable

Je ne sais si l’historien mesure les conséquences possibles de ses affirmations lorsqu’il parle de l’ « invention » du peuple juif, enseignée à des fins politiques en vue de justifier la création d’Israël : la négation du peuple juif n’est-elle pas une invitation à détruire l’Etat qui l’incarne ? Les textes de Shlomo Sand, qui doivent faire les délices des antisionistes, sont déjà présents sur des sites pro-palestiniens.
Mais son propos invraisemblable a peu de chances de trouver un quelconque crédit, tant auprès des Juifs que des Palestiniens. L’affirmation de la non-existence du peuple juif et d’une conversion massive et durable de Khazars et de Kabyles supposerait une étude directe dans leur langue originale des archives du Royaume khazar et de documents berbères de l’époque***.

Imaginons un instant

Imaginons un instant que l’on prouve que les lointains ancêtres de ma famille étaient des Kabyles convertis au judaïsme, que mon ADN est strictement identique à celui des habitants de la Kabylie ou mieux encore que la découverte d’un arbre généalogique régulièrement mis à jour depuis le VIIe siècle démontre que je descends en droite ligne de La Kahena, cette princesse berbère convertie au judaïsme.
Je peux affirmer que cela ne changerait rien à mon sentiment d’appartenance au peuple juif et je suis convaincu que ma réaction serait celle de nombreux séfarades supposés issus de Kabyles devenus juifs.
Elle serait aussi celle de descendants de Khazars convertis et peut-être celle de Shlomo Sand, même s’il croit que le peuple (auquel il appartient) n’existe pas.



Références
1- Shlomo Sand : Le Monde diplomatique Août 2008.
2 - Ofri Hani : Entretien avec Shlomo Sand Haaretz 21 mars 2008, traduit de l’hébreu par Michel Ghys pour Protection Palestine
3 - Houston Stewart Chamberlain : Fondements du XIXe siècle 1899 cité par William L.Shirer dans « Le IIIe Reich » Ed. Stock


Illustrations 1 - Image d’Epinal du Juif errant
2 - Femme berbère
3 - Guerrier khazar à cheval et son prisonnier

Notes *Ce sujet a fait l’objet de l’article diffusé sur G.I.N. depuis le 14 septembre 2008 « Lire et relire Jules Isaac » **Les études génétiques ont montré qu’il n’existe aucune caractéristique permettant de distinguer un Juif d’un non-Juif *** On peut en douter lorsque Shlomo Sand avoue : « Je suis un historien de la France et de l’Europe, et pas de l’Antiquité » (2)
Article modifié le 24 octobre 2008 : Shlomo Sand est aussi l'auteur de Comment le peuple juif fut inventé publié par Fayard (2008) : 456 pages, code EAN/ISBN : 9782213637785

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Le même discours que nos lobotomisés en Tamazgha, le mythe du peuple élu quel aliénation !
 
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