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Voici une troupe emmenée par une Rifaine: "Afida Tahri"
Afida Tahri a réuni autour d’elle cinq femmes, Nora Idir, Aïda Revol, Nadia Tachaouit, Aïni Iften, Nadia Sefiane, pour créer le chœur Yzorane. Ces voix kabyles, rifaines ou du Grand-Atlas marocain sont accompagnées par deux instrumentistes, Saïd Akhelfi à la gaspa et Miloudi Sultan aux percussions. Le spectacle d’Yzorane, qui signifie « racine », est issu d’une tradition millénaire. Elles chantent la vie quotidienne et le rêve en accordant une grande place à la danse.
La soirée d'ouverture de la 14ème édition d'Africolor, qui multiplie cette année les concerts dans le département de la Seine-Saint-Denis, est accueillie sous les lambris de la salle des fêtes de la mairie de Romainville. Le public y accède au premier étage par un large escalier de pierre. Parquet ciré, dorures et haut plafond d'où pendent d'imposants lustres de cristal forment un écrin quelque peu solennel et légèrement décalé au spectacle créé par Afida Tahri en s'inspirant des veillées familiales berbères. L'atmosphère chaleureuse et les rires des enfants dans la salle bien remplie s'harmonisent rapidement aux couleurs vives des grands tapis qui servent de décor
Yzorane, c'est un peu six personnages en quête de racines (pour paraphraser Pirandello), puisque ce mot berbère signifie précisément "racines". Accompagnées par le jeune percussionniste Miloudi Sultan et le flûtiste (gasbas et flûtes à bec), joueur de raïta Saïd Akhelfi, pilier des scènes communautaires françaises, l'une après l'autre, les voix des femmes nous parviennent. Dans l'obscurité des allées de droite et de gauche, des faisceaux de lumière les dirigent lentement vers l'espace éclairé de la scène. On reconnaît bientôt le médium grave d'Afida Tahri, vêtue de blanc avec une touche de vert ; le timbre chaud de Nora Idir en noir et rouge ; la puissance posée d'Aïni Iften, conteuse aux mimiques tordantes, toute en jaune canari ; la plastique rayonnante de la danseuse Aïda Revol, bijoux d'argent, écharpe violette, robe rouge sous cafetan noir ; le timbre clair de Nadia Sefiane, en rose et en sourire ; le beau vibrato de Nadia Tachaouït, aux couleurs de terre et de soleil, dont la voix sait donner le frisson.
Chacune a son espace, son moment en avant dans le cours du spectacle. Une place y est laissée au conte, l'excellente Aïni Iften voguant entre le merveilleux et le quotidien. Une autre, importante, est donnée à la danse, avec pour sommet un solo inspiré d'Aïda Revol. Agréablement variée, la trame musicale propose une palette de couleurs spécifiques à chaque identité berbère. Les chants du Rif marocain emmenés par Afida, sont ponctués de hoquets suraigus. Ils ne ressemblent guère à ceux des Aurès, superbement interprétés par Nadia Tachaouït selon des techniques vocales particulières aux Chaouis, où la voix est placée entre nez et gorge, la cavité buccale presque fermée servant à amplifier et à projeter le son très loin. Quant aux airs de fêtes kabyles, ils ne manquent pas d'entraîner le public à reprendre en chœur les refrains en tapant dans ses mains, déclenchant les youyous.
A l'issu du spectacle, on se sent ragaillardi par la fraîche passion exprimée par ces femmes. Leurs sourires illuminent nos pensées en ces temps de froidure et de nuit. Leurs chansons font l'effet d'un vent chaud, réconfortant. Vantera-t-on jamais assez la joie de partager ce qu'on aime ?…