Moi je te comprends
Tu voudrais que tout s'arrête et
pouvoir revenir en arrière…
"Ce médecin se trompe, c'est impossible."
Tu voudrais te réveiller de ce mauvais rêve
et que cet enfant dans tes bras soit comme tous les autres.
Mais non, tu le sais,
et tu pleures…
Ne crains rien, je te comprends!
Je suis passé par-là moi aussi…
Tu voudrais crier, hurler, l'injustice est trop cruelle.
Pourquoi toi, qui a attendu si longtemps?
Qui a permis qu'une telle chose arrive? Qui, pourquoi, comment?
Et tu as si mal.
Ta peine et ta douleur t'épuisent
"Allez-vous en tous!"
Tu ne veux pas en parler, je te comprends…
Cet enfant dans tes bras, tu le regardes et tu ne le vois pas.
Au fond, il ne te ressemble pas.
Et parfois, sans vouloir te l'avouer
tu souhaiterais qu'on le reprenne,
Tranquillement, sans un mot, sans souffrir,
dans son sommeil, peut-être pourrait-il s'éteindre?
Quelle chance si sa vie à venir pouvait lui être épargnée!
Moi aussi je suis passée par-là, et je te comprends…
Comment l'annoncer, quoi dire?
Les parents, les amis, comment vont-ils réagir?
Que vont-ils penser?
Au fond, ce sentiment de colère qui t'habite,
peut-être cache-t-il aussi un peu de honte…
Ne crains rien, moi aussi…
Tu penses que ta vie est finie,
que plus rien ne sera comme avant.
Cet enfant tu le vois comme un boulet que tu traîneras
pour toujours derrière toi.
Ton travail, tes amis,
Tu te dis que tu devras les oublier
ou bien que ce seront eux qui t'oublieront…
Je te comprends, je l'ai pensé moi aussi…
Mais le soleil reviendra, crois-moi.
Cet enfant tu l'aimeras plus que tout,
Tu l'aimeras tant que tu ne parleras plus que de lui,
à tout moment et à n'importe qui, comme moi.
Cet enfant t'apportera tant de moments de bonheur,
que tu devras tous les écrire pour ne pas les oublier.
Crois-moi.
Toi aussi, tu réapprendras à sourire et à rire,
Toi aussi, tu réapprendras à vivre, crois-moi.
Peut-être que tes valeurs vont changer, comme moi
et que tes priorités ne seront plus les mêmes,
Et, crois-moi, tu n'en seras que plus belle et plus heureuse.
Tu seras fière de cet enfant,
de ses succès qui seront aussi les tiens.
Ses premiers pas, ses premiers mots, son premier baiser,
ils n'en auront que plus de valeur à tes yeux, crois-moi…
Et tu le diras au monde entier, comme moi.
Un jour, sa déficience, tu l'oublieras!
Un jour, tu le trouveras beau, crois-moi.
Je ne crains pas, tu passeras par-là toi aussi,
et je suis sûre que tu comprendras!
Par May Dagher
Mars 1996
voici un poème écrit par un trisomique pour sa maman! comme quoi ils peuvent faire de très belles choses!
[ Edité par tacheulite le 30/6/2004 15:40 ]