CMA; Droits de l'Homme

Tafart

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Communiqué

à l'attention des organisations et des militants de la cause amazighe

Une grande organisation internationale de défense et de promotion des droits humains prépare actuellement un rapport sur la situation des défenseurs des droits humains dans le monde.

Concernant la région Afrique du Nord, il est demandé à tous les militants et les associations amazighs de nous signaler tous les cas individuels et des associations qui subissent les répercussions négatives (harcèlements, menaces, intimidations, arrestations, mauvais traitements, interdits, etc.) de leurs activités de défense et de promotion des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des Amazighs.

Il est demandé pour chaque cas, un descriptif très détaillé de la situation, notamment : nom, prénom, coordonnées, profession, type d’activité militante, présentation des faits avec précision des date, horaire, lieu, circonstances exactes des incidents, si possible noms, prénoms des agents responsables des abus et autorité administrative, judiciaire ou policière à laquelle ils appartiennent, témoignages et photos éventuels, communiqués, coupures de presse et tout document utile.

Le signalement de chaque cas doit obligatoirement être fait par l’intéressé lui-même ou avec son accord explicite.

Par ailleurs et afin de préserver les intérêts des personnes, la plus grande discrétion sera assurée pour les personnes qui le souhaitent.

Envoyer très rapidement votre dossier :

par courrier électronique : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr
par courrier postal : CMA - BP 124 – 108, rue Damremont 75018 Paris, France

Paris, le 10 mars 2007

Le Bureau du CMA.
 
Le Président du CMA en visite au Pays Basque

Le Président du Congrès Mondial Amazigh, Belkacem Lounes, accompagné de membres de l’association Azraf du Pays Basque, a effectué les 20 et 21 février 2007, une tournée dans ce pays et a été reçu au Parlement Basque.

La délégation amazighe s’est d’abord rendue dans la ville de Gernika où elle a été reçue par Mme Maria Oianguren Idigoras, directrice de la Fondation Gernika Gogoratuz, un centre de recherche sur la paix. Au mois d’avril 2007, cette institution célèbrera à la fois son 20ème anniversaire et le 70ème anniversaire du bombardement de la ville de Gernika. A cet effet, il a été convenu que les Amazighs participeront aux "17èmes Journées Internationales de la Culture et la Paix" de Gernika, qui auront lieu du 22 au 27 avril 2007 et apporteront leur témoignage concernant des bombardements dont ils ont été victimes. Un de ces témoignages portera sur le largage de gaz toxiques par l’armée espagnole contre les populations rifaines lors de la guerre du Rif dans les années 1920.

Les membres de la délégation amazighe ont ensuite été invités à visiter le Musée de la Paix de Gernika, entièrement dédié à la culture de la paix et ont eu un entretien sur ce thème avec sa directrice, Mme Iratxe Momoitio Astorkia. C’était ensuite le tour de la Maison des Assemblées de la région de Biskaya d’accueillir les Amazighs, où un exposé leur a été fait sur l’histoire de cette institution traditionnelle basque où se prenaient toutes les décisions politiques, économiques et sociales. Dans la cour de l’édifice se trouve "l’arbre de Gernika", un chêne devenu symbole universel des Basques, sous lequel se tenaient les réunions des représentants du peuple, avant l’édification de la Maison des Assemblées au 19ème siècle.

Le Président du CMA et ses compagnons ont ensuite été reçus au siège du Parti Nationaliste Basque (PNV) à Donostia (San-Sebastian) où ils ont eu des entretiens approfondis avec des responsables et des élus de ce parti. Les discussions ont porté principalement sur la situation qui prévaut dans les différentes régions de Tamazgha et sur les modalités d’établissement d’une véritable coopération entre les organisations basques et amazighes.

Le dernier acte de cette visite fut l’accueil de la délégation amazighe au Parlement Basque à Vitoria, capitale politique du Pays Basque (Euskadi). Le Président du CMA a présenté devant la Commission des droits de l’homme et de la citoyenneté, composée de plus de vingt parlementaires représentant toutes les sensibilités politiques, les données historiques, humaines, politiques, socioéconomiques et culturelles concernant les différentes composantes de la nation amazighe, y compris celles relatives à sa diaspora. Les principales violations des droits des Amazighs, en particulier les crimes perpétrés au nom des Etats en Afrique du Nord, ont également été portés à la connaissance des députés basques. Quant à l’émigration qui concerne dans une large mesure les Amazighs, "son origine se trouve d’abord dans le fait colonial et néocolonial et ensuite dans l’état de non droit qui sévit dans les pays de la rive sud de la Méditerranée " a indiqué le Président du CMA. Il s’en est suivi un riche débat qui a permit aux élus basques de dire leur intérêt pour le peuple amazigh et de remarquer l’identité des valeurs pour lesquels luttent depuis des siècles les deux peuples. Pour cette raison notamment, les députés ont exprimé à l’unanimité leur soutien à la juste et légitime cause amazighe.

Afin que ce soutien puisse être effectif, Belkacem Lounes a présenté aux parlementaires de l’Euskadi, les recommandations suivantes :

Exprimer solennellement le soutien du Parlement Basque au peuple amazigh,

Exiger le respect des droits du peuple amazigh à l’occasion des accords de coopération entre l’Etat espagnol et les Etats d’Afrique du Nord,

Exiger de l’Etat espagnol la reconnaissance de sa responsabilité dans l’utilisation de gaz toxiques prohibés contre le peuple rifain, lors de la guerre du Rif, dans les années 1920,

Mettre en œuvre une politique de coopération pour le développement en partenariat direct avec les organisations de développement issues de la société civile,

Maintenir les liens des enfants amazighs vivant en Euskadi, avec leur langue et culture d’origine, comme facteur d’épanouissement personnel et d’intégration dans la société Basque. Dans ce but, nous recommandons vivement à la Délégation de l’Education, l’enseignement de la langue et de la culture amazighes à ces enfants.

Soutenir les associations socioculturelles amazighes, comme moyen de garantir la diversité culturelle, dans le respect des valeurs socioculturelles de la société Basque.

La quasi totalité des députés basques ont approuvé ces recommandations qui ont été jugées légitimes et raisonnables. Des initiatives concrètes devront être prises à court terme notamment dans les domaines de l’enseignement de la langue et de la culture amazighes, le soutien à la communauté amazighe de l’Euskadi et la coopération pour le développement.

A l’issue des débats, le Président du CMA a remercié les parlementaires qui ont bien voulu organiser cette rencontre ainsi que tous les membres de la Commission qui l’ont écouté. Il a exprimé le vœu de renforcement des relations d’amitié entre les peuples Basque et Amazigh et s’est engagé à œuvrer dans ce sens. Il a profité de cette occasion pour inviter les députés basques à effectuer une visite dans une des régions de Tamazgha.

Un rapport portant sur "les violations des droits individuels et collectifs du peuple amazigh" a été distribué à tous les parlementaires présents ainsi qu’à la presse.

Voir :
www.parlamento.euskadi.net/ultimos/c_ultimos_com_09.html

Vitoria, Euskadi, 25 février 2007

P/le Bureau du CMA

Le secrétariat.
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

Ayyuz i lkongris amazigh d umasay nns Lunes Belkasem ! gher dat ayen yezzayn ad yefsus! tanemmirt
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

Reponse a Kaddafi:

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M. Mouammar Kadhafi,

Leader de la Jamahiriya libyenne

Tripoli – Libye

Je ne sais si c’est par choix que vous vous êtes exprimé sur la question amazighe en ce jour symbolique pour vous, du 2 mars 2007, date anniversaire de la création de la Jamahiriya libyenne. En ce qui me concerne, c’est volontairement que j’ai attendu ce mois d’avril pour répondre à votre discours. Car c’est au cours de ce mois que l’ensemble du peuple amazigh célèbre chaque année dans tous les pays de Tamazgha (Afrique du Nord et territoires touaregs du Sahara) et ailleurs, un grand moment de son histoire qui porte le nom de "Tafsut imazighen" (le printemps amazigh). C’est pour nous, la célébration de notre mémoire, de notre esprit de résistance à toutes les formes d’impérialisme et de notre amour pour la liberté.

Vos déclarations ont été largement retransmises par les médias libyens et relayées au niveau international. C’est par souci de transparence, de vérité et de justice que cette lettre sera rendue publique.

Le 2 mars dernier à Sebha, vous avez déclaré: "Les Amazighs ont disparu depuis l’époque des royaumes de Numidie. Les spécialistes de l’archéologie et de l’astronomie disent qu’une période d’un siècle de sécheresse a fait complètement disparaître la civilisation amazighe en Afrique du Nord. Ensuite sont venus les Arabes du Yemen, appelés "Ber-Ber" et ont peuplé l’Afrique du Nord. D’autres arabes sont venus après, avec l’islam. Et lorsque les colonisateurs sont arrivés, ils nous ont dit : Vous êtes des Berbères, une nation différente des arabes. Ils ont ensuite inventé le mot Amazigh, uniquement pour nous diviser afin de mieux régner sur nous. La Libye est pour les libyens et nous n’accepterons pas que quelqu’un dise qu’il a telle ou telle identité. Celui qui dira cela, sera considéré comme un traître au service du colonialisme".

Les Amazighs de Lybie et d’ailleurs vous ont écouté. Ils ont entendu en direct leur condamnation, la négation de leur identité et les menaces. Ils ont entendu la réécriture de leur histoire. Mais c’est de femmes, d’hommes et d’enfants qui parlent leur langue amazighe au quotidien, dont vous avez parlé. C’est de femmes, d’hommes et d’enfants qui vivent chaque jour leur identité amazighe que vos paroles ont blessés. Quelle pire injure au droit le plus élémentaire que celui de nier l’existence d’un peuple par quelques envolées verbales ! Que ressentir lorsqu’un chef d’Etat, qui proclame à l’envie sa volonté de guider son peuple, décide en même temps de faire disparaître les plus faibles des siens dans un discours ?

Vous ne cessez de condamner l’usage de la loi du plus fort lorsque vous et ceux que vous considérez comme étant les vôtres, en êtes les victimes mais n’est-ce pas cette même loi qui est appliquée contre les Amazighs en Libye et ailleurs en Afrique du Nord ?

En ma qualité de président du Congrès Mondial Amazigh, je vais à mon tour dire une histoire, celle qui m’a amené pour la première fois à Tripoli, ce jour du 5 novembre 2005, en réponse à votre invitation. Le dialogue et la concertation, c’est ce sur quoi nous nous étions mis d’accord. En décembre de la même année, c’est une délégation représentant les pays de Tamazgha et la diaspora que vous avez reçue. Près de trois heures de discussions au cours desquelles les positions des uns et des autres se sont exprimées. Près de trois heures au terme desquelles s’affirmait la volonté commune d’ouvrir une nouvelle page pour un avenir désormais fondé sur le droit et le respect mutuel.

En tant qu’unique chef d’Etat à recevoir une délégation amazighe internationale, nous avions reconnu à ce moment là que votre initiative était un acte courageux car vous aviez osé casser le tabou qui voulait que la question amazighe soit traitée par l’ostracisme et le mépris. Votre accueil chaleureux dans votre résidence à Tripoli nous avait semblé être le signe que vous aviez décidé que seules les qualités de l’homme que vous êtes allaient désormais s’exprimer. C’était pour nous, un moment de réconciliation historique qui, nous l’espérions, allait faire de la Libye un exemple de dialogue entre les peuples et les cultures. Un exemple pour l’Afrique du Nord. Un exemple pour toute l’Afrique.

En tant qu’Amazighs, malgré notre passé et notre quotidien douloureux, faits de négation, d’interdits et de violations de nos droits les plus élémentaires, nous avions nous aussi osé répondre favorablement à votre invitation, avec la ferme volonté de contribuer à construire un avenir d’espérances, à la condition que cette volonté soit réciproque et sincère. Malgré les critiques et les réticences des uns et des autres, nous avons fait l’effort de nous rendre plusieurs fois à Tripoli, à la fois par respect envers nos engagements mais aussi pour donner le maximum de chances à l’optimisme et à l’espoir. Avec vos plus proches collaborateurs, nous avons créé en février 2006, une commission mixte, dite "pour le dialogue et la concertation" et avons poursuivi nos consultations en décembre dernier avec la mise au point d’un programme d’activités pour l’année 2007.

Deux mois plus tard et au moment où on était en droit de s’attendre à un geste d’encouragement, ce 2 mars 2007, tout le processus que nous avions si péniblement tenté de mettre en place s’est effondré dans un discours. Pourquoi ce changement brusque d’attitude ? A quelles insupportables pressions avez-vous succombé ? A quelles forces ennemies de la raison, de la sagesse, de la justice et de la paix avez-vous cédé ? Quel sens donner à présent à nos rencontres ? A vos propos d’hier ? A ceux du 2 mars ? Autant de questions qui ne peuvent rester sans réponses.

Est-il possible de se résoudre à admettre que dans ce triste épisode, la sincérité et la volonté n’étaient qu’amazighes ?

Je me dois de revenir à présent, sur cette falsification de l’histoire selon laquelle nous serions des "ber-ber", venus du Yemen. Lorsque vous me l’aviez dit la première fois, j’en ai été déconcerté et je vous ai spontanément proposé l’idée de confier cette question à une conférence internationale à organiser en Libye même, sur l’histoire de l’Afrique du Nord, avec la participation de spécialistes reconnus dans ce domaine. Vous m’aviez donné votre accord pour que cette conférence ait lieu au cours du premier trimestre 2006. Nous sommes au printemps 2007 et malgré nos nombreux rappels, vous n’avez pas donné suite. Pouvez-vous nous dire la raison de vos hésitations concernant cette conférence ? Correspondent-elles à la peur que la vérité soit dite une bonne fois pour toutes ! ?

Sur la civilisation amazighe, vous prétendez qu’elle a disparu suite à "un siècle de sécheresse en Afrique du Nord" ! Là aussi, provocation et polémique mises à part, il est difficilement imaginable que vous puissiez ignorer l’existence des 30 millions de locuteurs amazighs vivant aujourd’hui dans tous les pays de Tamazgha. Dois-je aussi vous rappeler que c’est bien en tant que Congrès Mondial Amazigh que nous avons toujours été reçus en Libye ? Si les Amazighs avaient disparu comme vous aimez à le répéter, croyez-vous que le Maroc aurait créé l’Institut Royal de la Culture Amazighe et que l’Algérie aurait reconnu officiellement le statut de langue nationale à la langue amazighe ? Votre fils Seif El-Islam ne proclame t-il pas son amazighité ?
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

(suite)

Vous laissez entendre que les Amazighs seraient même une invention du colonialisme! Quel est ce colonialisme capable de créer ex-nihilo un peuple avec sa langue et ses traditions qui datent de plusieurs milliers d’années ? Comment aurait-il pu le faire étant donné que lorsque le premier étranger est arrivé sur le sol nord-africain, il a trouvé les Amazighs déjà là et depuis bien longtemps ? Pourquoi m’avoir affirmé lors de notre première rencontre, que l’écriture amazighe Tifinagh était aussi libyenne et par conséquent la vôtre ? Comment expliquer ces contradictions et le retour brutal à cette volonté de négation d’une histoire et d’une réalité palpables ? Vous niez même l’évidence lorsque vous nous avez assuré que le problème amazigh n’existait pas en Libye. Mais lorsque nous nous sommes rendus à Zwara, dans l’adrar Nefussa et rencontré de très nombreux Amazighs à Tripoli, nous avons hélas constaté une réalité révoltante, où les Amazighs libyens subissent comme ailleurs, l’ostracisme, l’exclusion et les discriminations de toutes natures. Reste alors une question cruciale : que comptez-vous faire de ces centaines de milliers d’Amazighs libyens qui sont bien vivants et bien présents dans toutes les régions du pays et qui revendiquent leur droit légitime à leur langue, à leur culture et aussi à pouvoir jouir équitablement des ressources naturelles de leurs territoires ?

Vous dites que "la Libye est pour tous les libyens", et que vous n’accepterez pas que quelqu’un dise qu’il a telle ou telle identité. Soit, mais alors il faut immédiatement supprimer toute référence à l’arabité dans tous les textes législatifs du pays, ainsi que dans les dénominations des institutions politiques, économiques et culturelles, à commencer par Jamahiriya arabe libyenne, Libyan arab airlines, Union du Maghreb Arabe…etc. A ce moment-là, nous serions tout à fait disposés à parler d’une "Libye libyenne", avec son histoire, ses langues et ses cultures. Mais si votre conception de la Libye est celle d’un pays exclusivement arabe, alors pour nous, le combat pour notre identité continue…

Par ailleurs, vous menacez les Amazighs en avertissant que celui qui revendiquera son identité, sera considéré comme un traître au service du colonialisme. Tout d’abord, penser que la diversité est un danger est une idée archaique, totalitaire et contraire à tous les principes du droit universel. De plus, je me vois obligé de vous répéter ici ce que nous vous avons dit verbalement: nous sommes un peuple et nous sommes déterminés à vivre libres, quoi qu’il nous en coûte. Nous sommes plutôt pacifiques et hospitaliers. Celui qui nous tendra la main, nous le prendrons dans nos bras, mais celui qui tentera de nous empêcher de vivre dignement, nous le combattrons par tous les moyens légitimes. Quant au colonialisme, l’histoire prouve que les colonisateurs n’ont pas eu besoin de nous pour occuper notre pays, au contraire, les premiers à les avoir combattus, ce sont les Amazighs, car ils avaient le sentiment de défendre leur pays, leur terre ancestrale.

Au sein du mouvement national algérien, lorsque les Amazighs de ce pays ont posé dans les années 1940, la question de l’identité algérienne après l’indépendance, les clans arabonationalistes les ont immédiatement accusés de diviser le mouvement, de faire le jeu du colonialisme et les ont exclus. Plus d’un demi-siècle plus tard, lors d’un colloque tenu en 2005 à Alger sur l’histoire du nationalisme algérien, les historiens ont affirmé à l’unanimité que les vrais patriotes, c’étaient justement le groupe des exclus car ils posaient les fondements d’une Algérie authentique, démocratique, une Algérie d’abord algérienne, riche de son amazighité et de toutes ses composantes linguistiques et culturelles. L’ingratitude est identique envers les Amazighs du Maroc qui ont fourni les plus gros contingents à la lutte contre les occupants espagnols et français dans le Rif et dans l’Atlas et aujourd’hui les héros de cette résistance sont ignorés par l’histoire officielle. La même mésaventure est arrivée aux Amazighs de Libye qui, après avoir été très nombreux à consentir le sacrifice suprême pour la liberté de tous les libyens, se retrouvent aujourd’hui menacés, injuriés, spoliés même de leur droit à l’existence par ceux-là même aux côtés desquels et pour lesquels ils ont combattu. Il en de même des Touaregs, naguère peuple libre du Sahara, aujourd’hui dépossédé de ses richesses, limité dans sa liberté de circuler dans ses propres territoires, relégué toujours plus loin vers les espaces les plus ingrats et finalement coincé entre l’enclume de la sécheresse et les marteaux des Etats de la région.
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

Lorsque le colonialisme a été obligé de quitter l’Afrique du Nord, le néocolonialisme l’a immédiatement remplacé avec l’aide et la bénédiction non pas des Amazighs, mais bien des pouvoirs en place qui se sont mis à collaborer avec les ex-puissances coloniales et leurs firmes, signant des contrats d’armement, de gros commerce et d’exploitation de nos richesses. Le néocolonialisme n’a donc nullement eu besoin des Amazighs pour s’installer et pour faire fructifier ses intérêts, de même que l’islamisme n’a pas eu besoin de nous pour naître et s’étendre puisqu’il est le résultat des politiques notamment éducative mise en place par des gouvernements arabistes. Comment peut-on attribuer la moindre responsabilité aux Amazighs dans la catastrophe économique et sociale que vivent les peuples d’Afrique du Nord, alors que tous les pouvoirs et tous les leviers de commande sont concentrés entre les mains de gouvernements panarabistes inamovibles ?

Nous nous plaisons à penser que le colonialisme n’est plus dans notre pays, mais il n’est de pire colonialisme que celui de l’intérieur, celui du clan panarabiste qui veut dominer notre peuple. C’est en définitive l’arabisme en tant qu’idéologie impérialiste refusant toute diversité en Afrique du Nord, qui constitue une traitrise et une offense à l’histoire, à la vérité et à la légalité. Même la religion musulmane a été instrumentalisée pour servir ces desseins d’arabisation et de domination. La reine amazighe Dihya était la première, il y a de cela 14 siècles, à avoir compris cette stratégie coloniale. C'est pourquoi elle a déclaré aux Arabes venus attaquer son royaume: "Vous dites que vous êtes porteurs d'un message divin? Eh bien, laissez-le et repartez d'où vous venez!".

A présent, en même temps que nous considérons que tous ceux qui sont établis en Tamazgha sont chez eux, nous exigeons le respect du peuple et de la culture autochtones et dans tous les cas, nous n’accepterons jamais aucune forme de colonisation. Et qu’il soit dit une bonne fois pour toutes que les Amazighs pour qui "akal, tamurt" (la terre, le pays) sont sacrés et qui n’ont cessé au fil des siècles de défendre leur nation, n’ont aucune leçon de patriotisme à recevoir.

En principe, il est de la responsabilité de tout chef d’Etat de protéger, de respecter et de promouvoir les droits de son peuple. Le défi de l’instauration de la culture du dialogue et de l’amitié entre les civilisations et les peuples exige une lutte sans merci contre tout acte d’intolérance, de racisme et de discrimination. Sur ce plan, nous attendons des chefs d’Etat arabes d’Afrique du Nord, à la fois l’abolition des politiques de négation et d’exclusion du peuple amazigh et beaucoup plus d’ambition pour les droits de l’homme. C’est à l’aune de la reconnaissance du peuple amazigh et de ses droits inaliénables que se mesureront la sincérité des gouvernements et leur volonté de bâtir des sociétés paisibles. On ne peut prétendre unir les peuples de tout un continent si l’on n’est pas capable d’unir les citoyens d’un seul Etat. En tant qu’Amazighs, si l’espoir de vivre dignement nous est refusé, quelle perspective nous restera-t-il ? Si l’Europe se mure et si les gouvernements des Etats d’Afrique du Nord n’ont d’autre ambition que celle d’éradiquer notre identité, vers quelle extrémité veut-on nous pousser ?
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

(suite et fin)

Des pays aussi éloignés l’un de l’autre par la distance, l’histoire, la langue et la culture que le Portugal et l’Estonie, sont aujourd’hui entrain de construire leur avenir ensemble au sein de l’Union Européenne. En Amérique Latine les citoyens peuvent circuler librement d’un pays à un autre munis d’une simple carte d’identité. Chez nous, on nous exige le passeport, le visa et des contrôles sévères à la frontière quand celle-ci n’est pas totalement fermée comme c’est le cas entre l’Algérie et le Maroc. Les Amazighs sont les seuls à réclamer tout simplement l’abolition des frontières coloniales entre les pays de Tamazgha et une véritable union des peuples, dans le respect de leur diversité.

En attendant, forts de la justesse de notre cause, convaincus de la légitimité de nos droits, nous poursuivrons sans relâche notre combat pour la dignité et la liberté de notre peuple par des moyens démocratiques. Nous réaffirmons aujourd’hui qu’au vu des impasses vers lesquelles les gouvernements arabistes d’Afrique du Nord nous conduisent, il est pour nous urgent de saisir le droit de prendre notre destin en main, en demandant à la communauté des Nations son soutien pour l’exercice de notre droit à l’autodétermination, dans tous les pays où nous vivons en Tamazgha.

Et comme l’exige notre noble combat, nous resterons des éternels optimistes, en quête permanente des raisons d’espérer, encourageant de manière privilégiée les aspects positifs de la nature humaine et en nous efforçant toujours de laisser sa chance à la moindre lueur, au moindre interstice de liberté.

En mon nom personnel et au nom du Congrès Mondial Amazigh, je tenais aussi à travers cette lettre, à saluer et à remercier chaleureusement nos partenaires libyens sincères avec qui nous avons partagé l’espoir de concrétiser le plus beau des rêves : celui de la paix, de la fraternité et du respect entre les hommes. Avec eux par d’autres moyens et avec toutes les volontés sincères, nous persévérerons dans cette voie, quelles que soient les embûches.

Je tenais enfin à déclarer que même si tout dialogue avec les autorités libyennes devait être rompu, je retournerai en Libye, en simple citoyen. Je rappelle qu’en tant qu’Amazigh, ce pays est aussi le mien et que j’y compte des milliers de frères et sœurs.

Paris, le 10 avril 2007

Belkacem LOUNES

Président du Congrès Mondial Amazigh.
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Re : CMA; Droits de l'Homme

Bizarre de s'adresser à Khadafi comme à une personne normal, c'est un malade l'un des derniers reliquats de l'arabisme des années 60...
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

- V. Tauli-Corpuz, Présidente de l’Instance Permanente des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones
- R. Stavenhagen, Rapporteur Spécial des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones
- A.Ligabo, Rapporteur Spécial des Nations Unies pour la liberté d'expression et d'opinion
- H. Jilani, Rapporteur Spécial des Nations Unies pour la protection des défenseurs des droits de l’homme
- Urgences-action, ONU
- ONG

Mmes, Mrs

Abdelaziz Elwazani, de nationalité marocaine, président de l’association "Ouzgan pour le développement" et membre de la Ligue Amazighe des Droits Humains est convoqué pour le 9 juillet prochain, devant le tribunal de première instance de Guelmim (sud-Maroc). Il lui est reproché d’avoir dénoncé publiquement la corruption des fonctionnaires du Makhzen (administration marocaine) et l’expropriation illégale des terres des paysans amazighs, lors d’une conférence sur " les droits relatifs à la terre ", organisée conjointement par le Congrès Mondial Amazigh, la Ligue Amazighe des Droits Humains et l’association Ouzgan pour le développement, le 10 février 2007 à Bouyzakarn.

Cette conférence avait pour but de sensibiliser les citoyens amazighs au processus en cours au sein des Nations Unies, de reconnaissance des droits à la terre, territoires et ressources naturelles des peuples autochtones. En tant qu’ONG, le CMA en collaboration avec l’association Ighboula, avait déjà organisé en juin 2006 à M’rirt (Atlas), une première conférence internationale sur le même thème, à laquelle avait pris part Mme Erica Daes, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

En dénonçant les expropriations foncières illégales grâce au recours à la corruption et à l’abus de pouvoir, en expliquant au public les moyens légaux de défense de leurs droits légitimes, M. Elwazani n’a fait que son noble travail de défenseur des droits humains.

La terre, les territoires et les ressources naturelles des Amazighs, sont considérés au Maroc, comme un sujet hautement sensible par les autorités aussi bien locales que nationales, pour des raisons différentes : Au plan local, il remet en cause les propriétés foncières acquises illégalement par des notabilités politiques et économiques et au plan national, il réhabilite la souveraineté du peuple amazigh sur ses biens inaliénables que constituent ses terres, territoires et ressources naturelles.

La convocation de M. Elwazani devant le juge de Guelmim n’a aucun fondement juridique mais constitue une véritable tentative d’intimidation d’un militant des droits humains, dans le but d’étouffer la liberté d’expression, la manifestation de la vérité et la revendication des droits légitimes des citoyens.

En conséquence, nous avons l’honneur de vous demander, Mesdames, Messieurs, de bien vouloir recommander instamment au gouvernement marocain:

de mettre fin immédiatement aux poursuites judiciaires engagées à l’encontre de M. Elwazani,

de reconnaître et de respecter les droits des Amazighs à leurs terres, territoires et ressources naturelles,

de se conformer de manière effective à toutes ses obligations internationales en matière de respect des droits humains.

En espérant votre intervention urgente auprès des autorités marocaines, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de notre haute considération.

Paris, le 25 mai 2007

Le Président du CMA

B. LOUNES
 
Re : CMA; Droits de l'Homme

Maroc : Détention arbitraire et traitements dégradants

Depuis le mois de mai dernier, quatorze étudiants amazighs (voir liste ci-dessous) sont détenus dans les prisons de Meknes et Errachidia (Maroc) au motif qu’ils seraient mêlés à deux meurtres qui ont eu lieu dans ces deux localités. Les étudiants amazighs n’ont cessé depuis le jour de leur arrestation de clamer leur innocence et aucune preuve n’a à ce jour été retenue contre eux. Les témoignages à charge arrachés par la police sous l’effet de menaces et intimidations, ont été reniés par leurs auteurs devant les juges d’instruction lors des audiences du 27 juin et du 3 août 2007. De plus, une dizaine de témoins en faveur de l’innocence des détenus attendent d’être entendus par la justice.

Malgré cela, les demandes de liberté provisoire présentées par la défense des détenus ont été rejetées par les juges.

Par ailleurs, les déclarations des étudiants amazighs incarcérés font état de violences physiques à leur égard et de tortures et autres traitements dégradants durant leur séjour dans les locaux de la police de Meknes. Dans les prisons, ils subissent les insultes, les coups de poing et de pied et même la nourriture apportée par leur famille est confisquée pour être mangée par leurs gardiens. Malgré leur souhait de rester ensemble les étudiants amazighs sont séparés les uns des autres et mêlés aux prisonniers de droit commun. Toutes les réclamations faites auprès de l’administration pénitentiaire sont restées sans réponse. C’est pourquoi ils ont décidé d’entamer une grève de la faim si les conditions qui menacent leur dignité devaient perdurer.

Les prochaines audiences devant les juges d’instruction sont fixées au 24 août 2007 pour les détenus de la prison de Meknes et au 27 septembre 2007 pour les détenus de la prison d’Errachidia.

Les étudiants amazighs détenus ainsi que l’ensemble de l’opinion publique sont convaincus que leur arrestation et leur maintien en prison sont motivés par le seul fait qu’ils appartiennent au Mouvement Culturel Amazigh (MCA), un mouvement estudiantin pacifique et démocratique qui milite pour les droits fondamentaux du peuple amazigh. C’est la raison pour laquelle les jeunes emprisonnés bénéficient d’un large soutien populaire tant au Maroc qu’à l’étranger.

Face à l’arbitraire de leur détention et aux humiliations quotidiennes qu’ils subissent au quotidien, le Congrès Mondial Amazigh demande une intervention urgente des instances pertinentes des Nations Unies auprès du gouvernement marocain, afin que :

Les étudiants amazighs détenus dans les prisons de Meknes et Errachidia soient immédiatement libérés,

Les policiers et les gardiens de prison auteurs d’actes de tortures et autres traitements inhumains, cruels ou dégradants ainsi que leurs hiérarchies soient jugés et sévèrement punis,

Des mesures spécifiques soient prises afin de faire valider aux étudiants détenus, l’année universitaire 2006/2007 et leur permettre d’entamer la nouvelle année dans des conditions normales,

Des mesures adéquates soient décidées pour faire cesser les violences, le racisme et la haine anti-amazighs, y compris et surtout au sein des institutions publiques de l’Etat marocain,

L’application urgente des recommandations du Comité des Nations Unies pour les droits économiques, sociaux et culturels (2006) concernant "l’alphabétisation des Amazighs dans leur langue, l’enseignement de l’amazigh à tous les niveaux scolaires, la consécration dans la Constitution, de la langue amazighe comme une des langues officielles du Maroc, de permettre aux parents de donner un nom amazigh à leurs enfants et de prendre les mesures nécessaires pour garantir pleinement à la communauté amazighe son droit d’exercer sa propre identité culturelle".

Paris, le 22 août 2007

P/Le Bureau du CMA

B. Lounes, Président
 
On veut interdire le PDAM :

Le ministère de l’Intérieur veut interdire le Parti Démocratique Amazigh Marocain. Après 28 mois d’existence. Une décision bizarre. Le nouveau Code des partis assure en effet que l’Administration a 60 jours pour demander à la Justice l’interdiction d’un parti. Dans le cas du PDAM, ce délai a été largement dépassé. Le PDAM a tenu son premier congrès le 31 juillet 2005.

suite:
numedya.com - Maroc : le gouvernement veut dissoudre le Parti Démocratique Amazigh
 
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