Clôture du festival des cimes : Imilchil, prochain patrimoine universel de l'humanité
29.08.2004 | 20h49
Après Jamâa Lafna de Marrakech, le ministère de la culture envisage de proposer le classement du Moussem d'Imilchil en tant que patrimoine culturel, oral et matériel de l'Humanité relevant de l'UNESCO. Selon Mustapha Jlok, anthropologue et conservateur à l'Institut Royal Amazigh (IRCAM), pour préparer cette candidature «il a fallu réunir tout ce qui est activités culturelles pour promouvoir le tourisme et contribuer au développement économiques de ces localités enclavées, tout en préservant l'authenticité et les valeurs humaines, sociales et culturelles de la population de la région».
Le projet sera présenté avant la fin de cette année, probablement au mois de décembre prochain, lors de la session qui sera tenue par l'UNESCO et consacrée à la présentation des dossiers de candidature par les pays intéressés. Les chances du Maroc sont à prendre au sérieux, car le dossier concernant le Moussem d'Imilchil répond aux critères établis par l'Unesco.
«Imilchil, point de rencontre entre l'Est et l'Ouest du Haut Atlas, est une mémoire collective, qui conserve sa propre spécificité en dépit de certaines influences étrangères. Se déplacer à Imilchil constitue un voyage dans le temps», enchaîne M. Hassan Aourid, président du comité organisateur du festival des cimes et président du Centre Tarik Ibn Zayad.
Pour mener à bien cette mission de présentation de candidature, le Festival des musiques des cimes sera désormais organisé par une nouvelle association, qui sera composée de tous les intervenants actifs de la région.
Il s'agit de l'association Centre Tarik Ibn Zayad, de l'association Adrar, de l'association Akhiam, de la commune d'Imilchil, ainsi que d'autres corps associatifs. L'annonce a été faite, lors d'une conférence de presse, tenue vendredi soir par M. Aourid, qui a tenu à préciser que l'organisation du Festival d'Imilchil, est un défi à toutes les conditions difficiles que supporte la population de la région. " Contrairement à d'autres régions, notre festival est organisé dans une région pauvre, par des intervenants pauvres.
Leur soutien et leur capital ne sont autres que leur forte mobilisation pour assurer un développement durable à la région ", a affirmé M. Aourid. Pour le président du comité organisateur, le festival des musiques des cimes a réussit à avoir le succès escompté, et ce depuis sa création l'année dernière, grâce à la mobilisation de toutes les entreprises qui avaient acceptées de parrainer cette initiative.
La participation de troupes étrangères, comme les Amirandien du Canada, prouve que le festival commence à prendre une dimension internationale. Pour sa part, M. Youssef Ait Lamkadem, chercheur à l'IRCAM et membre du comité organisateur a mis l'accent sur le caractère spirituel du Moussem d'Imilchil. Il a demandé qu'on le qualifie " de Moussem du mariage ou de la noce ".
En effet, le Moussem, qui s'est déroulé samedi au souk juxtaposant le mausolée de Sidi H'mad Oulmaghani, a eu lieu dans une grande tente, la seule existante à l'heure actuelle et qui appartient à la tribu d'Ait Yahia de Tounfit, région de Midelt, province de Rachidia. Trois Adouls, vérifient les documents des prétendants au mariage et contrôlent si les formalités sont conformes à la législation en vigueur, avant de procéder à la conclusion de l'acte de mariage par le juge.
Avant, il n'y avait qu'un seul Adoul, qui venait de Rachidia. Il ne faut pas oublier que les mariés se connaissent déjà et ne viennent au Moussem qu'à la fin de la saison des récoltes pour conclure l'acte de mariage. L'image tronquée, vécue auparavant par certains a quelque peu nuit aux caractères traditionnel et religieux de la cérémonie de mariage. L'organisation du festival des musiques des cimes est venue corriger cette image et compléter les efforts déployés pour faire connaître le patrimoine oral d'Ait Hdidou.
Samedi soir, le rideau est tombé sur les festivités du festival des musiques des cimes, avec l'organisation du traditionnel ballet de la cérémonie du mariage. Il s'agit d'une véritable pièce de théâtre qui retrace l'histoire du cérémonial, depuis la rencontre des fiancés, la relation entre parents et fiancés, jusqu'aux joutes oratoires à travers l'échange pittoresque des poésies romanesques.
Auparavant, un marathon des jeunes a été organisé par la commune de Bouzmou, cercle d'Imilchil. Toute la journée de samedi, des activités artistiques ont eu lieu avec la participation de plusieurs troupes folkloriques de la région. A noter, que le ministère de la santé, a remis, à cette occasion, un don sous forme d'ambulance, émanant de la fondation Mohammed V de solidarité, au profit de la commune d'Ait Yahia.
El Mahjoub Rouane
LeMatin